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Guide de la vie orthodoxe – IV Les convenances à l’église II / II

19 février 2022

Nous commençons correctement le cycle des offices divins du week-end en assistant aux vêpres (ou aux Vigiles vêpres-matines) le samedi après-midi ou soir (ou l’après-midi ou le soir précédant un jour de fête). Pour comprendre quelle fête ou quel saint est commémoré à la liturgie, il est nécessaire d’assister à l’office des vêpres et écouter l’hymne qui loue et souvent décrit la signification de la fête ou de la vie du saint.
 

 
Puisque, au cours de l’année ecclésiastique, toutes les grandes doctrines des Pères sur le Christ et les saints se retrouvent dans cet hymne, les services des vêpres et des matines sont indispensables à une connaissance correcte de notre foi. Manquer l’office des vêpres par commodité, c’est se priver de la possibilité d’apprendre les principes fondamentaux de notre foi. De plus, l’office des vêpres nous prépare, par la prière, à la venue du Christ au milieu de nous pendant la Divine Liturgie. Nos vies sont souvent si trépidantes et remplies d’activités pendant la semaine qu’il devient nécessaire de ralentir et de contempler notre relation avec notre Créateur lors des offices de préparation à la Liturgie. « Arrêtez, et considérez que c’est Moi qui suis Dieu. [Ps XLVII.10] », nous dit le Seigneur par l’intermédiaire du roi-prophète David. C’est presque impossible à réaliser si notre seul contact avec l’Église a lieu le dimanche matin.

Le deuxième office dans le cycle du culte orthodoxe est celui des Matines, qui est célébré le dimanche matin avant la Divine Liturgie. Dans les Églises slaves, les vêpres et les matines sont souvent combinées en un seul office appelé « Veillée de la nuit ». Si nous assistons à une Vigile, la fin des Vêpres est immédiatement suivie par les Six Psaumes. Ces six psaumes constituent l’ensemble de prières le plus solennel de tous les offices, car on pense que ce sont les prières qui seront entendues au début du jugement dernier, lorsque le Christ apparaîtra à la fin du monde. Pour cette raison, nous nous tenons parfaitement immobiles, dans une concentration absolue, comme nous le ferons lorsque nous serons confrontés à Son jugement à la fin des temps. Si les Matines sont célébrées séparément, on lit quelques prières et psaumes d’ouverture et une courte litanie avant de commencer les Six Psaumes.

Pendant ces lectures, comme nous l’avons noté plus haut, nous ne nous signons pas, mais restons absolument immobiles.

Pendant la lecture de l’Évangile de Matines, nous regardons humblement vers le sol et écoutons attentivement. Ensuite, le prêtre sort le Saint Évangile (un livre orné contenant les lectures de l’Évangile pour l’année ecclésiastique) pour que nous le vénérions. Nous vénérons d’abord l’icône au centre de l’église, comme nous l’avons fait en entrant. Nous nous dirigeons ensuite vers le prêtre et faisons deux révérences, en embrassant respectueusement l’Évangile et non, selon la coutume grecque, la main du prêtre (qui tient l’Évangile dans ses mains, les deux mains étant couvertes par l’extrémité de son phélonion), puis nous faisons une troisième révérence. On vénère l’Évangile comme on vénère une icône du Christ.
 

 
Saint Jean de Damas a bien précisé que la Parole écrite est une forme d’Icône :
 

Un sixième genre d’icône est celle qui, en souvenir d’événements passés, illustre les miracles et la vertu, à la gloire et à l’honneur de ces vaillants qui se sont distingués par leur vertu, ou bien expose, à la honte des hommes mauvais, leur perversité ; grâce à elle nous évitons le mal et aspirons au bien. Elle a un double aspect : ou bien c’est une parole écrite dans un livre (la lettre est une « icône » de la parole) ; ainsi Dieu a gravé la Loi sur les tables et a ordonné qu’on écrive la vie des hommes amis de Dieu (Ex. 17-14) ; ou bien c’est une contemplation sensible — ainsi l’urne, la verge d’Aaron dans l’Arche qu’il ordonna de garder en souvenir perpétuel, ou les noms des tribus qu’il fit graver sur les pierres de l’éphod (Ex. 18-11) et aussi les douze pierres tirées du Jourdain représentant les Prêtres (Ah, quel mystère immense en vérité pour les fidèles !) qui portaient l’Arche, après le retrait des eaux. Nous aussi, aujourd’hui, nous peignons les icônes de ceux qui ont excellé en vertu pour nous les rappeler, les imiter et par amour pour eux.1

 
Comme l’Évangile contient les paroles mêmes du Christ, elle est également considérée comme la plus sacrée des images.

