XXII
La communauté de nature de l’Esprit avec le Père et le Fils se fonde sur le fait qu’il est, comme eux, difficile à contempler
par saint Basile le Grand
53. Le saint Esprit est appelé des mêmes noms que le Père et le Fils et il est en communion d’actes avec eux, mais ce n’est pas seulement cela qui en fait la supériorité de nature : c’est aussi qu’il est, comme eux, difficile à contempler. Ce qui est dit du Père : qu’il surpasse toute pensée humaine, et qui l’est aussi du Seigneur, le Seigneur le dit également du saint Esprit : « Père juste, le monde ne t’a pas connu » (Jn 17,25), le « monde » signifiant ici non pas l’ensemble du ciel et de la terre, mais cette vie périssable, sujette à une infinité de variations. Et parlant cette fois de sa propre personne : « Encore un peu de temps, dit-il, et le monde ne me verra plus, mais vous, vous me verrez » (Jn 14,19). De nouveau, le terme de “monde” désigne ceux qui ont encore besoin de la vie matérielle et charnelle et qui confient à leurs seuls yeux de chair le soin de juger de la vérité, alors que leur manque de foi en la résurrection ne leur permet plus de voir notre Seigneur avec les yeux du cœur. Or, il a dit la même chose de l’Esprit : « L’Esprit de vérité, que le monde est incapable d’accueillir parce qu’il ne le voit ni ne le connaît, vous, vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous » (Jn 14,17). En effet, l’homme charnel qui n’a pas exercé son esprit à la contemplation, mais qui le laisse bien plutôt enfoui, comme en un bourbier, dans les pensées de la chair, ne parvient pas à lever les yeux vers la lumière spirituelle de la vérité. C’est pourquoi le monde, c’est-à-dire la vie esclave des passions de la chair, ne reçoit pas plus la grâce de l’Esprit qu’un œil malade la lumière d’un rayon de soleil.
Au contraire, attestant que ses enseignements ont purifié la vie de ses disciples, le Seigneur leur accorde dès maintenant d’accéder à la contemplation des plus hauts mystères de l’Esprit : « Purifiés, vous l’êtes déjà, grâce à la parole que je vous ai annoncée » (Jn 15,3). Ainsi, le monde est incapable d’accueillir l’Esprit, car il ne le voit pas : « Vous vous le connaissez, parce qu’il demeure en vous » (Jn 14,17). Isaïe de même : « Lui qui affermit la terre et ce qu’elle porte, qui a donné l’haleine au peuple qui l’habite et le souffle à ceux qui la foulent » (Is 42,5). Ceux qui foulent les choses de la terre et s’élèvent au-dessus d’elles, témoignage leur est rendu qu’ils sont dignes de l’Esprit. Mais alors, lui que le monde ne peut contenir et que seuls les saints peuvent contempler en raison de la pureté de leur cœur, que faut-il penser de lui ? De quelle sorte sont les honneurs qui lui reviennent ?
In Saint Basile le Grand, Traité sur l’Esprit Saint
Version électronique disponible sur le site des Vrais Chrétiens Orthodoxes Francophones
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