Catéchèse, Orthodoxie, Seraphim Rose

L’âme après la mort – Appendice III Une discussion récente

1 décembre 2020

Réponses orthodoxes récentes à la discussion actuelle sur la vie après la mort

Le mystère de la mort et de l’au-delà

Par Ambroise Fontrier, doyen des Paroisses orthodoxes françaises de l’Église Russe Hors Frontières

 

La radio, la télévision, les journaux et un livre ont parlé récemment (en France) de la mort et de l’au-delà. Même un périodique grec, supposé orthodoxe, paraissant en français, a pris part à ce concert, publiant un article intitulé : « Dites-moi pourquoi… personne n’en est jamais revenu ! »  Et l’auteur de conclure : « Aucune connaissance humaine ne peut donner une réponse certaine à ce mystère de l’au-delà : seule la foi dissipe un peu les ténèbres… » Il tire son chapeau, en passant, au Seigneur, qu’il appelle « le passeur qualifié », un passeur qui ressemble étrangement à Charon, le nautonier de l’Hadès dans la mythologie grecque, qui conduisait les âmes des défunts à travers la rivière Styx dans sa barque pour le prix d’une obole.
 


 

Si l’auteur de l’article en question possédait seulement le texte de l’office des funérailles orthodoxe, ou l’office du samedi pour les défunts, s’il avait lu les Vies des saints ou des pères du désert — il eût été capable de « donner une réponse au mystère de l’au-delà », et édifier ses lecteurs. Mais nos « orthodoxes » œcuménistes et modernistes, en raison de leurs flirts avec ce monde, pour lequel le Christ n’a pas prié, sont devenus le sel qui a perdu sa saveur et qui n’est plus bon qu’à être foulé aux pieds, selon la parole infaillible du Seigneur.

Pour « dissiper un peu les ténèbres » de l’éditeur du périodique grec, et édifier en même temps nos fidèles et nos lecteurs, nous donnons ici trois textes sur le mystère de la mort et de l’au-delà.

Note du traducteur : Le premier texte est de saint Denys l’Aréopagite ; il montre comment meurt un chrétien orthodoxe. Le deuxième texte, de la vie du feu Photios Kontoglou, est traduit ici en entier. 1.

 

Mystères concernant ceux qui sont morts saintement par saint Denys l’Aréopagite.2

 

I.   Ceux qui menèrent une sainte vie, attentifs à ces véridiques promesses de la Théarchie, dont ils ont en quelque sorte contemplé la vérité en assistant à sa Résurrection, atteignent le terme marqué pour leur mort, comme but de leurs saints combats, pleins d’une joie divine, animés d’une ferme et sincère espérance, car ils savent en toute certitude que grâce à la résurrection complète qui viendra pour eux, leur être entier sera sauvé et vivra pleinement et à jamais. Non seulement, en effet, les âmes saintes, bien qu’il puisse leur advenir ici-bas de déchoir et de succomber à la tentation du mal, acquerront par leur régénération la plus haute, l’immuable conformité divine, mais encore les corps purs qui furent soumis au même joug que ces âmes et qui accomplirent le même pèlerinage, qui furent enrôlés avec elles et qui combattirent le même combat, recevront eux aussi pour prix des sueurs versées au service de Dieu, et en même temps que les âmes, la récompense de cette résurrection qui les fera participer comme elles à l’indéfectible stabilité que procure aux âmes leur vie en Dieu. Unis aux saintes âmes dont ils furent ici-bas les compagnons, devenus en quelque sorte les membres mêmes du Christ, ils jouiront du repos indéfectible d’une bienheureuse immortalité, grâce auquel ils vivront dans la divine conformité. On comprend ainsi pourquoi les saints s’endorment joyeux, dans une espérance que rien ne saurait ébranler, à l’heure où vient le terme de leurs combats divins.

