Lettre adressée par le Père Justin de Tchélié au Saint- Synode de l’Eglise orthodoxe serbe
Nous reproduisons ci-après la lettre adressée par le Père Justin au Saint- Synode de l’Eglise orthodoxe serbe, par l’intermédiaire de son évêque diocésain, Mgr Jean de Šabac en date du 27 janvier 1971, en réponse à une proposition de « ministère ecclésial à Belgrade », suite à une lettre anonyme
I/ III
À S. E. l’évêque de Šabac et Valjevo, Monseigneur Jean.
Éveillant tous les yeux de mon esprit, et vérifiant par la sainte Tradition des Apôtres et des Pères toute ma conscience orthodoxe de bas en haut dans toutes ses infinités à l’image de Dieu, j’ai décidé de répondre à l’acte susmentionné.
Cependant, je suis contraint par la réalité même, inexorable et effrayante, d’exposer dans ma réponse ce qui est aujourd’hui « l’unique nécessaire » (Lc 10, 42) dans notre Église orthodoxe serbe, ce qui est le plus important par excellence. Ce faisant, je ne m’arrêterai qu’aux explications les plus indispensables concernant ma situation actuelle et mon « statut ». Car de nos jours, lorsque des horreurs apocalyptiques frappent de tous côtés la sainte Église orthodoxe du Christ, lorsque les cœurs et les consciences orthodoxes gémissent à l’instar du prophète Jérémie et souffrent en raison de tout cela, peut-on se taire, oser se taire ? En effet, c’est le salut de chaque chrétien orthodoxe qui est en jeu, celui de chacun de nous et de nous tous ensemble, et encore bien plus: ce sont les valeurs, les valeurs suprêmes, de la terre et du ciel qui sont concernées : le merveilleux Dieu-homme Christ et Son Corps divino-humain, la sainte Église orthodoxe. Or, pour la conscience orthodoxe la plus élémentaire et le sentiment tant soit peu christifié, la vérité suivante est évidente : l’acte de leurs Excellences les Évêques membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe avec, à leur tête, Sa Sainteté le Patriarche Germain, exhale tout entier l’esprit apocalyptique de nos jours. Et cela me donne l’occasion directe de répondre dans l’amour de la vérité évangélique, selon ma conscience orthodoxe devant Dieu et l’Église de Dieu, et de mentionner nos problèmes principaux aujourd’hui. Au préalable, voici les explications les plus nécessaires au sujet de l’acte susmentionné.
La conscience troublée de l’auteur anonyme de la lettre envoyée à Sa Sainteté le Patriarche, demande que l’on me « pardonne » si j’ai « blâmé de quelque façon » Sa Sainteté et, ainsi pardonné, on m’offrira « une fonction » à Belgrade, ce qui permettrait « ainsi de mettre fin à différentes affabulations ». Sa Sainteté le Patriarche, souhaitant de toute évidence que cessent ces « histoires de boulevard » qui « circulent », présente cette lettre anonyme au Saint-Synode, lequel a pris la décision suivante : qu’il soit demandé par votre intermédiaire à l’archimandrite Justin « qu’il se prononce sur son souhait et sa possibilité d’accepter une quelconque fonction ecclésiale à Belgrade et laquelle ».
Il est question ici de problèmes bien plus importants et fatidiques pour nous tous
Votre Excellence, des lettres anonymes comme celle-ci, ainsi que les différentes insinuations qui y sont contenues, et toutes les méthodes de cette sorte, tout cela entre dans notre apocalypse actuelle. Un tel écrit anonyme est une basse manœuvre, il ne règle rien, pas plus que son contenu. En outre, indépendamment de son caractère anonyme, une seule question se pose inexorablement à chaque orthodoxe vigilant chez nous, aujourd’hui : ne sommes-nous vraiment pas en mesure — sans cela — de voir ce qui se passe réellement avec nous, quels problèmes cataclysmiques grondent sous nos personnes et autour de nous ? Que faisons-nous, où allons-nous, et dans quelles impasses périlleuses pour les âmes sommes-nous arrivés ? Le problème décisif « être ou ne pas être » tourmente toujours davantage aujourd’hui les consciences, les esprits et les cœurs de tous les orthodoxes vigilants dans le monde entier. Malgré cela, le Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe, et ce à l’occasion d’une lettre anonyme, s’occupe de broutilles bureaucratiques autour de « mon poste » et de mon « statut », lesquels ne revêtent aucune espèce d’importance. En effet, le problème de notre Église, aujourd’hui, n’est pas celui d’un vieil archimandrite, dont s’approche le départ vers Dieu pour la vérité. En réalité, il est question ici de problèmes bien plus importants et fatidiques pour nous tous.