Après avoir assisté aux vêpres et aux matines, nous assistons à la Divine Liturgie. Nous devons jeûner à partir de minuit la nuit précédant cet office, afin d’être attentifs pendant la célébration et de nous préparer à recevoir la Sainte Communion ou l’Antidoron, le pain béni qui est distribué à la fin de la Liturgie. (Si la Divine Liturgie a lieu à minuit, nous jeûnons six à huit heures avant le début de la Liturgie. Il s’agit d’un jeûne strict qui exclut toute nourriture et tout liquide). Même si nous ne communions pas pendant la liturgie, l’Antidoron à la fin nous offre une sorte de participation à l’Eucharistie. En effet, il a été en présence des Saints Mystères, restant du pain et ne devenant pas le Corps du Christ, mais prenant la bénédiction de l’Eucharistie. Pour cette bénédiction, nous nous préparons à nouveau par le jeûne.

Si nous communions, nous devrions, au minimum, avoir observé le jeûne du mercredi et du vendredi. Nous devrions également jeûner de la viande le samedi. Mais comme le samedi n’est pas un jour de jeûne (sauf le Grand Samedi et le Samedi Saint), nous devrions manger de l’huile d’olive et boire du vin et, si notre Père spirituel le permet, des œufs et des produits laitiers à midi. À partir de midi le samedi, nous devons normalement jeûner comme un mercredi ou un vendredi. Les couples mariés doivent, bien entendu, jeûner de la chair avant de communier. Pendant une période de jeûne régulier, comme le Grand Carême, la préparation à la communion est déjà accomplie. C’est pourquoi les prêtres conseillent généralement à leurs fidèles de communier plus fréquemment pendant un jeûne déterminé. Avant de venir à l’église, nous devrions également dire nos prières de communion dans le coin des icônes de notre maison. Ces prières nous préparent mentalement et spirituellement à participer à la Divine Eucharistie. Nous devons également confesser nos péchés au prêtre avant de communier, afin que notre préparation soit complète. Saint Paul a été très clair sur la grande nécessité de cette préparation :
 

C’est pourquoi quiconque mangera ce pain ou boira le calice du Seigneur indignement, sera coupable envers le corps et le sang du Seigneur. Que l’homme s’éprouve donc lui-même, et qu’ainsi il mange de ce pain et boive de ce calice. Car celui qui mange et boit indignement, mange et boit sa condamnation, ne discernant pas le corps du Seigneur. C’est pour cela qu’il y a parmi vous beaucoup de malades et de languissants, et que beaucoup sont morts.2

 

Après avoir fait les préparatifs nécessaires, nous devons nous rendre à l’église pour la Divine Liturgie un peu en avance. Ainsi, nous avons le temps de vénérer les icônes, d’allumer une bougie et de transmettre les noms des chrétiens orthodoxes vivants ou décédés que nous souhaitons faire commémorer par le prêtre pendant le service de préparation. Dans les Églises slaves, de petites miches de prosphoron (pain) sont disponibles pour accompagner la liste. Dans les Églises grecques et slaves, les fidèles disposent généralement d’un livre de commémoration contenant la liste des chrétiens orthodoxes vivants et décédés qu’ils souhaitent voir commémorer lors du service. En général, un servant d’autel apporte ces livres au prêtre pendant qu’il accomplit le service de préparation. Il convient de noter que seuls les chrétiens orthodoxes sont commémorés dans la liturgie, puisqu’il s’agit du culte commun de tous ceux qui sont unis par la foi. (Les hétérodoxes, pour lesquels nous pouvons et devons prier, ne doivent être évoqués que dans nos prières privées et jamais par leur nom dans le culte public de l’Église. Cela vaut également pour les dirigeants politiques. La Divine Liturgie contient des prières pour tous, mais ceux que nous mentionnons sont ceux qui appartiennent à la plénitude de l’orthodoxie, qui partagent notre baptême et notre foi, et qui sont fidèles aux enseignements orthodoxes. Même un patriarche orthodoxe qui n’est pas de bonne foi — c’est-à-dire qui est tombé dans la mauvaise doctrine — ne peut pas être mentionné par son nom dans la liturgie. Ainsi, les Pères les plus zélés du Mont Athos ne prononceront même pas le nom du Patriarche de Constantinople, un moderniste et un œcuméniste qui a compromis la Foi, bien que le Siège de Constantinople ait toujours été le protecteur des communautés athonites).
 

