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Le sang des martyrs est semence de Chrétiens

14 août 2020

La vie et la mort de martyre d’un missionnaire, le père Daniel Sysoev

The Orthodox Word , Vol.45, No.5 (268), p. 209-223
traduction: hesychia.eu

Où nous apprenons comment un pasteur de l’Église orthodoxe russe a offert sa vie pour sauver les âmes de ses brebis et nous découvrons son regard sur l’Église orthodoxe au XXIe siècle.

 

 

 

1. Un bref aperçu de la vie du père Daniel

 

Dans la nuit du 19 au 20 novembre 2009, l’un des missionnaires orthodoxes les plus remarquables de Russie, le père Daniel Sysoev, a été tué dans son église par un assaillant inconnu. Le prêtre de trente-cinq ans était très respecté au sein de l’Église orthodoxe russe pour son grand zèle pour la foi et pour ses nombreux écrits. Il avait reçu de nombreuses menaces de mort au fil des ans pour son travail missionnaire parmi les musulmans, dont quatre-vingts s’étaient convertis au christianisme grâce à son travail. Le 25 décembre 2009, un groupe extrémiste islamiste du Caucase du Nord s’est attribué le mérite du meurtre de père Daniel, précisant qu’il avait été tué par un fidèle musulman qui avait fait vœu à Doku Umarov, ancien président de la Tchétchénie, d’« exécuter le damné Sysoev ». Selon cette déclaration, après avoir tué le p. Daniel l’assaillant est parti dans le Caucase pour combattre aux côtés de militants musulmans locaux, où il a lui-même été rapidement tué.

Père Daniel Sysoev était le fils aîné d’un père russe, le prêtre Alexeï Nikolaevitch, et d’une mère tatare, Anna Midhkatovna.

Dans son enfance, deux incidents remarquables témoignent de son appel indéniable à la vie religieuse. Lorsque Daniel est né en 1974, ses parents n’étaient pas encore baptisés. Il a été baptisé ensemble avec eux en 1979, alors que Daniel avait cinq ans. Pendant la célébration, alors qu’ils étaient conduits autour des fonts baptismaux, il vit un ange ressemblant à un homme aux vêtements ardents, debout à côté des fonts. Il a demandé à ses parents s’ils l’avaient vu, mais il avait été le seul à le faire. Par la suite, il a mentionné plusieurs fois cet épisode.

Le deuxième incident s’est produit pendant ses années d’école, dans les années 1980, c’est-à-dire lorsque la Russie était encore sous le joug communiste. Un jour, son professeur a mis le jeune Daniel devant toute la classe et lui a demandé : « Crois-tu en Dieu ? » et « Est-ce que tu connais des prières ? ». Ses camarades de classe, ayant reçu une éducation athéiste, se mirent à rire bruyamment, disant que l’astronaute Youri Gagarine était allé dans l’espace et n’avait pas vu Dieu. Après une courte pause, Daniel a dit : « Oui, je crois en Dieu et je connais beaucoup de prières ».

L’appel à la prêtrise du père Daniel a également eu lieu pendant son enfance. Contrairement à beaucoup de collègues de sa génération, il n’était pas un adolescent rebelle. Il brûlait du feu de l’amour pour Dieu dès son plus jeune âge et a maintenu cette foi ardente sans faille jusqu’à son départ.

 

 

 

 

Père Daniel a été ordonné prêtre en 2001 par Sa Sainteté le patriarche Alexie II, qui l’a appelé le premier prêtre ordonné dans l’Église orthodoxe russe au troisième millénaire. Il a ensuite été affecté à la paroisse des saints Pierre et Paul à Moscou, où son père avait servi également. En 2003, il a fondé une nouvelle paroisse dans la région de Kantemirov près de Moscou, un territoire qui comprenait des résidents de diverses confessions religieuses, mais, jusqu’à récemment, presque pas de croyants orthodoxes. Avec la bénédiction du patriarche Alexie II, il a commencé à organiser la construction d’une église dédiée à son saint patron, le saint Prophète Daniel. En 2006, une église temporaire en bois a été construite, dédiée au saint apôtre Thomas. C’est dans cette église que le p. Daniel a rencontré sa fin de martyre.

