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Sévère d’Antioche – Les combats qui conviennent aux êtres raisonnables et aux hommes chrétiens

25 juillet 2024

Sur Athanase le Grand, confesseur, évêque de la grande ville d’Alexandrie, et contre les amateurs des spectacles des jeux olympiques

 

Dans la Loi qui a été donnée par Moïse, le Dieu de l’univers ordonnait que, lorsque le grand prêtre finissait la vie d’ici-bas et partait pour l’héritage excellent et la vie qui est annoncée, celui qui, après lui, était appelé à la dignité de grand prêtre, aussitôt et sur l’heure, alors que le trépassé était dépouillé (de ses vêtements), revêtît sa robe même. C’est pourquoi il disait également à Moïse : Prends Aaron et Éléazar, son fils, et fais le monter sur la montagne de Hor en présence de toute l’assemblée d’Israël ; dépouille Aaron de sa robe et revêts-en Éléazar, son fils ; et, lorsqu’Aaron sera recueilli, qu’il meure là.

 

Ce n’est pas pour autre chose qu’il ordonnait que cela eût lieu, si ce n’est pour nous enseigner par le fait même qu’il faut que celui qui suit et vient le second à une charge (soit), par la conduite et par la parole, comme s’il revêtait tout entier celui qui (était) avant lui et qu’il tisse avec joie la même perfection, en sorte que la prêtrise aussi paraisse être une et (que) celui qui l’exerce ne semble pas être plusieurs, mais un seul, en ce qu’il n’est pas bariolé de méchanceté. Celui-ci était un véritable éloge de celui qui était mort auparavant (lequel éloge consistait) en ce qu’il serait vivant par les œuvres de celui qui était vivant et restait et (qu’) il serait vu et montré ainsi que par une image animée et raisonnable.

Que ferai-je donc, moi, qui d’une part célèbre la commémoraison d’Athanase le Grand, (et qui) d’autre part suis nu de sa robe de grand prêtre, laquelle se reconnaît par les vertus ? Est-ce qu’il faut que, comme ces pauvres qui, dans les assemblées et dans les fêtes, demandent des vêtements et se parent des (biens) d’autrui ainsi que de (biens) propres, je me revête des éloges des triomphes spirituels de ce grand prêtre et m’orne de ceux-ci par la parole et (que) je les montre en place des actions ? Ceci même, en effet, serait aussi pour nous un profit (à savoir) que, même si nous ne rougissions pas d’autre chose, du moins cependant (nous rougissions, de nos propres paroles ; car celui qui fait l’éloge de la perfection, tardivement parfois, en vient même à la pratiquer.

Cependant, pour moi, c’est une grande chose que de satisfaire vos oreilles. Lorsque j’aurai placé un vase de petite capacité et que je l’aurai rempli des heureux succès d’Athanase, ainsi que d’une mer grande et immense, c’est avec la Sagesse, qui sait bien mêler une boisson de ce genre, que je crierai ces expressions mêmes des paroles divines : Buvez du vin que j’ai mêlé pour vous, quittez la stupidité et vivez, cherchez la Sagesse pour vivre, et par la science redressez l’intelligence. C’est l’enseignement, en effet, véritablement de la sagesse, de l’intelligence, de la voie future et de la vie divine et sans lin, que je mets devant vous, non pas pour (faire) un panégyrique — car quelle est aussi la parole qui parvient à s’exprimer comme il faut ? – mais pour (présenter) un simple récit seulement.

Athanase — car c’est celui-là — le grand pontife, le pasteur, le docteur, l’αγωνιστής, c’est-à-dire le lutteur, pour la vérité, qui possède à la fois tous ces (titres) comme un seul et (qui) a fait preuve de chacun d’eux d’une manière si supérieure qu’il passerait pour être riche de lui seul et exceller en celui-ci plus que dans les autres, était porté mystiquement vers le pontificat dès les langes mêmes, alors qu’il se nourrissait, comme d’une nourriture commune, d’être promu d’avance dans les (ordres) sacrés.

