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Saint Jean de Chozéba [5 août]

15 octobre 2020

Mémoire du vénérable JEAN de CHOZÉBA

Orphelin, saint Jean, nommé Élie au saint baptême, fut élevé par sa grand-mère qui avait renoncé à prendre le voile pour assurer son éducation. Quand elle mourut, Élie fut recueilli par son oncle, père d’une famille nombreuse, au sein de laquelle il souffrit de la misère et des mauvais traitements. Le jour de Pâques, alors que les villageois s’étaient rendus selon la coutume au cimetière pour saluer les défunts et qu’Élie pleurait près de la tombe encore fraîche de sa grand-mère, il entendit soudain, mêlée au son des cloches, une voix lui dire : « Ne pleure pas, je suis avec toi. Le Christ est ressuscité ! » Le jeune garçon se releva effrayé, cherchant d’où venait cette voix, et il vit, sortant du sanctuaire de l’église, le Christ ressuscité qui lui souriait.

Après avoir brillamment achevé ses études secondaires, alors qu’il devait choisir sa carrière, il entendit dans sa prière une voix lui murmurer : « Au monastère ! Au monastère ! » Âgé de vingt ans, il entra au fameux monastère de Néamts (cf. 15 nov.), où il servit d’abord comme aide-pharmacien, puis comme bibliothécaire. Consacré rasophore au retour de son service militaire (1936), il redoubla de zèle dans le jeûne et la prière. Peu après, il partit en pèlerinage aux Lieux saints, avec deux autres moines, et obtint la bénédiction de s’installer au monastère de Saint-Sabas, où vivaient des moines grecs et roumains. Il y apprit parfaitement le grec, de sorte qu’il put traduire de nombreux livres spirituels en roumain, notamment les œuvres de saint Nicodème l’Hagiorite, et il se fit aussi respecter par tous les Pères, pour son silence, sa rigueur dans la vie ascétique et son application à la prière intérieure. Lors du soulèvement des populations arabes contre les Anglais, le monastère fut transformé en hôpital, et Jean se dépensa tellement dans le soin des blessés qu’il tomba lui-même malade. Il obtint alors l’autorisation de se retirer au désert pour se reposer, mais à la suite des privations et du manque d’eau, il fut atteint de dysenterie.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, comme la Roumanie était alliée du Reich, tous les moines roumains furent arrêtés par les Anglais, et saint Jean, ayant été choisi comme interprète, resta prisonnier plus longtemps que ses confrères. Enfin libéré, il fut guéri de la dysenterie en vénérant le crâne de saint Théodose et put reprendre ses activités au monastère. Il reçut le Grand-Habit et pensait que l’heure était enfin arrivée pour lui de mener la vie hésychaste, quand on le nomma higoumène du monastère roumain de la vallée du Jourdain. Il s’acquitta de cette charge avec sagesse et humilité (1947-1953), et inspira à ses disciples le zèle pour les combats de l’ascèse.

 

Ses journées étaient vouées au travail et à la direction des frères, tandis qu’il passait ses nuits en prière dans le désert. En 1953, il put enfin se retirer dans le désert proche du monastère de Chozéba [cf. 8 janv.] et s’installa dans une grotte perchée à cinquante mètres au-dessus du ravin, dans laquelle saint Joachim, le père de la Mère de Dieu, avait, dit-on, prié. Persévérant pendant sept ans dans la prière continuelle, qu’il agrémentait par la lecture des saints Pères et par la composition de poèmes spirituels, il supporta avec patience la rigueur du climat, les privations de toutes sortes, les assauts des démons et les agressions des musulmans qui voulaient le déloger. Évoquant la composition de ses poèmes, il écrivait dans une lettre : « Les mots jaillissent de mon cœur semblables aux étincelles d’une pierre à briquet, mais cela n’a lieu que lorsque le silex du cœur est frappé par la douleur ou la joie, le regret des fautes ou la gratitude envers Dieu … Quand j’écris des lignes émouvantes, je sens une douleur au cœur, comme si les vers étaient des miettes arrachées de mon cœur, c’est pourquoi les mots coulent avec des larmes. »
Il descendait au monastère seulement pour les grandes fêtes, et ne recevait que son disciple dans sa grotte qui restait inaccessible quand il en retirait l’échelle. Après avoir été témoin d’une vision céleste, il remit son âme à Dieu, en bénissant les quatre directions, le 5 août 1960. Lors de l’office des funérailles, une multitude d’oiseaux sauvages envahit soudain la grotte et vint se poser sur le corps du saint, pour associer ses cris aux chants funèbres des moines.

 

Vingt ans plus tard, son disciple Joannice vit saint Jean en rêve qui lui demandait de procéder à l’exhumation de son corps. Mais cette requête fut rejetée par l’higoumène du monastère, comme non conforme aux usages. Peu après, des pèlerins qui s’étaient jadis confessés à l’ascète demandèrent à visiter sa grotte et à vénérer son corps. On ouvrit donc la tombe, et l’on découvrit avec stupeur que son corps était resté complètement incorrompu et dégageait un délicat parfum. Il fut transporté avec précaution au monastère de Chozéba, où il est depuis vénéré par les pèlerins.

 

Le Synaxaire. Vie de Saints de l’Église orthodoxe

Deuxième édition
par hiéromoine Macaire, monastère de Simonos Pétra au Mont Athos
Douzième volume [août], publié par les éditions Simonos Pétra

La vie de saint Jean de Chozéba est publiée ici avec l’aimable autorisation de l’auteur

 

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