Catéchèse, Orthodoxie, Seraphim Rose

L’âme après la mort – préface

11 septembre 2020

Expériences contemporaines après la mort à la lumière de l’enseignement orthodoxe sur les fins dernières de l’homme

Un ange gardien rencontrant une âme à la mort. Détail d’une icône russe du XVIIe siècle


 

 

(Traduit en partie d’après l’original en série d’articles du hiéromoine Séraphim Rose paru dans The Orthodox Word en 1971, en partie d’après la deuxième et la cinquième impressions parues en 1982 et en 1995 sous format de livres, publiés par la Fraternité St Germain d’Alaska, Platina, Californie)

Traduction de Catherine Pountney

Publié en format numérique sur le site  http://orthodoxievco.net

Nous tenons à remercier l’archimandrite Cassien pour la permission de reproduire ici cet ouvrage.

 


 

 

 

PRÉFACE

 

De nos jours, certains chercheurs et docteurs ont écrit sur les expériences d’après la mort. Leurs œuvres ont suscité un grand intérêt au sein de certains cercles religieux et scientifiques.

Pour y répondre, ce livre s’est fixé un double but : le premier, de donner une explication orthodoxe des phénomènes contemporains évoqués à ce sujet ; le second, de présenter les sources et textes fondamentaux qui contiennent l’enseignement de l’Église orthodoxe sur la vie de l’âme après la mort.

Si l’enseignement orthodoxe est peu compris aujourd’hui, c’est en grande partie parce que ces textes furent si négligés qu’ils en devinrent comme démodés à l’heure de notre époque éclairée; et nous avons donc tenté de rendre ces textes plus compréhensibles et plus accessibles aux lecteurs d’aujourd’hui. Il est presque inutile d’ajouter qu’ils constituent des documents infiniment plus profonds et plus profitables que les ouvrages contemporains écrits sur l’après- mort, qui, même lorsqu’ils ne sont pas uniquement sensationnels, ne peuvent aller bien loin. Il leur manque cette profondeur allant au-delà de la surface spectaculaire des expériences de nos jours. Tout cela à cause du manque d’un enseignement vrai et cohérent sur tout le sujet de la vie après la mort.

L’enseignement orthodoxe présenté dans ce livre soulèvera sûrement les critiques de quelques-uns. Il sera tenu comme trop simple, ou même trop naïf pour que l’homme du XXe siècle y croie. Il nous faut cependant souligner que cet enseignement n’est pas celui de quelques docteurs atypiques et isolés dans l’Église orthodoxe, mais bien l’enseignement transmis par l’Église orthodoxe depuis ses débuts, celui exprimé dans d’innombrables écrits patristiques et Vies de saints, de même que dans les offices divins. Cette doctrine a été enseignée sans interruption par depuis toujours. La simplicité de cet enseignement est la simplicité de la Vérité elle-même, qui — comme elle est exprimée ici ou en d’autres enseignement de l’Église — arrive comme une fontaine rafraîchissante de clarté au milieu de la confusion ténébreuse causée dans les esprits modernes par les diverses erreurs et vaines spéculations des derniers siècles. Chaque chapitre de ce livre essaie de faire référence aux sources patristiques et hagiographiques contenant cet enseignement.

L’incitation principale pour écrire ce livre a été l’œuvre du père orthodoxe russe du XIXe siècle, l’évêque Ignace Briantchaninov. Il était peut-être le premier grand théologien à affronter directement le problème devenu si urgent de nos jours : comment préserver la doctrine et la tradition chrétiennes authentiques dans un monde qui est devenu totalement étranger à l’orthodoxie et s’efforce soit de la renverser, soit de la rejeter ou alors de la réinterpréter de manière à la rendre compatible avec une façon de vivre et de penser mondaine. Très conscient des influences catholiques romaines et d’autres influences occidentales qui s’efforçaient de moderniser l’orthodoxie déjà à son époque, l’évêque Ignace se prépara à la défense de la Foi en creusant profondément les sources orthodoxes (dont il assimila l’enseignement dans les meilleures institutions monastiques de son temps) et en se familiarisant avec la culture scientifique et littéraire de son siècle (pour cela, il fréquenta une école d’ingénieurs et non un institut de théologie). Armé ainsi et par la connaissance théologique orthodoxe et par un savoir séculier, il consacra sa vie à défendre l’orthodoxie authentique et à dénoncer les déviations modernes. Il n’est pas exagéré de dire qu’aucun autre pays orthodoxe n’a eu au 19e siècle un tel défenseur de l’orthodoxie contre les tentations et les erreurs des temps modernes; son seul rival peut-être fut son propre compatriote, l’évêque Théophane le Reclus, qui faisait substantiellement la même chose à un niveau moins élaboré.

