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Les sermons de carême du père Gheorghe Calciu – VI

5 juin 2020

À propos de la mort et de la résurrection

Paroles prononcées le cinquième mercredi du Grand Carême, le 12 avril 1978, sur les marches de l’Église Radu-Vodă.

Părintele Gheorghe Calciu – Cuvintele către tineri, pp. 39-47, Editura Christiana, București, 2015

traduction: hesychia.eu

Nous allons parler aujourd’hui, mon ami, de la mort et de la résurrection. Quel étrange accord antinomique pour vos oreilles, qui n’ont entendu parler que de la mort et de la vie! Toi, mon jeune ami, ne connais que le sens logique de l’affirmation et de la négation. Forcé à entrer dans le corsage matériel du monde, tu sais que l’eau coule vers le bas, que le feu brûle et que les nuages contiennent des charges électriques. Et des telles connaissances doivent t’offrir un sommeil paisible, une oreille prête à écouter et la compréhension limitée à ce qu’on te propose. La recette de l’univers t’est offerte comme une fève dans une galette.

 

Les doyens des idéologies athées ont reçu des « illuminations » qui les ont placés en possession de la vérité absolue: la substitution d’une erreur grossière par une erreur moins grossière! Mais, on t’impose chaque nouvelle erreur avec l’obligation de l’accepter comme une vérité absolue. La tentative de recevoir de manière critique une vérité idéologique est une « hérésie » dangereuse. Les fonctionnaires de l’athéisme commencent la chasse aux sorcières … « Les deux pôles de notre existence sont la naissance et la mort », affirme toute conception matérialiste. Toi, mortel, tu es condamné à naître et à mourir, par un caprice de la nature ou par un simple jeu de la libido. Tu n’as pas de destin.

Icône de notre Sauveur, fin du XIIIe siècle.

Icône de notre Sauveur, fin du XIIIe siècle.

Tu suis la loi de la nécessité et de la quantité qui, comme par miracle, devient qualité – et tu dois accepter le fait qu’elle gouverne ta vie et ta mort. Cela signifie que tu es l’être le plus malheureux de la planète, car ni les plantes ni les animaux n’ont la conscience de la vie et de la mort. Mais tu sais! Tu es conscient que tu vis et, surtout, tu es conscient que tu vas mourir. Toute ta vie se passe dans la sombre perspective de la mort. Si notre époque moderne n’a aucunement augmenté les chances de vie, il a multiplié, dans une certaine mesure, les possibilités de la mort. La civilisation et la mort, chevaliers tragiques de l’Apocalypse, hantent ce monde depuis un siècle. Et aucun ange de la résurrection ne se montre à l’horizon, aucun archange de justice ne traverse le ciel pour clamer d’une voix tonitruante aux redoutables chevaliers : « Arrêtez-vous ! Au nom du Seigneur, arrêtez-vous ! »

Dans le ciel du matérialisme athée, il est écrit avec des lettres funèbres : « Il n’y a que la vie et la mort ». Et puis une interdiction puissante : « Il est interdit de croire en la résurrection ! » Ami, qu’est-ce que l’athéisme t’a donné en échange après t’avoir ôté la foi en la résurrection ? Quel est le cadeau qu’on t’a offert lorsqu’on t’a pris le Jésus ressuscité ? Quelles sont les nouvelles fêtes qu’on t’a proposées après t’avoir demandé de travailler à Pâques et à Noël ? Quel moyen de purification et quel repos spirituel se sont présentés à toi lorsque les fêtes chrétiennes ont été entachées de la boue du dénigrement et des slogans violents ?

