La foi vivante de l’église orthodoxe, Orthodoxie

L’Orthodoxie et la Religion du futur – VII. L’illusion spirituelle .A.

18 février 2021

Le concept de prelest, crucial dans l’enseignement ascétique orthodoxe, est complètement absent du monde protestant-catholique qui a produit le mouvement « charismatique » ; et ce fait explique pourquoi une tromperie aussi évidente peut gagner une telle emprise sur les cercles nominalement « chrétiens », et aussi pourquoi un « prophète » comme Nicolas Berdiaev, qui vient d’un milieu orthodoxe, devrait considérer comme absolument essentiel que dans la « nouvelle ère de l’Esprit-Saint » « il n’y aura plus de vision ascétique du monde. »

 

La raison est évidente : la vision ascétique orthodoxe du monde offre le seul moyen par lequel les hommes, ayant reçu l’Esprit-Saint lors de leur baptême et de leur chrismation, continuent d’acquérir véritablement l’Esprit-Saint dans leur vie ; et il enseigne comment discerner et se protéger contre l’illusion spirituelle. La « nouvelle spiritualité » dont rêvait Berdiaev et que le « renouveau charismatique » pratique réellement a un fondement entièrement différent et se révèle être une imposture à la lumière de l’enseignement ascétique orthodoxe. Pour cette raison les deux conceptions ne peuvent pas coexister dans le même univers spirituel : pour accepter la « nouvelle spiritualité » du « renouveau charismatique », il faut rejeter le christianisme orthodoxe ; et inversement, pour rester chrétien orthodoxe, il faut rejeter le « renouveau charismatique », qui est une contrefaçon de l’orthodoxie.

Pour rendre cela tout à fait clair nous exposerons l’enseignement de l’Église orthodoxe sur l’illusion spirituelle, tel qu’il est présenté au XIXe siècle par Mgr Ignace Briantchaninov, lui-même un Père orthodoxe des temps modernes, dans le premier volume de ses œuvres.

Il existe deux formes fondamentales d’illusion spirituelle ou prelest. La première forme, la plus spectaculaire, se produit lorsqu’une personne s’efforce d’atteindre un état spirituel élevé ou d’avoir des visions spirituelles sans avoir été purifiée de ses passions et en s’appuyant sur son propre jugement. À une telle personne, le diable accorde de « visions » extraordinaires. Il existe de nombreux exemples de ce genre dans les Vies des saints, l’un des principaux manuels d’enseignement ascétique orthodoxe. Ainsi saint Nicétas, évêque de Novgorod (31 janvier),

 au début de sa vie monastique à la Laure des Grottes de Kiev, animé d’un zèle sans discernement, s’enferma seul dans une grotte contre la volonté de son higoumène, saint Nicon [23 mars]. Les anciens, éprouvés dans les combats de l’ascèse, comprirent bien vite que ce novice s’égarait, et ils priaient avec ferveur pour lui. Après peu de temps, un parfum extraordinaire remplit soudain la grotte du reclus. Il entendit une voix et, croyant qu’il était jugé digne d’une révélation divine, il s’écria : « Seigneur, montre-toi à moi, pour que je puisse t’adorer face à face ! » La voix mystérieuse lui répondit : « Je t’envoie un ange. Fais tout ce qu’il te commandera. » Le démon lui apparut alors sous l’aspect d’un ange de Dieu et, sans plus ample examen, l’insensé se prosterna devant lui. Alors « l’ange » lui ordonna de cesser de prier, en lui assurant qu’il prierait désormais Dieu pour lui, et il lui recommanda de consacrer tout son temps à la seule lecture de l’Ancien Testament. Le malheureux obéit aveuglément : il abandonna la prière, et rassuré par la présence constante de l’« ange » à ses côtés, il commença à apprendre par cœur l’Ancien Testament.