II.   Parmi les profanes, certains pensent de façon absurde que les morts retournent au néant. D’autres imaginent que le lien des corps avec leurs âmes propres se rompt à tout jamais, car, disent-ils, il ne conviendrait pas aux âmes de conserver le commerce du corps au sein du repos béatifique et dans la pleine conformité divine. Mais ces hommes, faute d’une insuffisante initiation à la science divine, oublient que le Christ a déjà donné l’exemple d’une vie humaine parfaitement conforme à Dieu. D’autres attribuent aux âmes de nouvelles incarnations, et par là ils se montrent à mon sens parfaitement injustes à l’égard des corps qui ont partagé le labeur des âmes divines, car ils les frustrent indignement des saintes récompenses qui sont dues à leurs mérites au terme d’une course parfaitement divine. Certains, enfin, s’étant laissé glisser je ne sais comment jusqu’à des conceptions matérialistes, ont prétendu que le repos très saint de la parfaite béatitude promise aux saints ressemble aux bonheurs d’ici-bas. À ceux qui sont devenus semblables à des anges, ces hommes ont attribué de façon sacrilège des nourritures qui conviennent à une vie changeante. Mais jamais aucun des vrais saints ne succombera à de telles erreurs ; ils savent que leur être tout entier recevra le repos qui les rendra conformes au Christ. Quand vient le terme assigné à leur vie terrestre, et maintenant qu’ils s’en approchent davantage, ils voient très clairement la route qui mène à l’immortalité. Ils célèbrent alors les Dons de la Théarchie et, pleins d’une divine volupté, ils ne craignent plus de succomber au mal, car ils sont pleinement conscients de posséder de façon sûre et à tout jamais la belle récompense qu’ils ont méritée. Quant à ceux qui sont pleins de souillures et criminellement maculés, pour peu qu’ils aient reçu quelqu’initiation aux saints mystères, initiation qu’ils ont misérablement rejetée de leur intelligence pour s’abandonner aux désirs pernicieux, quand vient le terme de leur vie terrestre, la loi divine des Écritures cesse alors de leur paraître si méprisable ; c’est avec d’autres yeux qu’ils considèrent maintenant les voluptés destructrices auxquelles les attachaient leurs passions, ainsi que cette vie sainte qu’ils ont follement abandonnée et dont ils font maintenant l’éloge. Ils quittent ce monde à contrecœur et avec des supplications ; en raison de leur vie coupable, aucune espérance sacrée ne les guide à l’heure de leur mort.

III.       Mais rien de semblable n’advient à l’heure où s’endorment les saints. Arrivé au terme de ses combats, le juste est plein d’une grande allégresse et c’est avec une grande joie qu’il avance sur la voie de la sainte régénération. Ses familiers, ceux qui sont ses proches en Dieu et dont les mœurs ressemblent aux siennes, le félicitent d’avoir atteint victorieusement le but de ses désirs ; ils chantent des cantiques d’action de grâces en l’honneur de Celui qui est l’Auteur de cette victoire, Lui demandant de leur accorder à eux aussi, la grâce d’un tel repos. Puis ils prennent le corps du défunt, et comme pour lui faire décerner la sainte couronne de sa victoire, ils le portent au grand-prêtre. Ce dernier le reçoit avec joie et, conformément aux saintes règles, il accomplit les rites sacrés institués en l’honneur de ceux qui sont morts saintement.

 

 

Le grand pari entre croyants et non-croyants

par Photios Kontoglou 3

 

Le lundi de Pâques, le soir après minuit, avant d’aller dormir, je sortis dans le petit jardin derrière ma maison. Le ciel était noir et couvert d’étoiles. Il me semblait le voir pour la première fois, et une psalmodie distante semblait en descendre. Mes lèvres murmuraient très doucement : « Exaltez le Seigneur notre Dieu et adorez l’escabeau de ses Pieds ». Un saint homme m’a dit une fois qu’à cette heure, les cieux s’ouvraient. L’air exhalait le parfum des fleurs et des herbes que j’avais plantées. « Le ciel et la terre sont remplis de la Gloire du Seigneur ».

J’aurais bien pu y rester tout seul jusqu’au point du jour. J’étais comme sans corps et sans aucun lien à la terre. Mais craignant que mon absence ne trouble ma maisonnée, je m’en suis retourné et me suis couché.

