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Saint Païssius Velichkovsky – Fragments d’une vie dédiée à Dieu – II – Travaux de patristique

26 décembre 2020

Afin que ses moines puissent disposer autant que lui de la coopération et des instructions de la Grâce divine, Païssius s’emploie à rassembler les textes des Pères sur l’obéissance, la sobriété, la vigilance et la prière.
 

 

Il recopie certains manuscrits empruntés ; il parvient même à en acquérir d’autres avec le peu d’argent dont il dispose. Ayant lu et relu ces textes au cours des années, Païssius bute régulièrement sur des obscurités ou sur des non-sens. Pour tenter de les éclaircir, il a l’idée de juxtaposer différentes versions en slavon des mêmes textes. Il recopie ainsi les écrits de Saint Hésychius de Jérusalem, Saint Philothée le Sinaïte, et Saint Théodore d’Edesse à partir de quatre manuscrits différents, mais en vain ! Païssius fait une autre tentative : après six semaines de travail jour et nuit (il ne dort que trois heures), il tente de corriger les Homélies de Saint Isaac le Syrien en comparant son propre exemplaire à une édition censée correspondre à l’original grec. Le résultat est désastreux ; non seulement le texte n’est pas éclairé mais Païssius, l’amoureux des livres, se désole de voir son Saint Isaac complètement altéré : le texte d’après lequel il l’a corrigé se révèle moins bon que le sien ! Païssius conclut bientôt à l’évidente insuffisance des traductions des textes grecs en slavon. Comme il maîtrise désormais la langue grecque, il se met à la recherche des originaux grecs ; Il se rend successivement à la skite de Sainte-Anne de la Grande Laure, aux skites de Kapsokalivia, à la skite de saint-Démétrius de Vatopédi et dans de nombreux monastères ; il interroge les pères les plus anciens et les moines les plus pieux, mais nulle part il ne peut trouver un ouvrage reproduisant un texte original. Ce qui l’attriste plus encore, c’est qu’on semble ignorer désormais, sur la Sainte Montagne, jusqu’au nom des Saints Pères qu’il évoque ! Il demande à Dieu de l’éclairer, et il est exaucé. Un jour qu’il passe, avec deux moines, à proximité d’une skite dédiée au prophète Elie, à Karoulia, au sud de la Sainte Montagne, frappés par son grand isolement, ils décident de s’arrêter.
 

 
Comme ils sont assis près de l’église, un moine les invite à y entrer pour vénérer les icônes, puis à se reposer dans sa cellule. Là, Païssius remarque sur la table un livre ouvert que le moine est en train de recopier : il s’agit d’un texte de Saint Pierre Damascène en grec. Transporté de joie, croyant voir un trésor céleste sur terre, Païssius demande au moine s’il possède d’autres livres des Saints Pères. Ecoutons-le raconter :

Il me répondit qu’il avait un autre livre de Saint Pierre, et vingt-quatre Homélies classées par ordre alphabétique ; Quand je lui demandai s’il avait des textes d’autres Pères, il dit qu’il possédait ceux de Saint Antoine le Grand, de Saint Grégoire le Sinaïte (mais pas l’œuvre intégrale), de Saint Philothée, de Saint Hésychius, de Saint Diadoque, de Saint Thalassius, l’homélie sur la prière de Saint Syméon le Nouveau Théologien et celle de Saint Nicéphore le moine, le livre de Saint Isaïe et quelques autres livres, mais seulement vingt-deux chapitres de Saint Nicétas Stéthatos. 

On peut imaginer la joie de Païssius à entendre cette énumération. Le moine confirme que ces textes sont désormais oubliés dans la plupart des monastères de la Sainte Montagne. Lui et les autres frères de sa skite les connaissent pour en avoir entendu parler à Césarée de Cappadoce, leur pays d’origine. Une fois arrivés à la Sainte Montagne, ils sont parvenus, à grands frais et avec beaucoup de travail, à rassembler et à recopier les textes cités. Païssius obtient qu’un autre moine fasse pour lui et ses frères une copie de la plupart de ces textes. Païssius reçut ces présents avec immense joie, comme s’ils étaient un don de Dieu. Cette découverte eut lieu vers 1761, soit environ quinze ans après l’arrivée de Païssius à la Sainte Montagne.
 

Michel Aubry, Saint Païssius Velichkovsky, L’Âge d’Homme, La Lumière du Thabor, 1992
Version électronique [html] disponible sur le site de Presbytera Anna

 


 

 


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