Après quelque temps, le démon commença à lui révéler des événements qui se passaient dans le monde et le reclus semblait prophétiser, si bien qu’un nombre croissant de séculiers venait lui rendre visite pour entendre ses prédictions. Mais les Anciens avaient remarqué que Nicétas ne parlait jamais du Nouveau Testament à ses visiteurs. Ils comprirent qu’il avait été trompé par le démon, et ils se décidèrent à intervenir pour le tirer de l’égarement. Ils enfoncèrent la porte de sa grotte, chassèrent l’ange trompeur par leurs prières et contraignirent le reclus à sortir. Aussitôt tiré de son illusion, Nicétas apparut comme revenu à l’état d’un petit enfant. Il avait oublié d’un coup tout l’Ancien Testament et ne savait même plus lire, si bien qu’il dut réapprendre comme un écolier. Revenant ainsi peu à peu à lui-même, il comprit quelle avait été sa faute, montra un repentir sincère accompagné de larmes abondantes, et il commença à se conduire avec obéissance et humilité. Il progressa ainsi si bien dans les saintes vertus qu’il fut par la suite rendu digne d’être consacré évêque de Novgorod la Grande et continua d’accomplir après son bienheureux décès [† 1108] de nombreux miracles, en particulier la guérison des aveugles. » 1

D’une manière similaire, saint Isaac des grottes de Kiev [14 février] vit une grande lumière et « Christ » lui apparut en compagnie des « anges » ; quand Isaac, sans faire le signe de la croix, s’inclina devant « Christ », les démons ont pris le pouvoir sur lui et, après avoir dansé follement avec lui, l’ont laissé presque mort. Il a également atteint plus tard une véritable sainteté. Il y a de nombreux cas similaires où « Christ » et les « anges » sont apparus aux ascètes et leur ont accordé des pouvoirs étonnants et des « dons du Saint-Esprit », conduisant souvent l’ascète victime de l’illusion à la folie ou au suicide.

Mais il existe une autre forme d’illusion spirituelle plus courante et moins spectaculaire, qui offre à ses victimes non pas de grandes visions, mais simplement des « sentiments religieux » exaltés. Cela se produit, comme Mgr Ignace l’a écrit, « lorsque le cœur désire et s’efforce de jouir de sentiments saints et célestes alors qu’il leur est encore totalement indigne. Quiconque n’a pas d’esprit contrit, qui reconnaît toute sorte de mérite ou de valeur en soi, qui ne respecte pas de manière inébranlable l’enseignement de l’Église orthodoxe, mais a ses propres opinions arbitraires sur une tradition ou une autre, a réfléchi à son propre jugement arbitraire ou qui a suivi un enseignement orthodoxe non orthodoxe — celui-là est dans l’illusion. » L’Église catholique romaine a des manuels spirituels entiers écrits par des personnes dans cet état ; telle est l’Imitation du Christ de Thomas a Kempis. L’évêque Ignace considère « qu’il règne dans ce livre et transpire de ses pages l’onction de l’esprit malin flattant le lecteur, l’enivrant… Le livre conduit le lecteur directement à la communion avec Dieu, sans purification préalable par le repentir. De là, les gens charnels sont ravis par un délice et une ivresse qu’ils ont atteints sans difficulté, sans renoncement à soi, sans repentir, sans avoir crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises 2, seulement en flattant leur état déchu. » Et le résultat, tel que décrit par I. M. Kontzevitch 3, le grand transmetteur de l’enseignement patristique, est que « l’ascète, s’efforçant de susciter dans son cœur l’amour de Dieu en négligeant le repentir, s’exerce à atteindre un sentiment de joie, d’extase, mais comme résultat il atteint précisément le contraire : ‹ il entre en communion avec satan et devient infecté par la haine contre le Saint-Esprit › (Mgr Ignace). »

Et c’est l’état réel dans lequel se trouvent les adeptes du « renouveau charismatique », sans même s’en douter. Cela peut être vu le plus clairement en examinant leurs expériences et leurs attitudes, point par point, par rapport à l’enseignement des Pères Orthodoxes tel qu’énoncé par Mgr Ignace.

 

A. L’attitude envers les expériences « spirituelles »

 

Ayant peu ou pas de fondement dans les sources authentiques de l’expérience spirituelle chrétienne — les Saints Mystères de l’Église et l’enseignement du Christ et de ses Apôtres transmis par les Saints Pères — les adeptes du mouvement « charismatique » n’ont aucun moyen de distinguer la grâce de Dieu de sa contrefaçon. Tous les écrivains « charismatiques » font preuve, à un degré plus ou moins grand, d’un manque de prudence et de discernement à l’égard des expériences qu’ils vivent. Certains pentecôtistes catholiques « exorcisent satan » avant de demander « le baptême dans l’Esprit », certes ; mais l’efficacité de cet acte, comme nous allons le comprendre à partir de leur propre témoignage, est similaire à celle des Juifs dans les Actes [XIX.15], à « l’exorcisme » desquels le mauvais esprit répondit : Je connais Jésus, et je sais qui est Paul; mais vous, qui êtes-vous? Saint Jean Cassien, le grand père orthodoxe de l’Occident du Ve siècle, qui a écrit avec un grand discernement sur l’action du Saint-Esprit dans sa Conférence sur le « don des miracles », note que