Le sommeil ne m’avait pas vraiment gagné ; je ne sais pas si j’étais éveillé ou endormi, quand soudain un homme étrange surgit devant moi. Il était pâle comme un mort. Ses yeux étaient comme ouverts et il me regardait, terrorisé. Son visage était comme un masque, comme celui d’une momie. Sa peau luisante jaune cire était tendue sur son crâne de mort avec toutes ses cavités. Il était comme essoufflé. Dans une main, il tenait une sorte d’objet bizarre que je n’arrivais pas à identifier, l’autre il la serrait sur sa poitrine comme s’il souffrait.

Cette créature me remplit d’effroi. Je le regardai et il me regarda sans parler, comme s’il eût attendu que je le reconnusse, aussi étrange qu’il fût. Et une voix me dit : « C’est Untel ! » Et là, je le reconnus immédiatement. Alors, il ouvrit la bouche et soupira. Sa voix venait de loin ; elle montait comme du fond d’un puits.

Il était en grande angoisse, et je souffrais pour lui. Ses mains, ses pieds, ses yeux — tout montrait qu’il souffrait. Dans mon désespoir, j’allais lui porter secours, mais il me fit signe de sa main d’arrêter. Il se mit à gémir d’une façon qui me fit glacer d’horreur. Ensuite, il me dit :

« Je ne suis pas venu ; j’ai été envoyé. Je tremble sans arrêt ; j’ai le vertige. Prie Dieu d’avoir pitié de moi. Je veux mourir, mais je ne le peux pas. Hélas ! Tout ce que tu m’as dit autrefois est vrai. Te souviens-tu de ce que, quelques jours avant ma mort, tu étais venu me voir pour me parler de religion ? Il y avait deux autres amis avec moi, incroyants comme moi. Tu parlais et ils se moquaient. Quand tu es parti, ils ont dit : ‹ Quel dommage! Un homme intelligent qui croit les bêtises que les vieilles femmes croient! ›

Une autre fois, et plusieurs fois même, je t’ai dit : ‹ Mon cher Photios, mets de l’argent de côté, sinon tu mourras pauvre. Regarde mes richesses, et j’en veux encore. › Tu m’as demandé alors : ‹ As-tu signé un pacte avec la mort pour pouvoir vivre aussi longtemps que tu veux et jouir heureux d’un âge avancé? ›

 

Et j’ai répondu : ‹ Tu verras jusqu’à quel âge je vivrai ! J’ai maintenant 75 ans ; je vivrai au-delà de 100 ans. Mes enfants ne manquent de rien. Mon fils gagne beaucoup d’argent, et j’ai marié ma fille à un riche Éthiopien. Ma femme et moi nous avons plus d’argent qu’il ne nous faut. Je ne suis pas comme toi qui écoutes ce que disent les prêtres : Une fin chrétienne de notre vie… et le reste. Qu’as-tu à gagner d’une fin chrétienne ? Mieux vaut un porte-monnaie bien rempli et pas de soucis… Donner des aumônes ? Pourquoi ton Dieu si miséricordieux a-t-Il créé des pauvres ? Pourquoi devrais-je les nourrir, moi ? Et ils vous demandent, pour aller au paradis, de nourrir des fainéants ! Tu veux parler du paradis ? Tu sais que je suis fils de pope et je connais bien ces trucs. Que ceux qui n’ont pas de cervelle y croient, passe encore, mais toi qui a de l’intelligence, tu t’es égaré ! Si tu continues à vivre comme tu le fais, tu mourras avant moi, et seras responsable d’en avoir égaré d’autres. En tant que médecin, je peux te dire et affirmer que je vivrai jusqu’à 110 ans… › »

Ayant dit tout cela, il tourna d’un côté puis de l’autre, comme s’il était sur un gril. J’entendis ses gémissements : « Ah ! Aïe ! Oh ! Oh ! » Il se tut un instant, puis continua :

« C’est ce que je disais et quelques jours plus tard j’étais mort ! J’étais mort et j’avais perdu le pari !

Quelle fut ma confusion, quelle horreur ! Perdu, je suis descendu dans l’abîme ! Quelle souffrance j’ai eue depuis, quelle angoisse ! Tout ce que tu m’avais dit était vrai. Tu as gagné le pari !

