Chrysostome, Orthodoxie

A QUI NE SE NUIT PAS A LUI-MÊME NUL NE PEUT NUIRE – I

18 mai 2019

par saint Jean Chrysostome

Ce magnifique discours, dont le titre seul est comme l’abrégé de la philosophie chrétienne, a été écrit à Cucuse, l’an 406. Nous voyons, par la quatrième lettre de saint Chrysostome, qu’il l’envoya à sainte Olympiade pour la consoler dans ses maux; pour l’engager à se mettre au-dessus de toutes ses disgrâces.


 

Annonciation

Icône de l’Annonciation // Transylvanie // XVIIIe siècle

 


L’orateur, dans un magnifique exorde, annonce qu’un préjugé presque universel pourra faire regarder sa proposition comme invraisemblable; mais il demande qu’on l’écoute sans prévention, et il espère qu’alors on ne pourra disconvenir de la vérité de ce qu’il avance. Avant d’entrer en matière, il examine en quoi consiste le dommage, ce qui constitue le vrai mérite de l’homme, ce qui lui fait réellement tort. Il rapporte, pour rendre la chose plus claire, plusieurs exemples tirés des êtres animés, et inanimés; et après avoir bien établi que ce ne sont ni les richesses, ni la santé, ni la réputation, ni la liberté, ni même la. vie, qui constituent le vrai mérite de l’homme, il prouve victorieusement, par les exemples de Job, d’Abel, de Joseph, de Lazare, de saint Paul, que les persécutions et les maux, loin de leur faire aucun tort, ont fortifié leur vertu, relevé leur gloire, et que si Adam a succombé sous les attaques du démon, c’est à sa propre faiblesse, plutôt qu’à la malice de cet esprit impur, qu’il devait imputer sa défaite. Saint Jean Chrysostome interrompt son sujet par une excursion éloquente sur les richesses. Il peint, des couleurs les plus vives, et perce des traits les plus forts, cette cupidité fatale répandue sur toute la terre, et qui embrase tons les coeurs. Afin d’en éteindre les feux, s’il est possible, il démontre que les richesses ne sont à désirer ni pour les plaisirs de la table qu’elles procurent, ni pour les honneurs qui les accompagnent , ni pour la troupe d’adulateurs qu’elles attirent, ni pour la facilité qu’elles donnent de se venger de ses ennemis. Après cette excursion, il revient à son sujet, et le prouve par un grand nombre d’exemples, qu’il tire de l’Ecriture sainte, et qu’il développe avec cette abondance qui lui était si naturelle, il prouve en même temps ces deux vérités : que les persécutions, quelles qu’elles soient, et les afflictions, ne font que fortifier et illustrer davantage les âmes fortes; au lieu que les plus grandes faveurs et les plus signalés bienfaits ne servent de rien aux âmes faibles, ne les empêchent pas de succomber et de commettre une infinité de fautes.


1. Je sais bien que les esprits épais, attachés au présent, cloués à la terre, esclaves des plaisirs sensibles , indifférents aux choses de la pensée, vont trouver ce discours étrange, incroyable; ils ne se feront pas faute d’en rire, et ils prononceront contre nous, que l’invraisemblance se montre dès les premiers mots de notre proposition.

Ce n’est pas une raison pour nous d’y renoncer; au contraire, pour cette raison même, nous ferons les plus grands efforts afin de la démontrer, ce que nous entreprenons avec une vive ardeur.

Que ceux qui ne pensent pas comme nous, veuillent bien, sans trouble, sans tumulte, attendre jusqu’à la fin de ce discours; je suis persuadé qu’ils se rangeront de notre côté, que c’est contre eux-mêmes qu’ils prononceront; qu’ils reconnaîtront avoir été dans l’erreur; qu’on les entendra chanter la palinodie, s’excuser, demander pardon pour leurs faux jugements, nous témoigner toute leur reconnaissance, comme font les malades aux médecins qui les ont guéris des maux qui assiégeaient leur corps.

Ne m’opposez pas la pensée qui maintenant vous possède; attendez jusqu’à la fin des combats que vont livrer nos paroles, et c’est alors qu’il vous sera possible de porter un juste jugement, sans que l’ignorance vous empêche de discerner la vérité. Que font les juges assis pour décider des affaires du siècle? Ils ont beau voir celui qui parle le premier, dans le mouvement impétueux qui l’emporte, inonder tout des flots de son éloquence, ce n’est qu’après avoir écouté patiemment la réponse de l’adversaire, qu’ils osent porter leur jugement; le premier aurait beau paraître avoir mille fois pour lui la justice, ils conservent à son contradicteur toute l’intégrité de leur attention. Telle est en effet la vertu qu’on exige des juges, écouter avec une rigoureuse attention les deus parties, et n’introduire qu’après le jugement qui leur est propre.

