Grégoire de Nazianze, Histoire, Orthodoxie

Saint Grégoire le Théologien: Pour la Théophanie ou la Nativité

25 décembre 2024

Celui qu’on ne peut voir est vu, celui qu’on ne peut toucher est palpable, celui qui est en dehors du temps a un commencement, le Fils de Dieu devient fils d’homme

Le Christ naît, rendez gloire ; le Christ vient des cieux, allez à sa rencontre ; le Christ est sur terre, élevez — vous. « Chantez au Seigneur, toute la terre » ; et pour dire les deux à la fois : « Que se réjouissent les cieux et qu’exulte la terre » à cause de celui qui est « céleste » et ensuite « terrestre ». Le Christ est dans la chair ; « exultez avec tremblement » et joie : tremblement, à cause du péché ; joie, à cause de l’espérance. Le Christ (naît) d’une vierge ; femmes, pratiquez la virginité, si vous voulez être mères du Christ. Qui n’adorera celui qui est « dès le commence­ment » ? Qui ne rendra gloire à celui qui est « le dernier » ?
 

 

De nouveau les ténèbres sont détruites, de nouveau la lumière est créée ; de nouveau l’Égypte est châtiée par les ténèbres ; de nouveau Israël est illuminé par la colonne. Que le peuple, « assis dans les ténèbres » de l’ignorance, « voie une grande lumière », celle de la connaissance. « Les choses anciennes ont passé, voici que toutes les choses sont devenues nouvelles. » La lettre cède, l’esprit triomphe ; les ombres se dérobent hâtivement, la vérité fait son entrée à leur suite ; c’est l’accomplissement de Melchisédech : celui qui est sans mère naît sans père, sans mère en premier lieu, sans père en second lieu ; les lois de la nature sont suspendues ; il faut que se réalise le monde d’en haut. Le Christ commande, ne nous opposons pas. « Toutes les nations, battez des mains », car « un petit enfant nous est né et un fils nous a été donné, le pouvoir est sur son épaule » – c’est en effet avec la croix qu’il s’élève – « et il a pour nom Ange du grand conseil », celui du Père. Que Jean crie : « Préparez le chemin du Seigneur » je crierai, moi, la puissance de ce jour : celui qui n’a pas de chair prend chair, le Verbe prend épaisseur, celui qu’on ne peut voir est vu, celui qu’on ne peut toucher est palpable, celui qui est en dehors du temps a un commencement, le Fils de Dieu devient fils d’homme, « Jésus-Christ hier et aujourd’hui, le même aussi pour les siècles ». Que les juifs se scandalisent, que les Grecs se moquent, que les hérétiques aient des démangeaisons à la langue ! Ils croiront lorsqu’ils le verront monter au ciel ; et sinon alors, du moins quand ils le verront descendre du ciel et siéger comme juge.

Cela, c’est pour plus tard. Maintenant c’est la solennité de la « Théophanie » ou encore de la Nativité, car elle est désignée de l’une et de l’autre façon, deux noms étant attribués à une seule réalité. Dieu en effet est apparu aux hommes en naissant : d’une part il est, et depuis toujours il vient de Celui qui est depuis toujours, au-dessus de toute cause et de toute raison — car il n’y avait pas de raison antérieure au Verbe — ; d’autre part, à cause de nous il est né plus tard, afin que celui qui avait donné d’être accorde aussi de bien être, ou plutôt, comme nous étions déchus du bonheur à cause de notre malignité, il a voulu nous ramener à lui-même par l’Incarnation. Le nom de Théophanie vient du fait qu’il est apparu, le nom de Nativité, du fait qu’il est né.

Telle est pour nous la solennité, telle est la fête que nous célébrons aujourd’hui : c’est la venue de Dieu chez les hommes, afin que nous partions pour nous rendre chez Dieu, ou que nous y revenions — car il est plus exact de parler ainsi —, afin que nous déposions le vieil homme et revêtions le nouveau, et, de même que nous sommes morts en Adam, que nous vivions de même dans le Christ, naissant nous aussi avec le Christ, étant crucifiés avec lui, étant ensevelis avec lui, et ressuscitant avec lui. Il faut en effet que je subisse ce beau retournement ; et de même que du bonheur est venue la peine, de même il faut que de la peine vienne inversement le bonheur : « Car là où le péché a abondé la grâce a surabondé », et, si le fruit goûté a condamné, combien plus la Passion du Christ a justifié ! C’est pourquoi célébrons la fête non comme une solennité profane, mais d’une manière divine ; non à la manière du monde, mais d’une manière au-dessus du monde ; non comme notre fête, mais comme celle de Celui qui est nôtre, ou plutôt comme celle de notre Maître, non comme celle de la maladie, mais comme celle de la guérison ; non comme celle du modelage, mais comme celle du remodelage.
 

