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SAINT CALLINIQUE DE CERNICA

10 avril 2021

Saint Callinique est le représentant le plus célèbre de ce qu’on a appelé, dans la littérature roumaine, la « spiritualité de Cernica ». Il « unit dans son profil spirituel, d’une manière étonnante, la prière et l’ascèse la plus sévère avec d’une part, l’obéissance totale dans la communauté et le souci des pauvres et, d’autre part, l’activité d’un fondateur d’églises ».

 


Né à Bucarest le 7 octobre 1787, le jeune Constantin entra à l’âge de vingt ans au monastère de Cernica, après avoir fait ses études dans une école gréco-roumaine de la même ville. Un an plus tard, il devint moine sous le nom de Callinique, puis fut ordonné diacre (1808) et prêtre (1813). En raison de ses qualités exceptionnelles, la communauté l’élut higoumène en 1818, alors qu’il n’avait que trente ans. Durant son higouménat, le nombre des moines dans le monastère s’accrut jusqu’à trois cent cinquante ; il construisit pour eux une nouvelle église et des cellules appropriées, ainsi que des ateliers où ils fabriquaient des vêtements et autres choses nécessaires à la communauté.

En 1850, après quarante-trois ans de séjour à Cernica, dont trente-deux comme higoumène, saint Callinique accepta, sur les instances du prince Barbu Știrbei, la dignité épiscopale pour l’évêché de Rîmnic. Après dix ans de vacance épiscopale, cet évêché se trouvait dans un état déplorable : la résidence et la cathédrale étaient en ruines, le séminaire fermé, les prêtres peu instruits et dans une situation matérielle précaire, nombre d’églises mal entretenues, en ruines ou même fermées. En peu de temps, saint Callinique réussit, grâce à une immense activité, à résoudre tous ces problèmes d’ordre pratique et administratif. Dès 1851, il rouvre les cours du séminaire, bâtit une nouvelle cathédrale dont il avait lui-même conçu les plans, ainsi que de nouveaux bâtiments pour la résidence de l’évêque et le séminaire. Il fait construire le monastère de Frăsinei, où il introduit, d’après le modèle athonite, des règles de vie sévères, ainsi que plusieurs églises paroissiales ; à Rîmnic même, il installe aussi une imprimerie.

Son disciple et biographe dit qu’il « était si miséricordieux que lorsqu’il n’avait pas de quoi donner, il recourait à ses vêtements et avec des larmes, me suppliait, moi indigne, de chercher, où je le pourrai, de l’argent pour le distribuer aux frères du Christ, car c’est ainsi que Sa Sainteté nommait les pauvres et les infirmes ».

Son testament est révélateur de la simplicité et la pauvreté dans lesquelles il vécut : « Je n’ai accumulé ni or ni argent. Je n’ai voulu avoir aucun superflu, ni vêtements, ni quoi que ce soit… Je ne laisse rien ni pour mon enterrement ni pour ma mémoire… pour qu’on voie que c’est en Dieu que je crois. Car le fait de ne laisser, à ma mort, aucun argent plaira à Dieu plus que si l’on distribuait après moi beaucoup d’aumônes… »

Après dix-sept ans d’épiscopat, saint Callinique se retira de nouveau dans son monastère de Cernica, où il vécut encore une année comme simple moine. Il y mourut le 11 avril 1867. En 1955, il fut canonisé par l’Église roumaine et ses reliques furent exposées, au monastère de Cernica, à la vénération des fidèles.

Une spiritualité intégrale

Dans la vie de saint Callinique sont admirablement réunis tous les traits de ce que nous avons appelé « la spiritualité de Cernica » : ascèse, œuvres charitables, activités pratiques, caractéristiques qui trouvent leur source et leur couronnement dans une vie mystique en Christ, de prière et de contemplation. Le Père Dumitru Stăniloae y voit une « spiritualité intégrale ».

Ascète rigoureux, saint Callinique prolongeait parfois son abstinence de nourriture pendant quarante jours. Durant toute sa vie de moine, il n’a pas mangé de viande, et à partir de 1820 s’est abstenu même de poisson, se con¬tentant de légumes. Pour « vaincre l’orgueil, le samedi et le dimanche il goûtait du fromage et du lait ». Quant au sommeil, « il ne dormait pas plus de trois heures la nuit, et non dans un lit, mais sur une chaise ». C’est qu’il voyait dans l’ascèse un moyen indispensable pour se purifier des passions.

Ainsi libéré des passions, il a cultivé à leur place les vertus correspondantes : la douceur, la bonté, l’humilité et l’amour. « Tous les moines, vieillards et jeunes, remarque le biographe, l’admiraient et l’aimaient sincèrement, parce qu’il était doux et humble véritablement, sans perfidie, sans haine ni artifice, se soumettant à tous. » Ainsi, il « conciliait l’ascèse comme moyen de perfection personnelle avec la charité comme vertu sociale, et montrait que l’ascèse n’enferme pas l’homme dans la prison de ses intérêts individualistes… mais qu’elle est, au contraire, le moyen de détruire l’égoïsme. »

La riche activité extérieure qu’il déploya n’empêchait pas une vie fervente de communion avec Dieu par la prière et la contemplation. Son cœur, pénétré de l’amour de Dieu et des hommes, devint si sensible que, souvent, il versait des torrents de larmes. Souvent aussi, il se trouvait en extase.

La lumière divine en laquelle il vivait se révéla sensiblement, vers la fin de sa vie, à ceux qui se trouvaient auprès de lui. Son disciple Athanase raconte :

« Un matin, après avoir fini la prière de nuit — car je lui lisais dans la cellule tout le canon de prière, le père étant alité —, nous avons vu, moi et les pères qui se trouvaient dans la cellule, comme un globe de lumière indescriptible sortant de Sa Sainteté. Alors, de crainte, nous sommes tous tombés à terre, tandis que cette lumière miraculeuse se dirigeait par les fenêtres vers l’Orient. Le soir suivant, je lui ai dit ce que nous avions vu ; Sa Sainteté, me regardant longuement et attentivement, m’a dit : ‹ Soyez attentifs, car dans cette maison viennent sans cesse des anges et d’autres hommes célestes ; rappelle-toi ce que je t’ai dit et montré › »

Quant à sa fin, elle fut aussi merveilleuse que sa vie. Il prédit sa mort treize jours à l’avance.

« Quand ces jours furent écoulés, dit Athanase, il se remit complètement ; il se leva, revêtit ses habits pour l’enterrement — tous les autres, il les avait déjà donnés —, se lava le visage, se peigna, et bénit tous ceux qui étaient dans la cellule. Puis, debout comme il était, il se pencha sur la poitrine du moine Germain en disant : ‹ Adieu, nous nous retrouverons dans la joie de l’autre monde ›. Et ayant poussé trois soupirs, il expira et resta penché sur la poitrine du moine Germain. »

L’espace nous manque pour mentionner les nombreuses guérisons qu’il a accomplies et les prédictions qu’il a faites.
Saint Callinique de Cernica reste le plus aimé et le plus vénéré des saints roumains.

Père Romul Joantă, Roumanie – Tradition et culture hésychastes, Spiritualité orientale, no. 46, Abbaye de Bellefontaine, 1987, pp. 212-215.

 


 

 

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