Quand j’étais dans le monde où tu es maintenant, j’étais un intellectuel, j’étais médecin. J’avais appris comment parler pour être écouté et à me moquer de la religion, à discuter de tout ce qui tombe sous le sens. Et maintenant je vois que tout ce que j’appelais des fables, des mythes, des balivernes — est vrai. L’angoisse que je vis actuellement — voilà ce qui est vrai, voilà le ver qui ne dort jamais, voilà le grincement des dents. »

Ayant parlé de la sorte, il disparut. J’entendais encore ses gémissements, qui progressivement s’éteignirent. Le sommeil commençait à me gagner quand je sentis une main glaciale me toucher. J’ouvris les yeux et le vis de nouveau devant moi. Cette fois, il était plus épouvantable et plus petit de corps. Il était devenu comme un nourrisson, avec une grosse tête de vieux, qui tremblait.

« Bientôt, le jour va poindre et ceux qui m’ont envoyé viendront me chercher ! »

« Qui sont-ils ? »

Il prononça quelques mots confus que je ne distinguais pas. Puis, il ajouta :

« Là où je suis, il y en a beaucoup d’autres qui se moquaient de toi et de ta foi. Ils comprennent maintenant que leurs flèches spirituelles ne sont pas allées au-delà du cimetière. Il y a aussi bien de ceux à qui tu avais fait du bien et ceux qui t’ont calomnié. Plus tu leur pardonnes, plus ils te détestent. L’homme est mauvais. Au lieu de le réjouir, la bonté le rend amer, parce qu’elle lui fait sentir sa défaite. L’état de ces derniers est pire que le mien. Ils ne peuvent pas quitter leur prison obscure pour venir te trouver comme je l’ai fait. Ils sont tourmentés, fouettés par l’amour de Dieu, comme l’a dit un saint. 4 Le monde est quelque chose de tout autre que ce que nous voyons. Notre intellect nous le montre à l’envers. Maintenant, nous comprenons que notre intellect était simplement stupide, que nos conversations étaient de la méchanceté fielleuse, nos joies des mensonges et des illusions.

Vous qui portez Dieu dans votre cœur, Lui dont la Parole est Vérité, la seule Vérité — vous avez gagné le grand pari entre croyants et incroyants. Ce pari, je l’ai perdu. Je tremble, je soupire et je ne trouve pas de repos. En vérité, il n’y a pas de repentance dans l’enfer. Malheur à ceux qui cheminent comme moi quand j’étais sur la terre. Notre chair était ivre et nous nous moquions de ceux qui croyaient en Dieu et en la vie éternelle ; presque tout le monde nous applaudissait. Ils vous traitaient de fous, d’imbéciles. Et plus vous supportez nos moqueries, plus notre rage augmente.

Maintenant je vois à quel point la conduite des méchants vous faisait de la peine. Comment pouviez-vous supporter avec tant de patience les flèches empoisonnées qui sortaient de nos lèvres qui vous traitaient d’hypocrites, de moqueurs de Dieu, de trompeurs du peuple. Si ces hommes méchants qui sont encore sur la terre voyaient maintenant où je suis, si seulement ils étaient à ma place, ils trembleraient pour tout ce qu’ils font. Je voudrais leur apparaître et leur dire de changer leur voie, mais je n’en ai pas la permission, exactement comme le riche ne l’avait pas quand il implorait Abraham d’envoyer Lazare le pauvre. Lazare ne fut pas envoyé, afin que ceux qui péchèrent puissent être dignes de punition et ceux qui suivirent les voies de Dieu puissent être dignes du salut.

‹ Que celui qui commet l’injustice le commette encore; et que celui qui est souillé se souille encore; et que celui qui est juste pratique encore la justice; et que celui qui est saint se sanctifie encore. › 5 »

Avec ces mots, il disparut.

