Catéchèse, Orthodoxie, Seraphim Rose

L’âme après la mort – Concernant l’auteur

1 décembre 2020

Le père Seraphim Rose naquit Eugene Dennis Rose, le 13 août 1934 à San Diego en Californie. Élevé dans une famille typiquement protestante américaine, il fut considéré par ses parents et ses pairs comme un jeune génie, destiné à une carrière brillante en science ou en mathématique.

 

 

Cependant, au moment de son entrée au College Pomona en Californie du Sud, un tel intérêt terrestre lui sembla peu important par rapport à une nouvelle passion effrénée de connaître, de comprendre la réalité, au sens le plus élevé. Se sentant étranger à la société autour de lui, il se révolta contre sa superficialité et son matérialisme et rejeta la religion protestante dans laquelle il avait été élevé. Sa recherche de la Vérité le conduisit d’abord à la philosophie occidentale, puis à travers une étude de la sagesse de l’Orient, en vue de laquelle il apprit la langue chinoise, ancienne et moderne.

Comme étudiant diplômé de langues orientales, il s’inscrit à l’Académie des Études asiatiques à San Francisco, et étudia sous la direction de son doyen, le Dr Alan Watts. À cette même Académie, il trouva un vrai représentant de la tradition chinoise, un humble philosophe taoïste appelé Gi-ming Shien. Eugene fréquenta plusieurs temples orientaux et aida Gi-ming à traduire le Tao Teh Ching des caractères anciens. En 1957, il devint étudiant à l’Université de Californie à Berkeley, où il reçut son diplôme M. A.

La sagesse des philosophes pré-chrétiens, en dépit de leur profondeur, laissa Eugene quelque peu sur sa faim, et il était désespéré de ne pas savoir pourquoi. De Gi-ming, et aussi des écrits du métaphysicien français René Guénon, il avait appris la valeur de l’adhésion à la forme traditionnelle, orthodoxe d’une religion, quelle que soit celle-ci. Incapable de trouver la fin de sa recherche dans les religions orientales traditionnelles qu’il avait déjà expérimentées, il alla un jour voir la forme orientale de la religion qu’il avait connue enfant — la foi chrétienne. En parlant de ce moment, il écrit plus tard :

« Pendant mes années d’études, j’étais satisfait d’être ‹ au-dessus de toutes les traditions ›, mais, d’une certaine manière, fidèle à elles…. Quand j’ai visité une église orthodoxe, c’était seulement pour voir une ‹ tradition › de plus — sachant que Guénon (ou un de ses disciples) avait décrit l’orthodoxie comme étant la plus authentique des traditions chrétiennes.

Cependant, quand je suis entré dans une église orthodoxe pour la première fois (une église russe de San Francisco), il m’est arrivé quelque chose, que je n’avais jamais éprouvé dans aucun temple bouddhiste, ni aucun autre temple oriental ; quelque chose me disait dans mon cœur que c’était le ‹ but ›, et que toute ma recherche était terminée. Je ne savais pas vraiment ce que cela signifiait, parce que l’office m’était assez étranger, et en une langue que je ne comprenais pas. Je commençai à assister à des offices orthodoxes plus souvent, apprenant petit à petit sa langue et ses coutumes, mais gardant encore toutes mes idées guénoniennes de base touchant toutes les traditions spirituelles authentiques.

En côtoyant l’orthodoxie et des fidèles orthodoxes, une idée nouvelle entra cependant dans ma conscience : que la Vérité n’était pas qu’une idée abstraite, cherchée et connue de l’intellect, mais quelque chose de personnel — une Personne même — cherché et aimé du cœur. Et c’est ainsi que j’ai rencontré le Christ. »

Eugene fut reçu dans l’Église orthodoxe en février 1962. En recevant les saints mystères pour la première fois, il sentit un goût céleste, divin dans la bouche, qui lui resta pendant plus d’une semaine.

À San Francisco, il devint le disciple d’un des hommes les plus saints du XXe siècle, le bienheureux archevêque Jean Maximovitch, hiérarque connu du monde entier comme thaumaturge, ascète, « fol-en-Christ », père des orphelins, et libérateur des opprimés. Avec cet homme non terrestre comme son guide, Eugene entra dans ce qu’il devait appeler plus tard l’indéfinissable « saveur » ou « fragrance » de l’orthodoxie. Il traversa toutes les choses extérieures — toutes les choses du monde et tout institutionnalisme ecclésiastique — pour aller à l’essence et au cœur du christianisme pur, qui n’est pas de ce monde.

Voyant la grandeur potentielle du jeune Eugène, Mgr John a fait des efforts particuliers pour le préparer à une vie de service dans l’Église. Il a commencé une série de cours de théologie à San Francisco, auxquels Eugene a assisté avec diligence. Eugène a fini ce cours à la tête de sa classe, même si toutes les conférences ont été prononcées en russe et Eugène était le seul converti orthodoxe américain de la classe.

Ayant enfin trouvé la Vérité, Eugene consacra le reste de sa vie à L’apporter à ses contemporains. Avec le jeune Russe, Gleb Podmochensky, il fonda une Fraternité missionnaire dédiée au premier saint orthodoxe d’Amérique, Saint Germain d’Alaska [†1836].

Les frères ouvrirent une librairie orthodoxe à San Francisco en 1964, et commencèrent à publier un magazine, The Orthodox Word, en imprimant chaque numéro sur une simple presse manuelle. Toutes ces entreprises furent lancées avec la bénédiction et l’encouragement de l’archevêque John Maximovitch.

