Par la bouche des enfants, des tout petits, tu l’établis, lieu fort, à cause de tes adversaires (Ps 8 3)
Lors de l’entrée solennelle du Seigneur Jésus à Jérusalem, puis dans le Temple, les enfants crièrent : Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! (Mt 21 9). Il semblerait que rien n’eût autant irrité les anciens du peuple juif que cette louange de Jésus venant des enfants. Entends-tu ce qu’ils disent ?, Lui avaient-ils demandé avec malice.
Et le Seigneur leur avait répondu avec mansuétude : Oui ! N’avez-vous jamais lu : par la bouche des enfants, des tout petits, tu l’établis, lieu fort ? Il est donc clair comme le jour que les paroles prophétiques de David se rapportent au miracle qui a eu lieu lors de l’entrée du Christ Seigneur à Jérusalem, en l’occurrence à la prodigieuse louange du Seigneur venant des enfants. C’est clair de par l’événement lui-même, car comme cela avait été prophétisé, ainsi cela s’est accompli. Mais c’est clair aussi du fait que le Seigneur Lui-même S’est référé à la prophétie du roi David au moment où celle-ci s’accomplissait. Que cela fut un grand prodige, inspiré par l’Esprit de Dieu et réalisé par la puissance et la volonté de Dieu, il n’y a nul doute. Tandis que les chefs et les scribes, les anciens et les prêtres, n’avaient pu reconnaître le Christ Seigneur, les enfants, eux, L’avaient reconnu et annoncé. C’est là, en vérité, un miracle, un miracle d’abord unique dans tout l’Ancien et le Nouveau Testament, un miracle ensuite non moins grand que celui de la résurrection des morts. D’ailleurs, lors du premier comme lors du second, la même puissance de Dieu avait agi, le même Esprit et la même Providence divine. Et le prophète voulait tout particulièrement faire ressortir la puissance et la magnificence de la gloire de Dieu par cet événement avec les enfants, événement qu’il mettait au même rang que son admiration de l’univers étoilé, créé par cette même puissance.
D’autre part, il faut compter au nombre de ces enfants les apôtres eux-mêmes, et nombre de saints, d’ascètes, de martyrs pour le Christ et de vierges – les milliers et milliers de ceux qui, avec innocence et de tout cœur, avaient reconnu le Christ comme Fils de Dieu et comme leur Sauveur, et qui L’avaient aimé tendrement, et qui avaient enduré de grands tourments pour Lui. Pourquoi le Seigneur avait-Il reçu la louange justement par leur bouche et non par la bouche des seigneurs, des philosophes ou des rhéteurs ? Il avait pris ceux-là en raison de leur docilité et avait rejeté ceux-ci en raison de leur orgueil. Les orgueilleux sont les plus grands ennemis de Dieu. C’est pourquoi le Seigneur avait miraculeusement délié la langue des enfants et de simples pêcheurs et paysans, afin qu’ils annonçassent la vérité tout autrement que Ses ennemis, c’est-à-dire les orgueilleux et les vaniteux chefs et scribes du peuple juif.
Ô Seigneur Tout-Puissant, Dieu qui peut tout, délie notre langue aussi, afin que, avec une foi forte et une joie enfantine, nous annoncions Ta gloire infinie. À Toi la gloire et la louange dans les siècles. Amen.
Saint Nicolas Vélimirovitch, Le Prologue d’Ochrid, Tome III, Éditions des Syrtes, Genève, 2021, p. 164-165
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