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Saint Païssius Velichkovsky – Fleurs spirituelles. III Sur les grandes vertus primordiales

18 novembre 2020

6. La FOI

La première vertu est la foi car, dit le Seigneur, c’est la foi qui permet de déplacer les montagnes et qui accorde aux hommes ce qu’ils cherchent. Chacun de nous est fortifié par la foi, dans nos actes glorieux et magnifiques. C’est par notre volonté propre que la foi croît ou décroît.

7. Sur l’AMOUR

La seconde vertu est l’amour désintéressé envers Dieu et les hommes. L’amour rassemble toutes les vertus et les relie entre elles. Grâce à l’amour seul, la loi est respectée et une telle vie est celle que Dieu aime. L’amour consiste à sacrifier sa propre vie pour celle d’autrui et à ne pas faire aux autres ce qu’on ne voudrait pas pour nous-mêmes. C’est par amour que le Fils de Dieu est devenu homme. Celui qui aime est proche de Dieu, car là où il y a l’amour, là aussi se trouve Dieu.

8. Sur le JEÛNE

La troisième vertu est le jeûne. Par jeûne j’entends le fait de manger modérément une seule fois par jour. Lève-toi de table en restant sur ta faim, après avoir pris un peu de nourriture, du pain, du sel et bu de l’eau. Pour te nourrir, suis la voie royale, celle par laquelle beaucoup ont été sauvés, voilà ce que nous disent les Pères. L’homme n’est pas toujours capable de se passer de nourriture pour un, deux, trois, quatre, cinq jours, ou une semaine. Mais en ce qui concerne la nourriture et la boisson quotidiennes, on peut toujours agir ainsi : même après avoir mangé, il faut toujours rester sur sa faim, afin que le corps soit soumis à l’esprit et apte au travail et à l’acuité intellectuelle. Ainsi sont maîtrisées les passions du corps. On ne mortifie pas les passions du corps par un jeûne total aussi bien que par l’absorption de juste un peu de nourriture. Certains jeûnent pendant un certain temps, puis s’offrent des festins délicieux. Beaucoup entament un jeûne qui est au-delà de leurs forces ; ils s’affaiblissent à cause de ce manque de mesure et des épreuves excessives qu’ils s’imposent et ils vont bientôt rechercher les mets fins et le repos pour raffermir leur corps. Ceux qui agissent ainsi ne font que construire pour ensuite détruire ce qu’ils ont construit, car le corps éprouvé par le jeûne aspire aux douceurs et cherche consolation ; or ce sont les douceurs qui suscitent les passions. Si par contre chacun détermine pour lui-même la quantité de nourriture toute simple à absorber chaque jour, il en tirera grand profit. Toutefois, en ce qui concerne la quantité, la règle doit respecter ce qui est nécessaire à l’entretien du corps. Le travail spirituel peut alors être mené à bien. Quiconque jeûne au-delà de ses forces va bientôt abandonner pour se reposer. Il n’y a pas d’ascèse sans mesure ; la conjonction de l’une à l’autre est sans prix. Certains des Pères aussi mesuraient leur nourriture ; chaque chose venait en son temps, et tout était mesuré – les épreuves de l’ascèse, les besoins du corps, les biens possédés en cellule. Tout était fait au moment opportun, selon une règle précise et réaliste. Les Saints Pères n’imposent donc à personne d’entamer un jeûne qui ne pourrait être tenu et qui ne conduirait qu’à affaiblir le corps. Fixe-toi la règle de manger tous les jours ; tu pourras alors te restreindre plus fermement. Si quelqu’un s’impose immédiatement un jeûne plus sévère, comment pourra-t-il ensuite s’abstenir de manger à satiété et de trop manger ? C’est impossible. Entamer un jeûne de façon aussi excessive, c’est faire preuve de vanité, ou ne rien comprendre à la continence qui est une des vertus qui doit aider à l’assujettissement de la chair. La faim et la soif sont données à l’homme en vue de la purification du corps, afin qu’il soit préservé des pensées impures et des passions de la chair. Manger un peu chaque jour peut conduire à la perfection, comme certains l’ont dit ; celui qui mange tous les jours à heure fixe n’est en rien abaissé moralement et ne fait aucun mal à son âme. Saint Théodore le Studite loue ceux qui agissent ainsi, dans son instruction sur le Vendredi de la première semaine du Grand Carême, et il cite à l’appui les enseignements des Saints Pères théophores et du Seigneur lui-même.