 

Ne nous empressons pas à nous vaincre mutuelle­ment en intempérance, et cela quand d’autres ont faim et sont dans le dénuement

 

Et comment cela se fera-t-il ? Gardons-nous d’orner de guirlandes les vestibules, de réunir des chœurs de danse, de décorer les rues, de régaler l’œil, de charmer l’oreille, d’offrir à l’odorat des parfums efféminés, de prostituer le goût, de flatter le toucher : ce sont les chemins ouverts sur le vice, et les entrées du péché ; gardons-nous de nous amollir avec un vêtement délicat et flottant — qui n’a pour toute beauté que son inutilité —, ou bien avec le brillant des pierres ou l’éclat de l’or ou les artifices des couleurs qui donnent un démenti à la beauté naturelle et qui ont été inventés contre l’image (divine), ou encore « avec ripailles et beuveries » auxquelles sont liées, je le sais, « luxures et débauches » ; car des mauvais maîtres viennent les mauvais enseignements, ou plutôt des mauvaises semences viennent les mauvaises récoltes. Gardons-nous de dresser des lits de table élevés et d’offrir au ventre cet abri douillet ; gardons-nous d’estimer le bouquet des vins, les sortilèges des cuisiniers, le grand prix des parfums. Que la terre et la mer ne nous apportent pas en présents les ordures que l’on estime — c’est de cette manière que je sais estimer les plaisirs. Ne nous empressons pas à nous vaincre mutuelle­ment en intempérance — car pour moi est intempérance tout ce qui est superflu et au-delà du besoin — ; et cela quand d’autres ont faim et sont dans le dénuement, eux qui ont été formés par le même limon et le même mélange que nous.

Mais cela, laissons-le aux Grecs, laissons-le aux pompes et aux solennités helléniques. Les Grecs nomment dieux des êtres qui prennent plaisir au fumet des graisses, ils servent la divinité en cherchant à plaire au ventre, et ils se font ainsi de démons pervers, les pervers fabricateurs, initiateurs et initiés. Nous, qui avons le Verbe pour objet d’adoration, si nous devons prendre quelques plaisirs, prenons-les dans la parole, dans la loi divine, dans les récits, surtout ceux qui nous valent la solennité présente ; ainsi nos plaisirs seront en rapport avec elle, et non pas étrangers à celui qui nous a appelés.

Voulez-vous — puisque aujourd’hui je suis celui qui vous reçoit — que je serve aux convives de marque que vous êtes un discours sur ce sujet avec toute l’abondance et la somptuosité possibles ? Vous saurez ainsi comment l’étranger peut nourrir les gens du pays, le campagnard les citadins, l’homme sans plaisirs ceux qui sont dans les plaisirs, le pauvre et le sans foyer ceux qui brillent par leur superflu. C’est par là que je commencerai. Purifiez-vous, s’il vous plaît, l’esprit, l’ouïe et la pensée, vous tous qui recherchez les plaisirs de cet ordre ; puisqu’il s’agit de Dieu, le discours, lui aussi, est divin. Ainsi vous partirez pour goûter réellement les plaisirs qui ne sont pas vains. Ce
discours sera à la fois très plein et, en même temps, très concis, afin de ne pas chagriner par son indigence et de ne pas être désagréable en provoquant la satiété. […]  

 

Celui qui est devient, celui qui est incréé est créé, celui que rien ne contient est contenu

 

