Iconographie, Orthodoxie

LA VÉNÉRATION ORTHODOXE DE LA MÈRE DE DIEU

20 décembre 2019

Saint Jean Maximovitch (†1966)

The Orthodox Word, 1976, vol. 12, no. 2 (67), p.54-57 / no.3 (68), p.86-89

traduction: hesychia.eu

I. La vénération de la mère de Dieu pendant sa vie terrestre

Depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours, tous ceux qui aiment vraiment le Christ vénèrent celle qui l’a mis au monde, l’a élevé et l’a protégé pendant sa jeunesse. Si Dieu le Père l’a choisi, Dieu le Saint-Esprit est descendu sur elle, et Dieu le Fils a demeuré en elle, s’est soumis à elle pendant sa jeunesse, s’est inquiété pour elle lorsqu’Il a été crucifié – alors, ne devraient-ils pas, tous ceux qui confessent la Sainte Trinité La vénérer ?

Entrée de la Mère de Dieu

Entrée de la Mère de Dieu, XIVe siècle, Russie

Encore au temps de sa vie terrestre, les amis du Christ, les apôtres, manifestèrent un grand intérêt et un grand dévouement pour la Mère du Seigneur, en particulier l’évangéliste Jean le théologien, qui, accomplissant la volonté de son divin Fils, l’a pris chez lui et a pris soin d’elle comme d’une mère, depuis le moment où le Seigneur lui a dit, de la Croix, les mots : «Voici ta mère»•.
L’évangéliste Luc a peint un certain nombre d’images d’elle, certaines avec l’Enfant prééternel, d’autres sans Lui. Quand il les apporta et les montra à la Très Sainte Vierge, elle les approuva et dit : «La grâce de mon Fils sera avec eux», et répéta l’hymne qu’elle avait chanté dans la maison d’Elisabeth : «Mon âme magnifie le Seigneur et mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur». Cependant, durant sa vie terrestre, la Vierge Marie a évité la gloire qui lui appartenait en tant que Mère du Seigneur. Elle a préféré vivre dans le calme et se préparer au départ vers la vie éternelle. Jusqu’au dernier jour de sa vie terrestre, elle a pris soin de se rendre digne du royaume de son fils et, avant de mourir, elle a prié pour qu’Il puisse délivrer son âme des esprits malins qui rencontrent les âmes sur le chemin vers le ciel et s’efforcent de les attraper afin de les emmener avec eux en enfer. Le Seigneur a accompli la prière de sa mère et, à l’heure de sa mort, lui-même est descendu du ciel avec une multitude d’anges pour recevoir son âme.
Puisque la Mère de Dieu avait également prié pour qu’elle puisse faire ses adieux aux apôtres, le Seigneur a réuni pour sa mort tous les apôtres, à l’exception de Thomas, et ils ont été amenés ce jour-là à Jérusalem par une puissance invisible, de tous les recoins du monde habité, où ils prêchaient, et ils étaient présents à sa dormition bénie vers la vie éternelle.
Les apôtres ont donné son corps le plus pur à la sépulture avec des cantiques sacrés et le troisième jour ils ont ouvert la tombe pour vénérer à nouveau les restes de la Mère de Dieu, ensemble avec l’apôtre Thomas, qui était arrivé à Jérusalem. Mais ils n’ont pas retrouvé le corps dans la tombe et, perplexes, ils sont retournés chez eux ; et puis, pendant leur repas, la Mère de Dieu elle-même leur apparut dans les airs, éclairée par une lumière céleste, et leur a dit que son Fils avait également glorifié son corps et qu’elle, ressuscitée, se tenait devant son trône. En même temps, elle leur a promis d’être toujours avec eux.
Les apôtres ont salué la Mère de Dieu avec une grande joie et ont commencé à la vénérer non seulement en tant que Mère de leur Maître et Seigneur bien-aimé, mais aussi en tant que leur secours céleste, en tant que protectrice des chrétiens, intercédant pour toute la race humaine devant le Juste Juge. Et partout où l’évangile de Christ était prêché, sa très pure Mère commençait aussi à être glorifiée.

