Catéchèse, Orthodoxie, Seraphim Rose

L’âme après la mort – chapitre septième

6 novembre 2020

Expériences extracorporelles dans la littérature occulte

Les chercheurs qui veulent élucider les expériences après la mort d’aujourd’hui ont recours presque invariablement aux textes soi-disant basés sur les expériences du domaine extracorporel. Il s’agit en fait de la littérature occulte à travers les âges, depuis les Livres des morts égyptien et tibétain jusqu’aux maîtres et expérimentateurs modernes de l’occultisme. Par contre, très peu d’entre eux prêtent une attention sérieuse aux doctrines chrétiennes concernant la vie après la mort ni aux sources scripturaires et patristiques, qui en sont les fondements. Pourquoi ?

La raison en est simple : la doctrine chrétienne, révélée par Dieu à l’homme, concerne surtout le sort de l’âme après la mort, et met l’accent principalement sur l’état ultime de l’âme au Ciel ou en enfer. De ce fait, il existe une littérature chrétienne abondante décrivant ce qui arrive à l’âme après la mort, littérature basée sur des expériences après la mort ou extracorporelles de première main (nous en avons vu des exemples plus haut). Toutefois, elle occupe une place nettement secondaire par rapport à l’autre, primordiale, qui concerne l’état ultime de l’âme selon la doctrine chrétienne. La littérature basée sur l’expérience chrétienne est surtout utile pour élucider et rendre plus vivants les points fondamentaux de la doctrine des chrétiens.

Au contraire, la littérature occulte s’occupe principalement de l’expérience de l’âme dans le royaume extracorporel, tandis qu’elle laisse la question de l’état ultime de l’âme sans réponse. La porte reste donc ouverte à toutes les suppositions et opinions personnelles basées, soi-disant, sur ces expériences. Les chercheurs d’aujourd’hui sont bien plus attirés par les expériences d’auteurs occultes (qui se laissent examiner scientifiquement, du moins jusqu’à un certain degré) que par la doctrine chrétienne, exigeant un engagement de foi et de confiance, et une vie spirituelle en accord avec lui.

Dans ce chapitre, nous allons essayer de montrer quelques-uns des pièges de cette approche, qui est loin d’être aussi objective qu’elle paraît aux yeux de certains, offrant aussi une appréciation des expériences extracorporelles occultes selon les critères chrétiens orthodoxes. Pour ce faire, nous devrons passer en revue une partie de la littérature occulte dont se servent les chercheurs d’aujourd’hui pour élucider les expériences après la mort.

1. Le Livre des morts tibétain

Le Livre des morts tibétain 1 est un livre bouddhiste du VIIIe siècle, qui transmet probablement des traditions pré-bouddhistes d’une époque plus ancienne. Son titre tibétain est « Libération par entendement sur le plan après-mort », et l’éditeur anglais le décrit comme « un manuel mystique pour guider à travers l’autre monde plein de nombreux royaumes et illusions » (p. 2). Il est lu près du corps du nouveau défunt pour le bien de l’âme ; car, comme le texte le dit lui-même, « au moment de la mort, de différentes illusions trompeuses surviennent » (p. 151). Selon la remarque de l’éditeur, « ce ne sont pas des visions de réalité, mais rien d’autre que… [nos propres] impulsions intellectuelles, qui ont revêtu des formes personnifiées » (p. 31). Dans les étapes ultérieures des 49 jours d’expériences après la mort décrites dans le livre, il y a des visions de divinités aussi bien paisibles que coléreuses — lesquelles sont toutes considérées, selon la doctrine bouddhiste, comme illusoires. (Nous allons voir plus loin, dans l’examen de la nature de ce royaume, pourquoi ces visions sont, en effet, en grande partie illusoires). La fin de tout ce processus est la chute finale de l’âme dans une réincarnation (sujet qui sera discuté également plus loin), que la doctrine bouddhiste considère comme un mal à éviter au moyen de la pratique de l’entraînement bouddhiste.
Le Dr C. G. Jung, dans son Commentaire psychologique de ce livre, trouve ces visions très ressemblantes à certaines descriptions du monde après la mort, contenues dans la littérature spirite de l’Occident moderne — toutes deux « donnent une impression écœurante de l’inanité et de la banalité totales des communications du monde des esprits » (p. 11).

À deux égards, il y a des ressemblances frappantes entre le Livre des morts tibétain et les expériences d’aujourd’hui et c’est ce qui explique l’intérêt porté par le Dr Moody et d’autres chercheurs à ce livre. Premièrement, l’expérience extracorporelle décrite aux premiers moments de la mort est essentiellement la même que celle décrite dans les expériences d’aujourd’hui (ainsi que dans la littérature orthodoxe) : l’âme du défunt apparaît comme « un corps illusoire brillant », visible à d’autres êtres de la même nature mais pas à des hommes dans la chair. D’abord, elle ne sait pas si elle est vivante ou morte ; elle voit des gens autour du corps, entend les lamentations des proches en deuil et conserve ses facultés sensitives. Elle se déplace sans entrave et peut traverser des objets solides (pp. 98-100, 156-160). Deuxièmement, il y a « une lueur primaire nette que l’on voit au moment de la mort » (p. 89), que les chercheurs d’aujourd’hui identifient avec l’être de lumière décrit par beaucoup de gens actuellement.

Il n’y a aucune raison de douter que ce qui est décrit dans le Livre des morts tibétain ne soit basé sur quelque expérience extracorporelle ; mais nous verrons plus loin que l’état de l’âme juste après la mort n’est qu’une de ces expériences et nous devons rester sur nos gardes, de peur de considérer n’importe quelle expérience extracorporelle comme une révélation de ce qui arrive à l’âme après la mort. Les expériences des médiums occidentaux peuvent également être authentiques ; mais ils ne transmettent certainement pas de messages venus réellement des morts, comme ils le prétendent.

 

Il y a une certaine ressemblance entre le Livre des morts tibétain et Livre des morts égyptien, qui est bien plus ancien. 2 Ce dernier décrit l’âme après la mort, comme subissant de nombreuses transformations et rencontrant beaucoup de dieux. Il n’existe pas cependant de tradition vivante d’interprétation de ce livre, et sans cela le lecteur moderne ne peut que faire des hypothèses concernant le sens de son symbolisme. Selon ce livre, le défunt prend successivement la forme d’une hirondelle, d’un faucon d’or, d’un serpent aux jambes et pieds humains, d’un crocodile, d’un héron, d’une fleur de lotus, etc., il rencontre d’étranges dieux et des êtres de l’autre monde (les Quatre Singes Sacrés, la déesse hippopotame et divers dieux à têtes de chien, de chacal, de singe, d’oiseau, etc.)

Les expériences élaborées et confuses du royaume d’après-mort décrites dans ce livre contrastent de façon frappante avec la clarté et la simplicité des expériences chrétiennes. Bien qu’il soit basé également sur certaines expériences extracorporelles probablement authentiques, ce livre est aussi rempli de visions illusoires que le Livre des morts tibétain, et ne peut certainement pas être considéré comme une véritable description de l’état de l’âme après la mort.

 

2. Les écrits d’Emanuel Swedenborg

Un autre texte occulte que les chercheurs contemporains examinent a plus de chance d’être compris, puisqu’il est de nos propres temps modernes, tout à fait occidental par sa mentalité et qu’il prétend être chrétien. Les écrits du visionnaire suédois Emanuel Swedenborg (1688-1772) décrivent les visions d’un autre monde qui commençaient à lui apparaître vers le milieu de sa vie. Avant d’avoir eu des visions, il était l’intellectuel type du 18e siècle européen : parlant couramment plusieurs langues, il était érudit, scientifique, inventeur, c’était un homme actif dans la vie publique en tant qu’inspecteur des industries minières de la Suède, membre de la Maison des Nobles, un homme polyvalent en somme. Ce n’était pas rien, à l’aube de l’âge de la science, quand il était encore possible pour une seule personne de maîtriser presque la totalité de la science de son époque. Il fut l’auteur d’environ 150 ouvrages scientifiques, dont quelques — uns (tel son traité d’anatomie de 4 volumes sur le Cerveau) étaient de loin en avance sur son temps.

Puis, à 56 ans, il tourna son attention vers le monde invisible, et pendant les 25 dernières années de sa vie, il produisit une quantité immense d’ouvrages religieux traitant du Ciel, de l’enfer, des anges et des esprits — tous basés sur ses propres expériences personnelles.

Ses descriptions des royaumes invisibles sont, de façon déconcertante, d’apparence terrestre ; cependant, elles s’accordent en général avec les descriptions de la plupart des écrits occultes. Selon le compte rendu de Swedenborg, quand on meurt, on entre dans le monde des esprits, qui est à mi-chemin entre le Ciel et l’enfer. 3 Ce monde, bien qu’il soit spirituel et non matériel, ressemble tellement à la réalité matérielle que la personne ne sait pas d’abord qu’elle est morte (461). Elle a la même sorte de corps et les mêmes facultés sensorielles qu’elle avait étant dans son corps terrestre. Au moment de la mort, il y a une vision de lumière — quelque de chose de brillant et flou (450) — et il y a une revue de la vie passée avec les bonnes et mauvaises actions qu’on a commises. Le mort rencontre ses amis et connaissances de ce monde (494), et, pendant quelque temps, il continue à mener une existence très semblable à celle qu’il avait sur terre, sauf que tout est bien plus intérieur. Ainsi, l’on est attiré vers les personnes et les choses qu’on aime, et la réalité est déterminée par la pensée — dès que l’on pense à une personne aimée, cette personne apparaît comme si elle avait été appelée (494). Une fois que l’on est habitué à ce monde des esprits, on est enseigné par ses amis sur ce qui concerne le ciel et l’enfer, et emmené voir divers cités, jardins et parcs (495).

