Catéchèse, Orthodoxie, Seraphim Rose

L’âme après la mort – Appendice à la deuxième édition

1 décembre 2020

Le 7/20 décembre 1980 (Fête de) saint Ambroise de Milan
 
Que le Seigneur vous bénisse !

Merci pour votre « lettre ouverte » du 3 et votre lettre personnelle du 4 novembre. Je vous rassure car je ne trouve aucune raison de m’offusquer en elles. Pour moi, elles sont seulement l’occasion d’une discussion amicale au sujet de l’enseignement (du moins d’un de ses aspects) et de l’importance de deux grands hiérarques et théologiens de la Russie du XIXe siècle — Théophane le Reclus et Ignace Briantchaninov.
 

 

Ma remarque dans L’âme après la mort, que l’évêque Théophane fut peut-être le « seul rival » de l’évêque Ignace comme défenseur de l’orthodoxie contre les erreurs modernes ne voulait aucunement laisser entendre que l’évêque Théophane était inférieur comme théologien ou érudit patristique ; seulement j’avais alors l’évêque Ignace au centre de mon attention, et à cause de cela, l’évêque Théophane paraît un peu plus « petit » dans ce contexte, mais ce n’était, bien sûr, pas le cas dans la réalité. En disant, au même endroit, que l’évêque Théophane défendait l’orthodoxie à un niveau moins « raffiné » que l’évêque Ignace, je n’insinuais pas non    plus aucune infériorité de l’évêque Théophane, mais exprimais seulement ce qui était le cas, à savoir que l’évêque Ignace prêtait en général plus d’attention à des points de vue occidentaux, et les combattait en détail, tandis que l’évêque Théophane mettait l’accent de façon plus déterminée sur la transmission de la Tradition orthodoxe et ne touchait qu’accidentellement aux erreurs occidentales qui la concernait. J’avais en tête par exemple le contraste entre la longue défense et explication par l’évêque Ignace des postes de péage (que je cite dans l’Âme après la mort) et la remarque laconique de l’évêque Théophane (la seule que je connaisse où il    critiqua le scepticisme à l’égard de cet enseignement) que « Aussi absurde que paraisse l’idée des postes de péage aux yeux de nos ‹savants›, ils ne manqueront pas de les traverser » 1. En parlant du niveau « érudit » de l’écriture de l’évêque Ignace, j’entendais seulement qu’il s’occupait davantage que l’évêque Théophane d’argumenter contre les points de vue occidentaux sur leur propre terrain, tandis que l’évêque Théophane sembla plus enclin à rejeter les mêmes points de vue sans trop de débat. Mais ce n’était peut-être pas vrai dans tous les cas.

Ainsi, je pense que, en ce qui concerne la grandeur de ces deux hiérarques, il n’y a pas de vrai désaccord entre nous. Je reconnais la grandeur de l’évêque Théophane en tant que théologien et érudit patristique, et ma seule raison de mettre en valeur l’évêque Ignace dans L’Âme après la mort est que c’est lui et non l’évêque Théophane qui parla de façon si détaillée contre les erreurs occidentales en face de l’enseignement orthodoxe sur la vie après la mort. Je suis très favorable à votre recherche sur l’évêque Théophane, que je respecte et admire grandement, et qui malheureusement ne jouit pas aujourd’hui de l’estime qu’il mériterait, du fait de la tendance de certaines personnes de le regarder plutôt naïvement comme « scolastique », uniquement parce qu’il avait traduit quelques livres occidentaux ou employé peut-être quelques tournures théologiques venant d’Occident.

Quant à la question spécifique du désaccord de l’évêque Théophane avec l’enseignement de l’évêque Ignace : Votre hypothèse exprimée dans votre lettre privée à mon adresse est correcte ; lorsque j’ai parlé de ce désaccord, je n’avais en effet pas lu le livret Âme et Ange de l’évêque Théophane, qui critique l’enseignement de l’évêque Ignace, et que mes commentaires étaient effectivement fondés uniquement sur la petite référence que le père Florovsky en avait fait. Ayant pu depuis obtenir et lire le livret de l’évêque Théophane, je vois que mes commentaires à ce sujet ne sont pas exacts. Vous avez, bien sûr, raison de dire qu’il n’y avait pas de « dispute » entre les deux, mais seulement le désaccord de l’évêque Théophane, désaccord exprimé après la mort de l’évêque Ignace. Le point de désaccord ne fut pas non plus exprimé de façon précise (comme j’en ferai l’analyse plus bas). La question principale que vous soulevez cependant, est de savoir si ce différend était effectivement un désaccord « mineur », comme je l’ai indiqué ; cette question, je voudrais l’aborder brièvement ici.

