Communisme, Histoire, La foi vivante de l’église orthodoxe, Martyrs et confesseurs du XXe siècle, Orthodoxie

Le combat pour la Jérusalem céleste

23 janvier 2021

Nous avons devant nous le livre d’un confesseur, un livre terrifiant et utile pour ceux qui le lisent, publié dans la collection « Témoignages des confesseurs roumains dans les prisons », coordonnée par la communauté du monastère de Diaconești — département de Bacău, avec la préface signée par le regretté père Gheorghe Calciu-Dumitreasa, d’éternelle mémoire, et la postface rédigée par l’écrivain et publiciste chrétien Răzvan Codrescu.

Les mémoires, très émouvantes, d’un martyr dans les prisons communistes pendant vingt-trois ans, en compagnie de Valeriu Gafencu – « le saint des prisons », des prêtres Gheorghe Calciu, Gherasim Iscu, Constantin Voicescu, Dumitru Stăniloae, Constantin Galeriu, Daniil Sandu Tudor ou des écrivains chrétiens Mircea Vulcănescu, Marcel Petrișor, Radu Gyr, Constantin Oprișan, Nichifor Crainic et Gheorghe Jimboiu, montrent que ces martyrs contemporains ont survécu dans l’arène des « lions communistes » grâce à leur foi inébranlable en Dieu – Celui qui « peut tout faire pour celui qui croit », donnant aux humbles la Grâce qui sanctifie, gouverne et dirige toute la création !

Les manuscrits sont arrivés, il y a deux ans, au monastère de Diaconești, où les religieuses, dirigées par la moniale Antuza Diaconu, les ont étudiés attentivement, jusqu’à ce qu’elles les concentrent dans ce livre, respectant le cours des événements décrits conformément à l’histoire des prisons par lesquelles l’auteur et les autres héros des Mémoires sont passés. De tous les récits sur les prisons communistes, ce livre est l’un des plus spirituels, l’un des plus pénétrants, comme le témoigne également le père Calciu. Les héros de ce livre ne sont pas les inventions d’un écrivain en quête de célébrité, mais des martyrs de la foi, de vraies personnes, qui ont traversé l’enfer pour se sanctifier et qui nous laissent leurs vies en exemple. En gravissant, un à un, les degrés de l’échelle sainte sous les persécutions, ils ont cherché premièrement à mettre de l’ordre dans leurs propres vies, à comprendre et à vivre l’expérience communautaire dans l’Église primitive, à polir, lentement mais sûrement, leurs caractères pour les ouvrir à l’amour, le sacrifice, la bonté et la pratique de l’amour communautaire.

Ils sont passés, avec le prix de leur sang, par l’école de Philocalie et de la spiritualité orientale authentique. En d’autres termes, l’implication de la personne dans le combat spirituel, en passant par toutes les degrés de l’ascèse chrétienne, dans le combat invisible et visible dans lequel ces serviteurs du Christ et amoureux du prochain se sont engagés, conduit à une telle profondeur d’analyse qu’elle « ne pouvait être faite par ces jeunes que seulement par la présence de l’Esprit Saint, qui les a aidé tout au long de leur vie en prison ».

L’auteur s’attarde longtemps sur celui qu’on a appelé le saint des prisons, Valeriu Gafencu, exemple de vie en Christ. Ianolide, lui-même un homme spirituellement expérimenté, montre comment son camarade a pleinement assumé sa vie spirituelle, par conviction et avec l’aide de Dieu, malgré toutes les vicissitudes qu’il a traversées à cause du système et du régime satanique !

