Eschatologie, Littérature, Orthodoxie

L’Antichrist – II

9 novembre 2020

(Краткая повесть об антихристе)
par Vladimir Soloviev (Соловьёв Владимир Сергеевич) / 1853 – 1900

 

Dans une villa située au bord de la Méditerranée, cinq Russes se sont rencontrés par hasard : un vieux général, un homme politique, un jeune prince, une dame, et un inconnu (Monsieur Z). Soloviev nous rapporte trois de leurs conversations. C’est à la dernière qu’est emprunté le fragment ci-dessous.

 

 

Sa nouvelle composition met de son côté un certain nombre de ses critiques et de ses adversaires d’hier. Ce livre écrit après l’incident du précipice, montre en lui une puissance de génie antérieurement inconnue. C’est une œuvre où toutes les contradictions sont embrassées et résolues. On y voit unis un noble respect pour les traditions et les symboles antiques avec un large et audacieux radicalisme en matière politique et sociale, une liberté de pensée illimitée avec une très profonde compréhension des choses mystiques, un individualisme inconditionné avec un dévouement ardent au bien commun, l’idéalisme le plus haut en matière de principes directeurs avec le sens parfait des nécessités pratiques de la vie. Et tout cela est assemblé et cimenté avec un art si génial que chaque penseur, chaque homme d’action, peut accepter l’ensemble en gardant son point de vue propre sans faire le moindre sacrifice à la vérité, sans se hausser pour elle au-dessus de son moi, sans renoncer le moins du monde à son esprit de parti, sans corriger en rien l’erreur de ses vues et de ses tendances, sans même les compléter dans ce qu’elles ont d’insuffisant. Ce livre étonnant est immédiatement traduit dans les langues de tous les peuples cultivés et même de quelques peuples sans culture. Dans toutes les parties du monde, mille journaux sont, pendant tout un an, remplis par les ré-clames des éditeurs, les articles enthousiastes des critiques. Des tirages à bon marché, avec portraits de l’auteur, se répandent par millions d’exemplaires, et tout le monde civilisé, c’est-à-dire, à cette époque-là, presque tout le globe terrestre, est plein de la gloire de l’homme incomparable, sublime, unique ! Nul n’oppose rien à ce livre, qui paraît à tous une révélation de la vérité intégrale. Le passé entier y est estimé avec une telle équité, le présent entier y est apprécié avec tant d’impartialité et de compréhension, l’avenir meilleur enfin y est si bien et si clairement relié au présent, que chacun dit : « Voilà bien ce qu’il nous faut ; voilà un idéal qui n’est pas utopique, voilà un dessein qui n’est pas chimérique. » Et le miraculeux écrivain non seulement séduit tout le monde, mais est agréable à chacun, de sorte que s’accomplit la parole du Christ : « Je suis venu au nom de mon père et vous ne m’accueillez pas, un autre viendra en son propre nom et celui-là vous l’accueillerez ». Pour être accueilli, il faut, en effet, être agréable.