L’homme fut d’abord corrigé de plusieurs manières à cause des nombreux péchés que la racine du mal avait fait germer ; pour différentes causes et à différents moments : parole, loi, prophètes, bienfaits, menaces, coups, eaux, incendies, guerres, victoires, défaites, signes venus du ciel, signes venus de l’air, de la terre, de la mer, changements inattendus d’hommes, de villes, de nations, tout cela visait à extirper le mal. À la fin l’homme a besoin d’un remède plus énergique pour des maladies plus redoutables : meurtres réciproques, adultérés, parjures, tuteurs homosexuelles, et le dernier et le premier de tous les maux : les idolâtries, c’est-à-dire le transfert de l’adoration du créateur aux créatures. Comme cela demandait un plus grand secours, un plus grand secours aussi est accordé : c’était le Verbe de Dieu lui-même, celui qui est antérieur aux siècles, l’invisible, l’insaisissable, l’incorporel, celui qui est le Principe issu du Principe, la lumière née de la lumière, la source de la vie et de l’immortalité, l’empreinte du Modèle, le sceau immuable, l’image exacte, la définition et l’explication du Père. Il vient vers sa propre image, il porte une chair à cause de la chair, il se mêle à une âme spirituelle à cause de mon âme, purifiant le semblable par le semblable ; et il devient homme en tout, excepté le péché : il est conçu par la Vierge qui a été préalablement purifiée par l’Esprit dans son âme et dans sa chair, car il fallait à la fois que la génération fût à l’honneur et que la virginité y fût plus encore ; il s’avance, Dieu avec ce qu’il a assumé, être unique formé des deux contraires : chair et Esprit, l’un a divinisé, l’autre a été divinisée. Ô mélange nouveau ! Ô déconcertante fusion ! « Celui qui est » devient, celui qui est incréé est créé, celui que rien ne contient est contenu par l’intermédiaire d’une âme spirituelle qui tient le milieu entre la divinité et l’épaisseur de la chair. Celui qui enrichit subit la pauvreté ; il subit cette pauvreté : ma chair, pour que j’aie cette richesse : sa divinité. Celui qui est la plénitude se vide : il se vide de sa gloire pour un peu de temps, afin que moi, je participe à sa plénitude. Quelle est la richesse de sa bonté ? Quel est ce mystère qui m’enveloppe ? J’ai participé à l’image (divine) et je ne l’ai pas gardée ; il participe à ma chair pour sauver l’image et immortaliser la chair ; il instaure avec nous une seconde communauté, bien plus extraordinaire que la première : il nous avait donné part à ce qui est supérieur, maintenant il participe à ce qui est inférieur ; cet état est plus digne de Dieu que le premier, cet état, pour ceux qui savent comprendre, est plus élevé.

En face de cela, que disent les malveillants, les acerbes calculateurs de la divinité, les accusateurs de ce qui mérite éloge, les ténébreux parlant de la Lumière, les insensés parlant de la sagesse, eux pour lesquels « le Christ est mort inutilement », les créatures ingrates, les êtres façonnés par le Malin ? Fais-tu grief à Dieu de son bienfait: d’être petit parce qu’il s’est abaissé à cause de toi ? Fais-tu grief à ce bon pasteur d’être allé vers la brebis errante, lui qui donne sa vie pour ses brebis, d’être allé « vers les
montagnes et les collines sur lesquelles tu sacrifiais », d’avoir trouvé cette brebis errante, puis, l’ayant trouvée, de l’avoir soulevée et prise sur ses épaules qui portent aussi le bois (de la croix), et, l’ayant prise ainsi, de l’avoir ramenée vers la vie d’en haut, enfin, l’ayant ramenée, de l’avoir comptée parmi les brebis restées (au bercail) ? Lui fais-tu grief d’avoir allumé une lampe, c’est-à-dire sa propre chair, d’avoir balayé sa maison, en purifiant le monde du péché, et d’avoir cherché la drachme, l’effigie
royale enfouie sous l’amas des passions, puis de convoquer ses amies, c’est-à-dire les puissances célestes, à cause de la découverte de la drachme, et de faire participer à sa joie ces puissances initiées au mystère de l’« économie » ? Lui fais-tu grief parce que la Lumière resplendissante suit la lampe qui la précède, parce que le Verbe suit la voix et l’Époux l’ami de l’époux qui prépare au Seigneur un
peuple choisi et qui purifie d’abord par l’eau en vue de l’Esprit ? Fais-tu grief de cela à Dieu ? Et le crois-tu inférieur parce qu’il se ceint d’un linge, lave les pieds des disciples, et montre que la voie la meilleure pour s’élever, c’est celle de l’abaissement ? Le crois-tu inférieur parce qu’il s’abaisse à cause de l’âme entraînée vers la terre, afin de relever avec lui ce qui incline vers le bas à cause du péché ? Comment ne lui fais-tu pas grief de manger avec les publicains et chez les publicains et de prendre des publicains comme disciples pour faire lui-même à son tour quelque gain ? Quel gain ? Le salut des pécheurs — à moins que l’on accuse aussi le médecin parce qu’il se penche vers les maladies et en supporte les mauvaises odeurs pour donner la santé aux malades, ou que l’on accuse aussi celui qui se penche par bonté vers la fosse, afin d’en retirer, conformément à la Loi, la bête de somme qui est tombée dedans !
 