Eh bien donc! nous avons aujourd’hui, comme une manière d’orateur parlant le premier, ce préjugé vulgaire, et depuis longtemps enraciné dans une foule d’esprits, qui adresse son discours à la terre entière : Tout, s’écrie-t-il, n’est que bouleversement, confusion partout dans le genre humain, chaque jour, en nombre prodigieux, les injustices, les outrages, les violences, les faibles écrasés par les forts; les pauvres par les riches; et pas plus que les flots de la mer, l’on ne peut compter les trames perfides, les injustices, les douleurs de l’humanité ; les lois ne corrigent rien ; la crainte des jugements n’arrête rien, rien ne triomphe de cette maladie, de cette peste; de jour en jour, au contraire, le fléau s’étend ; partout les lamentations, les gémissements, les larmes des opprimés; et ceux qui ont pour mission de remédier au désordre , irritent la tempêté , et font durer la maladie. Conséquences d’un tel spectacle , nombre d’insensés, d’infortunés se laissent prendre d’un nouveau délire; ils accusent la providence de Dieu, parce qu’ils voient, à chaque instant, l’homme sage et vertueux, blessé, déchiré, étouffé, tandis que le scélérat qui ne craint rien, l’infâme issu de parents infâmes, s’enrichit, se revêt du pouvoir, devient redoutable en grand nombre, cause à ceux qui valent bien mieux que lui, mille affreuses douleurs, soumettant à son audace, et les villes, et les provinces, et les déserts, et les continents, et la mer. De là la nécessité de ce discours pour réfuter ce que vous venez d’entendre, pour livrer un combat étrange, comme je l’ai dit en commençant, étrange, incroyable, mais utile, fondé sur la vérité, profitable à l’auditeur attentif et docile; ce discours se propose de démontrer (écoutez sans trouble), que personne, parmi les victimes de l’injustice, n’est victime de l’injustice d’autrui, mais de sa propre injustice.

 

2. Pour plus de clarté, voyons d’abord qu’est-ce que l’injustice, quels en sont les éléments? Qu’est-ce enfin que la vertu de l’homme? le nuisible à la vertu qu’est-ce? et encore qu’est-ce qui semble lui être nuisible, mais ne lui est pas nuisible en réalité?

Par exemple (des exemples sont nécessaires pour que notre discours ait tout son développement), chaque chose a ce qui lui est nuisible: pour le fer, la rouille; les vers, pour la laine; pour les troupeaux de brebis, les loups. Le vin éprouve un dommage par la décomposition qui l’aigrit; ce qui est nuisible au miel, c’est de perdre sa naturelle douceur, et de dégénérer en une liqueur amère. Pour les blés, pour les moissons, ce qui leur nuit, c’est la nielle, c’est la sécheresse; le raisin, les pampres et les sarments sont dévastés par les années de sauterelles; d’autres végétaux, par les chenilles; les corps, qui n’ont pas la raison en partage, par la diversité des maladies; nous ne ferons pas une revue complète qui allongerait ce discours, mais voyez, pour notre chair, le nuisible, ce sont les fièvres, les paralysies, l’essaim des autres maladies. Eh bien! De même que chacun de ces objets a ce qui ruine sa vertu particulière, voyons, examinons ce qui est nuisible à notre espèce, à l’homme; qu’est-ce enfin qui ruine la vertu de l’homme? Le grand nombre s’arrête à des causes que nous n’admettons pas. Il en faut bien parler, exposer les opinions fausses, les écarter; c’est ainsi que nous mettrons en lumière le mal réel qui nuit à la vertu en nous; que nous démontrerons jusqu’à l’évidence, que personne ne peut nous faire éprouver de dommage, ni causer notre ruine, si nous ne nous trahissons pas nous-mêmes.

Ainsi donc le grand nombre, dans l’égarement de ses pensées, attribue à des causes étrangères la ruine de la vertu dans l’homme; les uns disent, pauvreté; les autres maladie; d’outres perte d’argent; d’autres calomnie; il en est,, qui disent, la mort, et ce sont des gémissements, des lamentations sans fin: et l’on s’apitoie, et l’on pleure sur les victimes, et l’on est frappé d’étonnement, et l’on se dit, les uns aux autres : Quel désastre a éprouvé un tel ! tout à coup, il a perdu toute sa fortune. Notre discours maintenant d’un autre au sujet d’un autre: un tel atteint d’une maladie dangereuse a été condamné, par les médecins qui l’ont vu. Celui-ci plaint les prisonniers, celui-là les expatriés, les exilés, cet autre, ceux qui ont perdu la liberté ; un autre encore, ceux qui ont été enlevés par les ennemis et qui sont devenus captifs ; en voici un qui se lamente sur un noyé ou sur un brûlé, ou sur un tel enseveli sous les ruines de sa maison; force gémissements sur tous ceux-là, mais sur ceux qui vivent dans l’iniquité, aucune lamentation; et, ce qu’il y a de plus triste, loin de les plaindre, souvent on célèbre leur bonheur, et voilà justement la cause de tous les maux. Eh bien donc! (mais, comme je vous y ai exhortés en commençant, écoutez sans interrompre), il faut vous démontrer que rien de ce que nous avons dit, n’est nuisible pour l’homme qui vit clans la tempérance, ni ne peut ruiner sa vertu. Dites, répondez-moi: un homme a tout perdu, victime, soit des calomniateurs, soit des brigands, soit de ses propres serviteurs, misérables qui l’ont entièrement dépouillé; eh bien! cette perte, quel dommage a-t-elle causé à sa vertu?
Faisons mieux, si vous permettez ; commençons par définir la vertu de l’homme, après nous être exercés à définir la vertu d’autres êtres, afin de rendre plus facile à comprendre et plus évident, ce que nous voulons expliquer.

