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Saint Jean Chrysostome : Les chrétiens veillent au bon ordre dans la ville, dont ils sont les sauveurs, les protecteurs et les docteurs

19 août 2023

Et puisque nous parlons maintenant de blasphèmes, la seule reconnaissance, mes Frères, la seule grâce que je vous demande pour cette instruction, c’est de reprendre publiquement les blasphémateurs. Quand vous rencontrerez dans la ville un de ces audacieux, et que vous l’entendrez blasphémer insolemment, faites-lui les plus vifs reproches, et même, s’il le faut, faites-lui l’affront de le frapper sur la joue ; vous ne pouvez employer votre main à une œuvre plus sainte. Que si l’on vous traîne devant le juge comme ayant insulté un citoyen, paraissez hardiment devant le tribunal, et dites pour toute défense, que vous avez vengé le Roi suprême dont on blasphémait le saint nom.

Eh ! si l’on punit ceux qui traitent avec irrévérence le nom du prince, combien plus ne doit-on pas châtier quiconque se porte au même excès envers le Seigneur ? C’est un crime public, c’est une injure commune contre laquelle nous devons nous élever tous. Que les Juifs et les Gentils apprennent que les chrétiens veillent au bon ordre dans la ville, dont ils sont les sauveurs, les protecteurs et les docteurs. Que les hommes insolents et pervers sachent qu’ils doivent redouter les serviteurs de Dieu, afin que, s’ils veulent proférer des blasphèmes, ils soient plus circonspects et plus timides, ils craignent qu’un chrétien ne les entende et ne punisse sur-le-champ leur impiété. Ne vous rappelez-vous pas le courage intrépide de saint Jean ? n’avez-vous pas lu avec quelle hardiesse il dit publiquement à un prince infracteur des lois du mariage ? Il ne vous est pas permis d’avoir la femme de Philippe votre frère. (Marc, VI, 18.) Ce n’est ni un prince, ni un magistrat que je vous conseille de reprendre ; ce n’est pas pour venger le mépris de la sainteté du mariage, ni les outrages faits à un de vos semblables, que j’anime votre zèle ; non, ce que je vous demande est moins difficile, je vous exhorte à corriger un de vos égaux qui insulte votre divin Maître. Si je vous commandais de punir les princes et les magistrats de leurs prévarications, vous diriez que je perds la raison ; et cependant saint Jean l’a fait, et si saint Jean l’a fait, un autre peut le faire. Néanmoins, ne vous en prenez qu’à vos égaux, et dussiez-vous périr dans cette religieuse entreprise, loin de reculer, courez avec joie à cette espèce de martyre. On n’exigeait pas de saint Jean qu’il sacrifiât aux idoles ; mais ne pouvant garder le silence lorsqu’il voyait de saintes lois outragées, il sacrifia sa tête, et c’est pour cela qu’on — doit le regarder comme un vrai martyr. Combattez comme lui pour la justice jusqu’à la mort, et le Seigneur vous secondera. N’allez point me dire : Que me font les discours de ce particulier ? il n’y a rien de commun entre lui et moi. Le démon est le seul avec lequel nous n’ayons rien de commun ; nous avons mille choses communes avec tous les hommes. Participant de la même nature, habitant la même terre, nourris des mêmes aliments, nous avons le même Maître, les mêmes lois, les mêmes espérances. Ne disons donc pas que nous n’avons rien de commun avec eux. Ce sont des paroles froides, ou plutôt des paroles criminelles, qui ne peuvent venir que du démon ; c’est une pensée cruelle qui ne peut être inspirée que par cet esprit impur. Ne nous permettons pas un pareil langage, occupons-nous du salut de nos frères. Je vous promets et je vous affirme que si tous ceux qui m’entendent, qui sont la moindre partie de la ville, mais la plus pieuse, veulent se partager le salut de leur prochain, on verra bientôt la réforme de toute la ville d’Antioche. Si un seul homme zélé est capable de ramener tout un peuple, que ne doit-on pas attendre du zèle d’un si grand nombre de personnes ? Oui, si beaucoup de nos frères se perdent, c’est à notre négligence, c’est à notre faiblesse qu’il faut s’en prendre. Que dans une querelle violente on voie deux hommes aux mains, on accourt pour les séparer ; qu’un animal trop chargé tombe, on le relève : et l’on voit tranquillement ses frères courir à leur perte ! Un homme succombe sous le poids de sa colère, il tombe dans le blasphème ; approchez de lui charitablement, relevez-le par d’utiles réprimandes, par une rigueur salutaire, employez tour à tour la douceur et la force. Si nous savons nous régler nous-mêmes, et nous occuper du salut d’autrui, nos frères qui se seront corrigés nous en aimeront davantage, et, ce qui doit être pour nous le principal motif, nous jouirons des biens réservés à la vertu courageuse. Puissions-nous les obtenir, ces, biens, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, par qui et avec qui soient, au Père et à l’Esprit-Saint, la gloire, la force et l’empire, maintenant et toujours, dans tous les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

 

Homélies sur les statues au peuple d’Antioche — Première homélie

Saint Jean Chrysostome, Œuvres complètes, traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin, T. II, Arras, Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Éditeur, 1887, p. 543-544

 

 

 

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