Le Seigneur a enduré un long jeûne, de même que Moïse et Elie, mais une seule fois dans leur vie. Certains, quand ils ont adressé une demande au Créateur, se sont également imposé un long jeûne, mais ce fut toujours en accord avec les lois naturelles et l’enseignement des Saintes Ecritures. Quand on observe l’activité des Saints, la vie de Notre Sauveur et les règles de ceux qui ont vécu pieusement, il apparaît clairement qu’il est très beau et très profitable de se tenir toujours prêts et d’être trouvés dans une vie ascétique de travail et d’endurance ; toutefois, il ne faut jamais en venir à s’affaiblir par un jeûne excessif ni réduire le corps à un état d’inactivité. Si la chair est ardente parce qu’elle est jeune, il faut beaucoup se restreindre ; mais si elle est infirme, il faut en prendre soin. Il faut observer et apprécier en fonction de nos faiblesses ce que nous pouvons accomplir. A chacun sa mesure, selon sa conscience. Tous ne peuvent suivre les mêmes règles et la même ascèse car certains sont forts et d’autres faibles. Certains sont comme l’airain, d’autres comme le cuivre, d’autres comme la cire. Après avoir établi sa mesure, il faut se nourrir ainsi une fois par jour, sauf les samedis, dimanches et jours des fêtes du Seigneur.

Un jeûne modéré et bien conçu est le fondement de toutes les vertus. Il faut combattre le démon comme on combat le lion ou le serpent félon – dans les faiblesses du corps et l’appauvrissement spirituel. Quiconque veut fortifier son intellect pour résister aux pensées mauvaises, celui-là doit purifier son corps par le jeûne.

Il est impossible de servir comme prêtre sans jeûner. De même qu’il est indispensable de respirer, de même il est indispensable de jeûner. Quand le jeûne a atteint l’âme, il détruit en profondeur les péchés qui y résident.

9. Sur la CONTINENCE

La quatrième vertu est la continence, elle-même mère de toutes les vertus ; Si tu assujettis ton estomac, tu entreras au Paradis. Grâce à la continence, le péché est annihilé, les passions sont dispersées, la vie spirituelle peut se développer et les choses éternelles deviennent accessibles. Si au contraire l’homme mange à satiété, il se prive des dons spirituels, car l’estomac trop plein assoupit et engendre des pensées impures ; la veille devient impossible, de même que la lecture, l’occupation au travail et l’application dans les bonnes choses. Du pain et de l’eau chaude constituent une alimentation légère, merveilleuse, qui apaise les besoins. Sans eau chaude, l’estomac du jeûneur s’assèche, et la digestion devient plus difficile ; le pain trempé dans l’eau chaude est vite digéré et constitue une nourriture particulièrement adéquate en période de jeûne ou le soir. Il y a quatre manières de se nourrir : le jeûne, la continence, la suffisance et la satiété. Celui qui impose la continence à son estomac ne sera pas privé du Paradis ; par contre celui qui ne lui impose pas la continence est soumis à la mort, privé de toutes vertus et honteusement moqué.

10. Sur la VEILLE

La cinquième vertu est la veille. Les jeunes moines doivent commencer avec mesure à veiller la première moitié de la nuit, puis dormir jusqu’au matin, c’est-à-dire veiller six heures et dormir cinq ou six heures. Les moines plus affermis doivent dormir trois ou quatre heures et veiller huit heures ; quant aux moines parfaits, ils dorment une heure et restent toute la nuit debout à veiller. Pendant le jour, chacun doit dormir une heure. La veille bien menée débarrasse l’intellect des pensées superficielles ; elle le rend plus léger et le mène à la prière. De même que les yeux éclairent le corps et illuminent tous ses membres, de même l’attention dans la veille et l’agrypnie éclaire l’âme d’une lumière spirituelle. A l’homme elle rappelle les biens inexprimables que le Seigneur a préparés pour ceux qui L’aiment ; elle lui montre les tourments éternels auxquels sont destinés les pécheurs. Celui qui veille est émerveillé par le Créateur de toutes choses, par le jour et la nuit qui se succèdent, par l’éclat du soleil, par la lune et les étoiles, par la succession du gel, de la neige, de la chaleur, de l’orage et de la pluie, qui rappellent à l’homme que cette vie est passagère et, qu’après elle, vient la mort. La veille lui fait verser d’abondantes larmes et, telle une sentinelle du haut de sa garde, l’éclaire sur l’état de sa vie spirituelle. Elle lui permet de discerner s’il est sur le droit chemin. La veille, pratiquée avec mesure, procure la joie du cœur.