Dans ce monde des esprits intermédiaire, on est préparé au Ciel par une période éducative qui peut durer, suivant les cas, de quelques jours à un an (498). Mais le Ciel lui — même, selon la description de Swedenborg, ne diffère guère beaucoup du monde des esprits et les deux ressemblent beaucoup à la terre (171). Il y a des cours et des couloirs comme sur terre, des parcs et des jardins, des maisons et des chambres à coucher pour anges, avec plusieurs changes de vêtements à leur disposition. Il y a des gouvernements, des lois et des tribunaux — tous, bien sûr, plus spirituels que sur terre. Il y a des églises avec des offices et des clercs, qui font des sermons et qui se troublent quand quelqu’un de la congrégation est en désaccord avec eux. Il y a des mariages, des écoles, on y élève et éduque des enfants, il y a une vie publique, bref, on rencontre presque tout ce qui se trouve sur terre et qui peut devenir spirituel. Swedenborg lui-même a parlé avec beaucoup d’anges au Ciel (qui, croyait-il, n’étaient tous que des âmes des morts), ainsi qu’avec les habitants étranges de Mercure, de Jupiter et des autres planètes. Il a discuté avec Martin Luther au Ciel et l’a converti à ses propres croyances, mais n’a pas réussi à dissuader Calvin de croire à la prédestination. L’enfer est décrit également comme un endroit terrestre, où les habitants sont caractérisés par l’amour-propre et les mauvaises actions.

On comprend facilement pourquoi Swedenborg fut considéré par beaucoup de ses contemporains comme un fou, et pourquoi, jusqu’à une époque toute récente même, ses visions furent rarement prises au sérieux. Pourtant, certains ont toujours reconnu que malgré le caractère extraordinaire de ses visions, il a bel et bien été en contact avec la réalité invisible : son contemporain plus jeune, le philosophe allemand Immanuel Kant, l’un des principaux fondateurs de la philosophie moderne, l’a pris très au sérieux et croyait aux nombreux exemples de la clairvoyance de Swedenborg, connus par l’Europe entière. Le philosophe américain Emerson, dans son long essai sur lui dans Hommes Remarquables, l’appela « un des monstres sacrés de la littérature, incomparable à des collèges entiers d’érudits ordinaires ». Aujourd’hui, bien sûr, le regain d’intérêt pour l’occultisme l’a ramené au premier plan en sa qualité de mystique et de visionnaire non lié par le christianisme doctrinal. Aussi, les chercheurs d’expériences après la mort en particulier trouvent des ressemblances remarquables entre leurs propres découvertes et sa description des premiers moments après la mort.

Il n’est pas douteux que Swedenborg a eu des contacts avec les esprits invisibles et qu’il a reçu ses révélations d’eux. Un examen de la manière dont il a reçu ces révélations nous montrera quel est le royaume que ces esprits habitent.

L’histoire des contacts de Swedenborg avec les esprits invisibles — qu’il a consignée par écrit en détail dans ses volumineux récits, le Journal des rêves et le Journal spirituel (2300 pages) — révèle précisément les caractéristiques de l’entrée en contact avec les démons de l’air, conformément à la description de ce phénomène par l’évêque Ignace. Dès son enfance, Swedenborg pratiquait une forme de méditation comprenant de la relaxation et de la concentration intense ; avec le temps, il commença à percevoir pendant sa méditation une splendide flamme qu’il accepta avec confiance et interpréta comme un signe d’approbation de ses idées. Cela le prépara à l’ouverture de la communication avec des esprits. Plus tard, il commença à avoir des rêves du Christ et de sa propre réception dans une société d’immortels, et petit à petit, il devint conscient de la présence des esprits autour de lui. Pour finir, les esprits commencèrent à lui apparaître à l’état de veille. La première de ces dernières expériences lui arriva pendant un voyage à Londres : une nuit, après un repas trop copieux, il vit soudain une noirceur et des reptiles rampant sur le plancher, et puis un homme assis dans un coin de la chambre, qui lui dit simplement : « Ne mange pas tant » et disparut dans le noir. Bien qu’il eût peur de cette apparition, il s’y fia comme à quelque chose de positif, puisqu’elle avait donné un conseil moral. Puis, comme il le relata lui-même,

la même nuit, le même homme se révéla à moi de nouveau, mais maintenant, je n’étais plus effrayé de lui. Il dit alors qu’il était le Seigneur Dieu, le Créateur du monde et le Rédempteur et qu’Il me choisissait pour expliquer aux hommes le sens spirituel de l’Écriture et que Lui-même m’expliquerait ce que je devrais dire sur ce sujet : cette même nuit, mes yeux s’ouvrirent de telle sorte que je devins parfaitement convaincu de la réalité des mondes des esprits, du Ciel et de l’enfer… Ensuite le Seigneur m’ouvrit souvent journellement les yeux corporels de sorte que je pus ainsi, en plein milieu de la journée, contempler l’autre monde, et converser, en parfait état de veille, avec des anges et des esprits ». 4

Il est tout à fait clair, d’après ce récit, que Swedenborg s’ouvrit au contact avec le royaume aérien des esprits déchus et que toutes ses révélations ultérieures venaient de cette source. Le Ciel et l’enfer qu’il vit faisaient également partie de ce royaume aérien, et les révélations qu’il enregistra sont une description des illusions de ce royaume, produites souvent par les esprits déchus pour les gens crédules, avec leur propre but en vue. Un coup d’œil sur la littérature occulte nous révélera d’autres caractéristiques de ce royaume.

 

3. Le plan astral de la théosophie

La théosophie des XIXe et XXe siècles, qui est un mélange des idées occultes de l’Est et de l’Ouest, enseigne en détail ce qui concerne ce royaume aérien, qu’elle voit composé d’un certain nombre de plans astraux. (Astral qui signifie des étoiles est un terme fantaisiste se référant au niveau de réalité au-dessus du terrestre). Selon un résumé de cet enseignement,

ces plans (astraux) comprennent les demeures des entités surnaturelles, les lieux des dieux et des démons, le vide où les formes de pensées habitent, la région habitée par les esprits de l’air et d’autres éléments, ainsi que les divers cieux et enfers avec leurs armées angéliques et démoniaques… À l’aide de procédés rituels, des personnes initiées croient qu’elles peuvent s’élever sur ces plans et acquérir une expérience de ces régions en pleine conscience . 5

Selon cette doctrine, on entre dans le plan (ou plans, suivant que ce domaine est vu en son entier ou comme des couches distinctes) astral au moment de la mort, et comme dans l’enseignement de Swedenborg, il n’y a pas de changement soudain de son état ni de jugement ; on continue à vivre comme avant, seulement en dehors du corps, et on se met à « passer par tous les sous-plans du plan astral, en direction du monde céleste ». 6 Chaque sous-plan est de plus en plus subtil et intérieur, et la progression à travers ces étapes, loin d’inspirer les sentiments de crainte ou d’incertitude qui caractérisent le passage des postes de péage de la Tradition chrétienne, est un temps de plaisir et de joie :

La joie de vivre sur le plan astral est si grande que la vie corporelle ne semble pas du tout être une vie en comparaison… Neuf personnes sur dix détestent grandement de retourner dans leur corps  7

La théosophie, invention du médium russe Éléna Blavatskaya, a été fondée au crépuscule du XIXe siècle, en vue de donner une explication systématique aux contacts médiumniques avec les morts, qui allaient en se multipliant depuis 1848, année de la grande éclosion du phénomène spirite en Amérique. Jusqu’à ce jour, sa doctrine sur le plan astral (bien que souvent désigné d’un autre terme) est la référence courante dont se servent médiums et autres amateurs de l’occulte pour expliquer leurs expériences dans le monde des esprits. Bien que tous les livres théosophiques sur le plan astral soient remplis « de la même inanité et de la même banalité écœurantes » qui caractérisent, au dire du Dr Jung, toute la littérature spirite, il y a cependant derrière cette grossièreté une philosophie fondamentale sous-jacente de la réalité de l’autre-monde, qui frappe les chercheurs d’aujourd’hui. La vision humaniste du monde est bien plus favorablement disposée à un autre monde qui soit plus agréable que douloureux, qui permette une douce croissance et une évolution plutôt que le jugement final, accordant encore une chance au trépassé pour se préparer à une réalité supérieure plutôt que déterminant son lot pour l’éternité d’après sa conduite pendant sa vie terrestre. L’enseignement de la théosophie offre exactement ces choses demandées par l’âme moderne et il prétend être basé sur l’expérience.

Pour donner une réponse chrétienne orthodoxe à cette doctrine, nous devons examiner de plus près les expériences particulières qui se font sur le plan astral. Mais où se tourner ? La communication des médiums est notoirement peu fiable et floue ; et en tout cas, le contact avec le monde des esprits par l’intermédiaire des médiums est trop peu clair et indirect pour constituer une preuve convaincante de la nature de ce royaume. Les expériences après la mort d’aujourd’hui, par contre, sont trop courtes et inachevées. Elles ne peuvent fournir un témoignage de la vraie nature de l’autre monde.

Mais il existe une sorte d’expérience sur le plan astral qui peut être étudiée en détail. En langage théosophique, elle s’appelle projection astrale ou projection du corps astral. Il est possible, en cultivant certaines techniques médiumniques, non seulement d’entrer en contact avec des esprits désincarnés, comme le font d’ordinaire les médiums (quand leurs séances sont authentiques), mais d’entrer réellement dans leur domaine et de voyager au milieu d’eux. On peut être sceptique en entendant parler de telles expériences dans les temps plus reculés, mais il se trouve que cette expérience est devenue relativement courante — et non seulement parmi les occultistes — aujourd’hui, et il existe déjà une littérature abondante de première main sur ces expériences.