Certes, quelques hommes pieux, tout en louant chaudement ce livre, ont demandé pourquoi le nom du Christ n’y était pas écrit une seule fois ; mais les autres chrétiens ont riposté : « Dieu en soit loué ! dans les siècles passés, tout ce qui est saint a été assez traîné par des zélateurs sans vocation ; aussi faut-il maintenant qu’un écrivain profondément religieux soit très prudent. Et puisque ce livre est animé de l’esprit vraiment chrétien d’amour actif et de bonne volonté, que désirez-vous de plus ? » Tout le monde est tombé d’accord. Peu après l’apparition de cet ouvrage qui a fait de son auteur le plus populaire de tous les hommes ayant vu jamais la lumière du jour, l’assemblée constituante internationale de l’union des États européens devait avoir lieu à Berlin. Fondée après la série des guerres extérieures et intestines liées à l’affranchissement de l’Europe du joug mongol et qui avaient entraîné un remaniement sensible de la carte de l’Europe, l’Union des États européens se trouvait menacée par le conflit non plus des nations, mais des partis politiques et sociaux. Les directeurs de la politique européenne, membres de la très puissante confrérie des franc-maçons, sentaient l’insuffisance du pouvoir exécutif. L’unité européenne qu’on avait réalisée avec tant de peine risquait à chaque minute de se briser. Dans le conseil de l’union (Comité permanent universel) il n’y avait pas unité de vues, parce que toutes les places n’avaient pas pu y être prises par de vrais maçons. Les membres indépendants du Comité formaient des coalitions séparatistes et une nouvelle guerre était imminente. On décida alors de confier l’exécutif à un seul homme jouissant de pouvoirs suffisants. Le candidat le plus sérieux fut le sur-homme, membre secret de l’ordre maçonnique. Il était la seule personne qui jouît d’une notoriété universelle. Étant de son métier savant officier d’artillerie, possédant de gros capitaux, il avait des amitiés dans les cercles financiers et militaires. En d’autres temps, on lui aurait fait un grief de ses origines douteuses. Il avait pour mère une personne très accueillante, et universellement connue, mais beaucoup trop d’hommes auraient pu avec des droits égaux prétendre être son père. Il va de soi que ces circonstances ne pouvaient être d’aucune valeur dans un siècle tellement avancé qu’il lui était réservé d’être le dernier. Le sur-homme fut choisi à la presque unanimité des voix comme président à vie des États-Unis d’Europe ; mais quand il eut paru à la tribune dans tout l’éclat de sa jeunesse, de sa beauté et de sa force, et qu’il eut exposé avec une éloquence inspirée son programme universel, l’assemblée ravie et enthousiasmée décida, sans même mettre la chose aux voix, de lui donner en signe d’honneur le titre d’empereur romain. Le congrès s’acheva au milieu de la joie universelle et le grand élu lança un manifeste qui commençait de la sorte : « Peuples de la terre ! Je vous donne ma paix ! » et qui s’achevait par ces mots :

Peuples de la terre ! Les promesses se sont accomplies ! La paix universelle et éternelle est assurée. Toute tentative pour la détruire rencontrera une opposition irréductible. Désormais, en effet, il existe sur la terre une puissance qui l’emporte sur toutes les autres mises en-semble. Cette puissance invincible et incomparable m’appartient à moi, l’élu de l’Europe, l’empereur de toutes les forces européennes. Le droit international dispose enfin de sanctions qu’il n’avait pas jusqu’à maintenant. Désormais aucun État n’osera dire : la guerre, lorsque je dirai : la paix. Peuples de la terre, la paix est à vous .

Ce manifeste produisit l’effet désiré. Partout hors d’Europe et particulièrement en Amérique, se formèrent de puissants partis impérialistes qui obligèrent leurs gouvernements à s’unir à des conditions diverses avec les États-Unis d’Europe sous l’autorité suprême de l’empereur romain. Quelques peuples et quelques monarques restaient encore indépendants dans certaines régions de l’Asie et de l’Afrique. L’empereur, avec une armée peu nombreuse, mais choisie, de régiments russes, allemands, polonais, hongrois et turcs, fait alors une promenade militaire de l’Asie orientale au Maroc, et, sans grande effusion de sang, réduit les in-soumis. Dans tous les pays des deux continents, il prend pour vice-rois des princes indigènes élevés à l’européenne, et dévoués à sa personne. Dans tous les pays païens, les populations étonnées et ra-vies font de lui une divinité supérieure. En un an, il fonde une monarchie universelle, au sens précis du mot. Les germes de guerre sont tous détruits. La ligue internationale de la paix se réunit une dernière fois, fait un solennel panégyrique du grand pacificateur et, n’ayant plus de raison d’être, se dissout. Au premier anniversaire de son avènement, l’empereur romain lance un nouveau manifeste

Peuples de la terre ! je vous avais promis la paix et je vous l’ai donnée. Mais la paix n’est belle que dans la prospérité. Pour qui est menacé par la misère, la paix n’est pas une joie. Venez donc à moi maintenant tous ceux qui avez faim et tous ceux qui avez froid, afin que je vous rassasie et vous réchauffe.