Il se peut que ce soit seulement une question de sémantique, basée sur une différence de perspective dans la vision de ces deux théologiens. Quiconque lit les 200 pages (certes, de petit format) du livret Âme et Ange de l’évêque Théophane critiquant l’enseignement de l’évêque Ignace et voit l’importance que l’évêque Théophane accorda à la mise en cause de ce qu’il regardait comme une erreur de l’évêque Ignace, serait tenté de considérer le désaccord plutôt « majeur ». Mais en examinant tout l’enseignement de l’évêque Ignace sur la vie après la mort dans son contexte, je ne peux m’empêcher de voir ce désaccord plutôt « mineur », pour les raisons suivantes :
 

 
1.     L’évêque Théophane, tout le long de sa critique dans Âme et Ange, accuse seulement une et la même erreur (ou soi-disant erreur) de l’évêque Ignace, à savoir que l’âme et les anges sont corporels et seulement corporels de nature. L’évêque Théophane, quant à lui, écrit :

«Si l’enseignement nouveau avait dit seulement que les anges ont un corps, on n’aurait pas à le contredire; car dans ce cas, le côté principal et dominant chez les anges serait toujours un esprit raisonnable libre. Mais quand il est dit qu’un ange est un corps, on est obligé de nier en lui la liberté raisonnable et la conscience, puisque ces qualités ne peuvent pas appartenir à un corps ». 2

Si l’évêque Ignace eût effectivement soutenu une telle opinion, avec toute l’importance et les conséquences que l’évêque Théophane lui attribue, cela eût été sûrement une grave erreur de sa part. Mais même dans ce cas, cela n’aurait pas affecté directement le reste de son enseignement sur la vie après la mort : les anges et les âmes agiraient toujours de la même façon et aux mêmes « endroits », qu’ils soient des corps ou qu’ils aient un corps (ou même assument un corps, comme l’évêque Théophane lui-même semble plus enclin à croire). Ainsi la critique de l’évêque Théophane n’affecte pas tout le système de l’enseignement de l’évêque Ignace, mais seulement un de ses aspects techniques. Et même là, leur accord est plus considérable que leur désaccord : tous les deux conviennent qu’il y a un aspect corporel de l’activité des anges, soit dans ce monde soit dans l’autre, et que par conséquent les descriptions de leurs activités dans les Vies des saints et d’autres sources orthodoxes doivent être acceptés comme des récits véridiques et non comme des « métaphores » ou des « imaginations », selon la croyance de certains critiques occidentaux. En conséquence, dans tout le contexte de l’enseignement sur la vie après la mort de l’évêque Ignace (et de l’évêque Théophane), je ne peux faire autrement que de considérer ce désaccord comme « mineur ».

2.     Je doute sérieusement que l’évêque Ignace enseignât réellement ce que l’évêque Théophane lui attribue ; en tout cas, il ne mit certainement jamais l’accent sur cet enseignement, ni n’en tira les conséquences que l’évêque Théophane fut si soucieux de contredire. Donc, d’après ce que nous avons cité plus haut de l’évêque Théophane, qui dit que « quand il est dit qu’un ange est un corps, on est obligé de nier en lui la liberté raisonnable et la conscience » — il est clair que l’évêque Théophane ne fait que tirer la conclusion logique de ce qu’il pense être la croyance de l’évêque Ignace, mais nulle part il ne peut trouver une citation de l’évêque Ignace lui-même qui montre qu’il croit effectivement que les anges sont privés de liberté raisonnable et de conscience ; l’évêque Ignace ne croyait certainement pas cela. En lisant l’« Homélie sur la mort » de l’évêque Ignace, je n’ai pas trouvé un tel enseignement moi-même. Je n’ai pas lu son « Supplément » à cet ouvrage, mais je suis sûr que là non plus on ne trouvera pas l’importance et les conséquences de cet enseignement que l’évêque Théophane met en cause. Sans entrer dans tous les détails du désaccord entre eux (ce qui serait une étude considérable en lui-même, mais n’aurait pas, je crois, d’utilité notable pour la théologie orthodoxe ou la doctrine orthodoxe sur la vie après la mort), je crois que l’erreur de l’évêque Ignace ne fut pas de soutenir l’enseignement exact que l’évêque Théophane critique. Il a plutôt exagéré (peut-être) le côté corporel de la nature et de l’activité angéliques (ce qui arrive facilement lorsque l’on combat l’accent exagérément « spirituel » des docteurs occidentaux), au point que parfois il a pu sembler dire que les anges (et les âmes) sont des corps, au lieu (comme je pense qu’il voulait réellement dire) que les anges et les âmes ont un corps (aérien), ou qu’un aspect corporel fait partie de leur nature. Comme l’a dit l’évêque Théophane, il n’y aurait pas de dispute entre eux si tel était réellement son enseignement, car il considère cela 3 comme une opinion admissible sur cette question complexe, qui n’a pas été dogmatiquement définie par l’Église.