Un des volumes des Œuvres réunies de l’évêque Ignace (Volume 3) se rapporte particulièrement à la question de l’enseignement de l’Église sur la vie après la mort, qu’il défendait contre ses déformations modernes catholiques romaines et autres. C’est principalement à ce volume que nous avons emprunté dans le livre présent notre propre analyse des sujets tels que les postes de péage et les apparitions d’esprits — enseignements que, pour certaines raisons, l’esprit moderne trouve impossible d’accepter d’une façon simple, mais insiste à les réinterpréter ou à les rejeter carrément. L’évêque Théophane enseigna aussi, bien sûr, la même doctrine, et nous avons fait usage également de ses écrits; et à notre propre siècle, un autre grand théologien orthodoxe russe, l’archevêque Jean Maximovitch, transmit à son tour cette doctrine de façon si claire et si simple que nous avons employé ses propres mots pour composer la plus grande partie de la conclusion de ce livre. Le fait que la doctrine orthodoxe a été enseignée de manière si explicite et si claire par de grands docteurs orthodoxes à l’époque moderne jusqu’à nos jours est d’un grand secours à qui s’efforce aujourd’hui de préserver la vraie orthodoxie de tout temps, non seulement en transmettant correctement les mots, mais encore plus en interprétant ces termes de façon authentiquement orthodoxe.

Dans cet ouvrage, en plus des sources et enseignements orthodoxes mentionnés plus haut, nous avons fait un usage considérable de la littérature non orthodoxe d’aujourd’hui traitant du sujet d’après la mort, ainsi que de quelques textes occultes se rapportant à la même question. En cela, nous avons suivi l’exemple de l’évêque Ignace en présentant une fausse doctrine aussi pleinement et aussi exactement qu’il est nécessaire pour révéler sa fausseté, afin que des chrétiens orthodoxes n’en soient pas tentés, mais immunisées. Comme le grand évêque Ignace, nous avons trouvé également que des textes non orthodoxes, quand il s’agit de descriptions de véritables expériences (et non pas de simples opinions et interprétations), procurent souvent des confirmations frappantes des vérités orthodoxes. Dans ce livre, notre but principal a été de présenter un contraste aussi détaillé que nécessaire pour faire ressortir la différence totale qui existe entre l’enseignement orthodoxe et l’expérience des saints orthodoxes d’une part, et l’enseignement occulte et les expériences modernes d’autre part. Si nous avions présenté seulement l’enseignement orthodoxe sans ce contraste, nous n’aurions convaincu que peu de monde, à part ceux qui le sont déjà. En agissant ainsi, avec la Grâce de Dieu, nous provoquerons peut-être chez quelques-uns de ceux qui ont été impliqués dans les expériences modernes, un éveil à l’énorme différence qui existe entre leur expérience et l’authentique expérience spirituelle.

Cependant le fait même qu’une grande partie de ce livre analyse des expériences, chrétiennes aussi bien que non chrétiennes, signifie aussi que tout dans ce livre n’est pas est une simple présentation de l’enseignement de l’Église sur la vie après la mort, mais qu’il y a aussi une place pour les interprétations de ces diverses expériences par l’auteur. Concernant ces interprétations, il y a, certes, une possibilité de différences d’opinions légitimes parmi les chrétiens orthodoxes. Nous avons essayé, autant que possible, de présenter ces interprétations d’une façon provisoire, sans essayer de définir de telles questions d’expérience de la même façon que peut être défini l’enseignement général de l’Église sur la vie après la mort. Nous avons agi ainsi tout particulièrement en ce qui concerne les expériences extracorporelles occultes et le plan astral. Nous les avons présentés tels qu’ils ont été décrits par ceux qui y ont participé, et les avons comparés à des manifestations similaires dans la littérature orthodoxe, sans essayer de définir la nature exacte de telles expériences; mais nous les avons acceptées en tant qu’expériences réelles au cours desquelles des forces démoniaques entrent en jeu, et non comme de pures hallucinations. Que le lecteur juge par lui-même en quelle mesure cette approche a été correcte.