Au demeurant, Excellence, en passant sur toutes ces « versions de boulevard » me concernant et concernant mon « statut », et d’autres qui existent sûrement, je souhaite seulement, afin d’apaiser les consciences de certains, rappeler à Sa Sainteté le Patriarche et au Saint-Synode la réalité suivante qui dure depuis vingt ans : avec la bénédiction de Son Excellence Syméon Stankovic, l’évêque d’éternelle mémoire de ce diocèse, et après lui de Votre Excellence elle-même, ma modeste personne sert l’Église en tant qu’aumônier du monastère de Ćelije depuis mai 1948. Donc bien avant que ne se posât le problème de l’élection au rang patriarcal de l’évêque Germain Ðorić et de la valeur dogmatico-canonique de celle-ci. Depuis la mise en place du pouvoir d’après-guerre en Yougoslavie, mon statut a été particulier. Ni jugé, ni condamné, car non coupable, je fus privé du poste et des droits de professeur d’Université à Belgrade. Mais il est connu de Votre Excellence et d’autres personnes que, par la grâce de Dieu qui nous sauve, je n’ai jamais, jusqu’à maintenant, utilisé dans ma vie et mon travail les conjonctures favorables à des fins personnelles. C’est pourquoi, à présent aussi, je ne souhaite pas m’occuper de futilités relatives à mon « statut » et autres problèmes me concernant. D’autant plus aujourd’hui, alors que nous assiègent les terribles problèmes brûlants de notre époque réellement apocalyptique, devant lesquels et au sujet desquels, pour l’amour de Dieu et de l’Eglise, nous ne pouvons et ne saurions nous taire. Pour cette raison, je passerai maintenant au principal. Aussi, permettez-moi, Votre Excellence, de mentionner au Saint-Synode des évêques les problèmes essentiels de notre Église aujourd’hui, et de poser les questions aiguës auxquelles tout le peuple orthodoxe de Dieu attend déjà depuis longtemps, dans l’inquiétude, une réponse.
Permettez-moi de mentionner au Saint-Synode des évêques les problèmes essentiels de notre Église aujourd’hui
Excellences, Pères évêques, membres du Saint-Synode de l’Église orthodoxe serbe avec, à votre tête, Sa Sainteté le patriarche Germain,
La responsabilité évangélique repose aujourd’hui sur tous les fils de l’Église orthodoxe du Christ, cette Maison céleste et terrestre du Dieu vivant (1 Tim 3, 15), et donc aussi sur nous, fils de la même Église orthodoxe dans le pays et le peuple de saint Sava. Aussi, ma conscience, ardemment tourmentée par cette responsabilité évangélique, considère devant le Dieu vivant, qui est toute justice, que je doive rejeter comme insignifiant, comme une « bagatelle », tout problème personnel, et observer les terribles problèmes qui se déchaînent autour de nous. Dogmatiquement, canoniquement, évangéliquement, cette responsabilité évangélique, sainte, repose en dernière analyse sur la hiérarchie sacrée. Ainsi, chez nous, cela concerne en premier lieu les patriarches et les évêques de l’Église. Aussi, permettez-moi, saints pères trois fois bénis, de vous demander humblement, mais avec la hardiesse propre aux Orthodoxes, au nom de la sainte Tradition immuable de l’Église orthodoxe, de ses apôtres, de ses pères, de ses martyrs, de ses néomartyrs et de ses confesseurs : où allons-nous et où arriverons-nous si nous continuons ainsi ? En mentionnant du fond du cœur les événements et la réalité, je n’évoquerai que certains des problèmes devant lesquels se tient toute conscience orthodoxe, d’autant plus lorsque celle-ci est serbe et imprégnée de l’esprit de saint Sava, et scrute avec frayeur la grande responsabilité de notre Hiérarchie ecclésiale et son attitude actuelle devant nos problèmes ecclésiaux.