C’est de là qu’est descendue jusqu’à nous également une ancienne anecdote de ce genre. Lorsqu’il était petit enfant par l’âge, comme les enfants de son âge s’amusaient devant les portes d’une maison, sur une place, ils le consa­crèrent évêque et pontife. Car la toute première enfance aime a créer tout d’un coup, la plupart du temps, même un roi et à imiter aussi les actions les plus grandes, selon ce qui vient aux mouvements de 1’esprit. Et, lorsqu’en vérité, par suite d’une décision enfantine, ou plutôt par suite d’un jugement de la Providence divine, qui de loin donne le premier mouvement aux plus grandes plantes par le moyen de semences très petites, Athanase eut reçu la première place, il établissait, parmi les enfants, ceux-ci d’une part prêtres et ceux-là d’autre part diacres, et il imitait, autant qu’il était possible, le reste de la hiérarchie de l’Église.

Or le jour présent, où cela avait lieu par amusement d’une manière sacrée et se faisait d’une manière enfantine, ou — ce que je dirai avec plus de vérité — était marqué d’avance d’une manière virile et divine, était la commémoraison de Pierre, le pontife et le martyr. Lorsqu’Alexandre, qui occupait alors le trône de la sainte Église d’Alexandrie, sortit sur la place et passa à côté de l’amusement des enfants, après qu’il lui fut arrivé une parole sacrée dont il se préoccupait — car ces enfantillages d’Athanase n’étaient pas une plaisanterie (pour lui) — mû par Dieu, il s’arrêta et il interrogeait : « Qu’est-ce qui se fait ? » Et, après qu’il (l’) eut appris et eut fixé son esprit d’une manière très divine sur ce qui se faisait, il pensait que cet amusement était un symbole et il recevait chez lui, comme des fils, Athanase avec les jeunes gens qui avaient été ordonnés. Et il les tenait à l’intérieur de l’église et il leur donnait une éducation d’homme, qui était de premier ordre, remarquable et très importante, après qu’il les eut fait méditer les paroles divines nuit et jour et s’exercer, par le moyen d’autres préoccupations, d’une manière philosophique et mystique, alors qu’il observait chacun d’eux et le préparait d’avance à son degré propre, à l’état et à l’ordre sacré du ministère.

Il faisait que, plus que les autres, Athanase s’appliquât et se conduisit d’une manière spéciale, convenant aux prêtres et, comme dans un sanctuaire, sainte, alors qu’il grandissait dans les sciences ecclésiastiques et n’allait absolument nulle part, de même que le Livre sacré (le) raconte aussi au sujet de Josué fils de Noun, en disant : Josué fils de Noun, (étant) jeune ministre, ne sortait pas de la tente. Cependant, il n’était pas sans avoir part à la science profane, lorsque son âge avançait ; mais il en usa ainsi avec elle, pour en apprendre suffisamment le ridicule et la faiblesse des dogmes païens et recueillir ce qui était profitable en vue de l’intel­ligence des (questions) divines, et pour l’avoir comme une servante qui était à son service. Car il est avantageux et utile aussi de bien connaître la langueur des opinions adverses, en vue de la démonstration de la vérité.

 


Lors donc qu’il fut ainsi instruit d’abord dans la science propre aux jeunes gens et que ce vaillant eut reçu la première ordination, qu’il fut venu en bonne règle par toute la hiérarchie ecclésiastique et qu’il se fut avancé dans les degrés sacrés, non pas d’une manière qui n’était pas sainte, mais d’une manière très sainte et très pure, il vint à la primauté des diacres et il était le premier de cet ordre, tandis qu’il occupait la première situation à cause de (sa) perfection, alors que c’est lui qui ornait la prééminence même de (cet) état, sans qu’il en fût lui-même orné.