 

 

 

Père Daniel était un prédicateur doué et donnait des sermons inspirés, non seulement à la Divine Liturgie, mais à chaque office de l’Église. Son âme brûlait du désir de nourrir les brebis du Christ et de conduire les âmes perdues et affamées au Corps du Christ, l’Église orthodoxe. Son sentiment d’urgence dans cette œuvre salutaire l’amenait à rechercher constamment de nouvelles façons d’aider son prochain à trouver la Vérité et à grandir sur le chemin de l’union avec Dieu. Son approche était directe, audacieuse et courageuse, et était éclairée par son amour brûlant pour Dieu et le prochain. Le titre de l’un des nombreux livres missionnaires dont il est l’auteur, Pourquoi n’êtes-vous pas encore baptisé ?, est révélateur de la manière dont il a mené son œuvre apostolique.

 

 

Le père Daniel a commencé son travail missionnaire en 1996, alors qu’il était encore diacre, avec l’établissement de causeries bibliques hebdomadaires, chaque jeudi soir. Il proposait des explications, chapitre par chapitre, de l’Ancien et du Nouveau Testament, avec des commentaires tirés des saints pères. Ces conférences bibliques visaient à éclairer les personnes intéressées non-orthodoxes, ainsi qu’à aider les orthodoxes ayant subi les influences des sectes et les occultistes.

À l’église Saint-Thomas, le P. Daniel a développé un cours, composé de douze séances de trois heures, pour les « missionnaires de rue » orthodoxes, qui devaient sortir et discuter de la foi avec les gens sur la place publique. Parmi ceux qui ont bénéficié de ses activités à cet égard se trouvaient des athées, des musulmans, divers types de protestants et même des satanistes et des skinheads.

Toujours dans les années 1990, le P. Daniel a commencé à travailler au centre de réadaptation Saint-Jean de Kronstadt à Moscou, afin d’aider les gens à se remettre des méthodes de contrôle mental des cultes pseudo-religieux.

Père Daniel était très actif dans la défense de l’enseignement biblique/patristique orthodoxe sur la création et contre l’enseignement séculier moderne de l’évolution. Après la chute du régime soviétique, pendant lequel l’évolutionnisme était enseigné comme doctrine d’État, le père Daniel a été l’un des premiers à proposer une critique soutenue de l’évolution d’un point de vue orthodoxe. Ses livres Chronique du commencement (1999) et L’Hexaéméron vs. L’évolution (2000) sont le fruit de son étude approfondie de l’enseignement biblique et patristique sur la création du monde et de l’homme. En 2000, il a aidé un autre pasteur dévoué, le P. Constantine Bufeyev, docteur en géologie, pour créer un centre missionnaire spécifiquement destiné à la défense et à la propagation de l’enseignement orthodoxe sur la création. Appelé « Shestodnev » (« Six jours »), le centre a été fondé avec la bénédiction du patriarche Alexie II. Le père Daniel a été le premier secrétaire du centre, et chaque année il a donné des conférences lors des rencontres à Moscou, « L’interprétation orthodoxe de la création du monde et la science moderne », qui comprenaient des conférences par des docteurs en sciences, des théologues et des catéchistes venus de plusieurs pays. Il a également édité et écrit un article pour l’anthologie Révélation divine et science contemporaine (2001).

 

 

Père Daniel était un homme intense et ne perdait pas de temps. Il a toujours senti qu’il n’aurait pas assez de temps pour accomplir tout ce qu’il voulait. Il ne pouvait pas supporter les paroles oiseuses. Pourtant, malgré toute son intensité, il souriait toujours et plaisantait même.

Son frère Basile se rappelle qu’environ deux ans avant sa mort, le père Daniel s’est cassé la jambe. Pour une raison quelconque, le doyen diocésain ne lui a pas fourni de remplaçant pour servir dans son église. Père Daniel ne voulait pas que son église soit sans la Divine Liturgie, et il a célébré lui-même. Il est sorti de l’autel pour la grande Entrée, manifestement dans une grande douleur. Pourtant, il l’a surmonté et, avec un sourire sur son visage, a récité la prière nécessaire, puis a servi le reste de la liturgie dans un fauteuil roulant.