Autrefois, pendant les festivités, les hommes cherchaient à vivre le temps de Dieu, les dimensions élargies vers l’infinie du temps ; aujourd’hui, tu mesures ennuyé, les yeux fixés sur la montre, le temps des réunions, comme s’il s’agissait d’une malédiction. Autrefois, à Pâques, nous nous réconcilions avec tout le monde, selon les paroles de l’hymne de Pâques : « … embrassons-nous les uns les autres ; appelons frères ceux qui nous haïssent ; pardonnons tout pour la résurrection ! » Aujourd’hui, à Pâque, on organise des fêtes paysannes, des orgies noyées dans l’alcool et qui finissent souvent dans la violence. Tu sais, jeune homme, qu’une conception est valable non pas par le fait qu’elle existe, mais grâce à ses effets positifs. Tu peux juger par toi-même, mon ami, compare et apprécie, mais surtout décide-toi ! Parce que tu as le choix entre le bien et le mal, entre la douceur et la violence, entre la vie et la mort… Mais maintenant, je vais t’emmener vers un nouvel horizon. Pour ce vol inespéré, tu vas devoir abandonner les préjugés matérialistes qu’on a implantés dans votre esprit. Il va falloir purifier ton cœur des passions que tes éducateurs ont cultivées depuis ton enfance, en leur donnant de l’éclat et les noms de vertus. Il va falloir renoncer à ton athéisme, à ta haine et à ton manque de respect, à la servilité et à la violence, la lâcheté et la fierté. Et, ainsi purifié, tu iras à la grande fête de la résurrection.
Il va falloir que tu comprennes que la résurrection du Christ est un renouveau pour l’univers, que par la transformation d’un seul, le monde en entier est changé, et que lors de la dernière Cène, lorsque Jésus annonce à ses disciples l’approche de Sa passion, celle-là devait revêtir une valeur salvatrice et mystique pour le monde dans sa totalité. La passion est vers la mort et la mort vers la résurrection. Si la résurrection n’existe pas, si la mort est la seule réalité, alors nous sommes dignes de pitié plus que les pierres. Car, si nous regardons les choses sans foi, notre vie ne dure que de la naissance à l’âge de la mort, qui peut arriver à un jour ou à soixante-dix ans, car « depuis le jour de ta naissance tu es suffisamment vieux pour mourir. » Que signifie ce court devant l’éternité de la mort ?! Devrions-nous venir au monde uniquement pour mourir comme un animal, pour mourir tout simplement, comme une pierre qui roule dans le vide, ou comme un taureau frappé par la hache du boucher ? Une telle mort n’a rien d’humain en elle. C’est un cauchemar, car derrière elle on ne peut apercevoir aucune lumière, mais seulement l’obscurité de l’horreur.

La vie nous est présentée comme une tragédie, à cause d’une telle mort et de la souffrance qui la précède. Croyant ou incroyant, aucun homme ne peut échapper à ce dernier jugement qui précède l’agonie et qui est le tribunal de notre conscience. Et qui parmi nous se sent innocent à ce procès ?! La mort nous fait peur, avec ses perspectives sombres, parce que notre foi a faibli et que, dans l’ambiance générale de peur qui régit le monde, la mort ne nous apparaît plus comme une libération, mais comme une horreur suprême. Parce que nous avons déshumanisé la mort en rejetant Dieu et que la matière ne peut dominer l’esprit que par la contrainte.

Les plus grands et les plus ardents athées de notre siècle, qui ont non seulement fait de la matière un dieu de l’athéisme un nouveau mysticisme, mais ont également utilisé tous les moyens de persuasion et de destruction pour tuer en toi le vrai Dieu, tous ceux-là, mon jeune ami, craignent leur propre disparition, avec une peur métaphysique et incurable. C’est pourquoi ils construisent souvent des tombes imposantes, preuves de leur attachement à leurs restes terrestres, tentant ainsi une substitution tragique des aspirations à l’éternité. Le drame de leur vie idolâtre se termine par une mort encore plus idolâtre. Ils ont vécu avec l’horreur de la souffrance et ont souhaité une mort subite, car la mort n’a été pour eux qu’un impasse inutile et insupportable de la souffrance. Ils n’ont pas été sauvés par ce dernier acte de solidarité humaine qu’est la mort.

Mais Jésus nous a donné une mort sans peur, une réconciliation de la mort avec le bonheur, car il nous a apporté la garantie que la mort n’est pas une fin, mais un début — le début d’une vie éternelle : la vie par la résurrection. Aimer un être, c’est dire : « Tu ne mourras pas ! » Et le croire. Cette foi sans preuve est en fait la seule vérité fondamentale que nous ressentons dans notre amour vraiment profond. Je parle de tous les visages de l’amour. La mère en train de câliner son enfant, lui dit, en vérité, avec une foi capable de renverser les montagnes : « Tu ne mourras pas ! » L’amoureux, qui chuchote à sa bien-aimée des paroles pleines d’ardeur, lui dit en réalité avec la même foi profonde : « Tu ne mourras pas ! » La sombre histoire de l’humanité connaît un moment quand le soleil devenu de feu a déferlé sur l’humanité : c’est le Soleil de justice, le Christ incarné, le Fils de Dieu, qui est venu dans le monde pour le sauver. Quelle nécessité pourrait déterminer l’incarnation de la perfection divine qui ne connais pas de nécessité ? Aucune. À l’exception de l’amour, car il est la vertu à la fois libre et libératrice. Non pas l’amour-passion, mais l’amour-charité.
« Car Dieu a tant aimé le monde, qu’Il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en Lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. » [Jean iii, 16]