3. Quelle est la vertu du cheval? un frein d’or, un caparaçon d’or, des attaches de soie, des couvertures d’un tissu varié, parsemées d’or, un harnais constellé de pierreries, une crinière aux tresses entrelacées d’or? ou la rapidité de la course, la fermeté des jarrets, l’allure élégante, le pied digne d’un coursier généreux, le courage dans les longues routes, le courage des combats; l’énergie vaillante dans la bataille, qui, dans la fuite, sauve son cavalier? N’est-il pas évident que la vertu du cheval éclate dans les derniers traits, non dans les autres?

Et maintenant, quelle est dans les ânes, dans les mulets, la vertu? N’est-ce pas de porter commodément des fardeaux, de franchir facilement les distances, d’avoir le pied aussi solide que la pierre? Dirons-nous que l’extérieur, que ce qui sert à leur équipement, contribue en quoi que ce soit à la vertu qui leur est propre? Nullement. Quelle vigne admirerons-nous? la vigne au feuillage épais, riche de pampres, ou la vigne chargée de fruits? Quelle est la vertu de l’olivier? d’avoir de grands rameaux, une abondante chevelure de feuillage, ou de montrer partout la richesse de son fruit? Appliquons à l’homme cette manière de juger; sachons discerner la vertu de l’homme, et n’appelons dommage que ce qui peut-lui nuire. Quelle est donc la vertu de l’homme?

Ce n’est pas la richesse! ni la santé du corps, ni la réputation, ni simplement la vie, ni la liberté, en sorte que nous devions appréhender et fuir la pauvreté, la maladie, la mauvaise renommée, la mort ou la servitude; c’est, l’application à la doctrine de la vérité, c’est dans la conduite, l’honnêteté. Or, voilà le bien que le démon même ne saurait ravir, si le possesseur est vigilant; et c’est ce que sait bien ce perfide, ce farouche démon.

Car, s’il a dépouillé Job, ce n’était pas, pour l’appauvrir, mais pour le forcer à proférer quelque blasphème; et s’il lui a fait des blessures dans le corps, ce n’était pas pour le rendre malade; mais pour ébranler la vertu de son âme. Eh bien! il a eu beau faire jouer tous ses ressorts, le rendre pauvre, de riche qu’il était, (ce qui, de tous les malheurs nous paraît le plus épouvantable); faire, de ce père de nombreux enfants, un père qui n’a plus d’enfants; il a eu beau lui déchirer tout le corps , avec plus de cruauté que des bourreaux de prêteur (car leurs ongles creusent moins profondément les flancs de leurs victimes, que les vers enfoncés dans la chair de Job pour la ronger; il a eu beau l’envelopper de réprobation (car ses amis venaient lui dire, qu’il n’était pas encore flagellé en raison de ses fautes, et le chargeaient d’accusations) ; il a eu beau, non pas le chasser de sa cité, non pas le faire sortir de sa maison, pour le transporter dans une autre ville, mais lui donner pour maison et pour ville, un fumier, non-seulement il ne lui a fait aucun mal, mais par ses coups perfides il l’a rendu plus glorieux. Non-seulement il ne lui a enlevé réellement aucun bien, quoiqu’il lui ait tant ravi, mais il a grossi son trésor de vertus. Car, après ces épreuves, Job sentait avec bonheur en lui cet accroissement de confiance qu’il devait aux combats vaillamment soutenus. Si tant de souffrances ne lui ont causé aucun mal, quoiqu’elles lui vinssent, non d’un homme mais du monstre qui surpasse les plus méchants de tous les hommes par sa perversité, quoiqu’il eût contre lui le démon, quelle sera désormais l’excuse pour qui dira, un tel m’a fait du mal, un tel m’a causé un préjudice? Car si le démon, ce monstre de perversité, après avoir fait jouer toutes ses machines, lancé tous ses traits, entassé toute l’horreur des misères humaines, et sur la maison de l’homme juste, et sur sa, personne, non-seulement ne lui a fait aucun mal; mais, je l’ai déjà dit, au contraire, lui a été utile, comment pourra-t-on encore imputer son mal à tel on tel, comme si le mal venait des autres, comme si le mal ne venait pas du dedans ?