Alors, lorsque la rage d’Arius eut prévalu sur la religion et qu’elle séparait le Verbe Dieu de l’essence de Dieu et Père, disait créature le Créateur même de toute la création, par les mains de qui tout a été, et prônait que celui qui était de celui qui est, est engendré éternellement et s’est levé sans scission, n’était pas jadis, Constantin, l’empereur pieux, qui, avec la pourpre et le sceptre de l’empire, aima également la royauté de la religion des chrétiens, laquelle proclame dans la Trinité l’unité et une seule primauté de l’univers, parce qu’en vérité un seul Dieu est compris en trois hypostases, réunit à Nicée, ville de Bithynie — qui autrefois d’une part était inconnue à beaucoup, à cause de cela d’autre part est fameuse — le concile des trois cent dix-huit saints Pères et évêques, à la tôle de qui était placé Alexandre, l’évêque de la (ville) d’Alexandrie, tandis qu’il avait, pour se tenir à sa droite, aussi le vaillant auxiliaire Athanase, qui, bien qu’il se tint parmi les diacres à cause de son ordre, parce qu’en vérité il était riche de la parole de la sagesse et de la parole de la science, ainsi qu’a dit l’Apôtre, avait les premiers honneurs au point de vue de la première place des conseils, avant ceux qui avaient les premiers honneurs au point de vue du siège. En effet, ceux qui combattaient pour l’orthodoxie n’avaient ni parole ni invention intelligente, dont Athanase n’était pas le principe, tandis qu’il retenait facilement les langues qui prenaient la défense de la folie d’Arius, qu’il réfutait leur controverse, qu’il était à l’affût de leurs ruses pleines de sophismes et qu’il découvrait ceux qui étaient cachés. Car il y avait — certains étaient là — ceux-ci d’une part qui étaient attachés à l’opinion adverse (et) ceux-là d’autre part qui penchaient vers les deux partis, sophistiquaient contre la vérité et étaient préoccupés de mêler le vin avec l’eau et de trafiquer de la parole de la religion. Mais Athanase garda celle-ci sans mélange et dans (sa) pureté, lorsqu’il barra toute entrée aux ruses et aux inventions variées des méchants, ce qu’il a lui-même raconté avec beaucoup de développements dans ce qu’il a écrit aux Africains. Et, dès lors, c’est à l’unanimité que le saint synode a en vérité défini et décrété que le Fils lui-même, qui, à la fin des temps, s’est incarné pour notre salut et a accompli toute l’économie, est de la même essence que le Père, a compté le Saint-Esprit à la fois avec le Père et avec le Fils, a enseigné à croire en lui selon le même honneur et a enseigné et posé en loi à toute la terre cette définition salutaire et cette profession de foi, à laquelle rien ne manque (et) dans laquelle nous sommes baptisés, lorsqu’il a renfermé et limité en peu de mots en vérité les sens et les expressions de l’Écriture inspirée par Dieu, qui s’y trouvent d’une manière éparse et en de nombreux endroits.

Lorsque, après ce combat, Athanase fut revenu dans sa ville, il accompagna d’une part et envoya à la ville d’en haut, à la Jérusalem céleste, le vieillard Alexandre, après qu’il eut gagné la guerre contre Arius, par la force de Dieu et par son aide propre (et) qu’il fut délivré du corps ; il reçoit d’autre part en héritage le trône de Mare, ou plutôt les combats et les dangers qui (ont lieu) pour la foi (et) qu’il lui fallait courir et livrer, parce que les chiens d’Arius, ceux-ci en le mordant en public (et) ceux-là même en (le mordant) en cachette, aigui­saient leurs dents contre lui seul, comme contre celui qui avait bien dirigé tout. D’un côté, ils ne pouvaient aucunement le calomnier au sujet de la foi auprès du pieux empereur (Constantin ; car tout avait été repris. D’un autre côté, ils se servaient sans preuve de différentes calomnies. L’une de celles-ci était qu’« Athanase avait osé intercepter la navigation des vaisseaux qui menaient du blé à la ville impériale ». Et pourquoi faut-il parler beaucoup ?

L’empereur se laisse persuader par cela ; et une lettre d’exil était rédigée, sur l’heure, contre celui qui avait été calomnié. En effet, lorsque le chef des cuisiniers de Pharaon aussi eut vendu Joseph, alors qu’il était un homme bon, il savait d’une part que le Seigneur Dieu était avec Joseph, il admit d’autre part cependant la calomnie de sa femme, qui avait accusé comme adultère le jeune homme patient et chaste. Car l’auteur des combats de la perfection donne une occasion même aux adver­saires, en certains temps et en certains lieux, pour que, par les alternatives en vérité de la prospérité et de la difficulté, la proclamation et le triomphe des athlètes, qui dans les deux (situations) poursuivent le même (objet), soient plus remarquables, sans qu’en vérité ils s’enflent et s’élèvent et sans qu’ils se relâchent et se dépriment inutilement. Par quoi d’autre, en effet, si ce n’est par là, Paul était-il affermi, pour réussir dans chacune de ces (alternatives), lorsqu’il écrivait : Par les armes de la justice heureuses et malheureuses, par la gloire et l’ignominie, par l’insulte et l’éloge, comme ceux qui trompent et ils sont véridiques, comme ceux qui sont inconnus et cachés et ils sont connus, comme ceux qui meurent et voici nous vivons, comme ceux qui sont châtiés et ils ne meurent pas, comme ceux qui sont attristés (et) toujours ils sont joyeux, comme des pauvres (et) ils en enrichissant beaucoup, comme ceux qui n’ont rien et ils tiennent tout ?