 

Note de l’éditeur          : Plus haut dans le livre 6, nous avons cité l’enseignement du Bienheureux Augustin qui dit que, en général, seuls les saints peuvent avoir des contacts avec les vivants, alors que les pécheurs ordinaires sont liés en enfer et ne peuvent pas en sortir. Cependant, il arrive, comme dans le cas présent, que Dieu permette à une âme de l’enfer d’apparaître aux vivants pour une raison particulière ; quelques apparitions de cette sorte sont rapportées dans le livre « Eternal Mysteries Beyond the Grave ». Comme l’écrit le Bienheureux Augustin : « Les morts n’ont pas le pouvoir d’intervenir d’eux-mêmes dans les affaires des vivants », et leur apparaissent uniquement par une permission spéciale de Dieu. Il demeure vrai, cependant, que de telles apparitions sont très rares, et que la grande majorité des apparitions des « morts », surtout celles qui se produisent par le truchement de médiums, sont l’œuvre des démons se faisant passer pour des morts.

 


 

Un retour des morts en Grèce contemporaine

par l’archimandrite Cyprien, higoumène du monastère Saints Cyprien et Justine, Phili, Grèce

 

Je vous envoie ci-joint un récit d’une personne dont je sais qu’elle est morte puis revenue à la vie ; je pense que vous le trouverez intéressant comme exemple pour votre série d’articles.

Il y a quatre ans environ, nous reçûmes un appel pour apporter la sainte Communion à une dame âgée, une veuve vivant dans la banlieue d’Athènes. Elle était ancien-calendariste, et étant presque clouée au lit, elle ne pouvait pas aller à l’église. Bien que nous ne faisons pas normalement de tels offices en dehors du monastère, mais orientons alors les gens vers un prêtre de paroisse, à cette occasion, j’avais le sentiment que, exceptionnellement, je devais y aller, et, ayant préparé les saints Dons, je sortis du monastère. Je trouvai la vieille dame malade couchée dans une chambre petite et pauvre ; n’ayant pas ses propres moyens, elle était soignée par plusieurs voisins obligeants, qui lui apportaient de la nourriture et d’autres produits de première nécessité. Je posai les saints Dons et lui demandai si elle avait quelque chose à confesser. Elle répondit : « Non, je n’ai rien sur ma conscience depuis ces dernières années, que je n’aie pas    déjà confessé, mais il y a un péché très grave d’il y a de longues années et que je voudrais vous dire, bien que je l’aie déjà confessé à beaucoup de prêtres. » Je lui répondis que si elle l’avait déjà confessé, elle ne devait pas le refaire. Mais elle insista et voici ce qu’elle avait à dire :

Quand elle était jeune et jeune mariée, il y a 35 ans environ, elle tomba enceinte, à une époque où sa famille était dans de très graves difficultés financières. Les autres membres de la famille faisaient pression sur elle pour qu’elle se fasse avorter, mais elle le refusa net. Cependant, sous les menaces de sa belle-mère, elle finit par céder, et l’opération eut lieu. La surveillance médicale de l’intervention fut très primitive : elle attrapa en conséquence une grave infection, et, en l’espace de quelques jours, elle mourut, sans avoir pu confesser son péché.

Au moment de sa mort, qui eut lieu le soir, elle sentit son âme quitter son corps, de la façon dont c’est généralement décrit ; son âme restait tout près et regardait le corps en train    d’être lavé, habillé et placé dans le cercueil. Le matin, elle suivit la procession à l’église, regarda les funérailles et vit le cercueil que l’on chargeait dans le corbillard pour le transport au cimetière. Son âme paraissait flotter à une petite hauteur au-dessus du corps.

Soudain, il apparut sur la route deux « diacres », comme elle les décrivait vêtu de sticharia et d’oraria blancs et brillants. L’un d’eux lisait un rouleau. Comme la voiture approchait, il leva la main et la voiture s’immobilisa. Le chauffeur descendit pour voir ce qui n’allait pas avec le moteur et en attendant, les anges se mirent à discuter. Celui qui tenait le rouleau, qui contenait évidemment la liste de ses péchés, leva les yeux de sa lecture et dit : « C’est triste, elle a un péché très grave sur sa liste et ira sûrement en enfer puisqu’elle ne l’a pas confessé. » « Oui », dit l’autre, « mais ce serait dommage de la punir, car elle ne voulait pas le faire, mais elle fut forcée par sa famille. » « Très bien », répondit le premier, « la seule chose à faire est de la renvoyer pour qu’elle puisse se confesser et se repentir de son péché. »

À ces mots, elle se sentit réintégrer son corps, pour lequel elle éprouvait à ce moment-là un dégoût et une aversion indescriptibles. Après quelques instants, elle revint à elle et se mit à frapper à l’intérieur du cercueil, qui était fermé. On imagine la scène qui suivit.

