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Saint Païssius Velichkovsky – Fleurs spirituelles. V

23 janvier 2021

 

21.

Sur la pureté du cœur et de l’âme

C’est à l’issue d’une vie d’épreuves et grâce aux exploits spirituels que sont purifiés le cœur, l’intellect et l’âme ; car le cœur se purifie par les afflictions et les vertus les plus ardues de l’intellect et du corps : la faim, la soif, la veille entre autres.

Des désirs passionnés et incontrôlés naissent les passions du corps et la fornication. Avec un cœur pur, le jeûne et la prière, l’intellect est purifié des pensées mauvaises et des fantasmes. Avec un intellect pur, l’âme est libérée de ses passions et elle est sans cesse illuminée. Avec une âme pure, l’intellect peut voir enfin. – C’est la vision en esprit, la contemplation-. Sans la pureté du cœur, de l’intellect et de l’âme, c’est-à-dire sans l’impassibilité, les démons ont l’audace de pénétrer en nous, de nous perturber et de nous duper. Car seul un cœur pur, une âme pure et un intellect pur peuvent voir le Soleil Spirituel. Il faut se montrer particulièrement attentif au jeûne et à la prière incessante, de façon qu’elle pénètre jusqu’au plus profond du cœur et le purifie des passions de l’âme et du corps ; l’âme est alors illuminée par la prière qui est source de joie et de tendresse et éloigne de l’esprit pensées mauvaises et fantasmes. Lorsque le cœur, l’intellect, l’âme et le corps d’un homme ont été ainsi purifiés, la Grâce peut alors descendre habiter en lui ; la porte est alors fermée aux démons et aux passions et l’on connaît les douceurs spirituelles. Tant que les mouvements naturels n’ont pas été affaiblis dans le corps de l’homme et n’ont pas cessé de susciter dans le cœur une douceur qui est péché, tant que ses sens ne sont pas purifiés en cette vie, tant que l’intellect n’est pas sorti des ténèbres et des fantasmes et tant que l’âme n’est pas libérée de ces liens, l’homme ne peut connaître les douceurs de la Grâce, ni voir la divinité dans son âme. La pureté commence là où l’intellect repousse le péché. Elle culmine dans la mortification et dans la froide indifférence du corps face au péché. Le cœur devient impur avec les plaisirs de la fornication et avec l’excitation du péché. Le corps devient impur avec la chute dans le péché. L’intellect devient impur quand il a des pensées impures. L’âme devient impure dans les diverses passions qu’elle éprouve, lorsqu’elle aime quelque chose de façon excessive et y trouve plaisir. Quiconque endure des épreuves corporelles et pratique certaines vertus sans prêter attention à la disposition du cœur, sans concentrer son intellect avec ferveur et sans rechercher la tranquillité de l’âme, celui-là disperse d’une main ce qu’il rassemble de l’autre. Les épreuves corporelles ne sont que le début du chemin spirituel, tandis que la sobriété intérieure du cœur, l’activité mentale et le maintien de l’âme sont à la fin. Le labeur physique sans le regard intérieur et la concentration est comme une feuille morte. Si donc nous n’arrivons pas à la perfection et ne recevons pas la Grâce, c’est que nous ne savons pas par où débuter notre vie spirituelle ; nous ne savons pas en quoi elle consiste, ni à quoi elle doit aboutir ; nous ne connaissons ni son essence, ni le fondement des vertus. Nous ne cesserons pas d’amasser et de répandre tout ensemble tant que nous n’aurons pas découvert cette connaissance. O homme ! Discerne où commence la vie ascétique et spirituelle, où les vertus naissent, vois comme les passions entrent facilement en nous, afin de recevoir l’illumination de l’âme. Si tu ne commences pas par-là, c’est comme si tu semais dans la mer qui engloutit tout.

 

22.