 

4. « Projection astrale »

Il est bien connu par des chrétiens orthodoxes que l’homme peut effectivement s’élever au-dessus des limitations de sa nature corporelle et voyager dans des royaumes invisibles. Ce n’est pas la nature exacte de ce voyage qui nous préoccupe ici. L’apôtre Paul lui-même ne savait s’il était « en son corps ou hors de son corps » quand il fut ravi au troisième ciel [II Co XII.2], et il n’est pas nécessaire pour nous de spéculer pour savoir comment le corps peut devenir assez subtil pour entrer au ciel (si cette expérience fut réellement dans le corps), ou de quelle sorte de corps subtil est revêtue l’âme pendant une expérience extracorporelle — si toutefois de telles questions peuvent trouver une réponse dans cette vie. Il nous suffit de savoir que l’âme (en quelque corps que ce soit) peut en effet s’élever par la Grâce de Dieu et voir le paradis, ainsi que le royaume aérien des esprits sous le ciel.

Souvent, dans la littérature orthodoxe, de telles expériences sont décrites comme hors du corps, comme celle de saint Antoine, qui vit les postes de péage pendant qu’il priait, tel que présenté plus haut. L’évêque Ignace Briantchaninov mentionne deux ascètes du XIXe siècle dont l’âme avait quitté le corps pendant qu’ils priaient — l’ancien Basilisque de Sibérie, dont le disciple était le célèbre Zossima, et l’ancien du grand habit Ignace (Isaïe), l’ermite, un ami personnel de l’évêque Ignace 8 L’expérience extracorporelle la plus frappante parmi celles contenues dans les Vies des saints orthodoxes est probablement celle de Saint-André le Fol-en-Christ de Constantinople (Xe siècle), qui, pendant que son corps gisait dans la neige des rues de la cité, fut ravi en esprit pour contempler le paradis et le troisième ciel, expérience dont il décrivit une partie à son disciple, qui la nota. (Vies des Saints, 2 octobre).

De telles expériences arrivent seulement par la Grâce de Dieu et tout à fait indépendamment de la volonté ou du désir des hommes. Mais la projection astrale est une expérience extracorporelle qu’il est possible de chercher et d’obtenir au moyen de certaines techniques. Cette expérience est une forme particulière de ce que l’évêque Ignace décrit comme l’ouverture des sens, et il est clair que — puisque le contact avec les esprits est défendu aux hommes sauf par un Acte exprès de Dieu, le royaume que l’on peut atteindre par ce moyen n’est pas le Ciel, mais seulement le royaume aérien du sous-ciel, demeure habitée par les esprits déchus.

Les textes de théosophie qui décrivent cette expérience en détail sont tellement remplis d’opinions et d’interprétations occultes qu’ils s’avèrent inutilisables pour donner une idée des expériences réelles qui se font dans ce royaume. Au XXe siècle cependant, une autre sorte de littérature s’est penchée sur cette expérience : en même temps que des recherches et des expériences se multipliaient dans le domaine de la parapsychologie, quelques personnes ont découvert, soit par accident soit par essai qu’ils sont capables d’obtenir l’expérience de la projection astrale, et ils ont écrit des livres relatant ces phénomènes en langage non-occulte.
Ensuite, quelques chercheurs ont compilé et étudié des récits d’expériences extracorporelles et en ont parlé en langage plutôt scientifique qu’occulte. Ici nous allons examiner plusieurs de ces livres.

Le côté terrestre des expériences extracorporelles est très bien décrit dans un livre du directeur de l’Institut de Recherches Psycho-physiques d’Oxford en Angleterre. 9 En réponse à un appel fait en septembre 1966 dans la presse britannique et la radio, l’Institut reçut quelque 400 réponses de personnes ayant eu des expériences extracorporelles. Une telle réaction indique d’une part que de telles expériences ne sont pas du tout rares de nos jours et de l’autre, que ceux qui en ont eues sont bien plus enclins à en parler qu’autrefois, craignant moins d’être considérés comme fous. Le Dr Moody et d’autres chercheurs ont fait les mêmes constatations au sujet des expériences après la mort. On a donné à ces gens deux questionnaires à remplir et le livre n’est que le résultat d’une comparaison et d’une analyse des réponses à ces questionnaires.

Les expériences décrites dans ce livre étaient presque toutes involontaires, déclenchées par diverses conditions physiques : tension, dépression, maladie, accident, anesthésie, sommeil. Presque toutes ont eu lieu dans la proximité du corps (non pas au royaume des esprits), et les observations sont très proches de celles que font ceux qui ont eu des expériences après la mort : ils voient leur propre corps de l’extérieur, possèdent toutes leurs facultés sensorielles (même quand dans leur corps ils étaient sourds ou aveugles), sont incapables de communiquer avec leur entourage, flottent dans l’air avec un sentiment extrêmement agréable de bien-être ; leur esprit est bien plus lucide que d’ordinaire. Certains ont décrit des rencontres avec des parents défunts ou des voyages dans un paysage qui ne semblait pas faire partie de la réalité de tous les jours.

Un des investigateurs des expériences extracorporelles, le géologue anglais Robert Crookall a rassemblé une immense quantité de cas, aussi bien d’occultistes et de médiums que de gens ordinaires. Il résume l’expérience comme suit :

Un corps-réplique ou double est né du corps physique et s’est superposé à celui-ci. Comme le double se séparait du corps, il y a eu comme une panne de conscience (comme le changement de vitesse dans une voiture cause une rupture momentanée de transmission de puissance)… Il y a souvent eu une revue panoramique de la vie passée et le corps physique vidé a été vu par le double libéré… Contrairement à ce que l’on penserait, personne n’a ressenti de peur ou de douleur causées par son départ du corps — tout semblait parfaitement naturel… La conscience, comme elle travaillait à travers le double séparé, était plus étendue que dans la vie ordinaire… Parfois il y avait de la télépathie, de la clairvoyance et de la prescience. Des amis défunts étaient souvent rencontrés. Nombreux sont ceux qui éprouvaient une réticence à retourner dans leur corps et à revenir à la vie terrestre… Ce schéma général des événements dans les expériences extracorporelles, non reconnu jusqu’à ce jour, ne peut s’expliquer de façon adéquate par l’hypothèse que toutes ces expériences étaient des rêves et que tous les doubles décrits étaient de pures hallucinations. Il peut par ailleurs s’expliquer par l’hypothèse qu’il s’agirait d’expériences authentiques, les doubles étant des corps réels (bien qu’ultra-physiques).  10

Cette description est virtuellement identique sur tous les points au modèle d’expériences après la mort du docteur Moody. 11 Cette identité est si précise qu’il ne peut s’agir que d’une seule et même expérience décrite. S’il en est ainsi, il est finalement possible de définir l’expérience que le docteur Moody et d’autres ont décrite et qui a fait couler tant d’encre dans le monde occidental depuis plusieurs années maintenant. Ce n’est pas précisément une expérience après la mort ; c’est plutôt l’expérience extracorporelle qui n’est que l’anti- chambre d’autres expériences beaucoup plus amples, soit de la mort elle-même soit de ce qui s’appelle parfois voyage astral (sur ce sujet voir plus bas). Bien que l’état extracorporel puisse s’appeler le premier moment de la mort — au cas où la mort survient en effet — c’est une erreur grossière que d’en conclure quoi que ce soit concernant l’état après la mort, à part les simples faits de la survie et de la conscience de l’âme après la mort, ce que personne parmi ceux qui croient à l’immortalité de l’âme ne conteste. De plus, étant donné que l’état extracorporel n’est pas nécessairement lié à la mort, nous devons trier avec beaucoup de discernement les témoignages provenant d’expériences étendues dans ce royaume. En particulier, nous devons nous demander si les visions du Ciel (ou de l’enfer) ont un rapport avec la véritable vision chrétienne du Ciel et de l’enfer, ou bien si elles sont seulement une interprétation de quelque expérience naturelle (ou démoniaque) dans le royaume extracorporel.

Le docteur Crookall — qui a été l’investigateur le plus minutieux dans ce domaine jusqu’à maintenant, appliquant la même prudence et la même précision dans le détail qui caractérisent ses livres plus anciens sur les plantes fossilisées de Grande Bretagne — a rassemblé beaucoup de matériaux sur les expériences de paradis et d’enfer. Il les trouve toutes les deux naturelles et virtuellement universelles dans l’état extracorporel et il les distingue comme suit :

Ceux qui ont quitté leur corps naturellement avaient tendance à voir des conditions lumineuses et paisibles (paradis), une sorte de terre glorieuse ; pendant que ceux qui ont été tirés de force… tendaient plutôt à se trouver dans des conditions relativement sombres, confuses et semblables à des demi-rêves, correspondant à l’image de l’Hadès des anciens. Les premiers rencontraient de nombreuses aides (y compris les amis et parents défunts mentionnés plus haut) ; les derniers se voyaient parfois contrariés par des êtres désincarnés.  12

Les personnes qui ont ce que le docteur Crookall appelle une constitution physique de médium passent invariablement d’abord par une région sombre et brumeuse comme l’Hadès et puis dans une région de lumière radieuse qui ressemble au paradis. Ce paradis est décrit de façons diverses (par des médiums aussi bien que par des non-médiums) comme « le plus beau paysage jamais vu », ou « une scène de merveilleuse beauté — un jardin vaste comme un parc et la lumière qui l’éclaire est une lumière jamais vue sur terre ou sur mer », « un ravissant paysage », avec « des gens habillés en blanc » (p. 117), « la lumière est devenue intense », « toute la terre était incandescente » (p. 137).

