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Saint Cyrille de Jérusalem sur ces mots : « Il a été crucifié et enseveli » I / IV

4 mai 2021

Sommaire

Ce discours traite de la Passion, ensuite de la sépulture. Il en déroule toutes les circonstances, il en démontre la vérité, il en découvre tous les avantages, en rapprochant du Nouveau Testament les livres de l’ancienne loi

 

Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il nous a entendu prêcher, et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? … Il a été mené à la boucherie comme une brebis.

Isaïe LIII. 1,7

I. C’est dans la croix du Sauveur que l’Église met sa gloire

Sans doute tous les actes qui constituent la vie de Jésus Christ, sont autant de titres de gloire qui appartiennent exclusivement à l’Eglise catholique. Mais la gloire des gloires est incontestablement pour elle la croix de son divin Maître. Ce qui faisait dire à l’Apôtre des nations : À Dieu ne plaise que je me glorifie en autre chose qu’en la croix de notre Seigneur Jésus Christ. (Gal 6,14)
Rendre la vue à l’aveugle-né à Siloé (Jn 9,7) était un étonnant prodige. Mais qu’était-il cet aveugle auprès de tous ceux qui couvraient la terre, et dont il fallait déciller les yeux ?
Rendre Lazare à la vie (Jn 11, 30-44) après quatre jours de sépulture, est une œuvre qui surpasse, sans doute, toutes les forces de la nature ; mais ce bienfait se bornait à la seule personne du ressuscité. Qu’est-ce que Lazare comparé à cette masse prodigieuse d’hommes morts et plongés dans l’infection du péché ? (Ep 2,1)
Nourrir, rassasier cinq mille hommes avec cinq pains (Mt 14,21) est incontestablement une œuvre merveilleuse. Mais qu’est-ce que cinq mille hommes, à côté de tant de millions d’individus qui languissaient sur la terre, affamés de la parole de Dieu ? (Amos 8,11)
Briser les chaînes de cette infortunée qui, depuis 18 ans, gémissait sous la tyrannie de Satan, était un acte admirable de sa toute-puissante charité. Mais que sera-t-il, si nous le comparons à celui qui rompit les liens du péché dans lesquels nous étions tous engagés ? (Pro 5,22) Car c’est la croix qui a ouvert les yeux à tous ceux que l’ignorance avait aveuglés ; c’est la croix qui a brisé les fers dont le péché nous avait chargés, et qui a racheté l’univers.

 

II. Ce n’est pas seulement comme homme, mais comme Fils unique de Dieu, que Jésus-Christ est mort pour nous

Ne vous étonnez pas, au reste, de la rédemption de l’univers. Ce n’est pas un simple mortel qui en fut le prix, votre étonnement serait légitime ; mais c’est un Homme Fils unique de Dieu, qui est mort et qui a donné sa vie pour le rachat du genre humain.
Comme la porte de la mort n’avait été ouverte que par la prévarication d’un seul homme qui fut Adam (Gen 3,22-23) il fallait aussi qu’un autre homme, mais un Homme-Dieu, vint la fermer. Si la transgression d’un seul homme a établi sur la terre l’empire de la mort, (Rom 5,17) pourquoi la justice d’un seul ne rendrait-elle pas à la vie son empire ? Et si le fruit d’un seul arbre a été pour nos pères la cause de leur expulsion du paradis terrestre, pourquoi l’arbre de Jésus crucifié ne nous réintégrerait-il pas dans nos droits ? Si le Protoplaste ou le premier homme pétri de limon a introduit la mort et son deuil sur la terre, est-ce que celui qui est la vie même, (Jn 14,6) qui a broyé l’homme dans ses mains, ne pourra pas reconquérir sur la mort l’empire de la vie ?
Si Phinées dans son zèle apaisa la colère de Dieu en faisant, l’épée à la main, disparaitre du milieu du peuple l’auteur du scandale (Nom 25,8-11) Jésus, sans donner la mort à personne se livrant lui-même, comme victime expiatoire, ne pourra-t-il pas réconcilier le ciel avec la terre, la divinité avec l’humanité ?

 

III. Loin de rougir de la croix, le chrétien doit s’en glorifier. Jésus-Christ est mort, non pour ses péchés, mais pour les nôtres. Les témoins de son innocence ne sont pas suspects.

