Luminaires de l'Église, Orthodoxie

Sermons anonymes pour les Rameaux

25 avril 2021

PREMIER SERMON ANONYME POUR LES RAMEAUX

Je vois, frères, que vous êtes venus à l’église avec plus d’empressement que de coutume, et que vous avez apporté avec joie des branches d’arbres. Mais sert-il de faire cela à ceux qui ne savent pas pourquoi ils le font ni ce que signifient ces choses ?

 


Vous devez savoir qu’en ce jour, c’est-à-dire le jeudi d’avant sa Passion, notre Sauveur s’assit sur l’ânesse au mont des Oliviers pour venir à Jérusalem. Or la foule ayant appris que Jésus venait à Jérusalem, s’avança à sa rencontre avec des branches de palmiers, « et comme déjà il approchait de la descente du mont des Oliviers, dans sa joie la foule de ceux qui descendaient se mit à louer Dieu d’une voix forte. » Durant ces cinq jours, c’est-à-dire de celui-ci jusqu’au soir du jeudi où il fut livré après la Cène, il enseigna tous les jours dans le temple et demeura toutes les nuits au mont des Oliviers. Et parce que le dixième jour du mois on enfermait l’agneau qui devait être immolé le quatorzième jour par les fils d’Israël, c’est à juste titre que ce véritable Agneau, c’est-à-dire le Christ Seigneur, entra ce jour, lui qui devait être crucifié le vendredi, dans Jérusalem où était enfermé l’agneau typique. Aujourd’hui donc « les gens en très grande foule, étendirent leurs manteaux sur le chemin » et « d’autres » aujourd’hui « coupaient des branches aux arbres et en jonchaient » de même le chemin du Sauveur.

Et si la sainte Mère l’Église célèbre aujourd’hui ces événements corporellement, c’est pour qu’ils s’accomplissent, ce qui est de beaucoup le plus important, spirituellement. Car toute âme sainte est l’ânesse de Dieu. Le Seigneur s’assoit sur l’ânesse et se dirige vers Jérusalem, lorsqu’il habite dans vos âmes, leur fait mépriser ce monde et aimer la patrie céleste. Vous jetez vos vêtements devant Dieu sur le chemin si vous mortifiez vos corps par l’abstinence en lui préparant ainsi le chemin pour aller à vous. Vous coupez des branches aux arbres si vous vous préparez le chemin pour aller à Dieu en pratiquant les vertus des saints Pères. Que fut Abraham ? Que fut Joseph? Et David ? Que furent les autres justes, sinon des arbres qui portent du fruit ? Apprenez l’obéissance à l’école d’Abraham, la chasteté à l’école de Joseph, l’humilité à l’école de David, si vous désirez obtenir le salut éternel.

La palme signifie la victoire. Ainsi nous portons des palmes dans la main, si nous chantons la victoire glorieuse du Seigneur en nous efforçant de vaincre le diable par une bonne conduite. C’est pourquoi aussi, frères, vous devez savoir qu’il porte en vain le rameau d’olivier celui qui ne pratique pas les œuvres de la miséricorde. Pareillement, c’est sans aucun profit qu’il porte la palme celui qui se laisse vaincre par les ruses du diable. Revenez à votre conscience, bien-aimés, et voyez si vous faites spirituellement ce que vous accomplissez corporellement.

Croyez-le très fermement, frères, il serait périlleux pour nous de ne pas vous annoncer les mystères de notre Sauveur, mais il est périlleux pour vous de ne leur prêter que peu d’attention. Nous vous exhortons enfin à vous préparer d’autant plus qu’approche davantage la fête de Pâques, à vous purifier de tout ce qui est envie, haine, colère, paroles injurie uses, médisances et calomnies, afin de pouvoir célébrer dignement ce jour.

Pardonnez à ceux qui ont péché contre vous, afin que le Seigneur vous pardonne vos péchés : celui qui aura gardé de la haine ou de la colère, ne serait-ce qu’à l’égard d’un seul homme, célébrera Pâques pour son malheur, car il ne mangera pas la vie avec Pierre, mais recevra dans la sainte communion la mort avec Judas. Qu’il écarte de vous ce malheur, celui qui vous a créés avec puissance, rachetés avec amour, Jésus Christ notre Seigneur, lui qui vit et règne avec le Père et l’Esprit saint, Dieu, dans tous les siècles des siècles. Amen.

 

 

SECOND SERMON ANONYME POUR LES RAMEAUX

Comme notre Seigneur Jésus Christ venait vers la ville de Jérusalem, six jours avant sa Passion, la foule nombreuse qui s’était rassemblée à Jérusalem pour célébrer la Pâque selon le précepte de Moïse, accourut à sa rencontre avec des branches de palmiers, afin de proclamer par ces palmes sa victoire, comme s’il s’agissait d’un roi terrestre dans le peuple d’Israël. C’était en effet la coutume anciennement de donner une palme aux vainqueurs. « D’autres cependant, » dans cette même foule, « coupaient des branches aux arbres, » des oliviers surtout puisque cela se passait au mont des Oliviers, et les portaient où c’était utile, afin d’aplanir le chemin du Seigneur qui approchait. De là vient la coutume de la fête de ce jour de porter en main, en chantant, des branches de palmiers ou d’oliviers, et d’appeler cette fête « les Rameaux de palmiers » ou « les Rameaux d’oliviers. »

Mais ce n’est pas sans une profonde signification que l’on porte les branches de ces arbres. L’olivier, en effet, qui contient dans son fruit de quoi soulager les douleurs et les fatigues, représente les œuvres de miséricorde – et miséricorde se dit d’ailleurs en grec oleos. Quant au palmier, son tronc est rugueux, mais il trouve au terme, c’est-à-dire en son sommet, une très belle parure, montrant ainsi que nous devons nous élever en passant par les aspérités de cette vie jusqu’aux splendeurs de la patrie céleste. C’est pourquoi aussi David, le prophète psalmiste, chante au sujet de l’homme juste : « Le juste fleurira comme le palmier. » Tenons donc en main les branches de l’olivier, en faisant paraître dans nos actes la vertu de miséricorde. Prenons aussi des branches de palmiers de manière à attendre, pour prix de la miséricorde, non pas des consolations sur la terre, mais la beauté de la patrie d’en haut, ou nous précède le Christ notre Seigneur, lui qui est, selon l’apôtre « la fin de la loi pour la justification de tout croyant ».

Ne passons pas non plus à côté de ce verset du psaume que la foule chantait en l’appliquant au Seigneur: « Hosanna au plus haut des cieux, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, hosanna au plus haut des cieux. » La venue de l’incarnation du Seigneur, en effet, fut cause de salut non seulement pour les hommes sur la terre, mais aussi pour les anges dans le ciel, car, tandis que les hommes sont sauvés sur la terre, le nombre des anges qui s’était trouvé diminué par la chute du diable, est complété dans le ciel. « Hosanna au plus haut des cieux, » revient donc à dire : Sauve-nous, toi qui es aussi le salut dans les cieux. Et parce qu’ils demandaient ce salut avec beaucoup de dévotion, ils répétèrent ces mots et dirent une deuxième fois : « Hosanna au plus haut des cieux. » Que le Christ béni (notre) Seigneur vous accorde donc de parvenir à ce salut, lui qui vient au nom de Dieu le Père, avec lequel il vit et règne, Dieu, dans les siècles des siècles. Amen.


 

Sermons disponibles en version numérique [pdf] sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

 


 

 

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