Préambule
Avec l’aide de Dieu, Métanoïa souhaite proposer aux chrétiens de notre temps les écrits des Pères de l’Église dans un format accessible.
Les paroles des Pères résonnent avec force, aujourd’hui plus que jamais, et elles sont un guide sans faille pour tout chrétien qui chemine sur la voie étroite du Salut.
À l’origine de ce numéro de Métanoïa se trouve un ouvrage publié à Paris en 1791, portant le titre : S. Jean-Chrysostôme, aux catholiques de France. Deux cent trente ans plus tard, nous avons repris la structure de cet ouvrage et avons rajouté des éléments supplémentaires pour une meilleure compréhension des écrits de Saint Jean Chrysostome.
Les illustrations sont adaptées d’après l’Art religieux du XXe siècle en France, par Émile Mâle, chez Armand Colin, Paris, 1922, à l’exception de la carte [p. 42] et de deux couvertures.
Nous tenons également à remercier les moines de l’abbaye Saint-Benoît de Port-Valais pour leur Bibliothèque monastique numérique, contenant, entre nombreux autres ouvrages, les Œuvres complètes de St Jean Chrysostome.
Le thème du prochain numéro est : Les chrétiens et le pouvoir séculier. Dieu, César et Mammon.
Le serviteur de Dieu, Eugène
Saint Jean Chrysostome – Aux chrétiens de France
SOMMAIRE
Persécutions de la part de proches
L’Apôtre nous enseigne tout ce que les fidèles de ce temps avaient à souffrir de leurs proches et de leurs parents, et c’étaient les plus terribles maux. Vous êtes devenus, dit-il, les imitateurs des Églises de Dieu qui sont dans la Judée. En quoi sont-ils devenus leurs imitateurs ? En ce que vous avez souffert les mêmes persécutions de la part de vos concitoyens que ces Églises ont souffrances de la part des Juifs. (I Thess. II, 14.) Voilà encore la guerre, mais la guerre civile, surcroît de douleurs. Si un ennemi m’avait outragé, je l’aurais souffert, dit le prophète ; mais c’est toi qui vivais dans un même esprit avec moi, qui étais te chef de mes conseils, mon plus cher confident. (Ps. LXXXIV, 13, 44.)
Troisième homélie sur ce texte : Parce que nous avons un même esprit de foi
Saint Jean Chrysostome — Œuvres complètes traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin — t. IV, p. 239-240, Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Éditeur, Arras, 1887
Les persécutions actuelles sont plus terribles que les persécutions d’autrefois
J’ai entendu dire à nos pères […] qu’autrefois c’était au sein de la persécution que l’on pouvait voir de vrais chrétiens. Car nul alors ne s’inquiétait de fortune, de femme, d’enfants, de famille, de patrie ; tous n’avaient qu’un désir unique, le salut de leur âme. On se cachait, les uns, dans les tombeaux, dans les sépultures ; les autres, dans les solitudes. Et non-seulement des hommes, mais des femmes tendres et délicates allaient y chercher une retraite pour y lutter sans cesse avec la faim. Eh bien, je vous le demande, pensait-elle beaucoup à la vie somptueuse, pensait-elle aux délices, aux plaisirs, cette femme cachée dans un tombeau, attendant la servante qui lui apportait son repas, ayant peur d’être prise, et demeurant dans ce tombeau comme dans un four ? Désirait-elle les délices de la vie ? Savait-elle seulement qu’il y a une vie délicieuse, qu’il y a un monde ? Ne comprenez-vous pas que si la persécution est terrible, c’est lorsque nos passions s’élancent sur nous comme des bêtes fauves ? C’est, n’en doutez pas, c’est lorsqu’on s’imagine qu’il n’y a pas de persécution ; c’est alors assurément que la persécution doit frapper d’épouvante. Et ce qui rend cette guerre redoutable entre toutes, c’est que l’on se croit en paix. Nous ne prenons pas les armes, nous ne sommes pas debout, pour repousser l’ennemi ; personne n’a peur, personne ne tremble. Si vous ne me croyez pas, demandez aux gentils, qui nous persécutent ; quand le christianisme était-il le plus prospère ? Quand les chrétiens se sont-ils couverts de plus de gloire ? C’est quand ils étaient en petit nombre. C’est qu’alors aussi les âmes étaient riches en vertus.