Il accomplit ensuite la réforme sociale simple et étendue qu’il avait indiquée dans son livre et qui avait déjà rallié tous les esprits nobles et sérieux. Grâce à la concentration dans ses mains des finances du monde entier et de colossales propriétés foncières, il put réaliser la ré-forme suivant les désirs des pauvres et sans dommage sensible pour les riches. Chacun reçut suivant sa capacité et chaque capacité suivant le travail fourni et les services rendus.

Le nouveau maître de la terre était avant tout un philanthrope compatissant ; il ne se contentait pas d’être l’ami des hommes, il était aussi l’ami des bêtes : il était végétarien. Il interdit la vivisection, établit un contrôle sévère des abattoirs et encouragea de toute manière les sociétés protectrices des animaux. Il établit solidement dans l’humanité entière la plus importante des égalités, l’égalité dans le rassasiement universel. Cela fut accompli dans la seconde année de son règne. La question sociale économique était définitivement résolue. Mais si le rassasiement est pour ceux qui ont faim le premier objectif, ceux qui sont rassasiés veulent autre chose.
Les animaux eux-mêmes quand ils sont rassasiés veulent d’ordinaire non seulement dormir mais jouer. À plus forte raison les hommes, qui toujours, post panem, ont réclamé circenses.

L’empereur-sur-homme comprend ce qu’il faut à la foule. À ce moment il reçoit à Rome la visite d’un grand faiseur de miracles venu de l’Extrême-Orient et entouré d’un épais nuage de légendes étranges et de contes sauvages. Suivant les bruits ayant cours parmi les néo-bouddhistes, c’était un être d’origine divine : le fils du dieu du soleil et d’une naïade.

Ce faiseur de miracles, appelé Apollonius, est incontestablement un homme de génie ; mi-asiatique, mi-européen, évêques catholique in partibus infidelium, il unit merveilleusement la con-naissance des dernières conclusions et applications techniques de la science occidentale avec l’art d’utiliser tout ce qu’il y a de vraiment solide et de vraiment important dans les traditions mystiques de l’Orient. Les résultats de cette union sont étonnants. Apollonius possède, entre autres choses, l’art à demi scientifique et à demi magique d’attirer et de diriger à sa volonté l’électricité atmosphérique, et on dit dans le peuple qu’il tire le feu du ciel. Il se contente d’ailleurs de frapper l’imagination de la foule par des prodiges inouïs et n’emploie pas sa puissance en vue d’autre but. Tel est l’homme qui se présente au grand empereur. Il le salue comme le vrai fils de Dieu, lui déclare avoir vu son règne annoncé dans les livres secrets de l’Orient et lui offre de mettre son art à son service. L’empereur ravi l’accueille comme un don venu d’en haut, lui décerne les titres les plus pompeux et ne se sépare plus de lui. Et les peuples de la terre, après avoir reçu de leur maître la paix universelle et la satiété, ont en outre la possibilité de se réjouir constamment à la vue des miracles les plus divers et les plus inattendus.

Ainsi s’est achevée la troisième année du règne du sur-homme.

