Arsenie Boca, La voie du Royaume, Orthodoxie

La voix de la conscience

22 janvier 2019

Père Arsenie Boca

«La voie du royaume»

 C’est une parole silencieuse, un appel paisible, que tu entends, ou comprends, qui vient de l’intérieur, de plus loin encore, d’au-delà de toi, de Dieu. Le mot même, con-science, veut dire : connaître ensemble, pareillement. Et ceux qui connaissent ensemble, pareillement, sont Dieu et l’homme. Par conséquent, la pensée, ou la conscience, est l’œil avec lequel Dieu voit l’homme, et le même œil avec lequel l’homme voit Dieu. Comme je Le vois, de la même façon Il me voit – ainsi je sens qu’il me voit – vue simultanée dans les deux sens.

Les passions, la mauvaise volonté, et au dessus de tout, les péchés, mais surtout le fait de négliger cette voix, posent des lourds voiles sur cet œil, des écailles, qui étouffent ses paroles, et deviennent à peine audibles. Alors, Dieu même s’éteint de notre œil, et nous avons l’impression qu’il n’y a plus de Dieu. Par nos péchés, l’extrémité humaine de la connaissance est devenue malade. Nous comprenons ainsi, comment Dieu s’est effacé tellement dans les yeux des pécheurs, qu’ils arrivent, de bonne foi, dans la méchanceté de l’infidélité qui les a enveloppé et il leur semble qu’à ce moment seulement ils sont arrivés à la „vérité”.

La voix de la conscience, cependant, comme la présence de Dieu dans ses fils, par sa nature, ne pourra pas être étouffée continuellement, pendant toute la durée de notre vie sur terre. Elle se mettra un jour à crier, pour dénoncer devant Dieu et devant nous-mêmes tous les méfaits que nous avons commis; et, si nous ne faisons pas la paix avec elle pendant que nous sommes encore en chemin[1], passeurs dans cette vie, nous avons la parole de Dieu, qu’Il écoutera la dénonciation et l’approuvera, et nous jettera dans les tortures de l’enfer. 

Il y a des gens qui se sont endurcis dans la méchanceté – en refusant la connaissance de Dieu – et, vers la fin de leurs jours, leur fureur s’étant affaiblie, ils se sont retrouvés avec une forte attaque de leur conscience malade, qui a cassé le barrage de tous leurs méfaits et les a tous envoyés à leur visage, de manière que le sommeil les a quitté – voir même la raison. Car, en vérité la raison a quitté celui qui passe sa vie à étouffer la voix de la conscience. Pour cette raison, Dieu ne veut pas que tu quittes cette vie sans savoir que tu as tué ton meilleur conseiller, que tu avais à disposition partout, et ne te laisse pas partir sans que tu voies, d’ici-même, l’endroit vers lequel tu te diriges. Les choses sont faites ainsi, que chacun puisse voir une fois, qu’il le veuille ou non, ce qu’il aurait du voir incessamment, par la foi.

La trahison de Pierre – Évangiles de Gladzor

 


[1] Mets-toi vite d’accord avec ton adversaire, tant que tu es encore en chemin avec lui, de peur que cet adversaire ne te livre au juge, le juge au gendarme, et que tu ne sois jeté en prison. Matthieu 5,25

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