Loin de rougir de la croix du Sauveur, faisons-en notre trophée. La croix est un objet de scandale pour les Juifs, elle est une folie pour les Gentils ; elle est notre asile, notre salut : elle est une folie pour ceux qui se perdent ; elle est la force de Dieu, c’est l’instrument de sa puissance pour ceux que Dieu sauve : c’est-à-dire pour nous. (I Cor 1,18-24)
Comme nous l’avons dit, ce n’est pas un simple mortel qui est mort pour nous ; c’est le Fils de Dieu lui-même fait homme, revêtu de la nature humaine. Si le sang de l’agneau immolé en vertu de la loi de Moise écartait loin du peuple l’ange exterminateur (Ex 12,23) de quelle autre efficacité ne sera pas le sang de l’Agneau de Dieu, qui efface les péchés du monde ? (Jn 1,29) Le sang d’un agneau privé de raison a été d’une efficacité salutaire ; comment celui du Fils unique de Dieu pourrait-il être stérile ?
Si quelqu’un révoquait en· doute la puissance de l’Homme-Dieu crucifié, qu’il interroge les démons ; s’il ne nous croit pas sur paroles, qu’il croie du moins à des faits qui sont réels et patents. Le monde entier a vu périr sur la croix des multitudes innombrables de malheureux ; mais le nom d’aucun d’eux n’a encore épouvanté les démons ; tandis que l’image seule de Jésus crucifié pour nous, les fait trembler : c’est que ceux-là sont morts en expiation de leurs propres crimes, tandis que le Fils de l’homme est mort pour nos iniquités auxquelles il était étranger. Il a souffert pour nous, lui qui n’a point commis de péchés, de la bouche duquel il n’eût jamais sorti de paroles trompeuses. (I Pi 2,22 ; Is 53,9) Ce n’est pas Pierre qui parle ainsi ; il eût craint d’être accusé de flatterie pour son divin Maître ; c’est d’Isaïe qu’il emprunte ces paroles, c’est du Prophète qui corporellement n’a rien vu de la vie et de la mort du Sauveur, mais qui en esprit a assisté plusieurs siècles d’avance à son avènement.
Ne vous donnerai-je pour témoin de son innocence que ce seul Prophète ? Non, vous entendrez encore déposer en sa faveur celui-là même qui le condamna, je veux dire, Pilate. Vous lui entendrez dire : Je ne trouve dans cet homme rien de criminel. (Luc 23,14) Et après avoir prononcé son arrêt de mort et l’avoir livré à ses ennemis, vous lui entendrez dire encore en se lavant les mains : Je suis innocent du sang du juste. (Mt 27,24) Mais il en est encore un autre irrécusable ; c’est un des deux voleurs qui furent crucifiés aux côtés de Jésus. L’entendez-vous reprocher à son compagnon d’infortune son arrogance, et lui dire : Nous portons la juste peine de nos crimes ; mais celui que tu outrages est innocent, car, l’un et l’autre, nous assistions à son jugement. (Luc 23,41)

 

IV. La mort et la passion du Christ ont été réelles, et non pas imaginaires ; c’est de la résurrection que la croix tire son mérite

Jésus Christ, est donc réellement mort pour tous les hommes ; sa croix ne fut donc pas un vain simulacre ; autrement notre rédemption n’eût été que simulée. Sa mort n’est donc pas imaginaire et fantastique, autrement notre salut ne serait qu’une fiction. Si sa mort n’eût été qu’apparente et n’eût eu rien de réel, ils auraient dit vrai, ceux qui disaient : Nous nous rappelons que ce séducteur disait de son vivant : Dans trois jours je ressusciterai. (Mt 27,63)
Oui, la passion du Sauveur a été réelle ; il a été véritablement crucifié. Loin d’en rougir, loin de le nier, nous faisons de sa croix notre trophée, notre plus beau titre de gloire. Et si j’étais assez impudent pour le nier, ce Golgotha qui est là en face de nous tous, ne me confondrait-il pas ? Le bois de la croix répandu d’ici par parcelles sur la surface de la terre, ne déposerait-il pas contre moi ? Oui, je confesse, je proclame la croix du Sauveur, puisque je prêche sa résurrection. Si Jésus crucifié fût resté attaché à sa croix, peut-être n’oserais-je pas confesser son crucifiement ; peut-être le cacherais-je avec mon Maître. Mais comme sa résurrection a été la conséquence de sa Passion, loin de rougir du bois de son supplice, je me fais gloire d’en parler en face de l’univers.