Ayant entendu son histoire, que j’ai présentée ici en abrégé, je lui donnai la sainte Communion, et partis en rendant gloire à Dieu qui m’a permis de l’entendre. Lié par le secret de la confession, je ne peux pas vous révéler son nom, mais je peux vous dire qu’elle est encore vivante. Si vous pensez que cela puisse être édifiant, vous avez, bien sûr, ma permission de le publier.

 

Les «morts» apparaissent de nos jours à Moscou

par le prêtre Dimitri Doudko

 

On dit qu’il y en a beaucoup qui se plaignent actuellement, surtout des femmes : les morts reviennent la nuit.

Une femme enterra son mari. Certes, elle souffrait beaucoup, elle pleurait. Elle ne pouvait pas dormir.

À minuit, elle entendit quelqu’un introduire la clef dans la porte, des pieds gratter ; quelqu’un vint à son lit.

« Valia, c’est moi. »

Elle sursauta de peur. Oui — devant elle se tenait son mari défunt. Une conversation s’engagea.

La nuit suivante elle attendit en grande crainte. Il revint.

Des gens lui dirent : Tu rêves. Des gens instruits lui dirent : Tu as des hallucinations, à cause de tes souffrances. Des psychiatres la mirent sous observation…

Mais qu’est-ce après tout ? Cette personne est normale au fond, mais ici il y a quelque chose d’anormal. Hallucinations… Mais qu’est-ce qu’une hallucination ? N’est-ce pas simplement une sorte d’apparition ?

Voici une fille. Sa mère mourut il y a longtemps ; elle n’y pense même plus, et soudain

— sa mère vient, d’abord toute seule, puis avec quelques enfants.

Une fille auparavant heureuse est devenue abattue.

La fille fut hospitalisée et reçut un traitement. Mais pour quelle maladie ? Comprenons-nous de quoi il s’agit ?

Voici une femme qui est très troublée et pense à se suicider. Elle est maussade.

Soudain quelqu’un entre et lui dit :

« Vera, à quoi penses-tu? » Une conversation commence, une bonne conversation venant du cœur.

La femme se calme. Celle qui était venue s’en va. Après son départ, la femme revient à elle et pense : Comment est-elle venue — n’est-il pas tard ? Elle regarde la pendule — il est deux heures du matin. Elle va à la porte — elle est verrouillée.

Le lendemain, elle vérifie — cette femme est-elle vraiment venue la voir ? Elle n’était pas allée chez ces gens depuis longtemps — cinq ans. Ils répondent. La femme qui était venue la nuit — est morte depuis longtemps. Cela veut dire — elle est venue de l’autre monde. Cette femme se sent bien.

Les deux premiers incidents sont alarmants, font peur ; le dernier a un effet calmant.

Des incroyants diront des deux sortes d’incidents : hallucination, imagination de déséquilibrées.

Quand les gens ne savent pas quoi dire, ils disent : hallucination, imagination. Mais est — ce une explication de quoi que ce soit ?

Donnons un autre exemple. Un pilote s’écrase, et sa femme a un rêve : « Donne-moi deux roubles. »

La femme, qui ne fait pas attention, continue à refaire le même rêve encore et encore.

Elle devient inquiète. Elle demande : pourquoi cela m’arrive-t-il ?

On lui dit : N’y fais pas attention ; mais cela ne le rassure pas. Elle n’allait jamais à l’église avant ni ne pensait à Dieu ; mais maintenant elle se tourne vers des croyants. Ils lui disent de faire célébrer une pannikhide. Elle ne sait pas comment faire, on le lui explique. Elle commande une pannikhide et demande : « Combien cela coûte? »

« Deux roubles ».