Pour expliquer ces expériences, le docteur Crockall suppose l’existence d’une terre totale qui comprendrait, au niveau inférieur, la terre physique que nous connaissons dans la vie de tous les jours, entourée par une sphère non-physique interpénétrante avec des ceintures Hadès et paradis à ses limites inférieure et supérieure (p. 8). C’est en gros la description de ce que la Tradition orthodoxe connaît sous le nom de royaume aérien des esprits déchus du sous-ciel et la théosophie sous celui de plan astral. Les descriptions orthodoxes de ce royaume ne font pas de distinctions géographiques entre supérieur et inférieur, et soulignent surtout les illusions démoniaques qui en font partie intégrante. Le docteur Crookall, étant un chercheur séculier, ne sait rien de cet aspect du royaume aérien, mais il apporte, du point de vue scientifique, le témoignage d’un fait extrêmement important pour la compréhension des expériences après la mort et extracorporelles :

le « Ciel » et « l’enfer » aperçus dans ces expériences ne sont que des parties (ou apparences) du royaume aérien des esprits et n’ont rien à voir avec les vrais Ciel et enfer de la doctrine chrétienne, qui sont les demeures éternelles des âmes humaines (et de leur corps ressuscité) ainsi que des esprits immatériels.

Les personnes dans l’état extracorporel ne sont pas libres de se promener à leur gré dans le vrai Ciel et le véritable enfer, qui ne s’ouvrent aux âmes que par la Volonté expresse de Dieu. Si certains chrétiens au moment de mourir voient presque immédiatement une cité céleste avec des portails de perles et des anges, cela indique seulement que ce qui est vu dans le royaume aérien dépend, dans une certaine mesure, des expériences passées et des attentes que l’on a, comme des Hindous mourants voient leurs propres temples et dieux hindous. Les vraies expériences chrétiennes du Ciel et de l’enfer (comme nous le verrons au chapitre suivant) sont d’une dimension totalement différente.

5. Voyage astral

Presque toutes les expériences récentes après la mort furent très courtes ; si elles avaient été plus longues, elles auraient abouti à la mort pour de bon. Mais l’état extracorporel qui n’est pas lié aux conditions de la mort proche rend possible une expérience plus longue. Si cette expérience est suffisamment longue, on peut quitter son entourage immédiat et entrer dans un paysage entièrement nouveau — non seulement pour le temps d’un coup d’œil sur un jardin, un endroit brillant ou une cité céleste, mais pour une aventure durable dans le royaume aérien. Le plan astral est évidemment proche de tous et certaines conditions critiques (ou des techniques médiumniques) peuvent projeter quelqu’un dans ce plan. Dans l’un de ses livres, le Dr C. G. Jung décrit ce que vécut l’une de ses patientes qui eut une expérience extracorporelle pendant un accouchement difficile. Elle voyait les docteurs et les infirmières autour d’elle, mais derrière elle, elle était consciente d’un paysage glorieux qui semblait être la limite d’une autre dimension ; elle sentait que si elle s’était tournée vers ce paysage, elle aurait quitté cette vie — mais elle retourna plutôt dans son corps. 13

Le Dr Moody a enregistré un certain nombre de ces expériences, qu’il appelle expériences limite ou frontière 14

Ceux qui provoquent délibérément l’expérience de projection astrale sont souvent capables d’atteindre cette autre dimension. Les descriptions de ses voyages dans cette dimension ont récemment valu une telle célébrité à un homme qu’elle lui a permis de fonder un institut pour des expériences dans l’état extracorporel. Une élève de cet institut était le Dr Elisabeth Kubler-Ross, qui est d’accord avec les conclusions de R. Monroe en ce qui concerne la ressemblance entre les expériences extracorporelles et celles après la mort. Ici, nous allons résumer les trouvailles de ce chercheur. 15

Robert Monroe est un homme d’affaires américain prospère (Président des directeurs d’une corporation multimillionnaire) et agnostique en religion. Ses expériences extracorporelles commencèrent en 1958, avant qu’il ne s’intéresse à la littérature occulte, pendant qu’il faisait ses propres expériences mnémotechniques pendant le sommeil. Cela comprenait des exercices de concentration et de relaxation, semblables à certaines techniques de méditation. Après avoir commencé ces expériences, il eut l’impression insolite d’être frappé par un rayon de lumière qui le paralysa temporairement. Ayant plusieurs fois ressenti cette même impression, il se mit à flotter et à sortir du corps. Ensuite, il commença à expérimenter comment déclencher et développer ce phénomène. Dans ce début de ses voyages occultes, il révèle les mêmes caractéristiques fondamentales — une méditation passive, une expérience de lumière, une attitude de confiance et d’ouverture à des expériences nouvelles et étranges, tout cela en rapport avec une vision pragmatique de la vie et un manque de connaissance ou d’expérience profondes de la foi chrétienne — qui avaient ouvert à Swedenborg la porte de ses aventures dans le monde des esprits.

Au début, les voyages de Monroe le menaient à des lieux qu’il reconnaissait sur terre — des lieux proches d’abord, puis de plus en plus éloignés — avec quelques tentatives réussies de ramener un réel témoignage de ces expériences. Puis il se mit à contacter des formes fantomatiques, le premier contact faisant partie d’une expérience médiumnique (c’est lui que le guide indien envoyé par le médium était venu chercher ! 16). Finalement, il entra en contact avec d’étranges paysages, en apparence extra-terrestres.

En prenant des notes détaillées de ses expériences (dès son retour dans le corps), il les classa en trois catégories selon la scène où elles avaient eu lieu :

  • Scène 1 est l’ici-présent, le milieu naturel terrestre
  • Scène 2 est un environnement non-matériel apparemment immense, avec des caractéristiques identiques à celles du plan astral. Cette scène est le milieu naturel du Second Corps, comme Monroe appelle l’entité qui traverse ce royaume ; elle interpénètre le monde matériel et ses lois sont celles de la pensée : comme tu penses tu es, le semblable attire le semblable, pour se déplacer, il suffit de penser à l’endroit qu’on veut atteindre. Monroe visita plusieurs endroits en ce royaume, où il vit des choses comme par exemple un groupe de gens habillés en robes longues dans une vallée étroite, ou un certain nombre de gens en uniforme qui se désignaient par le nom d’armée-cible et qui attendaient leur affectation 17.
  • Scène 3 est une réalité apparemment terrestre, qui cependant est remplie, contrairement à tout ce qui peut se passer sur terre, d’éléments étrangement anachroniques ; les théosophes considéreraient probablement cette scène comme une autre partie plus solide de plan astral.

Après avoir grandement surmonté son sentiment initial de peur de se trouver dans ces royaumes inconnus, Monroe commença à les explorer et à décrire les nombreux êtres intelligents qu’il y avait rencontrés. À l’occasion de certains voyages, il rencontra des amis défunts et discuta avec eux, mais le plus souvent il trouva d’étranges êtres impersonnels, qui parfois le secouraient, mais qui aussi souvent manquaient de répondre à son appel, qui donnaient de vagues messages mystiques sonnant comme les communications des médiums, qui lui serraient amicalement la main, mais étaient autant enclins à lui enfoncer un crochet dans sa main tendue 18. Il reconnut quelques-uns de ces êtres comme des gêneurs : des créatures semblables à des bêtes, au corps caoutchouteux, qui se changent facilement en forme de chiens, de chauve-souris ou de ses propres enfants 19, d’autres qui l’agacent ou le tourmentent et ne font que rire quand il prononce (non par foi, il est vrai, mais seulement comme une autre expérience) le Nom de Jésus Christ.

N’ayant aucune confession de foi lui-même, Monroe s’ouvrit aux suggestions religieuses des êtres de ce royaume. Il reçut des visions prophétiques d’événements futurs, qui se produisirent en effet comme il les avait vus 20. Une fois, lorsqu’il vit apparaître un rayon de lumière blanc à la limite d’un état extracorporel, il lui demanda une réponse à ses questions concernant ce royaume. Une voix lui répondit du rayon : « Demande à ton père de te dire le grand secret ». À la prochaine occasion, Monroe pria en conséquence : « Père, guide-moi. Père, dis-moi le grand secret » 21. Il est évident d’après tout cela que Monroe, bien que demeurant séculier et agnostique en ce qui concerne sa conception religieuse, se livra entièrement à la merci des êtres du royaume occulte (qui, bien sûr, sont des démons).

De la même manière que le Dr Moody et d’autres chercheurs de ce royaume, Monroe déclare :

au bout de douze ans d’activités métaphysiques, je ne trouve pas de preuve pour étayer les notions bibliques de Dieu et de la survie de l’âme après la mort en un endroit appelé Ciel 22

Cependant, exactement comme Swedenborg, les théosophes et les chercheurs comme le Dr Crookall, il trouve dans le milieu non-matériel qu’il a exploré « tous les aspects que nous attribuons au ciel et à l’enfer, et qui font partie de la Scène 2 » 23. Dans la région apparemment la plus proche du monde matériel, il rencontra un milieu gris noirâtre peuplé d’êtres moqueurs et tourmenteurs ; cela, pense-t-il, doit être la frontière de l’enfer 24, tout à fait comme la région de l’Hadès que le Dr Crookall a identifiée ainsi.

Plus révélatrice est cependant l’expérience que Monroe eut du Ciel. Trois fois il voyagea pour arriver à un lieu de pure paix, flottant au milieu de nuages doux et chauds, traversés par des rayons de lumière aux couleurs changeantes ; il vibra en harmonie avec la musique de chœurs sans paroles ; il y avait autour de lui des êtres sans nom dans le même état et avec lesquels il n’avait pas de contact personnel. Il ressentit cet endroit comme son ultime Patrie, et en eut la nostalgie pendant quelques jours après la fin de l’expérience 25. Ce Ciel astral, bien sûr, est la source fondamentale de la doctrine théosophe sur l’attrait de l’autre monde ; mais combien elle est loin de la vraie doctrine chrétienne du royaume des Cieux, bien loin au-delà de ce royaume aérien, et qui, dans sa plénitude de l’amour et de la personne, avec la Présence nettement perçue de Dieu, est devenu si lointain aux incroyants de notre temps, lesquels ne veulent rien de plus qu’un nirvana de nuages douillets et de lueurs colorées ! Les esprits déchus peuvent facilement offrir une telle expérience du Ciel ; mais seule la lutte chrétienne et la Grâce de Dieu peuvent élever quelqu’un au vrai Ciel de Dieu.