 
Pendant le service de préparation, on lit généralement les Heures. Il s’agit de courts offices de psaumes et de prières que les premiers chrétiens lisaient tout au long de la journée dans le cadre de leurs efforts pour prier sans cesse. Ce temps est parfois utilisé pour entendre les confessions, surtout si plusieurs prêtres sont présents, bien que cette pratique ne soit pas bonne et nuise aux offices. Après l’office des Matines ou la lecture des Heures, la Divine Liturgie commence. Pendant les parties les plus solennelles de ce service, nous sommes appelés à participer de la manière suivante :
 

  1. Au moment de la Grande Entrée, nous devons nous incliner légèrement lorsque les Dons sont apportés de l’Autel. Nous ne devons jamais nous incliner au point de ne pas voir ce qui se passe pendant les entrées liturgiques. Les entrées et les processions dans l’Église attirent notre attention sur quelque chose (l’Évangile, les offrandes pour l’Eucharistie, une Icône, etc.) et nous ne devons pas regarder le sol lorsqu’elles ont lieu. Sinon, elles perdent leur sens. Lorsque le prêtre passe, nous pouvons toucher ou embrasser légèrement le bord de son phélonion. Nous devons nous redresser juste avant que le Prêtre ne franchisse les Belles Portes.
  2. Lorsque le prêtre dit : « Prenez, mangez… », nous devons nous incliner, puis nous redresser. La pratique moderne consistant à s’agenouiller à ce moment-là trouve son origine dans l’idée erronée que ces mots constituent la « consécration » des éléments eucharistiques. L’Église orthodoxe ne s’est jamais tenue à cette doctrine.
  3. Lorsque le prêtre dit : « Prenez, buvez… », nous nous inclinons à nouveau légèrement, puis nous nous redressons.
  4. Lorsque le prêtre dit : « t’offrant ce qui est à toi, et que nous avons reçu de toi… », nous nous inclinons (ou nous nous prosternons, les jours où cela est permis) et restons inclinés (ou prosternés) jusqu’à ce que le prêtre dise : « surtout pour notre Dame, la toute sainte… ». C’est pendant ce temps que le Prêtre lit les prières de « consécration » à l’intérieur de l’Autel.
  5. Après le « Notre Père… », lorsque le Prêtre s’exclame : « Ce qui est saint pour les saints ! », nous nous inclinons (ou nous nous prosternons, les jours où cela est permis) et restons inclinés (ou prosternés) jusqu’à ce que le chœur termine « Jésus Christ est l’unique… ».
  6. Lorsque le diacre ou le prêtre présente le calice et chante « Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez ! », nous nous inclinons ou nous nous prosternons rapidement (lorsque cela est permis), puis nous nous redressons.

 

Si nous devons communier, nous nous dirigeons vers l’icône centrale de l’église et la vénérons comme nous l’avons fait en entrant dans l’église. Nous nous déplaçons ensuite pour former une ligne à la droite de l’Ambon. Nos bras sont croisés sur notre poitrine, le bras droit sur le gauche. En avançant, nous devons humblement permettre aux hommes de communier en premier, par ordre de rang dans l’Église et par âge (le plus âgé d’abord).

Ensuite, les femmes doivent communier par rang (généralement la femme du prêtre, ou Presbytera, en premier) et par âge. Enfin, les enfants doivent s’avancer, les garçons d’abord, par âge. Nous agissons ainsi conformément à l’admonition de saint Paul : « que tous se fasse décemment et avec ordre » 3. Nous devons toujours aborder les Mystères avec la plus grande révérence. Ainsi, si quelqu’un doit s’avancer, permettez-lui de le faire. Il ne sert à rien que nous commencions à nous disputer et à distraire les autres fidèles pendant qu’ils reçoivent les Sacrements.