Jésus se montre ainsi comme l’incarnation de l’amour, l’amour palpable et crucifié. Il était si difficile pour l’humanité de croire à ce qu’elle voyait, au fait que le parfait amour se tenait incarné devant elle, qu’elle voulait le voir sur la croix, c’est-à-dire amené à cette situation-limite qu’est la souffrance et la mort. Afin de vérifier son authenticité comme par le feu et de constater si elle reste identique à elle-même, jusqu’au bout. Et Jésus a passé comme un dieu l’examen auquel l’homme l’a soumis. Rappelez-vous, amis, de ses paroles sur la croix : « Père, pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Quelle plus grande preuve pourrait-on nous donner ?
Et si tu crois quand tu dis à ta bien-aimée « Tu ne mourras pas », pourquoi ne pas croire aux paroles de l’amour suprême qui te promet la vie éternelle ?
« En vérité, en vérité, Je vous le dis, celui qui écoute Ma parole et qui croit à Celui qui M’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement ; mais il est passé de la mort à la vie. » [Jean v, 24] Mais tu crois et tu sais que tu crois en vérité, comme je le sais moi-aussi, même si pour toi, mon jeune ami, ce que tu crois ne t’est pas absolument clair. Mais pour ceux qui font de ta jeune conscience un lieu où pratiquer leur violence doctrinale, pour ceux qui emprisonnent ton âme dans des formules athées étroites, ta foi est une réalité qui les effraie plus que tout.

Les idées sont maintenues par leur vérité. Une idée qui est soutenue par la violence est profondément minée par son erreur intérieure. Si les matérialistes ne parlent pas de la mort, c’est parce qu’ils en ont peur. Ils la passent sous silence, comme ils le font avec toutes les idées impossibles à mystifier. Pour quelle raison ont-ils gardé le silence le 4 mars, une année après le grand tremblement de terre de 1977 ? Parce que la mort t’oblige à penser à Dieu, à la vie que tu mènes, à ta responsabilité morale. Or, ils craignent ta capacité à percevoir la vérité métaphysique et ta liberté spirituelle, tout autant qu’ils craignent la mort.

Mais je te parle d’elle comme de ta seule possibilité de victoire. Car sans la résurrection, la mort et la vie deviennent un non-sens, une absurdité. Mais l’amour de Dieu est la garantie de notre résurrection et la résurrection est le fondement de notre foi en Dieu et en Jésus-Christ, son Fils. C’est l’occasion sublime et glorieuse d’une affirmation vitale ; une invitation à amnistier le passé, avec les mots d’un journaliste français ; une invitation à faire confiance à l’avenir. « Pardonnons tout pour la résurrection ! » Toute autre attitude signifie la mort. Celui qui est mort, c’est Celui qui est ressuscité, et ceux qui l’ont vu ont confessé et leur témoignage est vrai, car ils l’ont scellé de leurs souffrances et de leur mort. Nous ne pouvons pas douter de la vérité de leurs paroles.

Quand il faisait jour,
« Le sabbat passé, lorsque le premier jour de la semaine commençait à luire, Marie-Madeleine et l’autre Marie vinrent pour voir le sépulcre. Et voici qu’il se fit un grand tremblement de terre ; car un Ange du Seigneur descendit du Ciel, et s’approchant, il renversa la pierre et s’assit dessus. Son visage était comme l’éclair, et son vêtement comme la neige. » [Matthieu xxviii, 1-3] C’est le glorieux tableau de la résurrection du Seigneur, Celui qui a brisé les chaînes de la mort et a apporté à l’humanité la perspective inattendue de la résurrection.

À partir de maintenant, mon ami, ne crains plus la mort, car le Christ est ressuscité, et Il est le précurseur de notre résurrection ! Dès l’instant où t’as appris cette vérité, ta vie a acquis un nouveau sens : elle ne finira pas entre les planches d’un cercueil (fait qui rendrait notre vie dérisoire et inutile), mais, traversant la mort, elle atteindra la gloire de la résurrection. Allez, jeune homme, et annoncez la nouvelle à tout le monde ! Laisses ton visage d’ange briller à la lumière de la résurrection, car aujourd’hui, l’ange en toi, que tu as découvert lors de ma première « Parole », a vaincu la terre en toi. Dis à ceux qui ont jusqu’ici opprimé ton âme divine : « Je crois en la résurrection ! » Et tu les verras effrayés, car ta foi les vaincra. Ils vont se tortiller et crier de désespoir : « La terre est ton paradis et tes instincts son ton ciel ! » Mais tu ne dois pas t’arrêter en chemin, mais aller de l’avant, lumineux et pur, faisant briller sur tous la lumière de la Résurrection ! Toi, mon ami, es le seul porteur de ta déification en Jésus-Christ et élève avec toi la nation roumaine entière vers les sommets de sa propre résurrection. De la mort à la vie et de la terre au ciel.


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