À plusieurs occasions, Monroe rencontra le Dieu de son Ciel. Cela peut arriver, dit-il, n’importe où en Scène 2.

Au milieu d’une activité normale, où qu’elle ait lieu, un Signal lointain retentit, presque comme les trompettes des hérauts. Tout le monde le prend calmement et cesse de parler ou de faire ce qu’il était en train de faire. C’est le Signal qu’Il (ou : Ils) va (vont) traverser son (leur) royaume.
Il n’y a pas de révérence pleine d’effroi ni de génuflexion. L’attitude est plutôt très détachée. C’est un événement auquel tous sont habitués et s’y plier a priorité absolue sur toutes autres choses. Il n’y a pas d’exceptions.
Au Signal, tout vivant se couche… la tête tournée d’un côté pour ne pas Le voir quand Il passe. Le but semble être de former une route vivante sur laquelle Il puisse se déplacer… Il n’y a pas de mouvements, pas même de pensée pendant qu’Il passe. Chaque fois que j’ai eu cette expérience, je me suis couché avec les autres. Sur le moment, la pensée même de faire autrement était inconcevable. Comme Il passe, il y a un son et le sentiment d’une force vivante irrésistible et radieuse d’une puissance ultime culminant au-dessus de la tête et diminuant dans le lointain… C’est un fait aussi ordinaire que de s’arrêter au feu rouge à une intersection encombrée ou d’attendre à un passage à niveau lorsque le signal indique qu’un train arrive ; on est calme et pourtant on éprouve un certain respect pour la puissance représentée par le train qui passe. Cet événement est aussi impersonnel.
Est-ce Dieu ? Ou le Fils de Dieu ? Ou son représentant ? 26

Il serait difficile de trouver, dans la littérature occulte du monde entier, un récit plus frappant du culte de Satan dans son propre domaine par ses esclaves impersonnels. À un autre endroit, Monroe décrit son propre rapport avec le prince du monde dans lequel il avait pénétré. Une nuit, deux ans environ après le début de ses voyages extracorporels, il se sentit baigné dans le même genre de lumière qui accompagnait le début de ces expériences et il sentit la présence d’une force personnelle, intelligente et très intense qui le rendait impuissant et lui ôtait sa propre volonté. « J’ai reçu la ferme impression que j’étais inextricablement lié de loyauté à cette force intelligente, que je l’avais toujours été et que j’avais un travail à accomplir ici sur terre » 27. Lors d’une autre expérience semblable avec cette force ou entité invisible plusieurs semaines plus tard, elle (ou elles), semblai (en) t entrer et fouiller dans son esprit, et puis,

elles paraissaient s’envoler vers le ciel, tandis que je les rappelais en suppliant.  28

Puis, j’étais sûr que leur mentalité et leur intelligence étaient de loin supérieures à mon entendement. C’était une intelligence froide, impersonnelle, sans aucune de ces émotions d’amour ou de compassion que nous respectons tant… Je me suis assis et j’ai pleuré à grands sanglots comme je n’avais jamais pleuré de ma vie, apprenant alors sans aucun espoir de modification future que le Dieu de mon enfance, des églises, de la religion par le monde entier n’était pas comme nous L’adorions et que pour le reste de ma vie, je souffrirais de la perte de cette illusion  29

On pourrait difficilement imaginer une meilleure description de la rencontre avec le diable, si fréquente parmi nos contemporains, qui ne s’en doutent pas et ne lui résistent pas, étant donné leur ignorance totale de la vraie foi chrétienne.

La valeur du témoignage de Monroe concernant la nature et les êtres du plan astral est extraordinaire. Bien que lui-même soit devenu profondément impliqué dans l’expérience, au point de s’abandonner totalement en soumission absolue aux esprits déchus, il décrit ses expériences en un langage simple et direct, non-occulte et d’un point de vue humain relativement normal, qui fait de son livre un avertissement convaincant contre les expérimentations de ce domaine. Ceux qui connaissent la doctrine orthodoxe sur le monde aérien ainsi que sur le vrai Ciel et l’enfer, qui sont en dehors de ce monde-là, ne peuvent qu’acquérir une conviction encore plus ferme de la réalité des esprits déchus et de leur royaume. De même, ils sont mis en garde contre l’énorme danger qui réside en leur contact, même par une approche en apparence scientifique. 30

En tant qu’observateurs orthodoxes, nous n’avons pas besoin de savoir quelle partie de cette expérience était réelle et quelle partie était le résultat de spectacles ou d’illusions forgés pour lui par des esprits déchus ; la tromperie fait tellement partie du royaume aérien qu’il n’est pas utile d’essayer de circonscrire ses formes précises. Le principal est qu’il avait bel et bien rencontré les esprits déchus dans leur royaume, et cela ne peut être mis en doute.

Le plan astral peut également être atteint (mais pas nécessairement dans l’état extracorporel) par l’usage de certaines drogues. Des expériences récentes où l’on administrait du L.S.D. à des personnes mourantes, ont provoqué des expériences proches de la mort, très convaincantes, avec une revue condensée de la vie passée, une vision de lumière aveuglante, des rencontres avec des défunts et des êtres spirituels non-humains, et les communications de messages spirituels concernant la religion cosmique, la réincarnation, etc. Le Dr Kubler-Ross fut impliquée également dans ces expériences. 31

Il est bien connu que les chamans des tribus primitives entrent en contact avec le monde aérien des esprits dans des états extracorporels, et une fois initiés à cette expérience, ils peuvent visiter le monde des esprits et communiquer avec ses êtres. 32

La même expérience était commune parmi les initiés des mystères de l’antique monde païen. Dans la Vie de saint Cyprien et sainte Justine 33, nous avons un témoignage de première main d’un ex-sorcier concernant ses expériences dans ce royaume :

Sur le Mont Olympe, Cyprien avait étudié toutes sortes d’arts diaboliques : il était maître dans diverses transformations démoniaques, avait appris comment change la nature de l’air… À cet endroit, il vit des légions innombrables de démons, avec le prince des ténèbres à leur tête ; quelques-uns se tenaient devant lui, d’autres le servaient, d’autres encore chantaient ses louanges, et certains étaient envoyés dans le monde pour corrompre les gens. Il y vit également sous leur fausse forme les dieux et déesses païens, ainsi que divers fantômes et spectres qu’il avait appris à invoquer pendant un jeûne strict de quarante jours… Ainsi devint-il sorcier, magicien, destructeur des âmes, grand ami et fidèle esclave du prince de l’enfer avec qui il pouvait converser face à face, ayant reçu de lui l’assurance de grands honneurs. « Crois-moi, disait-il, « j’ai vu le prince des ténèbres lui-même… Je l’ai salué ainsi que ses anciens… Il m’a promis de me faire prince après mon départ du corps et de m’aider dans tout, tout au long de ma vie terrestre… L’apparence extérieure du prince des ténèbres était comme une fleur. Sa tête était couverte d’une couronne (pas d’une vraie mais d’une couronne fantôme) faite d’or et de pierres brillantes, grâce à quoi tout l’espace autour de lui était illuminé ; et son vêtement était étonnant. Quand il tournait d’un côté ou de l’autre, tout tremblait et une multitude de mauvais esprits de rangs différents se rangeaient, obéissants, près de son trône. Je m’étais complètement abandonné à son service et j’obéissais à chacun de ses ordres. 34

Saint Cyprien ne dit pas explicitement qu’il eut ces expériences hors de son corps ; en effet, il semble que les sorciers et les adeptes plus avancés n’ont pas besoin de quitter le corps pour être en contact avec le royaume aérien. Swedenborg, tout en racontant ses expériences extracorporelles, a précisé que la plupart de ses contacts avec les esprits avaient lieu, au contraire, dans son corps, mais avec ses portes de perception ouvertes 35. Les caractéristiques de ce royaume et les aventures qui y ont lieu sont cependant les mêmes, que l’on soit dans ou hors du corps.

Un célèbre sorcier païen de l’Antiquité (IIe siècle), en décrivant son initiation aux mystères d’Isis, donne un exemple classique d’expérience extracorporelle, le contact avec le royaume aérien, qui pourrait aussi bien servir à décrire quelques-unes des expériences extracorporelles et après la mort d’aujourd’hui :

Écoutez et croyez, car ce que je dis est vrai. J’ai touché aux portes du trépas ; mon pied s’est posé sur le seuil de Proserpine. Au retour, j’ai traversé tous les éléments. Dans la profondeur de la nuit, j’ai vu rayonner le soleil. Dieux de l’enfer, dieux de l’Empyrée, tous ont été vus par moi face à face, et adorés de près. Voilà ce que j’ai à vous dire, et vous n’en serez pas plus éclairés.  36

 


 

6. Conclusions concernant le royaume extracorporel

Tout ce qui a été dit plus haut des expériences extracorporelles nous permet de placer les expériences après la mort d’aujourd’hui dans leur perspective propre. Résumons ce que nous avons trouvé :

