Chrysostome, Orthodoxie

L’Évangile et les hommes méchants et corrompus

27 décembre 2020

« Nous sommes la bonne odeur du Christ pour Dieu dans tous ceux qui sont sauvés et dans ceux qui périssent ».

 

 
— Oui, dit-il, qu’un homme soit sauvé, ou qu’il périsse, l’Évangile n’en manifeste pas moins cette énergie qui lui est propre : si les yeux sont malades, le soleil les offusque; en est-il pour cela moins lumineux? Le miel est amer pour les infirmes; mais cependant n’est-il pas doux de sa nature? Ainsi l’Évangile exhale le parfum le plus suave; bien que plusieurs refusent de croire et périssent. Ce n’est pas l’Évangile qui ‘est cause de leur perte, mais bien la perversité de leurs cœurs. Au contraire la perte des hommes méchants et corrompus fait ressortir la douceur de l’Évangile. Et de la sorte les méchants qui se damnent comme les bons qui se sauvent, révèlent sa vertu. N’est-ce point par son éclat même que le soleil blesse les yeux des malades? Le Sauveur n’est-il point venu pour la ruine et la résurrection d’un grand nombre? Il n’en demeure, pas moins le Sauveur, quel que soit le nombre de ceux qui se perdent: il a été présent au milieu des hommes, et il a puni d’autant plus sévèrement ceux qui ont refusé d’obéir; mais sa présence dans le monde n’en a pas été moins salutaire. Aussi l’apôtre dit-il : « Nous sommes une bonne odeur pour Dieu ». C’est-à-dire, bien que plusieurs périssent, nous demeurons néanmoins ce que nous étions. Il ne dit pas d’une manière absolue : « Nous sommes une bonne odeur » mais « pour Dieu ». C’est vers Dieu que s’élève cette odeur; il l’a pour agréable. Qui pourrait donc soulever la moindre objection. Ces paroles : « Nous sommes la bonne odeur du Christ », me semblent pouvoir s’entendre de deux manières. Les apôtres, en mourant pour Jésus-Christ, s’offrent eux-mêmes comme victimes; ou bien encore, ils sont la bonne odeur de Jésus-Christ immolé; comme si l’on disait : le parfum que les apôtres exhalent est la bonne odeur de cette victime sainte. Tel est peut-être le sens de ce passage, ou bien, comme je l’ai dit plus haut, il signifie que chaque jour ils sont immolés pour le Christ. Voyez-vous comme saint Paul exalte les tribulations, en les nommant un triomphe, une bonne odeur, un sacrifice offert à Dieu.

Puis, après avoir dit : « Nous sommes la bonne odeur de Jésus-Christ dans ceux qui périssent »; pour empêcher que vous ne regardez ceux-ci comme agréables à Dieu, il ajoute : « Aux uns nous sommes une odeur de mort pour la mort; aux autres une odeur de vie pour la vie ». Cette odeur, les uns la respirent pour être sauvés; d’autres, pour périt. Il en est donc qui trouvent la mort dans cette odeur, mais c’est leur faute. Les parfums, dit-on, suffoquent les porcs, et l’éclat de la lumière, comme je l’ai dit, plonge dans les ténèbres les yeux malades. C’est ainsi que les substances les meilleures non-seulement guérissent les substances auxquelles elles conviennent, mais aussi font périr celles à qui elles ne conviennent pas: c’est en cela surtout que se montre leur énergie. Voyez le feu ! Ce n’est pas seulement quand il éclaire, quand il purifie l’air qu’il manifeste sa force; mais encore lorsqu’il ravage les épines. De même le Christ fait éclater sa grandeur; quand de son souffle il terrasse l’antéchrist, et l’écrase par la splendeur de son visage.

 

Saint Jean Chrysostome, Homélie V sur la deuxième épître aux Corinthiens
Œuvres complètes traduites pour la première fois en français sous la direction de M. Jeannin
Tome dixième, p. 37
Sueur-Charruey, Imprimeur-Libraire-Editeur, Arras, 1886

 

 

 

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