II. Les premiers ennemis de la vénération de la mère de Dieu

Plus la foi du Christ se répandait et le nom du Sauveur du monde était glorifié sur la terre, et avec lui aussi celle qui avait été destinée à être la mère de l’Homme-Dieu — plus la haine des ennemis de Christ a grandi envers elle. Marie était la mère de Jésus. Elle a manifesté un exemple de pureté et de justice sans précédent et, de plus, maintenant, après être partie de cette vie, elle était devenue un puissant soutien pour les chrétiens, même si invisible pour les yeux charnels. Par conséquent, tous ceux qui haïssaient Jésus-Christ et ne croyaient pas en lui, qui ne comprenaient pas son enseignement ou, pour être plus précis, ne souhaitaient pas comprendre comme le comprenait l’Église, qui souhaitaient remplacer la prédication du Christ par leurs propres raisonnements humains, tous ceux-ci ont transféré leur haine du Christ, de l’Évangile et de l’Église à la Très pure Vierge Marie. Ils ont voulu rabaisser la mère afin de détruire ainsi la foi aussi en son fils, de créer une fausse image d’elle parmi les hommes afin de pouvoir reconstruire l’ensemble de l’enseignement chrétien sur un fondement différent. Dans le ventre de Marie, Dieu et l’homme ont été unis. Elle était celle qui servait en quelque sorte d’échelle pour le Fils de Dieu, qui descendit du ciel. Porter un coup à sa vénération signifie frapper le christianisme à sa racine, le détruire dans ses fondements mêmes.
Et le tout début de sa gloire céleste a été marqué sur la terre par un élan de méchanceté et de haine envers elle par des incroyants. Quand, après son saint repos, les apôtres portèrent son corps pour l’inhumation à Gethsémani, à l’endroit qu’elle avait choisi, Jean le théologien s’est rendit en avance, en portant la branche du paradis que l’archange Gabriel avait rapportée à la Sainte Vierge trois jours auparavant, quand il est venu du ciel pour lui annoncer son départ imminent vers les demeures célestes.

«Quand Israël est sorti d’Egypte et que la maison de Jacob est venue d’un peuple barbare», a scandé Saint-Pierre, tiré du Psaume 114  ; «Alléluia», a chanté toute l’assemblée des apôtres avec leurs disciples, par exemple, Denis l’Aréopagite, qui avait également été transporté miraculeusement pour cette occasion à Jérusalem. Et pendant que l’on chantait cet hymne sacré, que le juifs appellent le «Grand Alléluia», c’est-à-dire le grand «Louange à Toi, Seigneur», un prêtre juif, Athonius, a sauté jusqu’au brancard et a voulu le renverser et jeter à terre le corps de la Mère de Dieu.

L’effrontément d’Athonius fut aussitôt puni : l’archange Michel avec une épée invisible lui coupa la main qui est restée pendue au brancard. Athonius, abasourdi, éprouvant une douleur déchirante, conscient de son péché, se tourna en prière vers Jésus, qu’Il avait détesté jusque-là, et il fut immédiatement guéri. Il n’a pas tardé à accepter le christianisme et à le confesser devant ses anciens coreligionnaires, ce qui a provoqué sa mort comme martyr. Ainsi, la tentative d’offenser l’honneur de la Mère de Dieu a servi sa plus grande glorification.
Les ennemis du Christ ont décidé de ne plus manifester leur manque de vénération pour le corps de la Très-Pure Mère de Dieu à cette occasion par une violence brutale, mais leur malice ne cessa pas pour autant. Voyant que le christianisme se répandait partout, ils ont commencé à répandre diverses calomnies sur les chrétiens. Ils n’épargnèrent pas non plus le nom de la Mère du Christ et ils inventèrent le récit selon lequel Jésus de Nazareth était issu d’un milieu immoral et malsain et que sa mère s’était associée à un certain soldat romain.
Mais ici le mensonge était trop évident pour que cette fiction attire une attention sérieuse. Toute la famille de Joseph le fiancé et de Marie elle-même était bien connue des habitants de Nazareth et de la campagne environnante à leur époque.
Et étant venu en son pays, il les enseignait dans leur Synagogue, de telle sorte qu’ils en étaient étonnés, et disaient : d’où viennent à celui-ci cette science et ces vertus ? Celui-ci n’est-il pas le fils du charpentier ? sa mère ne s’appelle-t-elle pas Marie ? et ses frères ne s’appellent-ils pas Jacques, Joseph, Simon et Jude ? (Mt 13,54-55•; Mc 6,3; Lc 4,22)
Ainsi ont parlé ses compatriotes à Nazareth lorsque Christ leur a révélé dans la synagogue sa sagesse d’un autre monde. Dans les petites villes, les problèmes familiaux de chacun sont bien connus ; une surveillance très stricte était maintenue sur la pureté de la vie conjugale.
Les gens se seraient-ils vraiment comportés avec respect envers Jésus, l’avaient-ils appelé à prêcher dans la synagogue, s’il était né d’une cohabitation illégitime ? On aurait appliqué à Marie la loi de Moïse, qui commandait que de telles personnes soient lapidées à mort ; et les pharisiens en auraient profité à maintes reprises pour reprocher à Christ la conduite de sa mère. Mais c’est le contraire qui s’est passé. Marie jouissait d’un grand respect ; à Cana, elle était une invitée d’honneur au mariage et, même lorsque son fils a été condamné, personne ne s’est permis de ridiculiser ou de censurer sa mère.

