Arsenie Boca, Communisme, Histoire, La foi vivante de l’église orthodoxe, La voie du Royaume, Orthodoxie, Prière, Vivre la foi ...

LA VIE ET L’ŒUVRE DU PERE ARSENIE BOCA – III

6 juin 2020

Les liens entre le père Arsenie et la résistance anticommuniste dans les montagnes

Père Ioan Gâscă, Părintele Arsenie Boca, mare îndrumător de suflete din sec. XX – O sinteză a gândirii Părintelui Arsenie în 800 de capete, ed. Teognost, 2002

traduction: hesychia.eu

Entre la résistance anticommuniste qui existait dans les montagnes Făgăraș et le père Arsenie Boca, confesseur au monastère de Sâmbăta durant cette période, on a affirmé, et on affirme toujours qu’il y avait un lien, à savoir que le père a soutenu « directement » les combattants dans les montagnes, « moralement et matériellement ». C’est le témoignage des survivants de la résistance anticommuniste qui, en 1995, ont érigé devant le monastère de Sâmbăta une croix-monument « à la mémoire de ceux qui se sont sacrifiés dans les combats contre le communisme athée » et ont gravé le nom du père Arsenie Boca au « lieu d’honneur », pour ces raisons :

XVIIIe siècle, Transylvanie

Les 40 saints martyres

« En tant que supérieur du monastère Brâncoveanu, il a gardé allumé la flamme de la foi contre le communisme athée, rapprochant le peuple autour des autels du Christ. Nous avons jugé cette résistance plus importante que la lutte armée ou politique contre le communisme ; le père Arsenie Boca a aidé directement les combattants de la résistance du pays de Făgăraș, entre les années 1945 à 1948, moralement et matériellement ; avec son soutien, ont eu lieu en 1947 les rencontres qui ont conduit à un combat uni de toutes les forces anticommunistes du pays. Pour son attitude anticommuniste, le père Arsenie fut expulsé, arrêté en mai 1948, torturé par la Securitate, et condamné à la prison et aux travaux forcés ; partout, il fut un exemple de dignité et un soutien pour ses frères de souffrance. Il a été ensuite tenu aussi éloigné que possible de Sâmbăta jusqu’à sa mort, humilié et isolé, mais recherché en permanence par les habitants de la région, à qui il a prodigué conseils et encouragements. Pour toutes ces raisons, nous considérons que le père Arsenie Boca a été l’homme qui a apporté la plus grande contribution à la lutte anticommuniste. Et, en signe de grande estime, nous avons gravé son nom sur la croix élevée devant monastère où il a été supérieur pendant plusieurs années. Que son souvenir reste sans tâche ! »

En ce qui concerne le lien entre le père Arsenie et la résistance dans les montagnes, mis à part les survivants de la résistance anticommuniste de Făgăraș ou d’autres anciens prisonniers politiques, le métropolite de Transylvanie aussi, le père Antonie Plămădeală, en fait mention.