1. L’Église du Christ, une et unique, sainte, catholique et apostolique, au ciel et sur terre est l’Église orthodoxe. C’est ce que nous ont enseigné infailliblement et ce que nous ont transmis ensemble tous les saints apôtres, les saints Pères, les saints martyrs, les saints confesseurs, les saints néomartyrs, et tous les saints conciles œcuméniques et locaux, et c’est ainsi que croit tout le peuple orthodoxe dans le monde entier. C’est ainsi que crut et c’est ce que nous a transmis saint Sava de Serbie, le père égal-aux-apôtres et le patriarche immortel de notre Église. Je mentionnerai seulement son discours patristique au concile de Žiča, lorsqu’il exposa et transmit aux évêques, ses successeurs, la foi orthodoxe, l’Église orthodoxe, sa sainte Tradition, ses Conciles, ses dogmes, ses canons, toute son économie divino-humaine, par ces paroles :
« Nous recevons tous les saints conciles selon la grâce divine, qui se sont réunis en tout temps et lieu pour proclamer la Piété [= l’Orthodoxie, la véritable foi] et la vie évangélique, qu’adopte également l’Église universelle [orthodoxe]. Ce que, cependant, ces saints Pères ont rejeté, nous le rejetons aussi ; ce qu’ils ont maudit, ce qu’ils ont anathématisé, nous l’anathématisons aussi. Car de nombreuses hérésies, à des époques et des années diverses, ont été imaginées par le démon, qui a semé dans l’univers de nombreuses ivraies de la foi mensongère par des hérésiarques iniques, qui servent le diable, dans le but de détruire et de troubler la véritable foi. Nous les maudissons et, avec eux, ceux qui ont inventés des commandements mauvais ; nous abhorrons toute hérésie impie et aspirons à toute la Piété (= vraie foi), que nous enseignent les bénis serviteurs de Dieu : les prophètes, les apôtres et les saints Pères, comme l’a dit Lui-même notre Seigneur Jésus Christ le Fils de Dieu ». Cet enseignement spirituel, à savoir la foi orthodoxe, continue saint Sava, « n’est ni le jeu ni l’absurdité de la pensée des hommes, mais la prédication de la sainte foi, sur laquelle furent fondées toutes les saintes vérités sur notre Seigneur Jésus-Christ, que les prophètes ont prêchée par l’Esprit Saint, que les apôtres ont enseignée, que les martyrs ont confessée, que tous les saints ont préservée, et que les vénérables Pères ont gardée irréprochablement, comme fondée par le Christ sur la pierre d’angle de l’Église qui ne peut être brisée » (Vie de saint Sava, par Dométien).
Or, cette sainte foi orthodoxe, cette sainte Église orthodoxe, dont parle saint Sava avec une telle détermination apostolique et une sagesse divine semblable à celle des Pères, a commencé à être trahie par nombre de patriarches, évêques et pasteurs orthodoxes, tandis que les héritiers de saint Sava, non seulement n’entreprennent rien contre cela, mais encore collaborent, soutiennent et participent hélas — il est difficile de le dire — à la destruction de l’Église de Dieu, la Colonne et le Fondement de la Vérité, cette seule Valeur par excellence du genre humain dans tous les mondes. C’est la raison pour laquelle les consciences orthodoxes vigilantes, dirigées vers les saints Pères et saint Sava, posent ces questions avec ardeur depuis la fournaise contemporaine de Babylone chauffée à blanc, et attendent à cela votre réponse en actes.