L’Annonciation

L’Annonciation, 14e siècle, Galeries Tretyakov

III. Les tentatives des juifs et des hérétiques de déshonorer la virginité de Marie

Les calomniateurs juifs devinrent bientôt convaincus qu’il était presque impossible de déshonorer la Mère de Jésus et, sur la base des informations qu’ils possédaient eux-mêmes, il était beaucoup plus facile de prouver sa vie vénérable. Par conséquent, ils abandonnèrent cette calomnie, qui avait déjà été reprise par les païens (Origen, Contre Celsus, I), et s’efforcèrent de prouver au moins que Marie n’était pas une vierge lorsqu’elle donna naissance au Christ. Ils ont même affirmé que les prophéties concernant l’accouchement du Messie par une vierge n’avaient jamais existé et que, par conséquent, il était tout à fait vain que les chrétiens aient pensé exalter Jésus par le fait qu’une prophétie était supposée s’accomplir en lui.
On a trouvé des traducteurs juifs (Aquila, Symmaque, Théodosien) qui ont fait de nouvelles traductions de l’Ancien Testament en grec et qui ont traduit la prophétie bien connue d’Isaïe (Es 7,14) ainsi : Voici, une jeune femme va concevoir. Ils ont affirmé que le mot hébreu Aalma signifiait «jeune femme» et non pas «vierge», comme indiqué dans la sainte traduction des Soixante-dix Traducteurs [Septante], où ce passage avait été traduit «Voyez, une vierge concevra».
Par cette nouvelle traduction, ils voulaient prouver que, sur la base d’une traduction erronée du mot Aalma, les chrétiens pensaient attribuer à Marie une chose absolument impossible — accoucher sans un homme, alors qu’en réalité la naissance du Christ n’était en rien différente des autres naissances humaines.
Cependant, la mauvaise intention des nouveaux traducteurs a été clairement révélée, car, en comparant différents passages de la Bible, il est devenu évident que le mot Aalma signifiait précisément «vierge». Et en effet, non seulement les Juifs, mais même les païens, sur la base de leurs propres traditions et de diverses prophéties, s’attendaient à ce que le Rédempteur du monde naisse d’une Vierge. Les évangiles indiquaient clairement que le Seigneur Jésus était né d’une Vierge.

Comment cela sera-t-il, puisque je ne connais pas d’homme ? demanda Marie, qui avait fait vœu de virginité, à l’archange Gabriel, qui l’avait informée de la naissance du Christ.
Et l’Ange répondit : Le Saint-Esprit viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te couvrira de son ombre. C’est pourquoi le saint enfant qui naîtra de toi sera appelé Fils de Dieu. (Lc 1,34-35).

Plus tard, l’Ange apparut aussi au juste Joseph, qui avait voulu éloigner Marie de sa maison, voyant qu’elle avait conçu sans entrer en cohabitation conjugale avec lui.

À Joseph l’archange Gabriel a dit : ne crains pas de prendre avec toi Marie, ta femme, car l’enfant qu’elle a conçu vient du Saint-Esprit, et il lui a rappelé la prophétie d’Isaïe selon laquelle une vierge concevrait (Mt 1,18-25).