À plus forte raison donc, si l’évêque Théophane se trompa, même légèrement, au sujet de l’importance de l’enseignement de l’évêque Ignace, on doit considérer ce désaccord comme « mineur », à mon avis.

3.     On demanda une fois précisément à l’évêque Théophane s’il avait trouvé d’autres erreurs dans l’enseignement de l’évêque Ignace, à part son soi-disant enseignement de la « matérialité » de l’âme. Il répondit : « Non. Chez l’évêque Ignace, il n’y a que cette seule erreur — son opinion sur la nature des anges et de l’âme, qu’ils sont matériels… Dans tout ce que j’ai lu dans ses livres, je n’ai rien remarqué de non orthodoxe. Tout ce que j’ai lu est bon » 4. Donc dans le contexte de tout l’enseignement orthodoxe des évêques Ignace et Théophane, ce désaccord est vraiment « mineur ».

 


 
Je passe maintenant à un point final, au sujet des postes de péage aériens rencontrés par l’âme après la mort. Dans votre lettre ouverte, vous citez une lettre de l’évêque Théophane, dans laquelle il dit que la vie après la mort est « un pays qui nous est fermé. Ce qui s’y passe n’est pas défini avec exactitude…. Quant à ce qu’il y aura là-bas — nous le verrons quand nous y    serons. » De cela, comme du fait que l’évêque Théophane ne mentionne pas souvent les postes    de péage dans ses écrits, vous déduisez que « l’enseignement en tant que tel fut… au plus périphérique à sa pensée », et vous pensez que je suis dans l’erreur, du moins dans ma déclaration selon laquelle l’évêque Théophane fut un ardent défenseur de l’enseignement orthodoxe des postes de péage. À cela, je répondrais en plusieurs points :

1.      Je ne peux me rappeler, moi aussi, que ces deux références flagrantes, dans les écrits de l’évêque Théophane, à l’enseignement des postes de péage. Néanmoins, ces deux références suffisent pour montrer qu’il soutenait effectivement cet enseignement et le transmettait à d’autres, et qu’il fut très critique, voire dédaigneux à l’égard de ceux qui le niaient (« Aussi absurde que paraisse l’idée des postes de péage aux yeux de nos ‹savants›, ils ne manqueront pas de les traverser »).

2.      Le fait que dans certaines de ses lettres, quand on touche le sujet de la vie après la mort, il ne mentionne pas les postes de péage ne me paraît pas indiquer nécessairement que ce sujet est « périphérique » à son enseignement. Cela peut indiquer simplement qu’il parle, dans chaque cas, selon le besoin de son auditoire, et il y a des gens qui n’ont pas besoin (ou sont incapables) d’entendre parler des postes de péage. J’ai trouvé cette même chose dans ma propre expérience de prêtre. Pour ceux qui y sont prêts, l’enseignement des postes de péage est une puissante stimulation pour le repentir et une vie vécue dans la crainte Dieu ; mais il y a ceux pour qui l’enseignement serait si effrayant que je ne leur en parlerais même pas, tant qu’ils ne sont pas mieux préparés à l’accepter. Un prêtre rencontre parfois des mourants si peu préparés à l’autre monde qu’il serait inutile de leur parler même de l’enfer, à plus forte raison des postes de péage. On risquerait de leur ôter ainsi le peu d’espoir et de conscience qu’ils peuvent avoir du royaume des Cieux. Cependant, cela ne veut pas dire que l’enfer ne fait pas partie de l’enseignement de ce prêtre, ou qu’il ne défendrait pas sa réalité avec fermeté, dès lors qu’elle serait attaquée. Dans notre vingtième siècle « éclairé » en particulier, beaucoup de chrétiens orthodoxes sont spirituellement si peu mûrs, ou ont été tellement égarés par des idées modernes qu’ils sont simplement incapables d’accepter l’idée de rencontrer des démons après la mort.