Homélie XXIV sur les Actes des apôtres
Saint Jean Chrysostome — Œuvres complètes traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin — t. IX, p. 117, Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Éditeur, Arras, 1887
Avantage des persécutions
L’apôtre ranime encore l’ardeur des Corinthiens et les soutient dans leurs nombreuses épreuves. […] Que leur dit-il donc? Ne soyez ni surpris, ni troublés de tant d’afflictions., Elles nous valent de nombreux avantages. Il leur en a montré déjà plusieurs: Nous portons avec nous, leur a-t-il dit, la mortification de Jésus-Christ, et nous sommes partout la preuve vivante de sa puissance. « Afin que, dit-il, on reconnaisse l’étendue de la vertu de Dieu. » Nous servons encore de preuve à sa résurrection; ce qu’il disait en ces termes « Afin que la vie de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle ». Il dit ensuite que l’homme intérieur est perfectionné : « Si l’homme extérieur se corrompt, dit-il, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour ». Voulant ensuite montrer l’avantage des souffrances et des persécutions, il ajoute qu’elles enfantent toutes sortes de biens pour ceux qui les endurent avec patience. Peut-être vous désoleriez-vous de voir l’homme extérieur se corrompre : or c’est précisément lorsque cette corruption se sera produite que vous éprouverez le plus de jouissances et que vous aurez le sort le plus heureux. Non-seulement donc il ne faut point s’affliger, si quelque partie du corps se dissout; mais au contraire il faut aspirer à une complète dissolution. Cette corruption de l’homme extérieur mène à l’immortalité.
Homélie X sur la deuxième épître aux Corinthiens.
Saint Jean Chrysostome — Œuvres complètes traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin — t. X, p. 435, Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Éditeur, Arras, 1887
Histoire de deux martyrs pendant les persécutions
Je veux vous raconter un fait qu’il vous sera très-utile et très-profitable d’entendre. Quel est-il? Comme la persécution sévissait et que l’Eglise était troublée par une guerre violente, on se saisit de deux chrétiens, dont l’un était prêt à tout supporter, tandis que l’autre, qui aurait courageusement donné sa tête au bourreau, craignait et redoutait les autres tourments. Voyez comment Dieu a arrangé les choses. Lorsque le juge fut sur son siège, il ordonna qu’on couperait la tête à celui qui était prêt à tout, pour l’autre, il le fit torturer, non pas une ou deux fois, mais dans toutes les villes par lesquelles il passait. Or, pourquoi Dieu a-t-il permis cela? C’était assurément pour donner de la fermeté et de la vigueur au moyen des tourments, à l’âme qui n’avait pas été assez exercée. C’était pour lui enlever toute terreur, afin qu’elle ne craignît pas plus longtemps, qu’elle ne fût point lâche et ne tremblât pas pendant le supplice. De même, c’est au moment où Joseph faisait le plus d’efforts pour sortir de prison, qu’il y était retenu pour plus longtemps; écoutez-le « J’ai été dérobé du pays des Hébreux », dit-il, « mais souviens-toi de moi auprès de Pharaon ». (Genès. XL, 15.) Pourquoi était-il retenu? C’est pour qu’il apprît qu’il ne fallait pas mettre sa confiance dans les hommes, mais s’en rapporter entièrement à Dieu. Maintenant donc que nous savons cela, rendons grâces au souverain maître, et faisons tout ce qu’il convient, afin de gagner les biens éternels en Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui partage la gloire du Père et du Saint-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.
Homélie VI sur l’épître de Saint Paul à Tite.
Saint Jean Chrysostome — Œuvres complètes traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin — t. XI, p. 435, Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Éditeur, Arras, 1887
Métanoïa no. 02 │ 2021
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