Comme Athanase aussi, qui est incomparable au point de vue de la perfection, avait confiance dans ces armes de la justice, qui de toute part gardent le juste lui-même sans chute et invincible, il acceptait joyeusement l’exil. Il fut conduit dans une ville d’entre celles de la Gaule ; et il s’adonnait à la vie philosophique, alors qu’il était avec Dieu seul, qui ne le laissa pas se cacher, comme une ville remarquable et célèbre, qui est placée sur la montagne des vertus, et (comme) une lampe, qui ne peut pas être cachée sous le boisseau (mais) qui doit être placée en haut et éclairer d’une riche lumière toute la maison, qui est l’Église. En effet, (Dieu) met en mouvement celui qui gouvernait bipartie occidentale de l’empire romain — celui-ci était Constantin le Jeune, le fils pieux de Constantin de fin pieuse, qui avait le même nom et la même manière que son père — et il fait revenir l’athlète de l’exil.

Avec Dieu qui l’a mis en mouvement, celui-là fit revenir Athanase dans la ville d’Alexandrie, après qu’il eut d’une part menacé de la guerre son frère Constance, qui avait été pris, bien qu’incomplètement, dans les filets de l’impiété arienne, s’il ne l’envoyait pas à la ville d’Alexandrie (et qu’) il eut d’autre part écrit aux Alexandrins, non pas une lettre, mais un discours solennel et élogieux sur Athanase. Et, lorsqu’il eut d’un côté raconté successivement tous les autres (faits), c’est comme dans un sommaire d’un autre côté qu’il dit : « Il appartient aux pontifes seuls de montrer ce que c’est que de se plaire dans la tribulation, d’endurer d’une part les peines et de se réjouir d’autre part avec espérance, de méditer dans leur esprit la gloire future, qui cache tout ce qui est temporel et (tout) ce qui est pénible (dans) ce monde présent. » Le pieux Constant également fit de nouveau cette même chose, lorsqu’il donna au saint lui-même, qui était monté à Rome pour des combats semblables, sa ville ainsi que la couronne de la victoire.

Je passe sous silence les embûches pleines de ruses des synodes ariens, devant lesquels l’imitateur du Christ se présentait pour être jugé, la vénalité des accusateurs, les témoins (qui étaient) à vendre. Et c’est par un seul mot souvent et en peu de paroles sages qu’il détruisait tout, lui qui possédait la force par suite de la vérité. Celui-là, en effet, parlait par lui, qui a dit : Ne songez pas comment (vous parlerez) ou ce que vous direz ; car il vous sera donné à cette heure ce que vous direz.

Cependant la folie de l’impiété rendit les méchants tellement enragés qu’ils poursuivirent même une accusation de meurtre, pour l’amener sur celui qui avait de la même manière l’amour de Dieu et l’amour des hommes et avait été Formé et instruit à aimer le Seigneur Dieu et le prochain comme soi — même. Il était accusé, en effet, comme celui qui avait tué un certain Arsène et avait coupé une main du mort, pour pratiquer de mauvais tours et l’art de la sorcellerie, laquelle main les accusateurs détenaient chez eux, en disant : « Athanase d’une part la cachait : nous d’autre part, nous la lui avons enlevée en vue de l’accusation. » Et celui-ci d’un côté était jugé sur ce (fait): le Seigneur des prodiges et des miracles d un autre côté, qui a éveillé l’esprit de Daniel et a repris le jugement inique des vieillards impudiques concernant la chaste Suzanne, descendit en volant, comme s’(il était venu) de l’air, et il fit qu’Arsène se tint auprès des juges de sa propre volonté, alors que sa fuite personnelle était vendue aux accusateurs pour de l’or et qu’il était convenu par lui pour un grand prix, comme l’un des biens (qui sont) à vendre, qu’il ne serait vu nulle part absolument, pour le dire en peu de mots, jusqu’à ce que cette (affaire) de calomnie fût terminée. Et, lorsqu’il était présent devant eux, qu’il eut sorti ses deux mains qui étaient cachées sous son vêtement et qu’il les eut montrées à ceux qui étaient réunis, ces morts à cause du manque de foi, ces morts à cause de la calomnie, ces voleurs de morts, qui par jalousie introduisaient un procès de meurtre, pour se procurer la vérité sur une main qui était un objet de mensonge, se tenaient muets, alors qu’ils étaient figés comme des pierres, et à la fin ils s’enfuirent.