4. Eh quoi donc, me dira-t-on? N’est-ce pas le démon qui a fait du mal à Adam, qui l’a supplanté, qui l’a chassé du paradis? Non, ce n’est pas le démon, mais la nonchalance de celui qui a souffert le mal; c’est le défaut d’attention et de. vigilance; car si le démon, avec tant et de si grands ressorts, déployés contre Job, ne l’a pas abattu, comment a-t-il pu, avec de plus faibles armes, triompher d’Adam, si celui-ci, par sa propre indolence, ne s’est pas trahi lui-même.

Quoi donc? La victime des calomnies, le malheureux à qui on confisque ses biens, ne reçoit aucun mal? Celui qui perd son patrimoine, qui lutte contre toutes les horreurs de la misère? Non, celui-là n’a subi aucun mal; au contraire, il s’est enrichi, s’il a la modestie en partage: car en quoi, répondez-moi, la pauvreté a-t-elle nui aux apôtres? Ne soutenaient-ils pas contre la faim, contre la soif, contre toutes les privations qui les mettaient à nu, une lutte continuelle, et n’est-ce pas par cela même qu’ils sont devenus illustres, glorieux; qu’ils ont forcé Dieu à leur accorder son éclatant secours? et Lazare, en quoi maladies, blessures, pauvreté, absence de toute assistance, lui ont-elles été nuisibles? N’est-ce pas par cela même qu’il a conquis de plus -nobles couronnes? Et quel mal pour Joseph d’avoir subi la réprobation dans son propre pays et sur la terre étrangère? car on disait de lui: C’est un adultère, c’est un impudique. Quel mal lui a fait la servitude? Quel mal lui a fait l’exil ? N’est-ce pas, pour ces épreuves surtout, que nous le contemplons avec admiration? Et à quoi bon vous parler d’exil, de pauvreté, de réprobation parmi les hommes et de servitude? La mort même, quel mal a-t-elle fait à Abel, quoi qu’elle fût violente, quoiqu’elle fût prématurée, le crime d’un frère? N’est-ce pas pour cela même qu’il est célèbre par toute la terre ?

Voyez-vous comme mon discours a dépassé mes promesses? Car non-seulement il a démontré que personne ne peut recevoir de mal de personne; mais, de plus , que le mal est un profit pour ceux qui font attention à eux-mêmes. Mais pourquoi, me dira-t-on, les peines, les supplices? pourquoi l’enfer, pourquoi tant de menaces, et si effrayantes, si personne, ni ne subit l’injustice, ni ne commet l’injustice? Que dites-vous? Pourquoi cette confusion dans le discours? Je n’ai pas dit que nul ne commet l’injustice, mais j’ai dit que nul ne souffre de l’injustice. Mais comment est-il possible,-me dira-t-on, lorsque tant d’hommes commettent l’injustice, que personne ne souffre de l’injustice? Je viens de vous en donner la raison; les frères de Joseph furent injustes envers lui, mais lui n’a pas souffert de l’injustice. Caïn a attenté à la vie d’Abel, mais Abel n’a pas été victime. De là, châtiments et supplices. C’est que la vertu de ceux qui souffrent, ne fait pas que Dieu supprime les punitions : la perversité des méchants fait que Dieu les inflige. Si ceux qui souffrent le mal, deviennent plus glorieux par le fait de leurs ennemis, cette gloire, ils ne la doivent pas à la volonté de l’ennemi perfide, mais à la force virile, qu’ils ont montrée. Ainsi, aux uns sont décernées les récompenses de leur sagesse; pour les autres sont établis les supplices, préparés à la perversité. On vous a dépouillé de vos biens? Dites: Nu, je suis sorti du ventre de ma mère, nu je m’en retournerai. (Job, I, 21) Ajoutez-y la parole de l’Apôtre: Nous n’avons rien apporté en ce monde, et il est sans doute que nous n’en pouvons rien emporter. (I Tim. VI, 7) On a mal parlé de vous, on vous a chargé de mille outrages? Rappelez-vous cette parole : Malheur à vous lorsque les hommes diront du bien de vous! (Luc, VI, 26) Et réjouissez-vous, et tressaillez d’allégresse, lorsque les hommes prononceront contre vous une parole mauvaise. (Matth. V, 11) Vous avez été jeté en exil; considérez que votre patrie n’est pas en ce monde. Voulez-vous suivre la sagesse? Il vous a été ordonné de regarder la terre entière comme une terre étrangère. Mais vous êtes tombé dans une maladie grave? dites cette parole dé l’Apôtre : Encore que dans nous l’homme extérieur se détruise, néanmoins l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. (II Cor. IV, 16) Mais voici qu’un tel. a subi une mort -violente: considérez Jean, sa tête tranchée dans la prison, apportée sur un plat, servant de salaire à une courtisane qui danse. Considérez les récompenses à venir. Toutes ces souffrances causées par l’injustice d’autrui, expient les péchés, opèrent la sanctification. Telle en est l’utilité incomparable, pour ceux qui savent noblement les supporter.