La verge d’Aaron qui bourgeonnait, le rocher arraché de la montagne sans les mains, vu par Nebucadnessar dans un rêve et interprétée par le prophète Daniel, la porte fermée vue par le prophète Ezekiel, et bien d’autres choses dans l’Ancien Testament, préfiguraient l’accouchement de la Vierge. Tout comme Adam avait été créé par la Parole de Dieu à partir de la terre vierge et non labouré, de même la Parole de Dieu s’est faite chair à partir d’un ventre vierge lorsque le Fils de Dieu est devenu le nouvel Adam afin de corriger la chute dans le péché du premier Adam (lorsqu’Il s’est incarné et s’est fait homme, il a récapitulé en lui-même la longue histoire des hommes et nous a procuré le salut en raccourci, de sorte que ce que nous avions perdu en Adam, c’est-à-dire d’être à l’image et à la ressemblance de Dieu, nous le recouvrions dans le Christ Jésus. St Irénée de Lyon, Traité Contre les Hérésies, livre III).
La naissance du Christ sans semence ne peut être niée que par ceux qui nient l’Évangile, alors que l’Église du Christ depuis les temps anciens confesse le Christ «incarné du Saint-Esprit et de la Vierge Marie». Mais la naissance de Dieu de la Vierge était une pierre d’achoppement pour ceux qui souhaitaient s’appeler chrétiens, mais ne souhaitaient pas s’humilier eux-mêmes et s’efforcer à atteindre la pureté de la vie. La vie pure de Marie était un reproche pour ceux qui étaient impurs aussi dans leurs pensées. Afin de se montrer chrétiens, ils n’ont pas osé nier que le Christ était né d’une Vierge, mais ils ont commencé à affirmer que Marie ne restait vierge que jusqu’à ce qu’elle ait donné naissance à son fils aîné, Jésus (Mt 1,25).
« Après la naissance de Jésus », dit le faux docteur Helvidius au 4ème siècle, ainsi que de nombreux autres avant et après lui , «Marie entra dans la vie conjugale avec Joseph et eut de lui des enfants, appelés dans les évangiles les frères et sœurs du Christ.» Mais le mot «jusqu’à» ne signifie pas que Marie ne resta vierge que jusqu’à un certain temps. Le mot «jusqu’à» et des mots similaires signifient souvent l’éternité. Dans la Sainte Écriture, il est dit de Christ : En ses jours le juste fleurira, et la paix sera grande jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de lune (Ps. 72,7), mais cela ne veut pas dire que, quand il n’y aura plus de lune à la fin du monde, la justice de Dieu ne sera plus ; c’est précisément alors qu’elle triomphera. Et qu’est-ce que cela signifie quand il est dit : Car il faut qu’Il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous les ennemis sous ses pieds (I Cor. 15,25). Le Seigneur ne doit-il régner que pour le temps jusqu’à ce que ses ennemis soient sous ses pieds ?! Et David, dans le quatrième psaume des Ascensions, dit : Voici, comme les yeux des serviteurs sont fixés sur la main de leurs maîtres, et les yeux de la servante sur la main de sa maîtresse, ainsi nos yeux se tournent vers l’Eternel, notre Dieu, jusqu’à ce qu’il ait pitié de nous (Ps. 122, 2). Ainsi, le prophète regardera vers le Seigneur jusqu’à ce qu’il obtienne la miséricorde, mais après l’avoir obtenue, il dirigera son regard vers la terre ? (Le bienheureux Jérôme, Sur la virginité de Sainte-Marie) Le Sauveur dans l’Évangile dit aux apôtres (Mt 28,20) : Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde. Ainsi, après la fin du monde, le Seigneur se retirera de ses disciples, et ensuite, quand ils jugeront les douze tribus d’Israël sur douze trônes, ils n’auront pas la communion promise avec le Seigneur ? (Bienheureux Jérôme, op. cit.)
De même, il est incorrect de penser que les frères et sœurs du Christ étaient les enfants de sa très sainte mère. Les noms de «frère» et «sœur» ont plusieurs significations distinctes. Signifiant une certaine parenté entre les gens ou leur proximité spirituelle, ces mots sont utilisés parfois dans un sens plus large et parfois plus étroit. Quoi qu’il en soit, les gens sont appelés frères ou sœurs s’ils ont un père ou une mère en commun ; ou même s’ils ont des pères et des mères différents, si leurs parents plus tard (devenus veufs) se sont mariés (beaux-frères) ; ou si leurs parents sont liés par des liens étroits de parenté.
Dans l’Évangile, on ne voit nul part que ceux qui y sont appelés les frères de Jésus étaient ou étaient considérés comme les enfants de sa mère. Au contraire, on savait que Jacques et d’autres étaient les fils de Joseph, le fiancé de Marie, veuf avec des enfants de sa première femme. (Saint Épiphane de Chypre, Panarion, 78) De même, la sœur de sa mère, Marie, épouse de Cléophas, qui se tenait à ses côtés au pied de la Croix du Seigneur (Jean 19, 25), avait aussi des enfants qui, à cause de la parenté aussi étroite et de plein droit pourraient également être appelés frères du Seigneur. Le fait que le Seigneur ait confié sa mère avant sa mort à son disciple bien-aimé Jean montre clairement que les soi-disant frères et sœurs du Seigneur n’étaient pas les enfants de sa mère. Pourquoi devrait-il faire cela si elle avait d’autres enfants que lui ? Ils auraient eux-mêmes pris soin d’elle. Les fils de Joseph, le prétendu père de Jésus, ne se considéraient pas obligés de prendre soin de celle qu’ils considéraient comme leur belle-mère, ou du moins, ils n’avaient pas pour Elle un tel amour que les enfants de sang ont pour leurs parents et tel que Jean, fils adoptif, avait pour elle.
Ainsi, une étude attentive de la Sainte Écriture révèle en toute clarté le manque de substance des objections contre la virginité perpétuelle de Marie et fait honte à ceux qui enseignent différemment.

 

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