Père Daniel aimait profondément les offices divins de l’Église et la beauté et la logique de leur structure. Il n’a pas accepté le libéralisme liturgique. Il y a ceux au sein de l’Église qui croient que, dans l’intérêt de l’œuvre missionnaire, l’Église a besoin de s’adapter au monde. Père Daniel, au contraire, a pris une position maximaliste, à la fois en ce qui concerne les offices de l’Église et le travail d’évangélisation. Il croyait que c’était la véritable approche missionnaire.

 

 


 

Alors que son approche du christianisme était strictement traditionnelle, son culte n’était pas formel, mais au service du Dieu vivant. En 2008, juste avant la conférence du Patriarcat de Moscou « Le pastorat : dans la tradition et dans le présent », le père Daniel a répondu aux questions d’un journaliste :

Je pense que l’un des problèmes les plus importants auxquels est confrontée l’Église orthodoxe en Russie, et même au-delà de ses frontières, est la rigor mortis de l’Église. L’Église est considérée comme une sorte de cadavre ; on pense qu’elle est congelée et que rien ne doit y être changé. Il est compréhensible que nous ne devions pas changer les dogmes et la tradition de l’Église — personne ne conteste cela. Cependant, le problème est que les gens essaient de préserver les superstitions et la fausse idéologie et, ce qui est pire, ils essaient de s’accrocher aux vestiges périmés de la période soviétique. J’ai parcouru le territoire canonique du Patriarcat de Moscou et partout j’ai vu un seul et unique tableau. Les gens ne connaissent pas Dieu ni comment le salut a lieu ; et tout leur temps est consacré à des questions totalement insignifiantes telles que les détails de tel ou tel rite, les détails de certaines politiques ecclésiales, ou la vision locale d’une région ou d’une autre.
À mon avis, c’est un énorme malheur que les gens aient perdu Christ en tant que centre de leurs vies. Les gens ont oublié que nous sommes avant tout chrétiens, enfants de Dieu le Père et du Christ, et que nous devons avancer vers la sainteté et le salut. Dans ce cadre, on voit une controverse sur la réception fréquente de la Sainte Communion, qui nous unit avec le Seigneur. Certains pensent que cela n’est pas important, qu’on peut en quelque sorte « gagner » son salut. Cependant, ils ne se rendent pas compte qu’il s’agit de l’hérésie de Pélage — qu’on peut gagner son salut par ses propres efforts.
D’un autre côté, l’exemple de vie dévote qu’ils proposent est pécheur, pur et simple : c’est une déformation de la vraie Tradition de l’Église. Par exemple, on entend que les Russes, parce qu’ils sont russes, sont déjà orthodoxes. Dans un article que j’ai lu, j’ai trouvé l’affirmation selon laquelle même les athées sont véritablement orthodoxes, s’ils font partie de la culture russe. C’est le remplacement de la foi par la culture. L’orthodoxie est la Révélation de Dieu, préservée dans sa pureté depuis l’époque des apôtres. On voit maintenant des efforts de la part de certains pour remplacer le Nouveau Testament par des mythes nationaux, y compris des anciens contre lesquels l’Église s’est toujours battue. Ils propagent des fables païennes sur la « Terre mère » au lieu de voir le Christ comme la base de toute culture.

 

Le paganisme se déguise souvent dans l’Église sous l’apparence du christianisme — non pas dans des manifestations extérieures manifestes, mais caché sous une façade piétiste. Les gens oublient que leur but est d’atteindre la sainteté. Certains d’entre eux croient que c’est un péché même de penser à une telle possibilité, qu’ils puissent atteindre la sainteté, même si c’est l’accomplissement d’un commandement direct du Seigneur. Nous ne devons épargner aucun effort pour surmonter ce problème. Pour vaincre cette attitude, nous devons lancer un nouvel appel pour que les gens retournent à la sainteté. Pour cela, il est nécessaire de relancer la catéchèse dans l’Église entière. Même ceux qui sont déjà baptisés devraient étudier la foi. Les gens doivent savoir en Qui ils croient et ce qu’ils doivent faire pour s’approcher de Lui. Les gens qui viennent à l’église la voient comme une chaîne de production d’offices spirituels. On ne leur propose aucune croissance spirituelle et par conséquent, ils vont aux sectaires.
Les gens pensent, par erreur, que les sectes sont plus faciles que l’Orthodoxie. Récemment, j’ai eu la chance de rencontrer des pentecôtistes. J’ai appris que c’est leur pratique de prier cinq heures par jour. Quel chrétien orthodoxe prie cinq heures par jour ? Le sectarisme est la conséquence du fait que l’Église n’informe pas les gens des commandements du Seigneur, commandements que notre Seigneur Jésus-Christ attend que nous respections. L’Évangile est regardé comme seulement un recueil de paroles pieuses ; elle n’est pas considérée comme un moyen de contact réel avec Dieu. Nous avons tellement peur d’être séduits par le monde que nous finissons par ne rien faire. C’est un terrible problème spirituel. Si nous ne la surmontons pas, de très nombreux chrétiens seront ruinés. C’est une idéologie de rigor mortis. Ce n’est pas du conservatisme : c’est plutôt l’assassinat de l’Église.