C’est donc le sens du rêve : « Donne-moi deux roubles. » Après la pannikhide, ces rêves cessèrent.

En notre temps, les frontières de ce monde et celles de l’autre monde commencent à se confondre. Ce que j’ai rapporté ici, je ne l’ai pas inventé ; je ne l’ai pas non plus lu dans un livre ; c’est arrivé dans notre propre vie et il n’y a pas si longtemps que cela.

Qu’est-ce que la mort ? Y a-t-il de la vie là-bas ? Tant que tout va bien avec nous, nous ne nous posons pas ces questions. Mais il y a des cas où les frontières de ce monde sont soudain arrachées, et un homme voit quelque chose qui plus tard renverse toute sa conscience.

Peut-être y en a-t-il parmi vous qui ont lu, dans un livre paru avant la révolution, comment une personne, du nom d’Uekskuell, s’était soudain trouvée dans l’autre monde ; il raconta plus tard tout cela lui-même. 7 Et avant cela, il avait été athée ; il n’admettait pas la vie après la mort et riait de ceux qui y croyaient.

Il vit son propre corps qu’il avait quitté, et les gens qui l’entouraient. Il lui sembla étrange de les voir réunis là. Après tout, il n’était pas là, mais ici. Il voulait le leur dire, mais sa voix se perdait dans le vide ; les autres ne pouvaient pas l’entendre. Il voulait les toucher de sa main, mais sa main les traversait sans les toucher.
Imaginez ce que ce serait que d’être dans une telle situation.

Nous ne dirons pas ce qu’il vit, mais après cette vision, quand il retourna dans son corps, il abandonna tous les plaisirs et se consacra à Dieu…

De telles choses arrivent pour nous ramener à notre bon sens. Aujourd’hui, cela ne nous arrive pas, mais cela arrivera.

Ces personnes sont revenues à la vie afin de la finir vertueusement ; mais nous, reviendrons-nous ? Dieu le sait….

Nous n’allons pas lire les terreurs qu’éprouva Uekskuell en essayant d’attirer l’attention à lui. Le monde au-delà de la tombe touche presque le nôtre, il semble être éloigné juste d’une fraction de millimètre ; mais nous ne nous unissons pas complètement Et ce n’est pas le seul incident de cette sorte.

J’ai entendu parler moi-même d’un homme, qui est encore en vie aujourd’hui, et qui a eu l’expérience de la mort clinique ; les gens pensaient qu’il était mort, mais après sa mort clinique, il leur dit tout ce qu’ils avaient dit et comment ils avaient bougé, avec beaucoup de détails.

L’homme n’est pas que ce corps, matière, poussière ; l’homme est composé de corps et d’âme. Et l’âme ne meurt pas comme le corps ; elle voit et sait tout….

Y a-t-il une vie après la mort ? À la fin, tout cela est un objet de foi. Qu’il y ait une vie là, nous l’acceptons par foi. Mais pour le dire pour sûr, comme le dit le garçon (susmentionné)

… on doit y aller. Et tant que nous n’y sommes pas allés, certains d’entre nous ont la foi, qui les réjouit et leur fait faire de bonnes œuvres ; tandis que d’autres, comme les démons, croient et tremblent. Les incroyants tremblent tous en face de la mort, et qu’importe le nombre des médicaments, qu’importe la prolongation de la durée de la vie terrestre, on n’échappe pas à la mort. On n’échappe à la mort que par la foi en notre Seigneur Jésus Christ.

 


 

Traduction de Catherine Pountney

Publié en format numérique sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

Nous tenons à remercier l’archimandrite Cassien pour la permission de reproduire ici cet ouvrage.

 


 

 

 

  1. Pour sa biographie, voir The Orthodox Word, sept.-oct. 1966
  2. traduction : M. de Gandillac, Éd. Aubier, Paris. p.312
  3. Mystical Flowers, Athens, 1977
  4. St. Isaac le Syrien
  5. Apoc 22,11
  6. Chapitre 2
  7. Unbelievable for Many but Actually a True Occurrence

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