 

Tu parles de ce qui diminue, et tu passes sous silence ce qui élève

 

Il a été envoyé, mais en tant qu’homme, car il était double : en effet, il a éprouvé la fatigue, il a eu faim, il a eu soif, il a subi l’agonie et il a pleuré, en vertu de la loi du corps. Mais si cela lui est arrivé aussi en tant que Dieu, qu’est-ce à dire ? Estime que le bon plaisir du Père est une mission à laquelle le Fils rapporte ce qui le concerne, à la fois pour honorer le Principe qui est en dehors du temps, et pour ne pas sembler être un adversaire de Dieu. De fait, on dit qu’il a été livré, mais il est écrit aussi qu’il s’est livré lui-même ; qu’il a été ressuscité et élevé au ciel par le Père, mais aussi qu’il s’est ressuscité lui-même et qu’il est remonté au ciel : dans le premier cas, c’est par le bon plaisir (du Père) ; dans le second, c’est par sa propre puissance. Toi, tu parles de ce qui diminue, et tu passes sous silence ce qui élève : il a souffert, tu prends cela en compte ; mais c’était volontairement, et cela tu ne l’ajoutes pas. Comme le Verbe souffre encore maintenant ! Les uns l’honorent en tant que Dieu et ils le confondent (avec le Père), les autres le privent d’honneur en tant que chair et ils le séparent (du Père). Contre lesquels doit-il s’irriter le plus ? Ou plutôt auxquels doit-il pardonner le plus : à ceux qui unissent malencontreusement ou à ceux qui coupent ? Les uns devraient distinguer et les autres devraient réunir,
les uns au point de vue du nombre, les autres au point de vue de la divinité. C’est la chair qui te choque ? Les juifs en étaient choqués également. Est-ce que tu le traiteras aussi de « Samaritain » ? Et je tairai la suite. Tu refuses de croire à sa divinité ? Cela, les démons eux-mêmes ne le font pas. Ô, homme encore plus incrédule que les démons et plus insensé que les juifs ! Ces derniers jugèrent que le nom de « Fils » était un terme impliquant l’égalité ; les démons savaient que celui qui les expulsait était Dieu, car ce qui leur arrivait les en persuadait. Toi, au contraire, tu n’acceptes pas l’égalité et tu ne confesses pas non plus la divinité. Il vaudrait mieux pour toi avoir été circoncis et être possédé du démon — pour dire quelque chose de ridicule —, plutôt que d’être incirconcis et en bonne santé, mais dans un état de perversion et d’athéisme.

Un peu plus tard tu verras Jésus se purifier dans le Jourdain pour me purifier, ou plutôt sanctifier les eaux par sa purification, car il n’avait évidemment pas besoin lui-même de purification, lui « qui enlève le péché du monde » ; tu verras « les cieux se fendre » et Jésus recevoir le témoignage de l’Esprit, son parent ; puis tu verras Jésus tenté, vainqueur du tentateur et servi par les Anges ; tu le verras guérir toute maladie et toute infirmité, rendre la vie à des cadavres — que ne fait-il de même pour toi, qui es un cadavre par ta mauvaise doctrine ! — ; tu le verras chasser les démons tantôt par lui-même, tantôt par l’intermédiaire de ses disciples ; tu le verras nourrir des milliers de gens avec quelques pains et marcher sur la mer ; tu le verras livré, crucifié et crucifiant avec lui mon péché ; tu le verras livré en tant qu’agneau, offrant en tant que prêtre, enseveli en tant qu’homme, ressusci­tant en tant que Dieu, ensuite montant au ciel et devant venir avec sa propre gloire. Que de nombreuses solennités à propos de chacun des mystères du Christ ! Mais ils ont tous un seul principe : me conduire à la perfection, me remodeler, me ramener au premier Adam.
 