 

Père Daniel a trouvé un terme pour décrire son approche du christianisme : « Ouranopolitisme ». Il l’a défini de la manière suivante :

« Ouranopolitisme (du grec ouranos = ciel et polis = ville) est un enseignement qui affirme la suprématie des lois divines sur les lois terrestres, la primauté de l’amour pour le Père céleste et son royaume sur toutes les aspirations naturelles et pécheresses de l’homme. L’ouranopolitisme affirme que notre parenté principale n’est pas celle qui est selon le sang ou l’origine nationale, mais selon la parenté divine, dans le Christ. L’ouranopolitisme affirme que les chrétiens n’ont pas de citoyenneté éternelle ici-bas, mais recherchent le Royaume de Dieu à venir, et pour cette raison rien de terrestre ne pourra enchaîner leurs cœurs. L’ouranopolitisme affirme que les chrétiens sont des errants et des étrangers dans le monde des mortels et que leur patrie est au paradis ».

Alors que le père Daniel était contre le genre de nationalisme qui divise et relègue le christianisme au second plan, il était néanmoins patriote et aimait son pays. Quand certains nationalistes russes, par zèle… mais non selon la connaissance (Rom, 10,2), ont commencé à appeler le tsar-martyr Nicolas II « notre Tsar-rédempteur », le père Daniel a rappelé que seul le Christ est notre Rédempteur. En même temps, avec d’autres Russes pieux, il avait une grande vénération pour le tsar Nicolas en tant que saint et intercesseur céleste.

En véritable citoyen du royaume céleste, le père Daniel se sentait solidaire de ses confrères chrétiens orthodoxes de l’ancienne République yougoslave de Macédoine, qui étaient persécutés par le gouvernement en raison de leur refus du schisme de l’Église orthodoxe universelle pour des motifs nationalistes et séparatistes. Le père Daniel a effectué deux voyages en Macédoine, en 2007 et 2008, afin de soutenir ses frères souffrants de l’Archevêché orthodoxe autonome d’Ohrid (le seul représentant de l’Église canonique dans le pays), ainsi que pour encourager les schismatiques à revenir dans l’Église. Lors du deuxième de ces voyages, il a apporté une icône contenant des reliques des anciens d’Optina pour que les hiérarques, le clergé et les fidèles puissent les vénérer.

 

En Kirghizistan

En Kirghizistan

 

L’œuvre missionnaire du Père Daniel, bien que s’adressant à tous les membres de la société, a trouvé sa pleine expression dans ses efforts pour la conversion des musulmans. En 2007, il a effectué un voyage missionnaire dans la République du Tatarstan, dominée par les musulmans. Au cours de l’été 2008, il a dirigé un groupe missionnaire au Kirghizistan, et en 2009 un autre voyage a été effectué à Zainsk, l’un des centres régionaux du Tatarstan.

De retour à Moscou, le père Daniel a beaucoup fait pour s’approcher des Tatars et d’autres musulmans avec l’Évangile orthodoxe du Christ. Il est allé à leur rencontre de la même manière que les apôtres des premiers siècles faisaient leur travail : il s’est rendu chez eux, a participé à leurs fêtes et a entamé des discussions avec eux. Il a écrit des brochures missionnaires sur une variété de sujets — y compris une explication simple du symbole de la foi et d’autres sujets catéchétiques — dont certains ont été traduits dans les langues des républiques à prédominance musulmane de l’ex-Union soviétique. À la fin de 2005 et au début de 2006, il a lancé une série de débats publics avec un ancien prêtre orthodoxe qui s’était converti à l’islam. Ces débats n’étaient pas de simples polémiques, mais une tentative de dialogue intellectuel honnête. Ses activités ont commencé à porter de fruits lorsque les musulmans ont commencé à se convertir au christianisme orthodoxe. Comme mentionné précédemment, il en a personnellement amené quatre-vingts dans l’Église.