Permettez-moi de poser les questions aiguës auxquelles tout le peuple orthodoxe de Dieu attend déjà depuis longtemps une réponse
Avant tout, la question qui tourmente tout orthodoxe scrupuleux est inévitable : pourquoi le patriarcat de Belgrade (je ne dirai jamais : l’Église orthodoxe serbe) sous le patriarche Germain est entrée dans l’association hérétique appelée « Conseil Œcuménique des Églises » que constituent 233 hérésies ? Et encore : pourquoi le patriarche de l’Église orthodoxe serbe a-t-il accepté la présidence sur ces 233 hérésies ? La conscience orthodoxe horrifiée, blessée, frappée en plein cœur, crie vers le ciel, et plus haut encore que le ciel : horreur des horreurs ! Honte des hontes ! L’héritier des saints Apôtres, des saints Pères et de saint Sava est le président d’un groupement dans lequel, de façons innombrables, est renié le dogme même de la Sainte Trinité, et bien sûr le dogme de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, et aussi celui du Dieu-homme, le Seigneur Jésus, de Sa résurrection, de la très sainte Mère de Dieu, de la sainte Eucharistie, les saintes icônes, de la hiérarchie, etc, etc, etc.
Voici encore une question jaillissant de l’actuelle fournaise de Babylone chauffée à blanc : Qu’avez-vous fait, édificateurs de l’Église du Christ mis en place par Dieu, pour défendre la sainte Orthodoxie de la superficialité suicidaire et de l’activité — dont l’absence de sérieux frise la traîtrise — du patriarche de Constantinople Athénagoras qui, par sa conduite néo-papiste en paroles et en actes, scandalise les consciences orthodoxes depuis plus d’une décennie, nie la véracité unique et toute-salvatrice de l’Église et de la foi orthodoxes, reconnaît l’hérésie romaine et les autres comme égales avec la Vérité, reconnaît le « Pontifex Maximus » avec son orgueil démoniaque et anti-ecclésial, et qui, de façon téméraire, hâtive et superficielle, prépare, à l’instar du Vatican, son soi-disant « Grand Concile panorthodoxe », non sur la base du thème évangélique conforme à la sainte Tradition du salut de l’homme et du monde, mais sur une thématique purement scolastico-protestante ; qui plus est, il le prépare dans la tour de Babel du monde contemporain anarchique et nihiliste, et ce sans la participation des véritables confesseurs et porteurs de la foi, de la théologie, de la tradition, de l’ecclésialité orthodoxes ? Et il fait encore beaucoup de choses insensées imposées de façon papiste au nom de l’Orthodoxie universelle, laquelle ne peut aujourd’hui prendre librement une position appropriée. Or, nos membres de l’Église les plus responsables, les gardiens selon saint Sava de l’Orthodoxie, ont-ils tenu compte, prêté l’oreille et vu quelles sont les réactions aux jeux, périlleux pour l’âme, avec la foi et l’Église, que manifestent les orthodoxes dans le monde entier : évêques, véritables théologiens, moines et peuple orthodoxes, et particulièrement les ascètes athonites les plus fervents ?
Par le silence, Dieu est trahi
Mais ce n’est pas encore tout. L’indifférence de notre hiérarchie de saint Sava va encore plus loin, alors que le monstre apocalyptique frappe de l’autre côté sur la sainte foi orthodoxe. Qu’a fait notre hiérarchie après la décision, digne de Judas, du Patriarcat de Moscou au sujet de l’intercommunion avec les catholiques-romains, prise le 16/29 décembre 1969, à l’encontre de tous les saints dogmes et canons de l’Église orthodoxe ? Par cette décision inouïe dans l’histoire de l’Église orthodoxe et de sa tradition dogmatique, concernant la communia in sacris avec des hérétiques manifestes, le Corps divino-humain entier de l’Orthodoxie est blessé profondément, tous les Pères et les Conciles sont insultés, les dogmes et les canons de l’Église, piétinés, la Tradition rejetée, la Vérité méprisée, l’Église du Christ — la pure Fiancée — précipitée dans le bourbier empoisonné des hérétiques. Et nous, qu’avons-nous fait en tant qu’Église et qu’avons-nous entrepris ? Rien. Alors, ces paroles de saint Grégoire le Théologien ne s’adressent-elles pas à nous : « Par le silence, Dieu est trahi » ainsi que l’Église de Dieu 1 (PG 35, 1112) 2 . Plus que jamais, dans ce cas fatal, nos évêques établis