Trinité

Icône de la Trinité. Transylvanie. XVIIIe siècle


5. Eh bien donc! puisque, ni les pertes d’argent, ni les calomnies et les outrages, ni l’exil, ni les maladies, ni les tourments, ni même ce grand épouvantail: la mort, ne causent aucun dommage à ceux qui en sont frappés; puisqu’au contraire, il y a là utilité et profit, comment vous est-il possible de me montrer qu’on souffre du mal, puisque, de ces causes que je viens de dire, ne résulte aucun mal? Je veux entreprendre une démonstration toule contraire.

Ceux qui souffrent les plus grands maux, des pertes incalculables, qui subissent des souffrances qu’on ne peut guérir, ce sont ceux qui les causent. Car quoi de plus misérable que Caïn se conduisant envers son frère comme vous savez? Qui mérite plus de pitié que l’épouse d’Hérode, qui a tranché la tête de Jean? Que les frères de Joseph, qui l’ont vendu et jeté en exil? Que le démon, qui a déchiré Job de tant de blessures? Car il ne sera pas puni seulement des crimes qu’il fait commettre; mais, pour ses vains efforts, il subira le châtiment terrible de sa malice infernale. Ne voyez-vous pas encore ici comment mon discours a dépassé mes promesses? Non-seulement les victimes que les méchants se proposent de frapper ne souffrent aucun mal, mais encore tout le mal retombe sur la tête de ces méchants.

Evidemment, puisque ni la richesse, ni la liberté, ni le séjour dans la patrie, ni les autres biens que j’ai dits, ne constituent la vertu de l’homme; puisqu’elle consiste dans l’honnêteté, dans l’âme, il s’en suit que, par la perte de ces biens, la vertu de l’homme, en réalité, n’a rien perdu.

Eh quoi ! si quelqu’un vient à perdre la sagesse même? Eh bien ! même dans ce cas, la perte n’est pas le fait d’autrui, la perte vient du dedans; on ne doit l’attribuer qu’à soi-même. Comment, me dit-on, elle vient du dedans? on ne doit l’attribuer qu’à soi-même? Quand un homme, frappé par un autre, ou dépouillé de ses biens, ou subissant quelque grave injure, profère un blasphème, alors il est atteint d’un mal, d’un mal affreux. Toutefois ce mal ne lui vient pas de celui qui lui fait injure, mais il lui vient de sa propre lâcheté. Ce que j’ai dit, je veux le redire. Nul homme, supposez le plus pervers, ne peut faire plus que le démon, acharné, implacable ennemi, ni le dépasser en perversité, en rage funeste. Ce monstre pourtant n’a pas pu, en s’attaquant à un homme qui vivait avant la loi , avant la grâce , malgré tant de traits , tant de coups terribles, lancés contré lui de toutes parts, le supplanter, le renverser, tant est grande l’énergie d’une âme généreuse. Faut-il vous montrer Paul? N’a-t-il pas enduré tant de souffrances qu’il est difficile de les énumérer? Habitant les prisons, chargé de chaînés, traîné en tous lieux, battu de verges par les Juifs, lapidé, les épaules déchirées par les lanières, meurtries par les bâtons, plongé dans la mer, souvent tombé entre les mains des voleurs, souffrant d’une guerre intestine, continuellement tourmenté par ses ennemis, par ses amis mêmes , en butte à mille trames insidieuses, luttant contre la faim, la nudité, victime de toutes les autres afflictions, sans relâche entassées sur lui, bref, mourant chaque jour; eh bien! au milieu de tant de souffrances, si cruelles, non-seulement, il ne fit jamais entendre une parole de blasphème, mais il se réjouissait, il se glorifiait; ici : Je me réjouis, dit-il, de mes souffrances (Col. I, 24) ; ailleurs : Et non-seulement dans cette espérance, mais nous nous glorifions encore dans les afflictions. (Rom. V, 3) S’il se réjouissait, s’il se glorifiait, dans de pareilles épreuves , quelle sera votre excuse, à vous qui n’en subissez pas la moindre partie, et qui blasphémez?

6. Mais il est, m’objecte-t-on, un autre mal que je subis, même sans que je blasphème; privé de ce que je possédais, je n’ai plus rien pour faire l’aumône, me dit-on. Pure allégation et simple prétexte ! Si c’est là ce qui vous afflige; apprenez et comprenez que la pauvreté n’empêche pas de faire l’aumône. Seriez-vous réduit à la dernière indigence, vous n’êtes pas cependant plus pauvre que cette femme qui n’avait qu’une poignée de farine pour tout bien (Rois, XVII, 12 ) ; que cette femme qui possédait en tout deux oboles (Luc, XXl, 2); et l’une et l’autre, pour avoir donné aux indigents tout ce qu’elles possédaient, ont excité les transports de l’admiration.