Que dirai-je désormais ? Car je suis fatigué, en considérant la mer de (ses) actions. Énumérerai-je les différents exils, les fuites, les départs, les montées à Rome, non seulement à l’ancienne, mais aussi à la nouvelle, le grand nombre de marches sur la route et les voyages, les dangers sur la mer, les repos et les habitations dans le désert ? Citerai-je les empereurs qui le menaçaient de meurtre (à savoir) Constance, Valens et Julien, ceux-là d’une part malades des (opinions) d’Arius et celui-là d’autre part des (idées) des païens, et tous ceux qui regardaient la vie d’Athanase comme la destruction de leur propre religion ? Pour aucun d’eux, il ne devint expugnable ; mais il était vraiment Αθανάσιος, c’est-à-dire immortel, lui qui luttait d’une manière immortelle dans un corps mortel et par les faits eux-mêmes criait la raison du combat d’une manière apostolique : Il faut que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité et que ce (corps) mortel revête l’immortalité, à cause de laquelle tout est supportable.

Et, comme d’une part Job, le modèle de la constance, était mordu et piqué par les douleurs, il disait en tant qu’homme : Laisse-moi me reposer un peu. Comme d’autre part Athanase, pendant les quarante-six années de son épiscopat, avait dirigé les gouvernails parmi les grosses mers des tempêtes, il ne laissa pas couler le vaisseau de la foi orthodoxe. Mais, lorsqu’il fut assis sur le trône un laps de six années, et encore non consécutives, il passa celui de quarante années dans la persécution, sans dire : Laisse-moi me reposer un peu, en confirmant sur lui-même la parole sacrée, qui dit : Le juste ne chancellera jamais. Et, lorsqu’il eut couru d’une seule traite et au prix d’une rude fatigue, alors il pensait plutôt     qu’il était assis en esprit sur le siège sacré, toutes les fois qu’il en était chassé pour le motif de la religion.


Que dira-t-on au sujet de sa force et de sa rectitude qui (se trouvent) dans la doctrine, par laquelle il instruisait et enseignait toute Église et toute nation, en plus desquelles il arrosait continuellement cette Église apostolique (d’Alexandrie), en donnant des avertissements dans ses lettres inspirées de Dieu, en amenant la bonne entente, en unissant ce qui était éloigné, en chassant les loups, en lançant sur eux les pierres des dogmes avec une fronde spirituelle, en blessant comme Goliath Léontius et Euzoïus, ces géants qui (étaient) Ariens et combattaient contre Dieu qu’il fit tomber aussi, renversa et montra impurs, celui-là d’une part qui, à cause de la luxure et de l’impudicité de sa vie, osa se couper les organes génitaux et s’en priver lui-même, pour être sans crainte avec celles qu il aimait, et celui-ci d’autre part qui, à cause de l’amour du pouvoir, changeait un siège pour un siège, repaissait son ventre gourmand et augmentait (son) impiété ?

C’est pourquoi nous avons placé également cette solennité avec sa commémoraison, comme une dette envers le docteur et le lutteur, en recueillant et en acquérant par là un avantage pour nous-mêmes encore. Car, lorsqu on fait l’éloge d’un juste, une parole sacrée dit quelque part que les peuples sont dans la joie.