Après l’heureuse solution de la question politique et de la question sociale, la question religieuse fut posée. L’empereur lui-même l’éveilla en commençant par le christianisme. Voici quelle était à cette époque la situation de cette religion. Elle avait perdu un grand nombre de fidèles — on ne comptait pas plus de quarante-cinq millions de chrétiens sur tout le globe terrestre ; — mais elle avait accru sa valeur morale et gagné en qualité ce qu’elle avait perdu en quantité. On ne rencontrait plus, parmi les chrétiens, d’hommes n’unissant pas au christianisme d’intérêt spirituel. Les diverses confessions chrétiennes avaient vu diminuer leurs effectifs à peu près dans la même proportion, de sorte qu’elles étaient à cet égard à peu près dans le même rapport qu’au XIXe siècle ; quant à leurs relations, si la haine n’avait pas fait place à un accord complet, du moins s’était-elle atténuée et les oppositions avaient perdu de leur âpreté. Les papes avaient été chassés de Rome depuis longtemps et, après de longs vagabondages, avaient trouvé un refuge à Pétersbourg, à condition qu’ils s’abstiendraient de toute propagande à l’intérieur du pays. La papauté en Russie s’était sensiblement simplifiée. Sans modifier dans son essence la composition nécessaire de ses collèges et de ses offices, elle avait dû spiritualiser leur action et réduire à leur plus simple expression son pompeux rituel et son cérémonial. Beaucoup de coutumes étranges et séduisantes disparurent d’elles-mêmes, sans qu’elles aient été formellement détruites. Dans tous les autres pays et particulièrement dans l’Amérique du Nord, la hiérarchie catholique comptait encore parmi ses représentants beaucoup d’hommes de volonté forte, d’énergie inlassable et indépendants ; ils étaient encore plus que leurs prédécesseurs partisans de l’unité de l’église catholique, à laquelle ils avaient conservé son caractère cosmopolite et sa valeur internationale. Pour ce qui est du protestantisme, à la tête duquel se trouvait toujours l’Allemagne et surtout depuis qu’une importante partie de l’église anglicane s’était ré-unie à l’église catholique, il s’était débarrassé de ses tendances extrêmes et négatrices, dont les parti-sans étaient ouvertement passés à l’indifférentisme religieux. L’Église évangélique ne comptait plus que des croyants sincères à la tête desquels se trouvaient des hommes unissant de larges connaissances à une profonde religiosité et au désir toujours plus vif de vivre sur le modèle des premiers chrétiens. L’orthodoxie russe, après que les événements de la politique lui eurent enlevé sa situation officielle, avait perdu de nombreux millions de faux membres, mais elle avait eu par contre la joie de s’unir avec la meilleure part des Vieux-Croyants et même avec de nombreuses sectes d’orientation vraiment religieuse. Sans grandir en nombre, cette église, ainsi rénovée, avait grandi en force spirituelle et l’avait surtout montré en luttant contre la multiplication de sectes extrêmes auxquelles n’était pas étranger un élément démoniaque et satanique.