Une si grande pauvreté n’a pas fait obstacle à une charité si grande; assez magnifique, assez splendide a été l’aumône de ces deux femmes chétives, pour l’emporter sur tout ce qu’il y a de richesses, de somptueuses offrandes; l’opulence de leurs coeurs; la richesse de leur zèle généreux a tout surpassé. Ainsi, même à cet égard, vous n’éprouvez aucun tort ; au contraire, vous avez gagné de conquérir, à peu de prix, de plus belles couronnes que les riches avec tous leurs dons. Mais nous aurions beau le redire à satiété : les âmes, attachées à la chair, qui se plaisent dans le tourbillon du monde, qui s’enivrent des choses présentes, ne consentiront pas à perdre ces fleurs si vite flétries (telles sont les joies de la vie sur cette terre) ; les hommes ne renoncent pas à ces ombres; au contraire, les plus honnêtes s’attachent, de toutes leurs forces, et aux biens véritables et aux prétendus biens; les malheureux, les infortunés, possèdent la meilleure part du bonheur réel, la plus faible du bonheur mensonger.

Arrachons donc les masques brillants, éclatants, et faisons voir la honteuse et hideuse réalité. Montrons l’infamie de la courtisane. J’appelle de ce nom la vie qui se livre aux délices, aux richesses, aux séductions de la puissance ; honteuse, hideuse, infâme ; pleine de dégoûts, de peines et d’amertumes. Voici, en effet, ce qui ôte toute excuse à ceux qui se laissent prendre aux attraits, de cette vie; c’est que, malgré ces dégoûts , malgré son amertume, elle. leur paraît désirable , et qu’ils la chérissent, quels qu’en soient les maux infinis, les dangers, les flots de sang qui la rougissent; les précipices, les écueils, les meurtres, les angoisses et les terreurs, et la haine, et l’envie qui l’escorte, et les perfidies, et les soucis, et les inquiétudes sans fin; quoiqu’elle ne présente aucun gain; quoiqu’elle ne produise aucun fruit de tant de douleurs, si ce n’est les châtiments, les supplices, les tourments éternels. Oui, cette vie, telle qu’elle est, paraît enviable au grand nombre, désirable au prix de tous les combats, ce qui résulte de la démence de l’âme ainsi captive, et non de la réalité du bonheur., Voyez les petits enfants, attachés à leurs jeux qu’ils chérissent et qu’ils admirent; ils ne peuvent pas comprendre les affaires qui conviennent à l’âge mûr; mais on peut au moins pardonner aux enfants; leurs erreurs sont de leur âge. Au contraire, les insensés dont je parle, sont dépourvus de toute excuse possible. Parvenus à l’âge mûr, ils ont des pensées puériles, ét la simplicité des enfants n’égale pas leur démence.
Car enfin pourquoi faut-il rechercher la richesse répondez-moi? Telle doit être en effet notre première étude, puisque la santé, la vie, la considération auprès du peuple, une bonne réputation; patrie, amis, parents, tout semble moins précieux que les richesses à la plupart de ceux que tient cette grave maladie : l’avarice.

Voyez ce bûcher qui monte jusqu’aux nues, cette fournaise qui enferme et embrase et la terre et la mer. Pour éteindre cette flamme, personne. Pour activer le feu, tous les hommes; tant ceux que la flamme a déjà pris, que ceux qu’elle n’a pas pris encore, et qui veulent se faire prendre. Et vous pouvez voir les hommes et les femmes, les serviteurs, les personnes libres, les pauvres, les riches, chacun dans la mesure de ses forces, apportant sa charge, alimenter jour et nuit cette flamme immense: charge, non de bois ni de fascines (cette flamme n’est pas. de nature à s’alimenter ainsi ); mais d’âmes et de corps, d’injustices et d’infractions aux lois. Voilà ce qui allume cette flamme. Les riches ne mettent jamais un terme à leur folle cupidité, eussent-ils enveloppé dans leur domaine toute l’étendue de la terre. Les pauvres s’empressent d’aller plus loin que les riches; et cette rage incurable, cette fureur effrénée, cette maladie qui défie les remèdes, a saisi toutes les âmes. Et cet amour, victorieux de tout autre amour, chasse de l’âme tout autre désir. Et il n’y a plus ni amitié ni parenté; et à quoi bon parler d’amitié et de parenté? Il n’y a plus ni épouse, ni enfants. Quel bien pourtant est plus désirable l Tout a été jeté par terre, foulé aux pieds par la cruelle et sauvage souveraine qui domine en tyran dans toutes les âmes captives. En effet, comme une reine qui n’a plus rien de l’âme humaine, comme un tyran féroce, comme un barbare cruel, comme une courtisane banale et magnifique, elle déshonore, elle épuise, elle expose à mille dangers, à mille tortures les insensés qui ont pris le parti de s’assujettir à son service.