N’importe quel prêtre orthodoxe, lors de son approche pastorale de telles personnes, doit, bien sûr, condescendre à leur faiblesse et leur donner « l’aliment pour nourrisson » dont ils ont besoin, jusqu’à ce qu’ils soient mieux préparés à accepter la nourriture solide de certains textes ascétiques orthodoxes. L’enseignement orthodoxe des postes de péage, transmis depuis les premiers siècles chrétiens, demeure cependant toujours le même et ne peut être nié, quel que soit le nombre des personnes incapables de le comprendre.

3. Du reste, l’enseignement des postes de péage apparaît bien dans d’autres ouvrages de l’évêque Théophane, — sinon dans ses propres écrits, du moins dans ses traductions. Il y a de nombreuses références à cet enseignement dans sa traduction des cinq volumes de la Philocalie, dont j’ai cité plusieurs dans l’Âme après la mort. Dans le Combat invisible (2e partie, chap. 9) également, il y a une exposition de l’enseignement orthodoxe de « l’examen par le prince de ce siècle » donné à chacun lors de son départ du corps. Bien que l’expression « postes de péages » n’y soit pas mentionnée, le texte dit clairement que « le combat le plus décisif nous attend à l’heure de la mort », et il est évident que la réalité est la même que celle que l’évêque Ignace est si soucieux de défendre, et qu’à d’autres endroits, l’évêque Théophane appelle bien par le nom de « postes de péage ».

4.     Le texte de l’« Âme et Ange » de l’évêque Théophane ne contient pas un seul mot critique de l’enseignement de l’évêque Ignace sur les postes de péage. Maintenant, dans son Homélie sur la mort, l’évêque Ignace déclare sans équivoque que « l’enseignement sur les postes de péage est celui de l’Église » 5, et continue par la justification très détaillée de cette déclaration. Et l’évêque Théophane, dans sa critique de l’enseignement de l’évêque Ignace, déclare que « dans le présent article, le nouvel enseignement des brochures susmentionnées 6 est examiné minutieusement en détail, sans y laisser subsister une seule pensée devant être censurée » 7. Il est donc absolument clair, puisque l’évêque Théophane n’a rien trouvé à censurer dans les idées de l’évêque Ignace sur les postes de péage, qu’il est parfaitement d’accord avec l’évêque Ignace pour dire que « l’enseignement sur les postes de péage est celui de l’Église ».

5.     Dans le texte même de « Âme et ange », l’évêque Théophane expose les conditions de l’âme après a sortie du corps en des termes identiques à ceux qu’emploie l’évêque Ignace dans son exposé. Ce sont exactement les conditions requises pour la rencontre de l’âme avec les démons aux postes de péage, donc cette citation, même si elle ne contient pas de mention formelle des postes de péage, peut être prise pour une indication de l’accord de l’évêque Théophane avec l’évêque Ignace sur la nature de la réalité après la mort. Le seul différend entre eux consiste en la question de savoir si la nature des anges est seulement corporelle (ce que, comme je l’ai dit plus haut, je ne crois pas avoir été enseigné par l’évêque Ignace). Voici la citation de l’évêque Théophane :

« L’âme, après sa sortie du corps, entre dans le royaume des esprits, où elle et les esprits sont actifs sous les mêmes formes que celles que l’on voit sur la terre parmi les hommes : ils se voient, ils parlent, voyagent, discutent, agissent. La différence est uniquement que là-bas, c’est un royaume aérien de matérialité subtile, dans lequel tout est donc subtilement matériel et aérien. Quelle est la conclusion évidente de cela? Que dans le monde des esprits la forme extérieure de l’être et des relations mutuelles est la même que sur la terre parmi les hommes. Mais ce fait n’indique pas la corporéité des anges, ni ne dit que leur essence est seulement corporelle » 8