 

Le père Daniel célébrant le baptême

Le père Daniel célébrant le baptême

 

Les efforts du père Daniel pour conduire les gens au Christ, ainsi que ses critiques publiques de l’islam et d’autres enseignements contraires au christianisme orthodoxe, ont commencé à lui faire des ennemis. Quatre ans avant sa mort, il a commencé à recevoir des menaces de mort de la part de musulmans. En outre, à deux reprises, des musulmans ont tenté de porter plainte contre lui pour ses enseignements. Le frère du p. Daniel, Basile, a été témoin lorsque le P. Daniel a été approché, à plusieurs reprises, par des musulmans le menaçant de lui trancher la gorge s’il ne cessait pas ses activités missionnaires envers les musulmans. Le 9 novembre 2009, dix jours seulement avant sa mort, le p. Daniel a écrit dans son blog qu’il avait reçu une autre menace de mort de la part de musulmans, cette fois par téléphone : « C’est déjà la quatorzième fois », a-t-il ajouté. « J’y suis maintenant habitué, même si cela me rendait tendu auparavant… je demande à tous de prier».

Enfin, vers 22 h 40, le 19 novembre, un homme portant un masque chirurgical est entré dans l’église Saint-Thomas et a demandé : « Où est Sysoev ? ». Le directeur de la chorale de l’église, Vladimir Strelbitsky, est sorti le premier et l’homme lui a tiré dessus avec un pistolet avec un silencieux. Quand le p. Daniel est apparu, l’homme lui a tiré deux coups de feu, s’est assuré qu’il était mort, puis s’est échappé. Le père Daniel s’est endormi plus tard dans la nuit sur la table d’opération, mais Vladimir Strelbitsky a survécu. Père Daniel avait servi la Divine Liturgie ce matin-là, et avait donc reçu le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ avant son martyre. Père Daniel a été survécu par sa femme Julia et ses trois filles : Justina, Dorothea et Angelina.

 

 

Quelques jours plus tard, le 6 décembre, le père Vitaly Zubkov, qui a servi avec le père Daniel à l’église Saint-Thomas, a été attaqué et battu par trois hommes alors qu’il se rendait à la Vigile du samedi soir à l’église. Les trois hommes l’ont battu et l’ont roué de coups sans dire un mot. Père Vitaly pense que cette attaque est liée au meurtre du père Daniel. Dans l’esprit du père Daniel, le P. Vitaly, à peine capable de marcher, a servi la Vigile, puis la Divine Liturgie le lendemain.

 


 

2. Funérailles du père Daniel

 

 

 

Les funérailles du père Daniel ont eu lieu à l’Église les Saints Pierre et Paul, le Podvorye de Moscou de l’Hermitage d’Optina, où le père Daniel a déjà servi et où son père sert toujours. Les funérailles ont été célébrées par l’archevêque Arsenius d’Istrinsk, ensemble avec 237 prêtres. Plus d’un millier de croyants étaient également présents. À la fin de l’office funéraire, le patriarche Kyrill de Moscou et de toute la Russie est arrivé et, avant de célébrer un court office commémoratif, a prononcé l’homélie suivante :