par Dieu et appelés en premier lieu à défendre la foi, ont le devoir d’adopter sans réserve la position des saints Pères et des confesseurs, à savoir de défendre l’Orthodoxie contre ceux qui en font un commerce et mènent une politique sous un mot d’ordre appelé faussement « amour » (car il existe un faux amour, tout comme il existe « une fausse connaissance » (cf. 1 Tim 6,20). Malheureusement, ils n’ont pas agi ainsi. Au contraire, ils participent eux-mêmes, certains en paroles, d’autres en actions et actes ecclésiaux, et d’autres encore par une attitude passive, à souiller la Vérité et à vendre aux hérétiques ce qui est saint dans l’Eglise de Dieu. N’ont-ils pas eux-aussi, en suivant la décision du même Patriarcat de Moscou, reconnu le sacrement du mariage effectué par les prêtres catholiques-romains, confirmant ce même jeu avec les saints Mystères et la grâce, par leur décision prise lors de la session de l’Assemblée des évêques il y a environ une année ? N’ont-ils pas encore, à l’encontre des canons explicites des saints Apôtres et des saints Pères (45e et 64e canons apostoliques ; 32e, 33e, 34e et 37e canons de Laodicée), prié ensemble avec des dignitaires hérétiques et reçu leurs « bénédictions » dans les églises de Belgrade lorsqu’ils venaient effectuer des « visites fraternelles », ou lors de leurs réunions lorsqu’ils se rendaient chez eux ? Certains de nos théologiens et professeurs, probablement par ignorance, ont prêché et prêchent, non pas l’Orthodoxie divino-humaine, catholique, véritablement « écuménique », mais « l’œcuménisme » du syncrétisme protestant, dans lequel il n’y a pas même une trace de la foi des Pères, mais au contraire l’humanisme européen infructueux et l’anthropocentrisme européen frénétique ?
Cette mention succincte de seulement quelques-uns des problèmes essentiels de l’Église du Christ, pourrait être bien plus développée en raison de la responsabilité, ou plutôt de l’irresponsabilité, de certains de nos représentants ecclésiaux les plus importants. Mais même ce qui a été dit jusqu’à maintenant montre suffisamment qu’ils ne cheminent pas sur la voie des saints Pères, ne respectent pas les saints Conciles, mais piétinent les saints dogmes et canons, suivant les esprits mensongers opposés à l’Esprit de Dieu, l’Esprit du Christ, qui dirige l’Église orthodoxe et la mène à toute vérité (Jn 16,13). « Je suis bien attristé », dirai-je avec saint Basile le Grand, de ce que « les ordonnances de nos Pères sont désormais sans vigueur et que tout exacte observance est bannie des Églises ; et j’ai bien peur que les progrès d’une telle indifférence n’amènent une totale confusion dans l’administration de l’Église » (Canon 89 de saint Basile). À cette occasion, rappelons-nous les terribles paroles du prophète de Dieu : « Maudit soit celui qui fait avec négligence l’œuvre du Seigneur » (Jr 48, 10). Or, c’est ce que nous faisons, et bien pire que cela encore. Aussi, il est indispensable, plus qu’indispensable, que nous ranimions nos cœurs par la prière incessante et le repentir envers le Seigneur, afin que par Sa grande et pleine miséricorde ne se déversent pas sur nous les malédictions du ciel avec leurs horreurs.
Bernard Le Caro, Saint Justin de Tchélié, L’Âge d’homme, Lausanne, 2017, p. 223-231
- Saint Grégoire le Théologue, Discours 21 – En l’honneur d’Athanase, évêque d’Alexandrie
- Je suppose que le séisme qui nous secoue à l’heure actuelle n’est pas moins violent qu’aucun de ceux du passé; il écarte de nous tous ceux qui s’attachent à la « philosophie » et à Dieu et qui vivent par anticipation en citoyens du ciel. Ceux-ci, bien qu’ils soient généralement paisibles et modérés, ne supportent cependant pas ceci ; de rester passifs, de trahir la cause de Dieu par le silence. Au contraire, sur ce point, ils manifestent même beaucoup d’agressivité et de combativité; l’ardeur de leur zèle va, en effet, jusque là, et ils seraient plus prompts à faire ce qu’il ne faut pas qu’à ne pas faire ce qu’il faut! / Grégoire de Nazianze, Discours 20-23, Introduction, texte critique, traduction et notes par Justin Mossay, Les éditions du Cerf, Paris, 1980, p. 163
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