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Saint Païssius Velichkovsky – Fleurs spirituelles. IV Les passions et les vices

26 décembre 2020

 

16.

Sur les passions et les vices dévastateurs, et concernant leurs origines

Avant de tomber dans le péché, les démons partent à l’assaut de l’homme par les passions suivantes : les ténèbres de l’oubli; la colère féroce, c’est-à-dire la malice inhumaine et bestiale ; et l’ignorance, telle l’obscurité dépourvue de toute trace de lumière.


Ces trois passions précèdent tout péché. Car avant d’accomplir un seul péché l’homme doit être d’abord disposé à tous les péchés, à tous les maux, soit par l’oubli, soit par la colère, soit par l’ignorance. De celles-ci procède l’insensibilité de l’âme, c’est-à-dire que l’esprit, qui est l’œil de l’âme, demeure dans les ténèbres et est alors captivé par toutes les passions. Le premier de tous à naître est une faiblesse de la foi; la faiblesse de la foi fait naître l’amour de soi, le début et la fin, la racine et l’origine de tout mal. C’est un amour insensé envers son propre corps quand on choisit partout et en toutes choses ce qui est utile uniquement pour soi-même. Cette mauvaise racine des passions est déracinée au moyen de l’amour, de la miséricorde et du renoncement à sa propre volonté. L’amour-propre donne naissance à la cruauté et à l’amour de l’argent, qui est un ventre insatiable et la racine et la cause de tout mal. De ces deux, l’amour de soi et l’amour de l’argent, proviennent tous les malheurs et les actions démoniaques. Chez les moines les choses se passent de la même façon que chez les fidèles : l’amour de l’argent donne naissance à l’orgueil qui a fait tomber les démons de la Sainte Gloire et les a jetés hors du ciel. L’orgueil donne naissance à l’amour de la gloire, par lequel Adam a été séduit, désirant être Dieu alors qu’il ne l’était pas, ce qui a provoqué la souffrance et la malédiction de toute la race humaine. L’amour de la gloire donne naissance à l’amour du plaisir sensuel, par lequel Adam est tombé et a été banni du Paradis.

Le plaisir sensuel donne naissance aux désirs du ventre et aux diverses passions de la fornication. La fornication fait naître la colère qui éteint la chaleur du cœur et ruine toute vertu. La colère donne naissance au souvenir du mal et produit le refroidissement de la chaleur spirituelle. Le souvenir du mal donne naissance au blasphème malveillant contre son frère. Le blasphème fait naître le chagrin au moment inapproprié ce qui, tout comme la rouille, dévore l’homme. Le chagrin donne naissance à l’effronterie insensée. L’effronterie donne naissance à la vanité qui expose les vertus à la vue des autres, et par là cause la perte de toute récompense future. La vanité donne naissance à la loquacité incontinente. La loquacité donne naissance à des paroles oisives, au mensonge, à la calomnie, au jugement, à la dispersion des pensées, au découragement, à l’enfermement. Le découragement donne naissance à de rêves sombres. Si l’un conquiert ces passions, les autres se soumettront à lui, qui sont : l’horreur, la terreur, l’envie, la haine, l’hypocrisie, la tromperie, les murmures, l’incrédulité, le vol, l’attachement passionné, l’amour des choses, la légèreté, le dépit, l’estime de soi, le désir d’être bien placé, la satisfaction des hommes, l’effronterie, les éclats de rire, la perte totale, l’abîme indicible de la perdition causée par le désespoir, dans lequel l’homme se tue sans connaître l’amour de Dieu pour l’humanité et Sa miséricorde, et qu’Il soit venu sauver les pécheurs, et qu’il n’y a pas de péché sur terre qui ne puisse être pardonné. Des sept passions suivantes : l’amour de soi, l’amour de l’argent, l’orgueil et la vaine gloire, le souvenir du mal, le jugement, l’estime de soi, le désespoir — est la fin de toutes les passions. Si l’on ne se garde pas de ces passions, si on n’y renonce pas, on détruira les dix vertus évoquées précédemment, à savoir : la foi, l’amour, le jeûne, l’abstinence, la vigilance, la prière, l’humilité avec la sagesse de l’humilité, le silence par l’absence de paroles, la non-acquisition et le discernement, et il nuira également à toutes les vertus restantes. Si l’on n’a qu’une seule des passions principales, on ne réussira pas dans la lutte contre les autres passions, malgré la pratique des autres vertus ou le fait de verser son sang pour le Christ ; même la prière d’un tel homme ne plaît pas à Dieu. Que la grâce du Seigneur Dieu nous délivre à jamais de tous les troubles et passions. Amen. 1

 

17.

Sur les passions du corps, leurs causes et le moyen de les éteindre

Le désir charnel est suscité chez l’homme par la chaleur et le confort, ou par l’excès de nourriture et de sommeil, ou par l’action de Satan. Il peut aussi naître du jugement arbitraire porté sur autrui, de la vanité, de la beauté physique, des conversations oiseuses, de la coquetterie et de la lubricité. Quand nous viennent des pensées impures ou des fantasmes, pendant le sommeil comme en plein jour, et que la chair est excitée, nous ne pouvons être délivrés que par le jeûne et la prière pendant une nuit de veille. Quand l’âme et le corps sont éprouvés par l’épuisement, et qu’on reconnaît quelle force ils en retirent, on n’est pas loin d’être délivrés des passions.