Pendant les deux premières années du nouveau règne, tous les chrétiens, effrayés et fatigués par les révolutions et les guerres antérieures, avaient accueilli le nouveau souverain et ses réformes pacifiques soit avec une bienveillante neutralité, soit avec une sympathie délibérée, soit même avec un vif enthousiasme. Mais quand, dans la troisième année du nouveau règne, était apparu le grand mage, beaucoup d’orthodoxes, de catholiques et de protestants éprouvèrent de sérieuses inquiétudes et une certaine antipathie pour le souverain. Les textes évangéliques et apostoliques qui par-lent du prince du monde et de l’Antichrist, furent lus plus attentivement et commentés avec passion. L’empereur devina à certains signes qu’un orage se préparait et décida d’éclaircir l’affaire au plus vite. Au début de la quatrième année de son règne, il lança un manifeste adressé aux vrais chrétiens de toutes les confessions, pour les inviter à élire ou à désigner leurs représentants à un concile œcuménique qu’il présiderait. La résidence impériale avait été transportée de Rome à Jérusalem. La Palestine était alors un pays autonome peuplé et administré surtout par des Juifs. Jérusalem libre était devenue ville impériale. Les Lieux Saints avaient été respectés ; mais sur toute la large plate-forme de Kharam-ech-Cherif, depuis Birket-Israïn et les casernes, d’une part, jusqu’à la mosquée d’El-Aksa et les « écuries de Salomon », d’autre part, se dressait un énorme édifice comprenant, outre deux petites mosquées anciennes, le large « temple » impérial destiné à l’union de tous les cultes et deux superbes palais impériaux avec leurs bibliothèques, leurs musées et leurs bâtiments spéciaux consacrés aux expériences et aux exercices magiques. L’église évangélique n’ayant pas à proprement parler de clergé, les hiérarques catholiques et orthodoxes, conformément au désir de l’empereur et pour donner une certaine homogénéité à la représentation de toutes les fractions de la chrétienté, décidèrent de laisser participer au concile un certain nombre de leurs laïcs, connus par leur piété et leur dévouement aux intérêts de leur église ; en acceptant les laïcs, on ne pouvait pas exclure le bas clergé, régulier et séculier. Il en résulta que le nombre des membres du concile dépassa trois mille ; et près d’un demi-million de pèlerins envahirent Jérusalem et toute la Palestine. Les trois plus remarquables représentants de la chrétienté étaient le pape Pierre II, le père Ioann et le professeur Ernst Pauli. Le pape Pierre II était de droit le chef de la fraction catholique du concile. Son prédécesseur était mort en se rendant au concile et un conclave réuni à Damas avait élu à l’unanimité le cardinal Simone Barionini qui avait pris le nom de Pierre. C’était un Napolitain sorti du peuple et qui s’était fait connaître comme prédicateur de l’ordre des Carmélites en rendant de grands services dans la lutte contre une secte satanique, qui s’était répandue à Pétersbourg et aux environs et qui attirait à elle non seulement des orthodoxes mais aussi des catholiques. Fait archevêque de Mohilev et puis cardinal, il était désigné depuis longtemps pour la tiare. C’était un homme de soixante-cinq ans, de taille moyenne, solidement bâti, au visage rouge, au nez recourbé, aux sourcils épais. Il était ardent et impétueux, parlait avec feu et en faisant de grands gestes ; il entraînait ses auditeurs plus qu’il ne les convainquait. Le nouveau pape était assez mal disposé pour le maître du monde et n’avait guère confiance en lui, surtout depuis que le pape défunt cédant aux instances de l’empereur avait fait cardinal l’évêque exotique Apollonius, chancelier de l’empire et grand mage de l’univers. Le nouveau pape tenait en effet Apollonius pour un catholique douteux et un trompeur avéré. Le père Ioann était le chef véritable, sinon officiel, des orthodoxes ; il était très connu du peuple russe. Bien qu’il eût officiellement le titre d’évêque « retiré », il n’habitait aucun monastère et voyageait constamment en tous sens. Diverses légendes couraient sur son compte. Certains affirmaient qu’il était Théodore Kouzmitch ressuscité, c’est-à-dire Alexandre Ier dont la naissance remontait à trois siècles. D’autres allaient plus loin encore et certifiaient qu’il était le vrai père Ioann, c’est-à-dire l’Apôtre Ioann Bogoslov, qui n’était pas mort et avait reparu ces derniers temps. Lui-même ne parlait jamais de ses origines et de sa jeunesse. C’était maintenant un homme très vieux, mais vaillant, aux cheveux et à la barbe jaunâtres et même verdâtres, de haute taille, au corps maigre, mais avec des joues pleines et légèrement rosées, aux yeux brillants et vifs, aux paroles et à l’expression du visage pleines de bonté et de douceur ; il était toujours vêtu d’une soutane et d’un manteau blancs. Le professeur Ernst Pauli, savant théologien allemand, était le chef de la fraction protestante du concile. C’était un vieillard petit et sec, au front énorme, au nez aigu et au visage rasé et lisse. Ses yeux se faisaient remarquer par leur regard où se mêlaient d’une manière tout à fait particulière la ruse et la bonhomie. À tout instant, il se frottait les mains, hochait la tête, fronçait étrangement les sourcils et avançait les lèvres ; de plus, tout en clignant les yeux, il prononçait d’un air morose des mots entrecoupés : so! nun! ja! so also! Il portait un costume solennel : col blanc et longue redingote pastorale ornée de décorations.

 

 

Traduction de J.-B. Séverac, Vladimir Soloviev ; introduction et choix de textes, Paris, Michaud, 1910.

Texte établi par la Bibliothèque russe et slave ; déposé sur le site de la Bibliothèque le 7 mars 2012.

Illustrations issues du film Malmkrog par Cristi Puiu

 


 

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