Après le décès de l’archevêque Jean Maximovitch en 1966, Eugene et Gleb commencèrent à chercher un terrain dans le désert, où ils pouvaient continuer à imprimer The Orthodox Word et en même temps s’intégrer dans l’expérience des ascètes orthodoxes (« anachorètes ») de tous les temps. L’archevêque John avait également béni cette étape, car peu de temps avant sa mort il avait dit à Eugene qu’il croyait que les frères établiraient un monastère missionnaire dans le nord de la Californie.

En 1969, ils déménagèrent jusqu’à un endroit retiré en flanc de montagne (« Noble Ridge ») et situé en Californie du Nord, y emmenant tout leur équipement d’imprimerie. Un an plus tard, le Saint patron de la Fraternité, le père Germain d’Alaska, a été canonisé par l’Église orthodoxe russe, devenant ainsi le premier saint canonisé d’Amérique. Eugene et Gleb ont contribué à la préparation de sa canonisation en publiant du matériel sur la vie et les miracles de saint Germain, et en écrivant et en imprimant l’office liturgique.

Le 27 octobre 1970, après un an de solitude et d’épreuves dans le désert, ils reçurent la tonsure monastique, Eugene avec le nom de l’ascète russe saint Séraphim de Sarov, et Gleb avec celui de saint Germain d’Alaska.

Au sein de la nature créée par Dieu, l’esprit du père Seraphim commença à monter en flèche. Il se construisit une petite cabane dans la forêt et s’y plongea dans la prière et dans les écrits des saints pères et mères illuminés par Dieu. Par la purification intérieure progressive, par la lutte ascétique et le combat invisible, il commença à acquérir l’intellect et le cœur, la manière de penser et de sentir de ces anciens maîtres et visionnaires. Bien qu’il eût un lien profond avec la nature et les animaux et qu’il aimât chaque jour qu’il pouvait passer à Noble Ridge, ils se sentait seulement comme un pèlerin sur cette terre et se préparait consciemment à la vie future.   Il y eut des témoignages, à plusieurs occasions, de ses communications avec l’autre monde, en particulier avec son père spirituel décédé, le bienheureux Jean.

Depuis son refuge montagnard, le père Seraphim édita un torrent de livres et de magazines, dont l’utilité était de replacer la sagesse traditionnelle dans le contexte moderne. Il écrivait, traduisait, composait et imprimait les textes, et les envoyait dans le monde entier, où leur pleine portée ne serait saisie qu’après sa mort. Jamais oisif même pour un instant, il semblait passionné de rendre accessible la plénitude de la Vérité à l’homme moderne fragmenté, sans racine — avant qu’il fût trop tard. Prévoyant des temps apocalyptiques devant nous, il disait :

« Il est plus tard que vous ne pensez! Hâtez-vous donc de faire l’œuvre de Dieu. »

 

 

Le père Seraphim fut ordonné prêtre en 1977.

 

Nonobstant son amour de la solitude du désert et sa disposition philosophique réservée, il passa ses dernières années dans une activité pastorale toujours croissante. Il était profondément aimé de ses enfants spirituels pour la simplicité de sa sagesse et sa capacité à comprendre la souffrance humaine. Certains étaient surpris de voir que cet homme, qui était si intransigeant quand il s’agissait d’écrire sur les illusions spirituelles pouvant égarer les gens, soit en même temps si compatissant quand il s’agissait de s’occuper individuellement de la personne déchue.

Une maladie brève et soudaine emporta le père Seraphim de cette terre le 2 septembre 1982. Il n’avait que 48 ans, il était dans la force de l’âge.

Dans son cercueil, dans l’humble église monastique, son visage avait une expression de sérénité surnaturelle, témoignant de la paix qu’il avait trouvée avec Dieu. Il était si radieux — littéralement doré — que l’on avait du mal à écarter des enfants de son cercueil. Le mystère de la mort et de la vie dans l’au-delà — qu’il médita pendant une grande partie de sa vie intellectuelle — n’était plus un mystère pour lui désormais. Des miracles de son aide depuis l’autre monde à ses enfants spirituels commencèrent à être rapportés.
 

 
Dans la décade suivant sa mort, les écrits de père Seraphim ont eu un impact dans le monde entier. Traduits en plusieurs langues, ils ont changé d’innombrables vies par leur vérité donnant à réfléchir. En Russie, pendant la suppression communiste de toute littérature spirituelle, ses livres Orthodoxie et la religion du futur et L’âme après la mort circulaient clandestinement sous forme de manuscrits dactylographiés et furent connus par des millions de gens. Avec la fin de la persécution religieuse, ses livres et articles furent publiés en Russie en grosses quantités et sont en vente maintenant partout — même sur les étals de livres dans le métro. Quand des chrétiens orthodoxes américains vont dans des centres orthodoxes en Russie, souvent la première question que l’on leur pose est « Connaissiez-vous le père Seraphim Rose? »

Les Russes aujourd’hui voient cet Américain de la Californie du Sud comme un appel à rétablir les principes spirituels traditionnels dans leur pays natal ravagé. Il est une lueur d’espoir pour leur avenir incertain. Il est temps maintenant pour davantage de ses compatriotes — qui font face à une incertitude peut-être encore plus grande — d’entendre son message et de s’éveiller à la Vérité pré-éternelle pour laquelle il vécut et mourut.

 

Moine Damascène
Le monastère de saint Germain d’Alaska, Platina, Californie
Octobre 2003

 


 

Traduction de Catherine Pountney

Publié en format numérique sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

Nous tenons à remercier l’archimandrite Cassien pour la permission de reproduire ici cet ouvrage.

 


 

 

 

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