11. Sur la PRIÈRE DU COEUR

La sixième vertu est la prière du cœur. C’est une œuvre qui est commune aux anges et aux hommes. Dans cette prière, les hommes en viennent à se rapprocher de la vie des anges. La prière est la source de toutes les bonnes actions et de toutes les vertus ; elle éloigne de l’homme la ténèbre des passions. Pratique la prière et, dès avant la mort, ton âme ressemblera à celle d’un ange. La prière est une joie divine. C’est la seule épée très précieuse. Il n’y a pas d’autre arme pour mieux éloigner les démons. Elle les consume comme le feu consume l’épine. Cette prière embrase comme un feu l’homme tout entier et lui apporte une joie inexprimable. Grâce à la joie et aux douceurs qu’il perçoit, l’homme en vient à oublier cette vie et ne voit plus dans ce monde que poussière et cendres.

12. Sur l’HUMILITÉ ET LA SAGESSE DANS L’HUMILITÉ

La septième vertu est l’humilité et l’humilité de la sagesse. Les vieillards, les malades, les simples d’esprit, les pauvres, les ignorants sont sauvés par la seule humilité du cœur. Par elle, tous les péchés sont pardonnés ; elle tire l’homme de la fosse du péché. Grâce à l’humilité dans la sagesse les plans et les pièges de l’ennemi sont détruits ; la vie spirituelle est fortifiée et préservée de toute chose.

13. Sur le SILENCE

La huitième vertu est le silence qui consiste à s’éloigner de tout souci et de tout trouble venu du monde et à rester muet dans la foule. Celui qui sait discipliner et contrôler sa langue tient en bride son corps tout entier. Celui qui parle peu échappe aussi à tous les maux qui naissent de la parole. La langue est un mal qu’on ne peut réprimer. Beaucoup ont péri par l’épée, mais plus encore ont péri par leur propre langue. La langue est comme une épée à deux tranchants, qui meurtrit de façon invisible le corps et l’âme ; elle ne cesse de proférer des mots vides dans l’oisiveté des spectacles. O langue, ennemie de la droiture ! O langue destructrice et esprit de Satan ! Par les épreuves l’homme élève l’édifice spirituel et bâtit son Salut ; mais toi, ô langue, par un mot, en un instant, tu peux détruire et anéantir le tout. L’homme sage s’enferme dans le silence.

14. Sur le DÉTACHEMENT DE TOUTES CHOSES

La neuvième vertu est le détachement de toutes choses et l’extrême pauvreté. Un moine détaché des choses est comme un aigle qui vole sur les cimes ; il ne se laisse pas attirer par les vanités de ce monde, et il reste intouché ; fuyons, fuyons l’amour de l’argent et des autres choses comme si c’était un lion rugissant, car il transforme l’homme doux et humble en une bête féroce excitée par la colère sans merci et le souvenir des torts reçus.

15. Sur le DISCERNEMENT

La dixième vertu consiste à avoir un bon discernement en toutes choses, car sans discernement le bien peut se transformer en mal et ne plus présenter les qualités du bien.

 

Il est impossible d’être sauvé, si on ne possède pas ces dix vertus. Les Saints pères les ont commentées longuement dans leurs homélies. Nous n’avons fait ici qu’en parler brièvement.

 

Trois de ces vertus sont fondamentales et doivent être recherchées par amour de Dieu, sans hypocrisie, ni souci de plaire aux hommes :
 

Le jeûne, c’est-à-dire une abstinence modérée et constante
 

L’application constante à étudier les Saintes Écritures en veillant avec modération, c’est-à-dire selon sa conscience et ses capacités
 

La pratique intelligente de la prière du cœur, c’est-à-dire avec un esprit attentif aux mots de la prière et avec la garde intérieure du cœur. Faute de quoi, celui qui possède ces vertus ne se distingue en rien de celui qui ne les possède pas. Si on acquiert une vertu dont la pratique nous pousse, par notre volonté, à des pensées d’orgueil, mieux vaut la délaisser.

 

Nous sommes récompensés, non pas tant des épreuves endurées que de l’humilité avec laquelle nous les avons endurées ; Mieux vaut être pécheur et se repentir que de s’être réformé et d’avoir un esprit hautain.

 

Que le Seigneur Dieu nous éclaire et nous affermisse dans l’accomplissement de Sa Volonté, et la pratique des Commandements sacrés et des vertus. A lui soit la gloire, maintenant et toujours, et aux siècles des siècles. Amen.

 

Michel Aubry, Saint Païssius Velichkovsky, L’Âge d’Homme, La Lumière du Thabor, 1992
Version électronique [html] disponible sur le site de Presbytera Anna
Saint Paisius Velichkovsky, Little Russian Philokalia, Volume IV, St. Herman Press, St. Paisius Abbey Press, New Valaam Monastery, Alaska, 1994

 


 

 


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