Sur l’obscurcissement de l’intellect, ou du manque de discernement

L’occultation de l’intellect provient de diverses passions : elle se produit quand nous parlons trop, quand nous nous inquiétons en vain, quand nous sommes trop précautionneux, quand nous sommes affligés, quand nous succombons aux fantasmes et que nous mangeons avec excès ou dormons trop. Elle vient souvent des démons, qui nous perturbent quand ils s’approchent de nous. Dès que ces passions entrent en nous, l’œil de l’âme se ferme. L’intellect n’a plus qu’une vision assombrie et ne perçoit plus rien de spirituel. Il ne comprend plus, il est comme celui qui a l’œil sain, mais ne peut rien percevoir dans les ténèbres de la nuit : celui-là trébuche, et parfois tombe au fond d’un puits. Ainsi l’homme dont l’intellect est obscurci tombe dans le puits de diverses passions. Il se décourage, il est envahi de fantasmes, il s’adonne au sommeil et s’oublie complètement sans se rendre compte qu’il est sur le chemin qui mène à la perdition éternelle.

 

23.

Sur la sobriété de l’intellect ou de la vigilance

Un esprit calme et une pensée limpide naissent de l’impassibilité ; celle-ci suppose la pureté, le jeûne, la continence, le silence constant, la réclusion en cellule, la pratique de la prière du cœur, l’absence de soucis. Alors l’activité du Saint Esprit produit l’impassibilité, quand le Bienfaiteur nous donne Sa Grâce. Par ces vertus l’esprit, purifié des fantasmes et des pensées obscures et imparfaites, est illuminé. L’homme devient alors capable de comprendre, de raisonner et la joie est en lui. Nul ne saurait, par aucun moyen, couper court à l’afflux des pensées, sinon par la prière du cœur ininterrompue, le souvenir de la mort et des tourments à venir, le souvenir, le désir et la considération des biens futurs, et l’attention à la lecture et à la psalmodie dans la solitude. Mais par-dessus tout, l’intellect est purifié de tous fantasmes grâce à la prière, au jeûne et au silence. La prière et le jeûne chassent toute pensée de péché ; l’excitation du cerveau est calmée ; l’intellect est préservé de toute distraction et de tout égarement ; il est comme rassemblé et illuminé. La prière et le jeûne éloignent de l’homme les esprits impurs. Ceux que les démons tourmentent sont soulagés, ainsi qu’a dit le Seigneur : « Cette engeance-là (c’est-à-dire, les démons) ne sort que par la prière et le jeûne » (Matt. 17, 21). La prière et le jeûne lient aussi l’intellect des ténèbres qu’engendrent les démons. La prière et le jeûne sont des armes pour nous protéger des attaques des démons. La prière est comme un esprit de source divine ; elle éclaire l’intellect et conduit à la ferveur. La prière dans un cœur sobre est le gardien de l’intellect ; elle éteint son manque de mémoire comme l’eau agit sur le feu. Il faut donc respecter cette vertu très précieuse car elle engendre des visions éclatantes. Toi malheureux pécheur, dès que tu auras commencé à aimer cette vertu, tu seras sanctifié et rendu digne ; toi qui ne comprends pas les choses ni ne sait en juger, tu acquerras compréhension et jugement. Les injustes deviendront justes et, mieux encore, visionnaires, théologiens et témoins des mystères divins, lorsqu’ils invoqueront le Nom de Notre Seigneur Jésus Christ, le Fils de Dieu. Beaucoup des Saints Pères ont dit que la prière du cœur est la source de tout bien et un trésor de vertus. Elle nous permet de recevoir rapidement la Grâce du Saint Esprit. Elle sauve, elle explique et elle instruit dans des domaines qui nous sont inconnus. De même qu’un homme voit son visage dans un miroir, de même dans la prière calme et sincère, il peut avec son intellect voir sa vie entière et distinguer s’il vit dans le bien ou dans le mal. Cette prière libère les hommes de nombreuses passions ; elle le délivre des attaques du démon en