Troisièmement enfin, il y a des guérisons qui sont des illusions et des artifices du démon, pour faire admirer et croire saints des hommes souillés de vices, qui égarent ensuite les autres et font mépriser la religion ; ou pour perdre par l’orgueil des personnes qui s’imaginent avoir reçu le don des miracles, et font ainsi une chute déplorable. Lorsqu’on invoque le nom de ces personnes qui n’ont aucune sainteté, les démons paraissent tourmentés par leurs mérites, et s’enfuient des corps qu’ils possédaient. C’est pourquoi il est dit dans le Deutéronome : ‹ S’il s’élève parmi vous un prophète, ou quelqu’un qui annonce avoir eu quelque songe, s’il prédit quelque prodige ou quelque signe qui se réalise, et qu’il vous dise ensuite : Allons et suivons les dieux étrangers que vous ne connaissez pas, et servons-les, n’écoutez pas ce prophète et ce songeur; car le Seigneur votre Dieu vous tente, afin de reconnaître si vous l’aimez ou non de tout votre cœur et de toute votre âme. › (Deut., XIII, 1.) Et il est dit dans l’Évangile : ‹ Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes; et ils feront des prodiges et des miracles si grands qu’ils tromperaient les élus mêmes, s’ils pouvaient être trompés. › (S. Matth., XXIV, 11.)  4

Le « visionnaire » suédois du XVIIIe siècle, Emanuel Swedenborg — qui fut un étrange précurseur du renouveau occulte et « spirituel » d’aujourd’hui — a eu une vaste expérience des êtres spirituels, qu’il voyait et avec lesquels il communiquait fréquemment. Il a distingué deux sortes d’esprits, les « bons » et les « méchants » ; son expérience a été récemment confirmée par les découvertes d’un psychologue clinicien dans son travail avec des patients victimes de « hallucinations » dans un hôpital psychiatrique à Ukiah, en Californie. Ce psychologue a pris au sérieux les voix entendues par ses patients et a engagé une série de « dialogues » avec eux (par l’intermédiaire des patients eux-mêmes). Il a conclu, comme Swedenborg, qu’il existe deux types très différents d’« êtres » qui sont entrés en contact avec les patients : les « supérieurs » et les « inférieurs ». Selon ses propres mots :

 Les voix d’ordre inférieur sont similaires aux ivrognes dans un bar qui aiment taquiner et tourmenter juste pour le plaisir. Ils suggèrent des actes obscènes, puis grondent le patient pour les avoir considérés. Ils trouvent un point faible dans la conscience et y travaillent interminablement… Le vocabulaire et l’éventail des idées de l’ordre inférieur sont limités, mais ils ont une volonté persistante de détruire… Ils travaillent sur chaque faiblesse et croyance, revendiquent des pouvoirs impressionnants, mentent, font des promesses, puis sapent la volonté du patient… Toutes les voix de l’ordre inférieur sont irréligieuses ou antireligieuses… Pour une personne, ils sont apparus comme des démons ordinaires et se sont appelés eux-mêmes des démons…

En contraste direct avec elles se tiennent les hallucinations d’ordre supérieur — les plus rares. .. Ce contraste peut être illustré par l’expérience d’un homme. Il avait entendu les entités d’ordre inférieur se disputer pendant un long moment sur la façon dont elles allaient l’assassiner. (Mais) il avait aussi une lumière qui venait à lui la nuit, comme un soleil. Il savait que c’était un ordre différent parce que la lumière respectait sa liberté et se retirait si elle lui faisait peur… Quand on l’a encouragé à s’approcher de son soleil bienveillant, il est entré dans un monde de fortes expériences numineuses… [Une fois] un personnage très fort et impressionnant, ressemblant à Jésus, est apparu… Certains patients font l’expérience des ordres supérieurs et inférieurs alternativement et se sentent pris entre un paradis et un enfer privés. Beaucoup ne connaissent que les attaques de l’ordre inférieur. L’ordre supérieur revendique le pouvoir sur l’ordre inférieur et, en fait, le montre parfois, mais pas assez pour donner la tranquillité d’esprit à la plupart des patients… L’ordre supérieur semblait étrangement doué, sensible, sage et religieux.  5