  1. Ce sont purement et simplement des expériences extracorporelles, bien connues surtout par la littérature occulte, que font récemment de plus en plus souvent des gens ordinaires qui n’ont rien à voir avec l’occultisme. Ces expériences ne nous renseignent cependant presque pas sur ce qui arrive à l’âme après la mort, sauf le fait qu’elle survit et qu’elle est consciente.
  2. Le royaume dans lequel l’âme entre immédiatement après avoir quitté le corps et perdu contact avec ce que nous appelons la réalité matérielle (que ce soit après la mort ou dans une expérience extracorporelle) n’est ni le Ciel ni l’enfer, mais un royaume invisible près de la terre qui s’appelle, suivant le cas : le plan d’après-mort ou plan Bardo 37, le monde des esprits (Swedenborg et le spiritisme), le plan astral (la théosophie et l’occultisme), Scène 2 (Monroe) ou, en langage orthodoxe, le monde aérien du sous-ciel où habitent les esprits déchus qui œuvrent pour tromper les hommes en vue de leur damnation.
    Ce n’est pas l’autre monde, celui qui attend l’homme après la mort, mais seulement une région invisible de ce monde-ci, par lequel l’homme doit obligatoirement passer pour atteindre le véritable autre monde du Ciel ou de l’enfer. Pour ceux qui sont vraiment morts et qui sont conduits par les anges en dehors de la vie terrestre, c’est le royaume où le jugement particulier commence devant les postes de péage aériens, où les esprits de l’air se révèlent dans leur vraie nature, en ennemis du genre humain ; pour tous les autres, c’est un royaume de tromperie démoniaque aux mains de ces mêmes esprits.
  3. Les êtres contactés dans ce royaume sont toujours (ou presque toujours) des démons, qu’ils soient invoqués par médiumnisme ou par d’autres pratiques occultes, ou rencontrés au cours d’expériences extracorporelles. Ce ne sont pas des anges, car ceux-ci habitent au Ciel et ne passent par cette région qu’en tant que messagers de Dieu. Ce ne sont pas les âmes des morts, car elles habitent soit au Ciel, soit en enfer et ne passent par cette région qu’immédiatement après leur mort, en route pour être jugées pour leurs actes accomplis dans cette vie. Même les plus avancés dans les expériences extracorporelles ne peuvent s’attarder dans cette région sans le risque d’une séparation permanente du corps (mort), et même dans la littérature occulte, on trouve rarement que deux adeptes s’y rencontrent.
  4. Les expériences faites dans ce royaume ne doivent pas être acceptées avec foi et surtout pas être prises pour de « l’argent comptant ». Même ceux qui possèdent des bases solides de l’enseignement chrétien orthodoxe peuvent être trompés par les esprits déchus de l’air en ce qui concerne n’importe quelle vision qu’ils peuvent avoir ; mais ceux qui entrent dans ce royaume sans en avoir de connaissance véritable et qui acceptent ses révélations avec confiance, ne sont rien d’autre que les victimes pitoyables des esprits déchus.

On peut demander : que signifient les sentiments de paix et de bien-être qui semblent être universellement ressentis dans l’état extracorporel ? Quelle est cette vision de lumière que tant de personnes voient ? Sont-ce aussi des sensations trompeuses ?

En un sens, on peut dire que ces expériences sont naturelles à l’âme qui est séparée du corps. Nos corps physiques dans ce monde déchu sont des corps de douleur, de corruption et de mort. Séparée du corps, l’âme se trouve aussitôt dans un état plus naturel à elle, plus proche de celui que Dieu veut pour elle ; car le corps spirituel ressuscité, dans lequel l’homme habitera au royaume des cieux, a plus en commun avec l’âme qu’avec le corps qui nous est connu sur terre. Même le corps avec lequel Adam fut créé au commencement était d’une nature différente du corps qu’il avait après la chute ; le premier étant plus fin et non sujet à la douleur et aux souffrances.

En ce sens, la paix et le bien-être de l’expérience extracorporelle peuvent être considérés comme réels et non illusoires. L’illusion est là cependant, dès l’instant où le sujet se met à interpréter ces sensations naturelles comme quelque chose de spirituel comme si cette paix était la vraie paix, le signe de la réconciliation avec Dieu, et que le bien-être était le vrai plaisir spirituel du Ciel. C’est effectivement la manière dont beaucoup interprètent leurs expériences extracorporelles ou après-mort, à cause de leur manque de connaissance et d’expérience spirituelles authentiques. On peut être sûr que cette interprétation est erronée puisque même les incroyants les plus endurcis ont la même sensation agréable quand ils meurent. Nous avons déjà vu cela dans un chapitre antérieur où il s’agissait des Hindous, d’un athée et d’un suicidé. Un autre exemple frappant est le cas de Somerset Maugham, l’écrivain britannique agnostique, qui, lors d’une expérience de mort juste avant son véritable décès à l’âge de 80 ans, vit d’abord une lumière qui s’intensifiait sans cesse et « ensuite la plus exquise sensation de soulagement », comme il le décrivait lui-même 38. Cette expérience n’avait absolument rien de spirituel ; elle n’était qu’une expérience naturelle de plus dans une vie qui finissait dans l’incroyance.

Comme expérience sensible ou naturelle, la mort — semble-t-il — est une expérience agréable, en effet. Cet agrément peut être ressenti aussi bien par quelqu’un dont la conscience est pure devant Dieu que par quelqu’un qui ne croit pas vraiment en Dieu ou en la vie éternelle et qui par conséquent ignore combien il a pu déplaire à Dieu pendant sa vie terrestre. Une mauvaise mort n’est connue que, comme l’a bien dit un auteur, « de ceux qui savent que Dieu existe et qui cependant ont vécu comme s’il n’existait pas » 39 — c’est-à-dire ceux dont la conscience les tourmente et contrecarre, par cette peine, le plaisir naturel de la mort. La distinction entre croyants et incroyants se fait non point au moment de la mort elle-même, mais plus tard, lors du Jugement particulier. Le bien-être au moment de la mort physique peut être réel, mais cela n’a aucun rapport avec la destinée éternelle de l’âme qui peut très bien être celle du tourment.

C’est encore plus vrai en ce qui concerne la vision de lumière. Cela peut être également quelque chose de purement naturel — un reflet de l’état lumineux pour lequel l’homme a été originellement créé. Même dans ce cas, c’est une grave erreur de lui donner le sens spirituel que lui donnent invariablement ceux qui précisément manquent d’expérience spirituelle. La littérature ascétique orthodoxe abonde en mises en garde contre l’acceptation confiante d’une apparition quelconque de lumière ; et lorsqu’on se met à interpréter une telle lumière comme étant un ange, voire le Christ, il est évident que l’on est déjà tombé dans l’illusion, en brodant une réalité avec le fil de sa propre imagination, avant même que les esprits déchus aient commencé leur propre œuvre de tromperie.

Il est également naturel à l’âme séparée du corps d’avoir une conscience accrue de la réalité et d’avoir ce qu’on appelle aujourd’hui la perception extrasensorielle (en anglais : ESP). Il est un fait indubitable, confirmé par la littérature orthodoxe ainsi que par les recherches scientifiques modernes, que l’âme, aussitôt après la mort (et parfois aussi juste avant), voit des choses que les assistants ne voient pas, prend connaissance de la mort de quelqu’un de lointain, etc. Un reflet de ce phénomène se trouve dans l’expérience que le Dr Moody appelle la vision de connaissance, quand l’âme reçoit comme une illumination et voit toute connaissance devant elle 40. Saint Boniface décrit ainsi l’expérience immédiatement après la mort du moine de Wenlock :

Il se sentait comme un homme voyant et tout éveillé, dont les yeux avaient été voilés et puis soudain comme si on avait ôté l’épais voile, tout est devenu clair de ce qui était auparavant invisible, voilé et inconnu. Ainsi, pour lui, quand le voile de la chair a été ôté, tout l’univers avait l’air de se rassembler devant ses yeux de sorte que toutes les régions de la terre, toutes les mers et les habitants lui étaient devenus perceptibles en un seul coup d’œil . 41

Certaines âmes semblent être naturellement sensibles à de telles expériences, même enfermées encore dans le corps. Saint Grégoire le Grand remarque que « parfois, c’est par sa propre subtilité que la puissance naturelle de l’âme prévoit l’avenir », par opposition à ceux qui prophétisent par révélation divine [ efn_note] Dialogues IV.27 [/efn_note]. Mais ces médiums tombent dans l’illusion dès lors qu’ils se mettent à interpréter ou à développer ce talent, qui ne peut être utilisé à bon escient que par des personnes de grande sainteté et, il va sans dire, de foi orthodoxe. Edgar Cayce, le médium américain, est un bon exemple des pièges de cette perception extrasensorielle : une fois qu’il eut découvert son talent pour le diagnostic médical en état de transe, il se mit à se fier à tous les messages reçus en cet état et finit par se faire passer pour un prophète de l’avenir, (parfois avec des erreurs spectaculaires, comme dans le cas du cataclysme de la côte Ouest qui n’eut pas lieu en 1969) par offrir des lectures astrologiques, et par retracer les vies passées d’hommes en Atlantide, en Égypte ancienne et ailleurs.

Les expériences naturelles de l’âme qui est excessivement sensible ou bien séparée du corps — quelles que soient ses sensations : paix, bien-être, lumière, ou perception extrasensorielle — ne sont, par conséquent, que la matière première de la conscience accrue de l’âme, mais ne sont pas (répétons-le encore !) à même de nous donner des renseignements concernant l’état de l’âme après la mort. Trop souvent, elles conduisent certains à de fausses conclusions concernant l’autre monde, voire à des contacts directs avec les esprits déchus, dont c’est le royaume. De telles expériences relèvent toutes du monde astral et n’ont en elles-mêmes rien de spirituel ou de céleste ; même dans le cas où l’expérience est réelle, les interprétations qu’on en fait doivent être considérées avec méfiance.

5. Par la nature des choses, une connaissance authentique du royaume aérien des esprits et de ses manifestations ne peut être acquise par la seule expérience. L’affirmation dont toutes les branches de l’occultisme se targuent et selon laquelle leur connaissance est sûre car elle est basée sur l’expérience, est précisément l’erreur fatale de toute connaissance occulte. Au contraire, les expériences de ce royaume, justement parce qu’elles se déroulent dans l’air et qu’elles sont souvent provoquées par les démons, avec l’intention ultime de tromper et détruire l’âme des hommes, sont, par leur nature même, liées à l’illusion, indépendamment du fait que l’homme, n’étant pas familier de ce royaume, ne peut jamais s’y orienter pleinement de façon à être aussi sûr de sa réalité que de celle du royaume matériel. La doctrine bouddhiste est certainement correcte quand elle parle 42 de la nature illusoire des apparitions du plan du Bardo ; mais elle est dans l’erreur lorsqu’elle en conclut, sur la base de la seule expérience, qu’il n’y a aucune réalité objective derrière ces apparitions. La réalité de ce royaume invisible ne peut être perçue telle qu’elle est, à moins qu’elle ne soit révélée par une source qui lui soit extérieure et supérieure.