 

V. Innocence de Jésus-Christ prouvée par sa doctrine. Il a été victime volontaire

Jésus a donc été crucifié, revêtu d’une chair de même nature que la nôtre, mais non pas couverte de ses propres péchés, comme la nôtre.
Ce n’est pas l’avarice qui l’a conduit à la mort ; car il faisait profession de ne rien posséder. Ce n’est pas son incontinence qui l’a fait condamner ; car il enseignait publiquement que quiconque jetait sur une femme des yeux de concupiscence, était par le fait un fornicateur. (Mt 5,28) Ce n’est pas son arrogance, son esprit querelleur ; car frappé sur une joue, il présenta l’autre. (Ibid.  5,39 ; 26,67) Ce n’est pas son mépris pour la loi, puisqu’il était venu pour l’accomplir. (Ibid. 5,17) Ce n’est pas pour avoir outragé la mémoire du prophète Moïse, puisqu’il était lui-même l’objet de toutes les prophéties. Ce n’est pas pour avoir fraudé dans le, commerce de sa vie, puisqu’il guérissait gratuitement les malades. Jamais il n’avait péché soit en pensée, soit en paroles, soit en actions ; lui qui n’a point commis de péché, de la bouche duquel il n’est jamais sorti un mensonge ; lui qui accablé d’injures n’a répondu par aucune injure, qui maltraité n’a fait entendre aucune menace, mais qui a remis sa cause entre les mains de celui qui juge justement (I Pi 2,22-23) ; lui qui est venu à sa Passion sans contrainte, qui de son plein gré s’est livré entre les mains de ses bourreaux ; lui qui a répondu : Retire-toi, Satan, à celui qui le suppliait d’avoir pitié de lui-même : Cela ne t’arrivera pas : (Mt 16,22)

VI. Il a prédit sa passion. Éloge de la croix.

Vous faut-il encore des preuves plus fortes que la Passion du Sauveur a été de sa part un acte purement spontané ? C’est toujours malgré eux et dans l’ignorance où ils ont toujours été du sort qui leur est réservé, que les hommes meurent ; mais Jésus Christ prédit lui-même l’heure, les circonstances et le genre de mort qui lui est destiné. Voilà que le Fils de l’homme sera livré pour être crucifié. (Mt 26,2) Pourquoi dans son amour pour les hommes ne se soustraira-t-il pas à la mort ? C’est pour soustraire l’univers entier à l’abîme du péché. Voilà, dit-il, que nous montons à Jérusalem, où le Fils de l’homme sera livré et crucifié. (Mt 20,18) Puis il prit un visage assuré pour aller à Jérusalem. (Luc 9,51)
Pour comprendre combien la croix est glorieuse à Jésus Christ, ne m’écoutez pas ; mais écoutez Jésus Christ lui-même. L’ingrat Judas ourdissait déjà le complot qui devait livrer le Père de famille à ses ennemis ; il avait assisté au banquet sacré ; il avait participé à la coupe de bénédiction. Pour prix de la coupe du salut, il convoita le sang du juste. (Jn 13,30) Celui qui mangeait à sa table s’éleva avec insolence contre lui pour le supplanter. (Ps 40,10) De la même main dont il venait de recevoir les eulogies, (le pain de bénédiction) il courut recevoir le prix de la mort de son bienfaiteur, de son Père. Quoiqu’il n’ignorât pas que son criminel projet était connu de son Maître, quoiqu’il eût entendu ce mot terrible : Tu l’as dit (Mt 26,25) il ne se déconcerta pas, et n’alla pas moins consommer son crime. C’est alors que Jésus dit : L’heure est venue où le Fils doit être glorifie. (Jn 12,23) Il savait donc bien que c’était sur la croix qu’il allait triompher des puissances infernales, et qu’elle serait un trophée de sa victoire.
Si Isaïe qui eut le corps déchiré sous une scie (de bois) n’eut pas à rougir de son supplice, comment la croix du Sauveur mourant pour le salut des hommes serait-elle ignominieuse pour lui ? Oui, maintenant le Fils de l’homme est glorifié. (Jn 13,31) Non pas que jusqu’alors il eût manqué de gloire ; car comme il le dit lui-même : Glorifiez-moi, mon Père, de cette gloire que j’ai eue en vous, avant que le monde fût. (Jn 12,5) Mais il n’en jouissait que comme Dieu, tandis qu’aujourd’hui il triomphe, le front orné de la couronne de la patience.
En quittant la vie, Jésus Christ n’a point cédé à la violence, il n’a point succombé aux excès de la douleur ; mais il est mort parce qu’il l’a voulu, et quand il l’a voulu, parce qu’il a dit lui-même : J’ai le pouvoir de laisser la vie et celui de la reprendre. (Jn 10 188) Si mes ennemis mettent la main sur moi, c’est que je le veux ; autrement leurs efforts seraient inutiles. Il est donc venu de plein gré sur le théâtre de sa Passion, portant avec joie sa couronne, sans redouter la croix, se réjouissant du salut qu’il allait introduire dans le monde. Ce n’était pas un simple mortel qui allait être aux prises avec les douleurs et la mort, mais c’était un Dieu-Homme qui allait combattre pour le prix de patience et d’obéissance.