Aujourd’hui, nous accompagnons sur le chemin de toutes choses terrestres, le père Daniel Sysoev, un pasteur de Moscou bien connu de tous. Sa vie a été interrompue par une volonté humaine démoniaque. Il est mort d’une mort violente. Il semblerait que le service d’un prêtre soit le service le plus pacifique, car c’est à la paix que le Seigneur nous a appelés. Tout ce qu’un clerc dit en s’adressant au peuple est rempli de cet appel divin : bâtir sa vie sur le fondement de la loi de Dieu, en maintenant la paix avec ceux qui sont proches et lointains.
Au cours des deux mille ans d’existence de l’Église, ce témoignage de la paix de Dieu a été reçu par un si grand nombre de personnes avec un joyeux battement de cœur. Les gens ont ouvert et continuent à ouvrir leurs cœurs et leurs esprits vers l’Évangile. Malgré de nombreuses épreuves et tentations, et les croyances populaires qui forment une vision du monde différente de celle de l’Évangile, les gens essaient néanmoins d’établir leur vie sur le fondement de la parole divine.
Mais cette même histoire de deux mille ans de l’Église témoigne d’autre chose encore : pour beaucoup de gens, cette parole est un défi énorme qui exige une réévaluation de toute leur vie. Parfois, cette parole appelle non pas un battement joyeux du cœur, mais une incroyable, inexprimable méchanceté, et de telles personnes dépensent toute leur force pour lutter contre cette parole divine.
Notre époque ne fait pas exception. Aujourd’hui, aussi bien que dans le passé, la méchanceté humaine se répand souvent contre ceux qui témoignent de la vérité de Dieu, parfois même violemment. Il n’y a rien de nouveau dans l’histoire humaine. Comme l’a merveilleusement dit Tertullien, « Le sang des martyrs est la semence des chrétiens ». La malice et la violence sont déversées sur ceux qui proclament la vérité de Dieu par ceux qui n’ont pas d’autre argument, dont la méchanceté a obscurci leurs yeux. Ne pouvant pas s’opposer intellectuellement et avec sincérité à la parole d’un prêtre, ces personnes font pleuvoir un flot de calomnies et de mauvaises paroles sur le pasteur ou vont jusqu’à lever la main contre lui.
Père Daniel a beaucoup fait pour la confirmation de la vérité de Dieu. Il a pris part à divers types de discussions et de débats et, dans la mesure de sa force et de ses talents, il a défendu la vérité de Dieu. Mais, le plus probablement, le mot le plus fort qu’il a prononcé est celui dont nous sommes tous témoins. Si un homme est tué pour la vérité de Dieu, cela signifie que cette vérité frappe ceux qui ne la reçoivent pas. Cela signifie qu’elle a un pouvoir énorme. C’est pourquoi les paroles de Tertullien ont été confirmées par toute l’histoire chrétienne, et pourquoi chaque nouvelle goutte de sang versée pour le Christ a semé d’abondantes graines de foi et a été la source d’une abondante moisson.
Nous savons que l’œuvre de la vie et de la mort du père Daniel est une graine qui, étant semée dans un sol fertile, produira ses fruits. Pour nous tous qui avons consacré notre service au Seigneur, se tenir devant ce cercueil devrait nous inciter à une profonde contemplation — sur le sens et le caractère de la prédication dans le monde contemporain ; sur l’importance d’accomplir l’œuvre de Dieu de telle sorte que chacune de nos paroles atteigne l’esprit et le cœur de ceux qui nous écoutent ; que nous ne passions pas les jours de nos vies terrestres sans but, dans l’oisiveté et la paresse. Nous croyons que le Seigneur recevra l’âme de son serviteur dans ses demeures célestes, parce qu’il lui a été fidèle jusqu’à la mort. Puissions-nous conserver dans nos cœurs un pieux souvenir éternel du serviteur de Dieu assassiné, le prêtre Daniel.

Père Daniel a été enterré derrière l’autel de l’Église de l’icône du Sauveur non-faite-par-les-mains dans le cimetière Kuntsev à Moscou.

 

 


 

3. Une esquisse autobiographique écrite par le père Daniel en 2001

 