Elle est redoutable; elle n’a aucune douceur ; elle est farouche et féroce; son visage marque la cruauté; c’est le visage d’une bête fauve, plus cruelle qu’un loup, qu’un lion; et cependant elle paraît affable, désirable, plus douce que le miel à ses captifs. Ce n’est pas tout, elle forge contre eux chaque jour, des épées, toute espèce d’armes; elle creuse des précipices; elle les pousse contre les écueils, dans les abîmes ; elle tisse les mille filets des tortures; et elle paraît enviable à ceux qu’elle a pris, à ceux qui désirent d’être pris par elle. Et comme on voit, dans un cloaque, dans la boue , le porc se vautrer avec une volupté délicieuse; ou comme on voit les scarabées séjourner sur le fumier qu’ils ne quittent jamais, ainsi ceux que l’avarice possède, sont plus misérables que ces animaux; leur fange est plus dégoûtante, leur bourbier plus infect. Tant qu’ils restent enfoncés dans ce vice, ils s’imaginent y trouver un vif plaisir ; ce qu’il ne faut pas attribuer à la réalité, mais à la disposition d’une âme malade : et par là. les avares sont plus dégradés que les êtres sans raison. De même donc que dans le bourbier, dans le fumier l’infamie n’est pas le propre du bourbier on du fumier, mais des animaux sans raison qui s’y ensevelissent; de même, pour l’homme, raisonnez par analogie.

7. Avons-nous un moyen de guérir ceux qui sont ainsi affectés? S’ils voulaient nous ouvrir leurs oreilles, nous découvrir le fond de leur coeur, accueillir nos paroles ! Pour les êtres sans raison, nous ne pouvons pas les faire sortir de leur fange, du bourbier où ils se vautrent ; ils n’ont pas la raison en partage.

Mais cette créature douée de douceur, d’intelligence et de raison, l’homme, c’est de l’homme que je parle, il n’a qu’à le vouloir; c’est chose facile; rien de plus aisé, que de le faire sortir du bourbier, de l’infection, de ce fumier, de cette boue. Car enfin, pourquoi la richesse, ô homme ! te semble-t-elle digne d’être recherchée avec tant d’ardeur? à cause du plaisir, et c’est tout, que procure la table? à cause de la considération? du cortége que te font les gens qui t’honorent pour ta richesse? à causé du pouvoir de te venger de ceux. qui t’ont offensé? Est-ce parce qu’elle te rend redoutable à tous? Impossible, en effet, d’alléguer d’autre cause que le plaisir, ou la certitude de trouver des flatteries, ou la terreur qu’on inspire ou le pouvoir de se venger. En effet, ni la sagesse, ni la tempérance, ni la modération, ni l’intelligence ne sont les fruits ordinaires de la richesse ; elle ne rend l’homme ni meilleur, ni plus humain, ni maître de sa colère, ni maître de son ventre, ni supérieur aux plaisirs; elle n’enseigne pas la modération; elle n’apprend pas l’humilité ; elle n’introduit ni n’implante dans l’âme aucune vertu. Impossible de dire que ce soit pour aucune de ces raisons que la richesse est recherchée avec tant d’ardeur, avec tant d’amour. Non-seulement elle ne sait, ni planter, ni cultiver aucun des biens de l’âme; mais les germes cachés qu’elle y trouve, elle les corrompt, elle en prévient le développement, elle les flétrit, elle les dessèche : il en est qu’elle arrache pour introduire les semences contraires : un luxe immodéré, une fureur intempestive, une colère injuste, l’arrogance, l’orgueil, le délire. Mais je n’en dirai rien: Ceux que possède cette maladie, ne soutiendraient pas un discours sur la vertu et sur le vice, livrés qu’ils sont tout entiers aux plaisirs, et, pour cette raison, esclaves des voluptés; on aurait beau tout ensemble les accuser et les convaincre.