Tout lecteur des Vies des saints orthodoxes et d’autres ouvrages spirituels sait que tous ces esprits — à la fois « bons » et « mauvais », « inférieurs » et « supérieurs » — sont tous des démons, et que le discernement entre les véritables bons esprits (anges) et ces mauvais esprits ne peut pas reposer sur la base de ses propres sentiments ou impressions. La pratique répandue de « l’exorcisme » dans les cercles « charismatiques » n’offre aucune garantie que les mauvais esprits soient effectivement chassés ; les exorcismes sont également très courants (et semblent avoir du succès) parmi les chamans primitifs 6, qui reconnaissent également qu’il existe différents types d’esprits — qui sont cependant tous également des démons, qu’ils semblent fuir lorsqu’ils sont exorcisés ou qu’ils viennent lorsqu’ils sont invoqués pour donner des pouvoirs chamaniques.

Personne ne niera que le mouvement « charismatique » dans son ensemble est fermement orienté contre l’occultisme et le satanisme contemporains. Mais les esprits les plus subtils parmi les démons apparaissent comme des « anges de lumière » 7, et un grand don de discernement, ainsi qu’une profonde méfiance à l’égard de toutes les expériences « spirituelles » extraordinaires, sont nécessaires afin de ne pas tomber dans leurs pièges. Face aux ennemis subtils et invisibles qui mènent un combat invisible contre la race humaine, l’attitude naïvement confiante envers leurs propres expériences de la part de nombreuses personnes impliquées dans le mouvement « charismatique » est une invitation ouverte à l’illusion spirituelle. Un pasteur, par exemple, conseille de méditer sur les passages bibliques, puis d’écrire toute pensée « déclenchée » par la lecture : « Ceci est le message personnel du Saint-Esprit » (Christenson, p. 139). Mais tout étudiant sérieux de la spiritualité chrétienne sait que, par exemple,

 Il y a des esprits impurs qui, à notre entrée en religion, s’empressent de nous interpréter eux-mêmes les saintes Écritures ; c’est surtout ce qu’ils ont coutume de faire à l’égard de ceux qui sont esclaves de la vaine gloire, et plus encore, à l’égard de ceux qui, dans le monde, ont fait profession d’étudier les sciences humaines et de vivre selon la prudence du siècle. Le dessein des démons, en se conduisant ainsi vis-à-vis de ces personnes, c’est de les faire tomber dans quelque hérésie, ou de leur faire proférer des blasphèmes.  8.

Malheureusement, l’attitude des adeptes orthodoxes du « renouveau charismatique » ne semble pas plus profonde que celle des catholiques et des protestants. Ils ne connaissent évidemment pas bien les Pères Orthodoxes ou les Vies des Saints, et quand ils citent rarement un Père, c’est souvent hors contexte (voir plus loin au sujet de Saint Séraphim). L’appel « charismatique » est avant tout celui d’expérimenter. Un prêtre orthodoxe écrit : « Certains ont osé qualifier cette expérience de « prelest » — illusion spirituelle. Personne qui a rencontré le Seigneur de cette manière ne peut tomber dans cette illusion » 9. Mais ils sont très rares les chrétiens orthodoxes capables de distinguer les formes très subtiles d’illusion spirituelle (où « l’orgueil », par exemple, pourrait prendre la forme de « l’humilité ») uniquement sur la base des sentiments qu’elles induisent, sans référence à la tradition patristique ; seul celui qui a déjà pleinement assimilé la tradition patristique dans sa propre pensée et sa pratique, et a atteint un niveau très élevé de sainteté, pourrait prétendre le faire.

Comment le chrétien orthodoxe pourrait-il résister à l’illusion ? Il possède tout le corpus d’écrits patristiques inspirés de Dieu qui, avec les Saintes Écritures, présentent le jugement de l’Église du Christ depuis 1900 ans en ce qui concerne pratiquement toutes les expériences spirituelles et pseudo-spirituelles imaginables. Nous verrons plus loin que cette tradition porte un jugement très précis particulièrement sur la question principale que soulève le mouvement « charismatique » : celle de la possibilité d’une nouvelle « effusion de l’Esprit Saint » généralisée dans les derniers jours. Mais avant même de consulter les Pères sur des questions spécifiques, le chrétien orthodoxe est protégé contre l’illusion par le savoir même qu’une telle illusion non seulement existe, mais elle est présente partout, y compris en lui-même. L’évêque Ignace écrit :