Lorsque nous recevons les Sacrements, nous devons toujours avoir les bras croisés sur la poitrine. En veillant à ce que le linge de communion soit tenu soigneusement sous notre menton, nous devons ouvrir la bouche suffisamment à l’avance pour que le prêtre puisse y placer facilement la cuillère. Nous devons fermer les lèvres sur la cuillère pendant que le prêtre nous communie, puis lui permettre de retirer la cuillère, les lèvres fermées, afin de nettoyer la cuillère. Nous ne devons pas essayer d’embrasser le calice — bien que ce soit une pratique courante dans les églises slaves —, mais nous retirer discrètement du chifon et nous déplacer pour prendre de l’antidoron, en trempant légèrement un morceau dans le vin fourni. Le plus important pour nous, lorsque nous communions, est de nous assurer que nous ne faisons rien qui puisse accidentellement faire basculer ou tomber le calice de la main du prêtre. Lorsque nous prenons part à l’Antidoron, nous devons faire très attention à ne pas laisser de miettes tomber sur le sol.

Si nous n’avons pas communié, mais que nous avons jeûné depuis minuit, à la fin de la Liturgie, nous devons nous avancer, après avoir vénéré l’icône centrale, et nous approcher du prêtre, les mains en coupe, la main droite sur la gauche. Lorsque le prêtre place l’Antidoron dans nos mains, nous devons lui baiser la main. Il est de coutume pieuse d’emporter un peu d’Antidoron à la maison pour le consommer pendant la semaine. Il faut apporter à l’église un sac en plastique qu’on peut fermer pour conserver l’Antidoron pendant le voyage de retour. Les personnes qui ont communié et qui ont pris l’Antidoron qui doit être fourni immédiatement après la Sainte Communion ne doivent pas reprendre l’Antidoron à la fin de la Divine Liturgie.

Après la bénédiction finale, les prières d’action de grâce de la communion sont lues à voix basse par le lecteur. Pendant ce temps, nous devons tous contempler les Sacrements de Dieu et sa miséricorde, comme les prières nous y exhortent. Une fois ces prières terminées, nous devons vénérer les icônes comme nous l’avons fait en entrant dans l’église et quitter tranquillement l’église dans l’ordre où nous avons communié. Nous devons nous abstenir de saluer nos amis et nos connaissances jusqu’à ce que nous ayons quitté le porche de l’église. Le diacre ou le prêtre est probablement encore en train de consommer les Sacrements qui sont restés et de nettoyer le calice. Notre Seigneur est toujours présent dans l’autel. Une atmosphère de respect tranquille doit donc toujours être maintenue dans le voisinage direct de l’église.

Gardez à l’esprit que ces conseils concernant la fréquentation de l’église sont structurées pour les communautés de notre propre juridiction. Il y aura quelques variations dans la pratique des Églises slaves, puisque nous mettons l’accent sur la pratique grecque. Mais ces différences seront mineures. Dans les Églises modernistes, qui ont perdu beaucoup des traditions de l’Église orthodoxe, peut-être que seules certaines de ces traditions sont suivies. Quoi qu’il en soit, si vous constatez une déviation de ces traditions dans votre communauté, manifestez toujours une attitude d’humilité envers ce que vous voyez. Nous n’avons pas cité ces traditions dans le but de créer des tensions et de l’hostilité.

Notre objectif est d’éduquer et d’instruire, et non de condamner ou de juger. Concentrez-vous sur les choses que vous pouvez faire dans un esprit de révérence et de douceur, et évitez de critiquer les autres.

Un tel témoignage sur une période donnée pourrait très bien inspirer ceux qui vous entourent à rechercher eux aussi une vie plus traditionnelle.
 

 


 

père David Cownie et presbytéra Juliana Cownie , A Guide to Orthodox Life. Some Beliefs, Customs, and Traditions of the Church– Second Edition, p. 60-67

Traduction : hesychia.eu

 


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  1. Saint Jean Damascène « Défense des icônes»
  2. I Cor. XI. 27-30
  3.   I Cor. XIV. 40

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