« On parlait aussi dans les journaux de la résistance dans les montagnes, donc ce n’était pas quelque chose d’inconnu. On savait qu’il y avait des groupes d’officiers, on connaissait le groupe de Timișoara, celui des Carpates du Sud. Personnellement, j’en savais même plus. J’ai eu des relations avec le père Arsenie Boca, alors supérieur du monastère de Brâncoveanu, qui était un mentor spirituel de toute la Transylvanie et même au-delà des frontières montagneuses. Je venais passer mes vacances ici. (…)
En tant qu’étudiant à Bucarest, j’ai entendu parler du mouvement de Sâmbăta, mais il n’y avait pas que moi : beaucoup d’autres la connaissaient. Avec l’argent que nous avons pu mettre de côté de nos bourses, nous sommes venus une première fois pour les vacances à Sâmbăta (…) Après avoir passé ces premières vacances ici, après avoir eu une première discussion avec le père Arsenie, il a en quelque sorte posé ses yeux sur moi. Bien qu’ici venaient des étudiants de Cluj et d’autres endroits, je suis devenu son préféré. (…)
De cette façon, il avait une confiance très forte en moi, si grande que des fois nous sortions juste nous deux nous promener sur le lac. Une fois, j’ai été témoin de sa rencontre avec les résistants, quand il a aussi rempli leurs besaces de provisions.
Celui qui a érigé récemment la croix devant le monastère de Brâncoveanu à la mémoire de ceux qui sont morts dans les montagnes connaît très bien ces choses. Leurs propres délégués, vêtus en bergers, sont venus ici au monastère, et le père Arsenie leur a rempli les sacs de pain, de lardons et d’autres vivres. J’ai été témoin de beaucoup de ces rencontres. On ne peut pas dire, comme l’a affirmé un certain père, qui a effacé le nom du père Arsenie de la croix, qu’on a politisé le père Arsenie. Ce n’est pas vrai ! Je sais ce qui s’est passé et cela ne veut pas dire que je politise Arsenie et que je le retire du rang des saints, comme il tente de le faire… Il défendait alors une cause sainte qui était celle de la liberté et la foi, et il a aidé les combattants des montagnes, quelle que soit leur couleur politique.

J’ai donc été témoin de la façon dont le père Arsenie leur a transmis et leur a donné des sacs remplis de provisions, pour les combattants des montagnes. J’ai assisté à plusieurs reprises aux conversations du père Arsenie avec Nicolae Pătraşcu, dirigeant du Mouvement Légionnaire après Codreanu et Sima, celui qui a conclu le pacte avec Teohari Georgescu concernant le positionnement des légionnaires dans la nouvelle société. Bien sûr, il s’agissait d’un pacte de forme qu’ils n’ont pas respecté et pour lequel Pătrașcu a été arrêté par la suite et est mort en prison, mais j’ai assisté aux discussions de Pătrașcu avec le père Arsenie Boca. J’ai assisté aux conversations au bord du lac, entre le père Arsenie et les combattants parachutés durant ces années en provenance d’Allemagne, venus organiser la résistance roumaine. Je pense que parmi eux il y avait Vică Negulescu, qui a récemment écrit un livre et il n’affirme pas que le père Arsenie était un légionnaire. Non ! Il le faisait au nom de la foi chrétienne et au nom de son devoir il aidait les personnes persécutées. »
Cependant, « tous ceux qui ont participé aux cours de spiritualité chrétienne entre 1946 à 1948, qui forment la matière de la Voie du Royaume [Cărarea împărăției], savent très bien que le Père n’a dirigé personne vers la résistance et la désobéissance ; au contraire, il leur a rappelé les idéaux du Sermon sur la Montagne, qu’il a témoigné jusqu’aux dernières heures de sa vie, les encourageant à adopter en toute sincérité l’idéal de vie chrétienne ; car, pour lui, il ne leur appartenait pas d’empêcher ce qui devait arriver. C’est donc Dieu qui organise ce qui doit arriver, selon leur comportement, leur obéissance à Dieu et la profondeur de leurs vies quotidiennes. »

Il est très approprié de mentionner ici le témoignage réaliste du Père Archimandrite Teofil Părăian et de le garder en mémoire :

« Le père Arsenie dit quelque part, dans un de ses sermons, il est écrit quelque part, que l’antisémitisme ne tient pas du christianisme, que le chrétien n’a pas le droit et ne peut pas être antisémite. Sur le monument de Sâmbăta, il est écrit : “Patrie, notre mère, ils sont morts pour vous”. Et il est écrit (il l’était) le nom du Père : “Hiéromoine Arsenie Boca”. Or, le père n’est pas mort pour le pays. Le père avait peut-être des liens avec l’un ou l’autre, mais il n’y avait plus de sens. C’est-à-dire que les partisans, lorsqu’ils se sont retrouvés dans les montagnes, ils n’ont pu rien faire pour le pays, pour le bien du pays, par la foi chrétienne. Pour quelle raison ? Parce que, depuis le moment où ils se sont retirés dans les montagnes, ils n’ont fait que garder leur peau. Ils ont résisté tant qu’ils ont résisté, mais on sait que certains d’entre eux ont été piégés et que d’autres sont morts dans les combats avec la Securitate ».

