Père Gheorghe Calciu-Dumitreasa [†2006]

 

Le père Georges Calciu-Dumitreasa (1925-2006) est le dissident orthodoxe le plus connu de la Roumanie, symbole de résistance religieuse à l’athéisme communiste – et au mutisme de l’Église devant la répression. Personnalité originale, confesseur d’une grande foi, étudiant en médecine, il n’a que 22 ans quand il est arrêté pour la première fois en mai 1948 pour avoir protesté contre l’enseignement obligatoire du marxisme et l’introduction de l’athéisme dans les écoles.


Il passa d’abord deux ans à la prison de Pitesti de triste mémoire, où les communistes procédèrent à une cruelle « rééducation » des étudiants dans le matérialisme athée du marxisme-léninisme. Calciu connut la section d’extermination de la prison Jilava, où les cellules étaient situées à quelques mètres sous terre, sans lumière naturelle ou ventilation, puis la prison d’Aiud.

Il est libéré de prison en 1963, d’abord en résidence surveillée, puis définitivement suite à l’amnistie générale de 1964.

Touché par la foi et le dévouement de certains prêtres qu’il a connu en prison, il veut devenir prêtre, mais il est empêché de suivre des études de théologie à cause de son emprisonnement. Il intègre donc la faculté de philologie et, avec l’appui du patriarche Justinien, en même temps il étudie secrètement la théologie. Il enseigne d’abord le français dans une école secondaire, et lorsque la Securitate découvre sa foi, le patriarche Justinien le nomme professeur de français et du Nouveau Testament au Séminaire théologique de Bucarest en 1972. Il sera ordonné prêtre la même année.

À l’automne de 1977 le père Georges proteste contre la démolition de l’église Enei à Bucarest le 10 mars 1977. En janvier 1978, prêchant à la cathédrale patriarcale, il décrit l’athéisme comme « une philosophie du désespoir ».

C’est peu après, dans le cadre du Grand Carême de 1978, que le père Georges prononce sept homélies, une chaque semaine, adressés spécifiquement aux jeunes. Les « Sept paroles aux jeunes » du père Georges Calciu sont un de plus puissants témoignages contre l’athéisme issu de l’Église en captivité pendant la période de la guerre froide. Il critique la persécution de la religion, l’athéisme, la fermeture et la destruction des églises, faisant appel non à des arguments intellectuels, mais à la mort et la Résurrection du Christ et à l’amour, comme seules réponses dignes de l’homme face à l’athéisme qui enlève à l’homme sa dignité et nie son désir de transcendance et d’immortalité.

Après la troisième homélie, on verrouilla les portes de l’église, mais le père George prêcha sur les marches de l’église. Puis on ferma les barrières du séminaire, mais les jeunes grimpèrent les murs du séminaire. En dépit des obstacles, semaine après semaine les jeunes (et les moins jeunes) affluèrent du séminaire et des universités de Bucarest aux sermons du père Georges. Sans fléchir dans sa détermination, il présente la Résurrection du Christ comme symbole de la noblesse et la destinée de l’homme, permettant ainsi à l’homme de surmonter la mort à laquelle l’athéisme voudrait le condamner :

« Sans la résurrection et la vie et la mort sont privées de sens, sont absurdes. L’amour de Dieu est le gage de notre résurrection et la Résurrection et le fondement de notre foi en Dieu et en Jésus Christ. »

Il fait appel à l’histoire de la Roumanie, où les princes construisaient plutôt que détruisaient les églises :

« Construisons une église d’Énei en notre propre âme, une église princière, centrée sur le Christ, vivante et immortelle, jusqu’à ce que nous la voyons rebâtit sur son propre emplacement, un témoignage permanent à notre foi chrétienne et notre identité nationale. » Aimer, c’est vaincre la mort : « Aimer autrui c’est lui dire : “Tu ne mourras pas.” »

Indirectement le père Georges critique la hiérarchie de l’Église qui accepte sans protestation la destruction des églises :

« Malheur à ceux qui se plient à la force, permettant la destruction qui ne sera jamais accepté par l’histoire. »

En réponse à ses sermons audacieux, on lui interdit d’abord de prêcher, puis on le suspend de son poste d’enseignant au séminaire. Abandonné par les autorités de l’Église, suspendu de ses fonctions au Séminaire théologique et accusé de fascisme par des prêtres orthodoxes, le père Georges est arrêté le 10 mars 1979 et condamné à 10 ans de prison pour, semble-t-il, « activités néofascistes ». Interné d’abord à l’hôpital psychiatrique de la prison de Jilava, il est transféré à la prison d’Aiud, et il passe une longue période en isolement. Il est battu, humilié et privé de nourriture.

Mais les Roumains en exil, dont des personnalités bien en vue telles que Mircea Eliade et Eugène Ionesco, montent une campagne internationale en sa faveur. Il sera libéré à la suite de pressions internationales venant de leaders mondiaux tels que Margaret Thatcher, Ronald Reagan, et le pape Jean-Paul II. Après cinq ans et demi de prison, il est libéré en août 1984 et placé en résidence surveillée.

Le 6 octobre 1984 le père Georges est défroqué par l’Église et, lui-même et sa famille constamment surveillés et harcelés par la Securitate, contre sa volonté, il se trouve obligé de quitter le pays avec sa famille. En août 1985, il quitte la Roumanie et s’installe aux États-Unis, qui lui accordent la citoyenneté d’honneur. Il devient un puissant symbole de la résistance à l’oppression communiste en Europe de l’Est et il sera reçu à la Maison Blanche par les présidents Ronald Reagan et George Bush père.

Après la chute du régime Ceausescu, il visitera souvent la Roumanie, mais les communistes étant encore puissants, il est surveillé et il préfère rester en son pays d’adoption, où il meurt le 21 novembre 2006. Il est enterré au monastère Petru Voda à Neamts.

Sources:

Lumière du Thabor

Le témoignage chrétien sous le drapeau rouge en Roumanie

 

Article sur le père Calciu-Dumitreasa sur le site: ORTHODOXOLOGIE – ECRITS DE LA TRADITION CHRETIENNE ORTHODOXE

 

 

 

 


 

 

 

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