 

18.

Sur la marche dans la vigilance

Nous devons nous interroger tous les soirs sur la manière dont la journée s’est écoulée, et chaque matin sur la façon dont s’est passée la nuit. Nous devons faire les comptes avec nous-mêmes en tous lieux, en tous temps et à tout propos, et non pas de façon occasionnelle. Nous devons revenir sur nos vertus et nos passions et sur l’état de notre vie : sommes-nous au début, au milieu ou à la fin ? Travaillons-nous de manière à mériter les récompenses et pratiquons-nous les vertus, ou peinons-nous simplement sans récompense, Lorsque nous avons péché, compensons notre manque de vertus en offrant larmes et lamentations. Nous sommes encore loin de la perfection et la Grâce ne nous touche pas, parce que nous ignorons le point d’origine des vertus, leur progression, leur terme accompli. Nous ignorons aussi comment les vertus se perdent, si bien que la vanité s’accroche à chacune de nos vertus et la ruine. Si nous ignorons tout cela, nous travaillons en vain. Bien que les vertus soient censées appartenir à l’âme, le corps aussi connaît la souffrance et l’affermissement. On parle de passions de l’âme quand l’âme, séparément du corps, se met à les chérir, et à s’y complaire. Les passions du corps sont celles où le corps se complaît et par lesquelles il se laisse entraîner. Dans ces deux cas, l’âme et le corps ne s’accordent point.

 

19.

Sur les passions de l’âme et du corps

Il faut en premier lieu nettoyer la demeure royale de toute impureté et la rendre resplendissante, afin que le roi puisse y entrer. De même, nous devons d’abord purifier la terre du cœur et en arracher les racines du péché et les actes passionnés. Il faut la rendre légère en acceptant les afflictions et la route étroite qui conduit à la Vie ; il faut y semer les germes de la vertu, l’irriguer des larmes et des lamentations. Alors seulement peut se développer le fruit de l’impassibilité et de la vie éternelle. Car le Saint Esprit ne visite pas celui qui ne s’est pas purifié des passions de l’âme et du corps. Ne peuvent reposer en l’homme et le Saint Esprit et les passions. Là où est le Saint Esprit, les passions n’approchent pas ; là où sont les passions, le Saint Esprit ne réside pas mais c’est le démon qui est présent. Il faut commencer par bannir tout amour de soi sous quelque forme que ce soit, et se rabaisser dans le repentir : dans nos pensées, dans nos actes, dans nos paroles, dans notre nourriture, dans nos habits, dans notre maison, dans notre vie intérieure, en toutes choses nous devons faire preuve d’humilité et nous blâmer. En tout, choisissons pour nous-mêmes ce qui est le moins beau, et ainsi seront apaisées les passions de l’âme. L’humilité ne connaît jamais la chute, car elle est en dessous de toutes choses. Il est également nécessaire d’humilier la chair, de l’épuiser dans les épreuves et les afflictions sans prendre de repos, afin que les passions du corps soient étouffées. Contrôlons aussi notre langue qui est la source du mal et qui détruit le bien. Ainsi cesseront d’agir et seront humiliées les passions de l’âme et du corps. L’homme sans passion commencera d’acquérir la vie éternelle. L’ennemi sera vaincu car il se révèlera sans pouvoir ; ses armes et ses pièges ne lui seront d’aucun secours.

 

20.

Sur l’impassibilité

L’impassibilité ne consiste pas seulement à fuir les actes passionnés qui conduisent au péché ; elle implique que le désir même de ces actes est absent. Est impassible celui qui a rejeté toute pensée qui engendre la contrainte ou la fourberie. Est impassible celui qui s’est élevé au-dessus des passions, qui n’est troublé par aucune des choses de ce monde, qui ne craint pas les épreuves, les calamités, les dangers, celui que même la mort n’effraie pas puisqu’elle donne accès à la vie éternelle. Est impassible celui qui, lorsqu’il souffre des attaques des démons et des hommes méchants, ne leur prête pas attention et ne les regarde même pas comme un mal. C’est comme si quelqu’un d’autre souffrait. Glorifié, il ne se vante pas ; offensé, il ne s’irrite pas. Tel un enfant, il se lamente quand il est châtié, et il se réjouit quand il est consolé. L’impassibilité n’est pas une vertu spéciale, elle désigne toutes les vertus prises ensemble. L’homme impassible est amené à la vie par le Saint Esprit. Sans le Saint Esprit, le corps spirituel, qui est la somme des vertus, est sans force. Tant que le Saint Esprit ne réside pas en l’homme, même purifié des passions, celui-ci n’est pas impassible, car il continue de souffrir. Dès que le Saint Esprit descend sur un homme, il le soulage de tous fardeaux et de toutes peines. Le Saint Esprit peut descendre et résider en chacun de nous. Gloire à toi notre Dieu, pour toujours. Amen.

Michel Aubry, Saint Païssius Velichkovsky, L’Âge d’Homme, La Lumière du Thabor, 1992
Version électronique [html] disponible sur le site de Presbytera Anna
Saint Paisius Velichkovsky, Little Russian Philokalia, Volume IV, St. Herman Press, St. Paisius Abbey Press, New Valaam Monastery, Alaska, 1994

 


 

 


  1. Chapitre traduit par hesychia.eu d’après l’édition américaine

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