Moi, le prêtre Daniel Alexeyevitch Sysoev, je suis né le 12 janvier 1974 à Moscou dans une famille d’enseignants et d’artistes. Mon père, le prêtre Alexey Nikolaevitch Sysoev, est recteur de l’église de l’apôtre Jean le Théologien au Gymnase classique orthodoxe de Yasenevo, et est également clerc à l’Église de saints Pierre et Paul à Yasenevo. Ma mère, Anna Midhkatovna Amirova, enseigne le catéchisme dans le même gymnase.
J’ai reçu le mystère du saint baptême le 31 octobre 1977 dans l’église de la Trinité vivifiante des collines de Vorobiev, par le prêtre Eugène. À partir de 1977, nous sommes devenus des paroissiens réguliers de l’église Saint-Nicolas le Thaumaturge à Kuznets Sloboda. Ensuite, nous avons également visité la petite cathédrale du monastère de Donskoï et l’église de la Déposition-de-la-robe-de-la-Vierge à Shabolovka. Lorsque mon père était serviteur d’autel à l’église de la décapitation de Saint-Jean le Précurseur dans le village d’Afineyevo près de Moscou, je l’ai aidé dans l’autel et j’ai chanté dans le cliros. Au cours de l’été 1988, j’ai participé aux travaux de restauration du monastère d’Optina. Lorsque la restauration de l’église de Tous les Saints de l’ancien monastère de Novoalexeyev a commencé, j’ai aussi chanté dans le cliros et le recteur, le père Artemy Vladimirov, m’a recommandé d’entrer au séminaire théologique de Moscou.
Après avoir terminé l’école secondaire en 1991, je suis entré au séminaire théologique de Moscou. Pendant mes études au séminaire, j’ai eu l’obéissance de chanteur et directeur du chœur mixte d’une école de chef-de-chœur. Le 19 décembre 1994, Sa Grâce Rotislav, évêque de Magadan et de Tchoukotka, m’a tonsuré en tant que lecteur.

 

 

Le 22 janvier 1995, j’ai épousé une fille orthodoxe, Julia Mikhailovna Brykina. Le sacrement du mariage a été célébré dans l’église de Saint-Jean le Théologien par le prêtre Dionysius Pozdnyaev. Cette même année, ma fille Justina est née.

 

 

Le 13 mai 1995, Sa Grâce Mgr Eugène, évêque de Verey, m’a ordonné diacre. Le 14 juin 1995, j’ai obtenu mon diplôme du Séminaire théologique de Moscou à la tête de ma classe et je me suis inscrit au cours par correspondance de l’Académie théologique de Moscou, dont j’ai obtenu mon diplôme en 2000. Le 9 juin 2000, le Conseil de l’Académie Théologique de Moscou a approuvé ma thèse de candidat, « L’anthropologie et l’analyse des adventistes du septième jour et de la Société de la Tour de veille ».
Après avoir obtenu mon diplôme du Séminaire, j’ai été nommé par décret patriarcal comme prêtre régulier dans l’Église de la Dormition de Très Sainte Théotokos à Gontchary — la Métochia bulgare.
Depuis septembre 1995, j’ai enseigné le catéchisme aux classes supérieures du Gymnase Classique Orthodoxe de Yasenevo. Le 24 mai 2000, j’ai reçu une lettre de remerciement pour mon enseignement par le Département d’éducation religieuse et de catéchèse.
À partir d’août 1996, avec la bénédiction de Sa Toute-Sainteté le Patriarche [Alexie II], j’ai conduit des entretiens bibliques missionnaires à la Métochia patriarcale de Krutitsa avec des personnes qui avaient souffert de l’influence des sectes et des occultistes. Après l’ouverture du centre de réadaptation Saint-Jean de Cronstadt, dirigé par l’hiéromoine Anatoly (Berestov), j’ai commencé à y travailler.
En 1999, avec la bénédiction de Sa Toute-Sainteté, le Patriarche, la Maison d’édition du Monastère de Sretensy a publié mon livre, La Chronique du Commencement, dédié à la défense de l’enseignement patristique sur la création du monde.
En 2000, j’ai obtenu mon diplôme de l’Académie théologique de Moscou en tant que candidat en théologie. En 2001, j’ai été ordonné prêtre. Cette même année, ma deuxième fille, Dorothea, est née.

 

 

J’ai servi dans l’Église des Saints Apôtres Pierre et Paul à Yasenevo (à Moscou). J’ai été secrétaire du centre missionnaire-éducatif « Shestodnev » et membre du centre de réhabilitation Saint-Jean de Cronstadt pour les victimes de cultes totalitaires et de mouvements pseudo-religieux. Je suis l’auteur du livre Les chroniques du commencement (Moscou, 1999), éditeur de l’anthologie L’Hexaemeron vs. L’Evolution (Moscou, 2000) et de l’anthologie La Révélation divine et les sciences contemporaines (Moscou, 2001). J’ai publié plus d’une dizaine d’articles sur la création et les questions anti-sectaires.

 


 

 

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