 Nous sommes tous dans l’illusion. La connaissance de ceci est le plus grand préventif contre l’illusion. C’est la plus grande illusion que de se considérer exempt d’illusion. » Il cite saint Grégoire le Sinaïte, qui nous prévient : « Ce n’est pas un petit travail d’atteindre la vérité précisément et de se purifier de tout ce qui s’oppose à la grâce ; parce qu’il est habituel que le diable montre son illusion, en particulier aux débutants, sous la forme de la vérité, donnant une apparence spirituelle à ce qui est mauvais. » Et « Dieu n’est pas en colère contre celui qui, craignant l’illusion, veille sur lui-même avec une extrême prudence, même s’il lui arrive de refuser quelque chose qui est envoyé par Dieu… Au contraire, Dieu loue un tel homme pour son bon sens. 

Ainsi, dépourvu d’armes pour mener le combat spirituel, ignorant qu’il existe une illusion spirituelle de la sorte la plus subtile (par opposition aux formes évidentes d’occultisme), le chrétien catholique ou protestant, ou orthodoxe en manque de repères fiables, se rend à une réunion de prière pour être « baptisé (ou rempli) du Saint-Esprit. » L’atmosphère de la réunion est extrêmement lâche, étant intentionnellement laissée « ouverte » à l’activité d’un « esprit ». Les catholiques (qui se disent plus prudents que les protestants) décrivent ainsi certains de leurs rassemblements pentecôtistes : « Il ne semblait y avoir ni barrières, ni inhibitions… Ils étaient assis les jambes croisées sur le sol. Des dames en pantalons. Un moine en habit blanc. Des fumeurs de cigarettes. Des buveurs de café. Une prière spontanée… Il m’est venu à l’esprit que ces personnes passaient un bon moment à prier ! Est-ce ce qu’ils voulaient dire par l’Esprit-Saint demeurant parmi eux ? » Et lors d’une autre réunion catholique pentecôtiste, « à part le fait que personne ne buvait, cela ressemblait à un cocktail » 10. Lors des réunions « charismatiques » interconfessionnelles, l’atmosphère est également suffisamment informelle pour que personne ne soit surpris lorsque « l’esprit » inspire une femme âgée, au milieu d’une crise de pleurs générale, à se lever et à « danser un peu de gigue » 11. Pour le chrétien orthodoxe sérieux, la première chose qui se remarque dans une telle atmosphère est l’absence totale de ce qu’il connaît comme piété et respect véritables, présents dans les offices orthodoxes, procédant de la crainte de Dieu. Et cette première impression est confirmée de manière frappante par l’observation des effets vraiment étranges que produit « l’esprit » pentecôtiste lorsqu’il fait l’irruption dans cette atmosphère lâche. Nous allons maintenant examiner certains de ces effets en les plaçant devant le jugement des Saints Pères de l’Église du Christ.


 

Hieromonk Seraphim Rose, Orthodoxy and The Religion of the Future, pp. 176-185, Saint Herman of Alaska Brotherhood, Platina, California, 1979
Traduction: hesychia.eu

 


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  1. Le Synaxaire. Vie de Saints de l’Église orthodoxe, Deuxième édition, par hiéromoine Macaire, Cinquième volume [janvier], publié par les éditions Simonos Pétra/La vie de saint Nicétas est publiée ici avec l’aimable autorisation de l’auteur
  2. Gal. V.24
  3. voir The Orthodox Word, 1965, no. 4, pp. 155-158
  4.   Quinzième conférence de Cassien avec l’abbé Nesteros : Du don des miracles/Conférences de Cassien sur la perfection religieuse traduites par E. Cartier, Tome II, Librairie Poussielgue Frères, Paris, 1868, pp. 55-56
  5. Wilson Van Dusen, The Presence of Other Worlds, Harper & Row, New York, 1974, pp. 120-125
  6. I. H. Lewis, Ecstatic Religion, An Anthropological Study of Spirit Possession and Shamanism, Penguin Books, Baltimore, 1971, pp. 45, 88, 156, etc., et l’illustration 9
  7. II Cor. XI.14
  8. Saint Jean Climaque, L’Échelle sainte, Vingt-sixième degré.137
  9.   Logos, avril 1972, p. 10
  10.   Ranaghan, pp. 209, 157
  11.   Sherrill, p. 118

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