L’ouvrage est le rappel de Ianolide, terrorisé par les menaces du régime communiste, d’une série d’événements, de faits, de moments cruciaux, à valeur existentielle, décisifs pour l’évolution des héros du livre, qui, malgré l’intention de leurs ennemis, ont réussi à triompher. La postérité objective se souviendra d’eux en tant que « héros de la foi », porteurs de l’Esprit de Dieu dans l’enfer de ce monde terrestre de la seconde moitié du vingtième siècle ! …

À ce propos, les paroles de Răzvan Codrescu sont très importantes : « Plus de 40 ans après la fermeture des prisons politiques communistes et plus de 16 ans après l’effondrement de l’ancien régime, en Roumanie nous n’avons pas de martyrologie officielle ni de martyr chrétien anticommuniste, honoré comme il se doit par l’Église de la Nation… Pour cette raison, nous avons jugé opportun aux éditions Christiana de répondre à l’ignorance et à l’indolence actuelles avec une collection documentaire consacrée au martyre orthodoxe du vingtième siècle en Roumanie, intitulée ‹ l’Orthodoxie militante ›. « Si ce volume, si proche thématiquement, n’est pas entré dans la collection respective, c’est uniquement parce qu’il a été structuré différemment. Son histoire est esquissée, en grande partie, dans la clarification éditoriale qui précède le texte de Ioan Ianolide. Préparé avec un soin admirable et exemplaire pendant plusieurs années au monastère de Diaconești, où il est arrivé après de longues aventures (répondant ainsi au souhait de l’auteur dans une courte note testamentaire : ‹ Les moines seront le plus habilités à statuer sur ce document ›), ce livre est sans aucun doute l’un des meilleurs de toute la littérature pénitentiaire. Mais son intérêt ne réside pas tant dans les faits présentés, que dans l’ouverture spirituelle : l’anecdote est dépassée et transcendée à travers de vraies pages de Philocalie contemporaine, révélant abondamment que dans les prisons communistes, autour de Valeriu Gafencu, s’est constituée, mutatis mutandis, un mouvement spirituel correspondant à celui promu, de l’autre côté des barreaux, par le groupe ‹ Le Buisson Ardent › du monastère d’Antim ».

Ce livre-document est unique en son genre chez nous, un de la rédemption du temps du salut et du monde par la foi, dans laquelle la souffrance, l’ascèse, la vie spirituelle et la connaissance mystique marchent ensemble sur les traces des anciens confesseurs — de la période apostolique, patristique et post-patristique — nous rappelant que la vie chrétienne et « le christianisme sont nés du sacrifice de Dieu pour les hommes et ont duré grâce au sacrifice des gens pour Dieu ». Răzvan Codrescu espère qu’à terme, les martyrs du Christ pendant le communisme bénéficieront de toute l’attention du Saint Synode et de la Commission pour la canonisation de l’Église orthodoxe roumaine, « qui, avant de construire la cathédrale du Salut de la nation en pierre, aurait l’occasion d’achever celle qui est bâtie dans l’Esprit, lui ajoutant de nouvelles tours de sainteté ».

Le retour au Christ met en évidence la conviction que sans communion, participation et sacrifice, le christianisme n’est qu’une simple idéologie, dénuée d’Esprit et de Vérité. Par conséquent, l’Église — une institution divine humaine vivante et dynamique — n’est pas aujourd’hui un musée d’antiquités, rempli de pièces historiques et artistiques de valeur, mais elle constitue la Montagne de notre Transfiguration et de la naissance de tant de générations de personnes « de l’eau, du Saint-Esprit et de feu », beaucoup d’entre eux étant appelés à embrasser « la couronne du martyre et donc de la sainteté ». Ceux qui sont expulsés des tours babyloniennes peuvent frapper aux portes de la cité de la nouvelle Jérusalem – ecclésiale et céleste qui « n’a pas besoin du soleil, ni de la lune pour qu’ils l’éclairent, car c’est la gloire de Dieu qui l’illumine et l’Agneau en est le flambeau. ». (Apoc. XXI. 23).

 

Ioan Ianolide, Le retour au Christ – document pour un monde nouveau, Editura Christiana, București, 2006, 534 pages.

Stelian Gomboș

 

Rost , no. 49, mars 2007, pp. 20-21

Traduction : hesychia.eu

 

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