Telle était, en effet, la rectitude de ses dogmes exacts, qu’elle ressemblait au plateau et à l’inclinaison d’une balance et que ses expressions étaient la définition et les lois de toute controverse et de (tout) doute. Car, en combattant contre l’opinion impure d’Arius, de même que ceux qui savent très habilement conduire une lutte, il ne donna pas entrée ou prise à l’une des autres hérésies, à l’exemple de Diodore et de Théodore, qui n’étaient pas éprouvés dans la foi, qui voyaient d’un œil (et) étaient aveugles de l’autre, qui coupèrent en deux le Verbe de Dieu qui s’est incarné et qui saisissaient des prétextes pour combattre en faveur d’Arius ou en laveur d’une autre opinion (prise) parmi les hérésies. Mais tel n’était pas le grand (Athanase). Mais, en donnant et en livrant la même parole en tout égale et nette, il posa en loi que nous ne confessions pas deux natures le seul Christ après l’union, mais qu’il faut dire la seule nature incarnée du Verbe, et en même temps il se garda avec vigilance et aussi du changement et de la confusion et aussi de la division de l’inhumanation divine.

Comme Nestorius et les autres partisans de Diodore et de Théodore ne supportaient pas son accusation, ils altérèrent et changèrent la lettre à Épictète, dont un vrai disciple d’Athanase, le sage Cyrille, a envoyé le texte original, tel qu’il s’y trouvait véritablement, aux saintes Églises (qui sont) en Orient, lorsqu’il fermait la bouche de ceux qui judaïsaient, laquelle était prête pour le mensonge et les inventions. Ainsi, lors même qu’Athanase est parti d’ici-bas, c’est par ses discours encore qu’il combat même maintenant.

Voyez-vous que je vous ai présenté aujourd’hui un semblable athlète de choix, (originaire) d’Égypte et de la ville d’Alexandrie, qui (est) grande et aime le Christ ? Il enseigne et pratique les combats de la religion           et non seulement l’ensemble des cinq luttes, mais (le combat) où, s’il est possible de le dire, il ajoute aux victoires des myriades de victoires. Est-ce que quelque chose de tel peut se voir aux jeux Olympiques ? Car être enlacé corporellement, être renversé et tomber, frapper et être frappé à son tour, c’est le propre des béliers et des boucs, qui se piquent et se frappent les uns les autres avec leurs cornes, et des ânes, qui se frottent et se frottent de nouveau les uns les autres ; c’est bestial et complètement déraisonnable.

Les combats qui conviennent aux (êtres) raisonnables et aux hommes chrétiens, ce sont ceux qui (ont lieu) pour la piété, ce sont ceux qu’(on livre) contre les passions déshonorantes et contre les démons qui les enflamment, (combats) dont Athanase était l’athlète, le pédagogue et le docteur. Fais-moi tomber la passion de la fornication par une pensée chaste, saisis l’intempérance avec la suffisant, passe en courant de l’injustice à la justice, reçois la couronne à l’occasion de chaque passion, écoute les paroles sacrées, qui crient : Nous n’avons pas de lutte contre le sang et la chair. Pourquoi ouvres-tu tout grand ton palais pour la lutte des corps ? Pourquoi cours-tu à Daphné et (y) fais-tu voler ton intelligence ? Pourquoi combats-tu et es-tu enragé pour la victoire des autres ? Et pourquoi négliges-tu tes propres chutes, alors que tu es adonné et livré au festin, à l’ivresse, à la jalousie, aux conversations et aux entretiens pleins de discorde, aux cris et aux vociférations qui sont déréglés et qui font retentir l’air, aux rixes encore et peut-être même aux coups qui en (viennent) ?

Ce n’est une petite chose, mes frères, que, à l’occasion d’un amusement ou de quelqu’un de ces (divertissements) qui font plaisir, nous ayons du mépris pour la loi de Dieu, parce que rien n’est chez elle sans récompense et sans punition. Ceci prépare le royaume des cieux, ce que par moi, comme par un premier avertissement, Athanase enseigne aujourd’hui. Demandons-lui de nous visiter aussi et d’offrir des prières pour nous, avec les prophètes, les apôtres et les martyrs, afin que nous nous gardions libres de tous les pièges du Calomniateur, par la grâce et par la charité du Dieu grand et notre Sauveur Jésus-Christ, à qui siéent la gloire et la puissance, avec le Père et le Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il !

 

Sévère d’Antioche, Homélie XCI, Les Homiliae Cathedrales de Sévère d’Antioche, Patrologia Orientalis, Tomus Vicesimus Quintus, Firmin-Didot et Cie, Imprimeurs-Éditeurs, Paris, 1943

 


 

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