 


La kellia du père Arsenie

« Qu’ils sont beaux sur les montagnes les pieds de celui qui annonce et prêche la paix, qui annonce la bonne nouvelle, qui prêche le salut » (Isaïe LII 7)

Le père Arsenie a toujours pris en compte les labeurs ascétiques et cela depuis sa plus tendre enfance, car pendant ses études il était considéré comme un « saint » par ses collègues.
« Soucieux d’une authentique vie spirituelle, sans aucun doute et avec une grande sincérité, il commença à mener une vie très ascétique. Il partait le matin dans les bois, avec une mince planche en bois, sur laquelle il s’agenouillait pour prier et méditer longtemps. »

En conséquence, le père Arsenie avait déjà une préparation ascétique quand il est venu au monastère. Ce qui explique aussi son désir, par la suite, de construire une cellule au cœur de la montagne pour se retirer.
D’après les découvertes faites sur place par le père Boldor, à la source de la vallée de Sâmbăta, sur un bord de falaise, avec une pente presque verticale, il a nivelé le rocher. À l’intérieur de la montagne, il a creusé une ouverture d’une hauteur de 1,65 – 1,75 m et d’une largeur de 0,80 m, qu’il commence à élargir à l’intérieur, dans l’intention de faire une cellule au « cœur » de la montagne. Découvrant des fissures dans le rocher, il construit un échafaud suspendu en avant, vers la vallée, et attaque la montagne par une ouverture voûtée d’environ 2 m, mais les travaux s’arrêtent à une profondeur d’environ 1 m.

Le père Arsenie a établi un lieu de retraite, qui n’était finalement pas une retraite, ni pour lui ni pour personne d’autre, puisqu’il y a une cabane touristique à proximité. Le père n’a pas creusé la cellule seul, comme on le croit. Le père travaillait avec des gens.
La cellule est un début, un couloir à partir duquel on devait entrer dans une pièce à gauche. Il a abandonné parce qu’il a constaté que l’eau s’infiltrait à l’intérieur. Et puis, les travaux ont été abandonnés pour cette raison, mais aussi parce qu’il est parti et parce qu’il ne voulait pas qu’on soupçonne des liens entre lui et les partisans de la montagne.

Mais finalement, il est arrivé au père Arsenie, ce qui est arrivé à d’autres pères spirituels : Dieu a reçu leur amour et les a renvoyés comme guérisseurs dans le monde dont ils voulaient se retirer.

Même s’Il ne les avait jamais renvoyés, leur fuite aurait toujours été suprêmement créative et précieuse pour la société ; car le moine aide le monde non pas principalement par ce qu’il fait et dit, mais par ce qu’il est, par l’état de prière incessante qui est devenu identique à son être le plus profond. Si saint Antoine et saint Séraphim n’avaient fait que prier dans la solitude, ils auraient toujours servi leurs semblables au plus haut degré. Cependant, comme les choses se sont avérées, Dieu a ordonné qu’ils devraient également servir les autres d’une manière plus directe. Mais ce service direct et visible était essentiellement une conséquence du service invisible qu’ils rendaient par leur prière.

Archévêque Kallistos Ware de Dioklée, The Spiritual Father in Orthodox Christianity, Cross Currents, nos 2-3, 1974, p. 296-313

À ce jour, la cellule du Père est restée un lieu de pèlerinage où les croyants prient, déposent une fleur ou allument une bougie.


Vous avez relevé une erreur dans le contenu de cette page, et vous souhaitez la signaler ? Pour cela, surlignez-la, puis appuyez simultanément sur les touches Ctrl + Entrée. Nous procéderons aux corrections si nécessaire et dès que possible.

Sur le même thème

Pas de commentaire

Laisser un message

Rapport de faute d’orthographe

Le texte suivant sera envoyé à nos rédacteurs :