L’approche contemporaine de ce royaume au moyen d’expérimentations personnelles et/ou scientifiques mène, pour la même raison, à des conclusions nécessairement erronées et illusoires. Presque tous les chercheurs contemporains acceptent ou du moins sympathisent avec la doctrine occulte concernant ce royaume, pour cette simple raison qu’elle est basée sur l’expérience, qui est aussi à la base de la science. Mais expérience dans le monde matériel est toute autre chose qu’expérience dans le royaume aérien. La matière première expérimentée et étudiée dans le premier cas est moralement neutre, et elle peut être étudiée de façon objective et vérifiable par d’autres ; mais dans le deuxième cas la matière première est cachée, extrêmement difficile à saisir, et, dans beaucoup de cas, possède une volonté propre — une volonté de tromper l’observateur. Pour cette raison, des investigations sérieuses comme celles des Drs Moody, Crookall, Osis et Haraldsson et Kubler-Ross finissent presque inévitablement par servir à répandre les idées occultes, qui sont naturellement celles qu’on peut tirer d’une étude de l’occulte royaume aérien. C’est seulement avec la certitude (devenue rare aujourd’hui) d’une vérité révélée, se situant au-dessus de toute expérience, que ce royaume occulte peut être éclairé, sa vraie nature reconnue et une distinction faite entre ce royaume inférieur et le royaume supérieur des cieux.

Il a été nécessaire de consacrer ce long chapitre aux expériences extracorporelles afin de définir aussi précisément que possible la nature de ces expériences que connaissent aujourd’hui beaucoup de gens et non seulement des médiums et des occultistes. (Dans la conclusion de ce livre, nous essayerons d’expliquer pourquoi de telles expériences sont devenues si courantes de nos jours). Il est clair que ces expériences sont réelles et que l’on ne peut pas les rejeter comme hallucinations. Mais il est également clair qu’elles ne sont pas spirituelles et les tentatives que font ceux qui les ont eues pour les interpréter comme des expériences spirituelles révélant la vraie nature de la vie après la mort et l’état ultime de l’âme — ne servent qu’à augmenter la confusion spirituelle de l’humanité contemporaine et montrent combien sa conscience est loin des vraies connaissances et expériences spirituelles.
Pour saisir cela le mieux possible, nous allons voir maintenant plusieurs cas de vraies expériences de l’autre monde — le monde éternel du Ciel qui ne s’ouvre à l’homme que par la Volonté de Dieu et qui est tout à fait différent du royaume aérien que nous avons examiné et qui fait encore partie de ce monde, qui aura une fin.

Note sur la « réincarnation »

Parmi les idées occultes actuellement amplement discutées voire parfois acceptées par ceux qui ont des expériences extracorporelles et après la mort, y compris certains scientifiques, se trouve celle de la réincarnation. Selon cette croyance, l’âme après la mort n’est pas soumise au Jugement particulier pour demeurer ensuite soit en enfer soit au Ciel, en attendant la résurrection du corps et le Jugement dernier, mais (vraisemblablement après un séjour plus ou moins long sur le plan astral) revient sur terre et occupe un corps nouveau, soit animal soit humain.

Cette idée était répandue dans l’Antiquité païenne en Occident, avant d’être remplacée par la doctrine chrétienne ; mais si elle se répand de nouveau aujourd’hui, c’est grâce à l’influence de l’hindouisme et du bouddhisme où elle est communément admise. De nos jours, l’idée est en général humanisée au sens où les gens présument avoir vécu leur vie antérieure en tant qu’hommes, tandis que l’idée la plus commune, aussi bien parmi les Hindous et les bouddhistes que parmi les anciens Grecs et Romains, est qu’il est plutôt rare d’accomplir sa réincarnation comme homme. Pour eux, la plupart des incarnations d’aujourd’hui se font sous forme de bêtes, d’insectes et même de plantes.

Ceux qui croient à cette idée disent qu’elle explique les nombreuses injustices dans la vie terrestre et les phobies d’apparence inexplicables : si l’on est né aveugle ou dans des conditions pauvres, c’est une juste rétribution pour nos actions dans une vie antérieure (ou, comme disent les Hindous et les bouddhistes, à cause du mauvais karma que l’on a) ; si on a peur de l’eau, c’est parce que l’on s’était noyé dans une existence précédente.

Les adeptes de la réincarnation n’ont aucune philosophie approfondie concernant l’origine et la destination de l’âme, ni aucune preuve convaincante pour soutenir leur théorie ; leurs principaux attraits sont ceux, superficiels, de sembler offrir une justice sur terre, d’expliquer quelques mystères psychiques et de fournir un semblant d’immortalité à ceux qui ne l’acceptent pas selon la manière chrétienne.

À l’examiner plus profondément, cependant, la théorie de la réincarnation n’offre aucune explication réelle des injustices : si on souffre dans cette vie pour des péchés et des erreurs dont on ne peut même pas se souvenir, puisqu’ils ont eu lieu dans une autre vie et pour lesquels (si on était antérieurement une bête) on ne peut même pas être tenu responsable, et si (selon la doctrine bouddhiste) il n’y a même pas un soi qui survive d’une incarnation à l’autre, et si les erreurs qu’on a commises étaient littéralement celles de quelqu’un d’autre — alors il n’y a pas de justice reconnaissable du tout, mais seulement une souffrance aveugle de maux dont on ne peut retracer l’origine. La doctrine chrétienne de la chute d’Adam, comme origine de tous les maux du monde, offre une bien meilleure explication des injustices dans le monde ; et la révélation chrétienne de la Justice parfaite de Dieu dans son Jugement des hommes pour la vie éternelle au Ciel ou en enfer rend inutile et inintéressante l’idée de parvenir à la justice par des incarnations successives dans ce monde.

Pendant ces dernières dizaines d’années, l’idée de la réincarnation a gagné un nombre remarquable d’adeptes dans le monde occidental et il y a eu de nombreux cas suggérant une mémoire des vies passées ; beaucoup de gens aussi reviennent des expériences extracorporelles avec la croyance que ces expériences suggèrent ou insinuent l’idée de la réincarnation. Que devons-nous penser de ces cas ?

Très peu de ces cas, notons-le, offrent davantage pour preuve que de vagues circonstances, qui peuvent aussi bien être les produits de pure imagination : Un enfant est né avec une marque au cou et par la suite il se souvient qu’il avait été pendu comme voleur de chevaux dans sa vie antérieure ; une personne a peur des hauteurs, et puis se souvient qu’il était mort en tombant dans sa vie passée etc. La tendance naturellement humaine à l’imagination nous interdit de considérer de tels cas comme des preuves pour étayer la réincarnation.

Dans beaucoup de cas cependant, de telles vies antérieures ont été découvertes par une technique hypnotique appelée hypnose régressive, qui, dans bien des cas, a donné des résultats frappants dans l’évocation d’événements oubliés depuis longtemps par le conscient, événements d’un passé lointain, allant jusqu’à la petite enfance. L’hypnotiseur ramène une personne à l’enfance et puis demande : « Et avant cela ? » Souvent, dans de tels cas, la personne se rappelle sa mort ou même une vie entière différente ; mais que penser de tels souvenirs ?

Des hypnotiseurs compétents admettront eux-mêmes les écueils de l’hypnose régressive. Dr Arthur C. Hastings, spécialiste californien en psychologie de la communication, remarque que

la chose la plus évidente qui apparaît sous hypnose est que la personne est extrêmement réceptive à toutes suggestions subtiles, inconscientes, non-verbales aussi bien que verbales de l’hypnotiseur et elle est très complaisante. Si vous lui demandez d’aller dans une vie antérieure et qu’elle n’en ait pas, elle va vous en inventer une ! Si vous suggérez qu’elle a vu un OVNI, elle aura vu un OVNI ». 43

Un hypnotiseur travaillant à Chicago, Dr Larry Garrett, qui a fait lui — même quelque 500 régressions hypnotiques, dit que ces régressions sont souvent inexactes même dans les cas où il s’agit seulement de se souvenir d’un événement qui a eu lieu dans cette vie :

Très souvent, les gens se forgent un passé, soit en prenant leurs désirs pour la réalité, soit à partir de leur fantasmes, rêves ou d’autres choses de la même sorte… N’importe qui ayant regardé l’hypnose régressive de près, trouverait que bien souvent les gens ont une imagination si intense qu’ils passeraient de longues heures assis là à inventer n’importe quoi pour faire plaisir à l’hypnotiseur . 44

Un autre chercheur dans ce domaine écrit :

Cette méthode est hasardeuse, principalement à cause de la tendance de l’inconscient à la fabulation dramatique. Ce qui ressort sous hypnose peut bien être, en effet, un rêve du genre de l’existence antérieure que le sujet aurait aimé vivre ou qu’il croit, à tort ou à raison, avoir vécue… Un psychologue a donné l’ordre à un nombre de sujets hypnotisés de se souvenir d’une existence antérieure et tous l’ont fait sans exception. Quelques-uns de ces récits étaient remplis de détails pittoresques et semblaient convaincants… Cependant, lorsque le psychologue les a de nouveau hypnotisés, ils étaient capables, en transe, de rattacher chaque élément de leur récit d’une vie antérieure à une source de leur passé — une personne qu’ils connaissaient étant enfant, des scènes de romans qu’ils avaient lus ou de films qu’ils avaient vus, etc.  45

Mais que dire des cas, de ces cas dernièrement si célèbres, où des personnes donnent comme preuve objective de leur vie antérieure — leurs souvenirs de tels détails de temps et de lieu, qu’elles n’auraient certainement pas pu connaître d’elles-mêmes, mais qui peuvent être vérifiés à l’aide de documents historiques ?