pensées, en paroles et en actions. Elle lui permet de contrôler les désirs naturels, les sentiments, les peines ; elle vient à son secours dans toute tentation ; elle le purifie et le protège de tout, car elle invoque par Son Nom Dieu à qui tout est soumis. Rien ne peut mieux résister aux fourbes attaques des démons que la prière du cœur, lorsqu’elle est pratiquée avec pureté et application par un intellect pur et un esprit sage et humble. Tout homme qui cherche à s’élever spirituellement ne peut résister aux attaques des démons sans pratiquer la prière du cœur. Toutefois, s’il n’est pas instruit dans cette prière, il périra après avoir beaucoup souffert. S’il en a seulement entendu parler ou s’il a lu dans les écrits des Pères qu’elle est très profonde mais ne peut en percevoir l’essence, il va se mettre à la pratiquer et à raisonner faussement à son sujet. Il pensera avoir atteint la perfection et sera soumis aux fantasmes parce qu’il a les ennemis en lui et qu’il ne s’est pas auparavant purifié dans le calme, l’attention et la veille, de sorte qu’il sera détruit par les démons. Pour débuter cette activité très bonne et véritablement splendide, il faut faire ceci : il faut d’abord vaincre les passions, ne pas faire ce qui ne plaît pas à Dieu, ni faire à autrui ce qu’on ne voudrait pas pour nous-mêmes. Ensuite il faut préserver le cœur des plaisirs et de l’excitation impure de la chair ; il faut préserver l’intellect de toutes pensées afin que le cœur repose dans l’humilité et la sagesse. Dès lors la prière est déjà en pratique ; elle vainc et détruit un grand nombre de passions et d’esprits malins et la Grâce croît. De même que le jeûne et la prière du cœur permettent de nous purifier et de devenir sobres et attentifs, de même cette sobriété nous rend dignes, nous sanctifie et nous aide à prier. En d’autres termes, la sobriété est ce qu’on appelle la pureté de l’intellect, tandis que l’impureté de l’intellect, les pensées souillées et l’impureté du cœur sont ce qu’on appelle la fièvre et la volupté charnelle. Le cœur ne peut rester pur, de manière à ne pas être souillé, s’il n’est pas meurtri par le jeûne. Il est également impossible de conserver la sanctification sans pratiquer le jeûne, car la chair ne se laissera pas soumettre par l’esprit et la prière ne pourra s’élever si les besoins naturels dominent. La chair sera alors forcément enfiévrée. De l’excitation de la chair naissent les pensées et l’intellect se trouve corrompu. Avec de telles pensées le cœur est troublé et corrompu ; la Grâce alors s’éloigne et les esprits impurs en profitent pour nous subjuguer à plaisir. Ils poussent la chair aux passions et dirigent l’intellect comme ils veulent ; ou bien ils le ligotent, comme avec des cordes, le retiennent et le rendent incapable de tout désir et de toute activité spirituels. S’ils ne parviennent pas à cette fin, les démons ne peuvent rien contre nous. Car les démons essaient pour commencer de perdre notre intellect dans l’ignorance et la négligence, puis de nous précipiter dans les abîmes du péché. Ayons toujours recours au port tranquille du jeûne pour nous protéger des filets spirituels de l’ennemi, car le jeûne purifie le corps. Il nourrit et fortifie la prière, la faisant monter de nos lèvres avec une flamme ardente. Ainsi liée au jeûne, la prière sobre consume les démons car ils ne peuvent s’approcher d’une âme chaste qui est pour eux comme une fournaise ardente ; ils ne peuvent lui faire aucun mal.

Michel Aubry, Saint Païssius Velichkovsky, L’Âge d’Homme, La Lumière du Thabor, 1992
Version électronique [html] disponible sur le site de Presbytera Anna
Saint Paisius Velichkovsky, Little Russian Philokalia, Volume IV, St. Herman Press, St. Paisius Abbey Press, New Valaam Monastery, Alaska, 1994

 


 

 


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