Négligeons donc un moment ces réflexions. Arrivons à ce qui nous reste à dire, et voyons si la richesse a pour elle quelque plaisir, quelque considération qui lui soit propre ; c’est tout le contraire que je vois. Si vous voulez, examinons d’abord les tables des riches et celles des pauvres; demandons-leur, au moment du repas, lesquels jouissent du plaisir le plus pur, goûtent le vrai plaisir. Ceux qui , jusqu’à la fin du jour, couchés dans la salle à manger, joignent les soupers aux dîners, crèvent leur ventre, dépravent leurs sens; sous la charge excessive des mets, font sombrer le navire; inondent la sentine ; produisent comme un naufrage du corps appesanti, envahi ; ceux qui en roulent sur leurs pieds, leurs mains, leur langue, tout leur corps; les liens de l’ivresse et de la luxure, plus lourds qu’une chaîne de fer; ceux qui renoncent au sommeil calme et pur ; qui ne peuvent plus s’affranchir de l’effroi des songes, ceux qui se rendent plus misérables que les fous furieux; qui introduisent volontairement le démon dans leur âme; qui s’exposent en spectacle à la risée de leurs serviteurs; disons mieux, qui paraissent, aux meilleurs de ces serviteurs, un objet lugubre et digne de larmes? Sont-ce là les plus heureux, ces stupides, incapables de reconnaître personne auprès d’eux, incapables de rien dire, de rien entendre ; qu’il faut porter, dans les bras, de la salle à manger sur leurs lits? ou les hommes sobres et vigilants , qui mesurent leur nourriture à la nécessité, qui naviguent au souffle des vents prospères, pour qui le plus grand plaisir, c’est d’avoir faim quand ils mangent, d’avoir soif quand ils boivent? En effet, rien n’importe plus, et aux plaisirs, et à la santé, que d’avoir faim, que d’avoir soif, lorsqu’on touche aux mets qui viennent d’être servis; de ce régler sur la nécessité pour se rassasier; de ne pas, franchir les limites du nécessaire ; de ne pas charger le corps d’un fardeau que ses forces ne peuvent supporter.

8. Si vous refusez de m’en croire, étudiez dans les uns et dans les autres, l’état du corps, l’état de l’âme. N’est-il pas vrai que chez ceux qui suivent un régime ainsi modéré (n’allez pas m’opposer ce qui arrive rarement, des accidents, quelques maladies par suite de telle cause ou de telle autre; observez ce qui arrive toujours et constamment, vous prononcerez ensuite); n’est-il pas vrai que, pour ceux qui pratiquent la tempérance dans le boire et le manger, le corps est vigoureux, les sens deviennent plus pénétrants, accomplissant avec une entière facilité les fonctions qui leur sont propres? Chez les autres, au contraire, vicié par l’excès des humeurs, le corps est plus mou que la cire; l’essaim des maladies l’assiége; vous voyez en effet bientôt s’abattre sur eux et la goutte et un tremblement importun, et une vieillesse prématurée; ajoutez à cela les douleurs de tête; les tensions d’estomac, les paralysies qui les suivent; plus d’appétit.

Il faut toujours des médecins, toujours des remèdes, un traitement de tous les instants. Est-ce donc là le plaisir, répondez-moi? Je voudrais entendre la réponse d’un de ces hommes qui savent ce que c’est que le plaisir; le plaisir se montre lorsque le désir précède, que la jouissance vient après. Mais si la jouissance manque; si le désir ne paraît pas, le plaisir s’évanouit. Voilà pourquoi les malades, à la vue des mets les plus recherchés qu’on leur sert, n’éprouvent que des dégoûts. Ils se récrient contre l’importun qui les force d’en goûter; c’est qu’ils ne ressentent pas le désir, qui donne à la jouissance tout son agrément. Ce n’est pas la nourriture en elle-même, ce n’est pas le breuvage en lui-même, c’est l’appétit de l’estomac qui produit le désir, et opère le plaisir après. Voilà pourquoi un sage, qui se connaissait bien en plaisirs, et qui savait dire sur ce sujet des paroles sensées : L’âme rassasiée, dit-il, foulera aux pieds le rayon de miel (Prov. XXVII, 7), montrant par là que ce n’est pas dans la table mais dans la disposition de l’estomac que réside le plaisir. Voilà encore pourquoi le Prophète, passant en revue les miracles accomplis dans l’Égypte et dans le désert, dit, entre autres paroles: Il les a rassasiés du miel sorti de la pierre. (Psal. LXXX, 17). Or on ne voit nullement que la pierre leur ait versé du miel : Qu’a-t-il donc voulu dire? Accablés de fatigues d’un long voyage, en proie à une soif violente, les Hébreux trouvèrent tout à coup de l’eau fraîche. Leur grand plaisir fut qu’ils éprouvaient la soif; pour exprimer la sensation délicieuse que cette eau leur causa, le Prophète la nomme du miel. Ce n’est pas que l’eau fût réellement changée en miel, mais il a voulu montrer que le plaisir, procuré par cette eau , avait toute la douceur du miel, parce que la soif tourmentait ceux qui la trouvèrent et qui en burent. S’il en est ainsi, si la contradiction est impossible même de la part de celui qui serait entièrement dépourvu de sens, n’est-il pas manifeste que c’est à la table du pauvre que s’assied le plaisir pur, le plaisir sincère et parfaitement vrai; au contraire, à la table du riche, ce qui incommode, ce qui dégoûte, ce qui souille? N’est-il pas vrai, comme l’a dit le Sage d’autrefois, que la douceur même devient importune? (Prov. ibid.)

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