De tels cas semblent très convaincants à ceux qui sont déjà enclins à croire à la réincarnation ; mais cette sorte de preuve n’est pas différente de l’information habituelle (pouvant être très frappante aussi) fournies par les esprits à des séances et il n’y a aucune raison de supposer que la source en soit différente. Si les esprits des séances sont des démons, alors l’information sur la vie antérieure de quelqu’un peut aussi être fournie par des démons. Le but est le même dans les deux cas : celui de confondre les hommes par un étalage éblouissant de connaissances apparemment surnaturelles, et de les tromper ainsi au sujet de la vraie nature de la vie après la mort, pour les laisser l’affronter sans préparation spirituelle.

Même des occultistes qui sont favorables en général à l’idée de la réincarnation reconnaissent que la preuve en faveur de la réincarnation peut être interprétée de diverses façons. Une vulgarisatrice américaine des idées occultes croit que « la plupart des exemples cités qui témoignent de la réalité de la réincarnation peuvent très bien être des cas de possession » 46 La possession, selon ces occultistes, a lieu lorsqu’une personne morte prend possession du corps d’un vivant, dont la personnalité et l’identité même semblent s’altérer, donnant l’impression qu’il est dominé par les caractéristiques de sa vie antérieure. Ces êtres qui possèdent les hommes ont beau se faire passer pour des âmes de défunts : ce sont, bien évidemment, des démons. Le fameux recueil récent des « Vingt cas suggérant la réincarnation » du Dr lan Stevenson semble être en effet une collection de cas de telles possessions.

L’Église chrétienne primitive combattait l’idée de la réincarnation, qui avait pénétré dans le monde chrétien par des doctrines orientales, comme celle des manichéens. La fausse doctrine d’Origène concernant la préexistence des âmes était étroitement liée à ces doctrines orientales et le Cinquième concile œcuménique réuni en 553 à Constantinople l’a fortement condamnée et a anathématisé ses adeptes. Beaucoup de pères de l’Église ont écrit contre, notamment saint Ambroise de Milan en Occident 47, Saint Grégoire de Nysse en Orient 48 et d’autres.

Au chrétien orthodoxe d’aujourd’hui, qui serait tenté par cette idée ou qui cherche une explication de la soi-disant preuve alléguée, il suffit de penser à trois dogmes fondamentaux de la foi chrétienne qui réfutent d’emblée la possibilité même de la réincarnation :

  1. La Résurrection du corps. Le Christ est ressuscité des morts dans le Corps même qui était mort de la mort de tous les hommes, et est devenu prémices de tous les hommes, dont le corps sera aussi ressuscité le dernier jour et rejoindra l’âme pour vivre éternellement au Ciel ou en enfer, selon le juste Jugement de leur vie terrestre par Dieu. Ce corps ressuscité, comme celui du Christ Lui-même, sera différent de notre corps terrestre en ce qu’il sera plus subtil, plus ressemblant à la nature angélique. Autrement, il ne pourrait pas vivre au royaume des cieux où il n’y a plus de mort ni de corruption ; mais il sera quand même le même corps, miraculeusement restauré et rendu apte par Dieu à la vie éternelle, comme l’a vu Ézéchiel dans sa vision des ossements desséchés [Ez XXXVII.1-14]. Au Ciel, les rachetés se reconnaîtront les uns les autres. Le corps est ainsi une partie inaliénable de la personne entière qui vivra éternellement, et l’idée de plusieurs corps appartenant à la même personne est une négation de la nature même du royaume des cieux, que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment.
  2. Notre Rédemption par Jésus Christ. Dieu S’est incarné, par sa Vie, sa Passion et sa Mort sur la Croix, Il nous a rachetés de la domination du péché et de la mort. Dans son Église, nous sommes sauvés et transformés pour pouvoir vivre dans le royaume des cieux, sans subir de punition pour nos transgressions passées. Mais selon la théorie de la réincarnation, même si par hasard on est sauvé, c’est seulement après plusieurs vies de peine pour effacer les conséquences de nos péchés. C’est le légalisme froid et sinistre des religions païennes, qui fut totalement aboli par le sacrifice du Christ sur la Croix ; le larron de son côté droit fut sauvé en un instant par sa foi au Fils de Dieu, le mauvais karma de ses actes criminels étant aussitôt effacé par la Grâce de Dieu.
  3. Le Jugement. Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, mais après, vient le jugement [Heb 9,27]. La vie humaine est une période unique et décisive d’épreuve, après laquelle il n’y a pas de seconde chance, mais seulement le Jugement de Dieu, qui est à la fois juste et miséricordieux et qui s’exercera en tenant compte de l’état dans lequel se trouvera notre âme à la fin de cette vie.

Dans ces trois doctrines, la révélation chrétienne est parfaitement précise et certaine, en contraste avec les religions païennes, qui ne croient ni à la Résurrection ni à la Rédemption et n’ont que de vagues notions du Jugement et de la vie future. La seule et unique réponse valable à toutes les expériences supposées de vie antérieure est précisément l’enseignement clairement défini de l’Église orthodoxe du Christ sur la nature de la vie humaine et les rapports de Dieu avec les hommes.

 

 


 

Traduction de Catherine Pountney

Publié en format numérique sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

Nous tenons à remercier l’archimandrite Cassien pour la permission de reproduire ici cet ouvrage.

 


 

 

 

  1. Ed. by W. Y. Evans-Wentz, Oxford University Press, Paperback ed., 1960
  2. The Book of the Dead, tr. by E. A. Wallis Budge, Bell Publishing Co., N.Y., 1960
  3. Emanuel Swedenborg, Heaven and Hell, tr. By George F. Dole, Swendenborg Foundation, Inc., N.Y., 1976, section 421
  4. R. L. Tafel, Documents Concerning Swedenborg, vol. 1, pp. 35–6. Voir Wilson Van Dusen, The Presence of Other Worlds [The Psychological-Spiritual Findings of Emanuel Swedenborg], Harper and Row, N.Y., 1973, pp. 19–63, pour une description de l’ouverture des « yeux spirituels » de Swedenborg
  5. Benjamin Walker, Beyond the Body: The Human Double and the Astral Planes, Routledge and Kegan Paul, London, 1974, pp. 117–18.
  6. A. E. Powell, The Astral Body, The Theosophical Publishing House, Wheaton, Ill., 1972, p. 123
  7. Powell, p. 94
  8. Évêque Ignace, Œuvres réunies, vol. III, p. 75
  9. Celia Green, Out-of-the-Body Experiences, Ballantine Books, N.Y., 1975
  10. Robert Crookall, Out-of-the-Body Experiences, The Citadel Press, Secaucus, N. J., 1970, pp. 11–13
  11. Life After Life, pp. 23-24
  12. pp. 14-15
  13. C. G. Jung, The Interpretation of Nature and the Psyche, Routledge and Kegan Paul, London, 1955, p. 128
  14. Life after Life, pp. 54-5
  15. Robert A. Monroe, Journeys Out of the Body, Anchor Books [Doubleday], Garden City, New York, 1977 [first printing, 1971]
  16. p. 52
  17. p. 82
  18. p. 89
  19. pp. 137-140
  20. pp. 145 ff
  21. pp. 131-2
  22. p. 116
  23. p. 73
  24. pp. 120-121
  25. pp. 123-5
  26. pp. 122-3
  27. pp. 260-261
  28. Cette dernière expérience est très similaire à celle subie par de nombreuses personnes aujourd’hui lors de rencontres rapprochées avec des « objets volants non identifiés » [OVNI]. L’expérience occulte de la rencontre des esprits déchus aériens est toujours une seule et même expérience, même si elle s’exprime à travers des images et des symboles différents, correspondant aux attentes humaines. [Pour une discussion du côté occulte des rencontres d’OVNI, voir l’Orthodoxie et la religion du futur, St. Herman Monastery Press, 2e édition, 1979, ch. VI.])
  29. p. 262
  30. L’observation de Monroe, faite également par de nombreux autres expérimentateurs dans ce domaine, selon laquelle les expériences « extracorporelles » sont invariablement accompagnées d’un haut degré d’excitation sexuelle, ne fait que confirmer le fait que ces expériences attirent le côté inférieur de la nature de l’homme et n’ont rien de spirituel.
  31. Stanislav Grof and Joan Halifax, The Human Encounter with Death, E.P. Dutton, New York, 1977
  32. Voir M. Eliade, Shamanism, Routledge and Kegan Paul, London, 1961
  33. 2 octobre
  34. The Orthodox Word,1976, no. 70, pp. 136–38
  35. Heaven and Hell, Sections 440–442
  36. Apulée, L’Âne d’or ou les Métamorphoses — 13. Le livre d’Isis, XI.23, 6-7.  Proserpine [ou Perséphone] était la reine d’Hadès dans la mythologie grecque et romaine.
  37. Livre des morts tibétain
  38. voir Allen Spreggett, The Case for Immortality, New American Library, New York, 1974. p. 73
  39. David Winter, Hereafter: What Happens after Death? Harold Shaw Publishers, Wheaton, Ill., 1977, p. 90
  40. Reflections on Life after Life, pp. 9-14
  41. Emerton, Letters of St. Boniface, p. 25
  42. dans le Livre des morts tibétain
  43. J. Allen Hynek and Jacques Vallee, The Edge of Reality, Henry Regnery Co., Chicago, 1975, p. 107
  44. The Edge of Reality, p. 91-92
  45. Allen Spraggett, The Case for Immortality, New American Library, New York, 1974, pp. 137–38
  46. Suzy Smith, Life is Forever, G. P. Putnam’s Sons, New York, 1974, p. 171
  47. Sur la croyance en la résurrection, Livre II
  48. Sur l’âme et la résurrection

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