 

Cours à la suite de l’étoile et avec les Mages apporte tes présents

 

Maintenant apprends, s’il te plaît, que (le Christ) est conçu, et bondis de joie, sinon comme Jean dès le sein de sa mère, du moins comme David en voyant l’arche trouver son repos ; révère le recensement, grâce auquel tu as été inscrit dans les deux ; célèbre la Nativité, grâce à laquelle tu as été délivré des liens de ta propre naissance ; honore Bethléem la petite qui t’a ramené au paradis ; adore la crèche, grâce à laquelle toi, qui es privé de raison, tu as été nourri par le Verbe, reconnais, comme le bœuf, ton possesseur — Isaïe t’y invite — et, comme l’âne, reconnais la crèche de ton maître, que tu sois parmi ceux qui sont purs, qui sont soumis à la loi, qui ruminent la Parole et qui sont prêts pour le sacrifice, ou bien que tu sois parmi ceux qui sont impurs, qui ne sont admis ni au repas ni au sacrifice et qui sont du groupe des païens. Cours à la suite de l’étoile et avec les Mages apporte tes présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe comme à un roi, comme à un Dieu, comme à celui qui pour toi s’est fait cadavre. Rends gloire avec les bergers, chante l’hymne avec les Anges, danse avec les Archanges. Que la solennité soit commune aux puissances célestes et aux puissances terrestres, car je suis convaincu que ces puissances elles-mêmes s’associent à notre joie et à notre solennité, s’il est vrai qu’elles aiment les hommes et qu’elles aiment Dieu, comme celles que David représente montant au ciel avec le Christ après la Passion, allant à sa rencontre et s’exhortant mutuellement à élever les linteaux des portes.

Un seul des actes accomplis lors de la naissance du Christ mérite ton aversion : le massacre des enfants par Hérode ; ou plutôt révère ce sacrifice de ceux qui avaient le même âge que le Christ et qui sont offerts en sacrifice à la place de la victime nouvelle. Si le Christ fuit en Égypte, empresse-toi de l’accompagner dans sa fuite ; il est bon de fuir avec le Christ persécuté. S’il s’attarde en Égypte, rappelle-le d’Égypte, où il est adoré d’une manière par­faite. Passe irréprochable par tous les âges du Christ et par toutes ses vertus, en disciple du Christ. Purifie-toi, cir­concis ton cœur, retire le voile qui t’enveloppe depuis ta naissance. Ensuite, enseigne dans le Temple, chasse les vendeurs sacrilèges, sois lapidé, s’il faut que tu subisses cela, tu échapperas à ceux qui lancent des pierres, je le sais bien, et tu fuiras en passant au milieu d’eux comme Dieu : le Verbe n’est pas atteint par des pierres. Si tu es amené devant Hérode, évite même le plus souvent de répondre : il respectera ton silence plus que les longs discours des autres. Si tu es flagellé, recherche encore les autres supplices : goûte au fiel parce que tu as goûté (au fruit défendu), abreuve-toi de vinaigre, recherche les crachats, accepte les coups, les soufflets, laisse-toi couronner d’épines par l’aspérité d’une vie selon Dieu, revêts le manteau écarlate, reçois le roseau et les adorations de ceux qui se jouent de la vérité, enfin empresse-toi avec le Christ d’être crucifié, de mourir d’être enseveli, pour ressusciter, être glorifié, régner avec lui, en voyant Dieu et en étant vu par lui, qui est glorifié et adoré dans la Trinité, lui que nous souhaitons même maintenant pénétrer du regard, autant que c’est possible aux prison­niers de la chair1, dans le Christ Jésus notre Seigneur, à qui est la gloire pour les siècles. Amen.
 
 

 

Grégoire de Nazianze, Discours 38-41, Traduction par P. Gallay, Les éditions du Cerf, Paris, 1990, p. 105-149

 


 

 

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