6.     Vous êtes d’accord avec moi sur le point principal : que l’évêque Théophane, comme l’évêque Ignace, soutenait l’enseignement orthodoxe des postes de péages ; votre seul désaccord avec moi concerne l’importance que les deux docteurs y attribuaient (l’évêque Ignace en parlait plus, l’évêque Théophane moins). Je crois qu’il y a une explication très simple de cette différence apparente d’importance : c’est l’évêque Ignace qui éprouvait le besoin d’écrire tout un traité sur ce sujet de la vie après la mort, où la question des postes de péages, étant une partie importante de l’enseignement orthodoxe, occupait nécessairement une place remarquable ; alors que l’évêque Théophane, n’ayant pas écrit un tel traité, ne mentionne ce sujet qu’en passant. J’aurais tendance à penser (sans parcourir tous ses ouvrages pour le vérifier) que, dans ses autres écrits, l’évêque Ignace ne mentionne pas les postes de péages plus souvent que l’évêque Théophane. Les quelques références que l’on y trouve dans les écrits de l’évêque Théophane indiquent bien cependant qu’il en soutenait la doctrine aussi fermement que l’évêque Ignace. La différence entre eux n’est donc pas, dirais-je, ce qu’ils croyaient, ni même la force avec laquelle ils exprimaient leur croyance, mais dans la question que j’ai mentionnée au début de cette lettre : que l’évêque Ignace fut plus soucieux que l’évêque Théophane de livrer un combat serré aux opinions rationalistes de l’Ouest, alors que l’évêque Théophane transmit la tradition orthodoxe en prêtant moins d’attention de combattre les erreurs occidentales spécifiques qui la concernaient.

En considération de cela, je crois que ce que j’ai affirmé dans la préface de « L’Âme après la mort», que l’évêque Théophane « enseignait la même doctrine » que l’évêque Ignace, est justifié. Par rapport à la totalité de l’enseignement orthodoxe sur la vie après la mort, qu’ils avaient en commun, la différence entre eux sur le seul point de la nature « corporelle » de l’âme et des anges (une différence causée, je crois, plutôt par une exagération polémique de l’évêque Ignace sur le « corps » des anges que par un tel enseignement, que lui attribue l’évêque Théophane) est en effet « mineure ». En ce qui concerne les points de l’enseignement sur la vie après la mort exposé dans « L’Âme après la mort » (puisque je n’ai pas défendu ni même mentionné le soi-disant enseignement de l’évêque Ignace que les âmes et les anges sont seulement des corps), leurs points d’accord sont presque complets. L’accord de leur enseignement sur la vie après la mort est encore plus frappant quand on le compare avec les opinions des critiques rationalistes de l’Occident, qui nient, à ce jour, non seulement la réalité des postes de péage, mais aussi toute la réalité après la mort, décrite par les évêques Théophane et Ignace en des termes virtuellement identiques, l’efficacité des prières pour les morts et le reste. Contre de semblables fausses opinions, le témoignage commun, que rendent les évêques Théophane et Ignace à l’enseignement orthodoxe transmis depuis l’antiquité, est, en effet, imposant.

Je serais très intéressé d’avoir d’autres nouvelles de votre recherche sur l’évêque Théophane, pour qui, comme je l’ai dit, j’ai le plus grand respect. Avez-vous l’intention de publier un article ou un livre sur lui ou une traduction de ses œuvres ? J’ai traduit, quant à moi, la première partie de son œuvre intitulée Le chemin du salut, qui paraît actuellement en série dans le journal Orthodox America.
 

 

Dans l’amour du Christ, l’indigne hiéromoine Seraphim

 

P. S. Je ne sais pas à quel point votre lettre à mon adresse était « ouverte », ni à qui elle a été envoyée. Je n’envoie de copies de ma réponse qu’à peu de gens, c’est-à-dire à ceux qui s’intéressent de près à ce sujet.

 


 

Traduction de Catherine Pountney

Publié en format numérique sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

Nous tenons à remercier l’archimandrite Cassien pour la permission de reproduire ici cet ouvrage.

 


 

 

 

  1. Ps. 118, p.289
  2. Soul and Angel, Second Edition, Moscow, 1902, p. 103
  3. par exemple dans Âme et ange, p. 139
  4. Lettre en russe du 15 déc. 1893, dans Le moine russe, Monastère Potchaïev, N° 17, sept. 1912
  5. vol. 3 de ses Œuvres, p. 138
  6. « Homélie sur la mort » et son « Supplément »
  7. Âme et ange, p. 4
  8. Âme et ange, p. 88–89

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