Il est évident que ce livre n’a aucunement épuisé l’enseignement orthodoxe sur la vie après la mort; il n’est qu’une introduction du sujet. Cependant, il n’existe pas de doctrine complète de ce sujet, ni d’experts orthodoxes. Nous qui vivons sur terre, nous pouvons à peine commencer à comprendre la réalité du monde spirituel avant de parvenir nous-mêmes à y vivre. C’est un processus qui commence maintenant, dans cette vie, mais finit seulement dans l’éternité, quand nous verrons face à face ce que nous voyons actuellement seulement comme au moyen d’un miroir, d’une manière obscure [I Co XIII,12]. Mais les sources orthodoxes auxquelles nous nous sommes référés dans ce livre nous montrent en grandes lignes la base de cet enseignement. Cela est suffisant pour nous inciter, non pas à acquérir une connaissance précise de quelque chose qui, en fin de compte, nous dépasse, mais à commencer à lutter pour parvenir au Royaume céleste, ce qui est le but de la vie chrétienne, et à éviter les pièges démoniaques répandus partout sur le chemin des athlètes chrétiens par l’ennemi de notre salut. L’autre monde est plus réel et plus proche que nous ne pensons d’habitude. Le chemin qui y mène est juste ici devant nous, dans la vie de discipline spirituelle et de prière que l’Église nous a transmise comme voie du salut. Ce livre s’adresse et est dédié à ceux qui souhaitent vivre une telle vie.

 


AVANT-PROPOS DE LA TRADUCTION FRANÇAISE

 

Le lecteur trouvera, dans les pages qui suivent, la traduction du livre de Seraphim ROSE : « La vie après la mort ». La concision de son titre n’a d’égale que son contraire, c’est-à-dire l’importance du sujet traité qui nous interpelle tous.

Nous avons repris les éditions successives de cet ouvrage (il y en a eu cinq), de façon à y faire figurer toutes les précisions ou notes qui n’existaient pas dans l’une ou l’autre de ces éditions. Nous n’avons voulu rien oublier de tout ce qui pouvait édifier. Quoi de plus fidèle à la pensée de l’auteur qui résume ainsi le sujet de son livre : « ce sont les réalités mêmes vers lesquelles toute notre vie terrestre est dirigée » ?

Nous n’entrerons pas dans le débat qu’entretinrent certains lecteurs de cet ouvrage, si ce n’est pour préciser que l’auteur y répond, pour une grande part, dans l’Appendice 4 de son ouvrage. À propos des telonia, c’est-à-dire les postes de péage, ajoutons que nous avons rencontré la même doctrine, hier et aujourd’hui, dans bien des ouvrages traitant du sujet et sous la plume d’auteurs qui ne se rencontrent pas forcément lorsqu’ils traitent d’une autre partie de la Tradition ecclésiastique.

Au fil des pages, le lecteur rencontrera le nom de théologiens qui n’appartiennent pas à notre Église confessante et martyre des VCO. Afin que nul n’en soit gêné, précisons qu’ils ne sont alors cités — eux comme leurs écrits — qu’en tant qu’ils ont conservé, sur le sujet de ce livre, la véritable doctrine orthodoxe.
Précisons encore que cet ouvrage est divisé en deux parties qui s’entremêlent sans cesse dans le texte. La première, la plus importante, cerne et résume la doctrine de l’Église orthodoxe au sujet de la vie après la mort. La seconde décrit, pour les réfuter, les erreurs modernes de l’occultisme et de l’ésotérisme. Dans le même temps, elle passe au crible de la Tradition orthodoxe certaines expériences modernes de « l’après-mort », afin de garder les chrétiens des pièges qu’elles recèlent.
Le sujet résumé par Seraphim ROSE donnera sûrement encore naissance à bien des écrits. Puissent-ils, avant toute chose, orienter le chrétien orthodoxe vers cette demande particulière qui fait l’objet des litanies diaconales pendant la divine Liturgie : « Une fin chrétienne de notre vie, paisible, sans douleur, sans reproche, et une bonne défense devant le redoutable Tribunal du Christ, demandons au Seigneur».


 

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