 

VII. Objections des Juifs. Comparaison entre l’ancienne Jérusalem et la moderne.

Le Juif toujours fertile en objections, toujours récalcitrant contre la foi, persistera dans son opiniâtre rébellion. C’est du Juif que parlait le Prophète dont nous venons de faire lecture, lorsqu’il disait : Seigneur, qui est-ce qui a cru à nos paroles ? (Is 53,1) Les Perses y croient, et les enfants d’Israël y sont rebelles. Ceux-là à qui rien n’a été prédit, verront ; ceux-là qui n’ont rien entendu, comprendront ; et ceux-là qui méditent avec nous les mêmes livres, rejetteront ce qu’ils ont médité. Vous les entendrez vous demander et vous dire : Est-ce que Dieu peut souffrir ? Est-ce que la force humaine peut prévaloir sur la puissance divine ? Aveugles ! Lisez les Lamentations du prophète. C’est la perspective de votre perte future qui lui arracha ces accents si plaintifs. C’est la ruine de votre Jérusalem qui lui fit verser ces torrents de larmes. Car celle d’aujourd’hui n’est pas à déplorer ; la vôtre a crucifié le Christ son Dieu ; celle d’aujourd’hui adore le Christ son Seigneur et son Dieu. Entendez le Prophète qui vous dit : Le Christ, le Seigneur ? l’Esprit et le souffle de notre bouche a été pris dans nos iniquités. (Lam 4,20)
Vous trompé-je ? Voilà le Prophète qui vous atteste que le Christ sera pris dans les filets des méchants. Continuez, Prophète, et dites-nous ce qui arrivera dans la suite : Lui à l’ombre duquel, disions-nous, nous vivrons au milieu des nations. (Ibid.) Ce ne sera plus dans Israël, dans la terre de promesse, c’est au milieu des nations, dit le prophète que vous serez contraints de vivre à l’ombre, de vous réfugier sous la protection du Christ que vous avez crucifié.

 

VIII. Toute la vie de Jésus-Christ se trouve écrite dans l’Ancien Testament

Mais comme leurs objections sont intarissables, nous espérons en dépit de la brièveté du temps qui nous est donné, avec le secours de l’Esprit saint, et celui de vos prières, vous mettre sous les yeux quelques preuves irrécusables de la Passion du Christ. Car tout ce qui concerne sa vie et ses actions, a été écrit longtemps d’avance. Tout est clair, rien n’est équivoque, tout est prouvé ; tout est inscrit sur les colonnes prophétiques, non pas sur des tables de pierre que le temps réduit en poudre ; mais tout est gravé du doigt de l’Esprit saint d’une manière indélébile.
Lorsque l’Évangile nous parle de Judas (Mt 27,3) n’en attendez-vous pas la preuve ? Si nous vous disons que le Christ a eu le côté percé d’une lance (Jn 19,34-37) ne devez-vous pas vérifier le fait, et voir s’il a été prédit ? On vous a dit que le Christ a été crucifié dans un jardin, (Jn 19,41) sur le Golgotha ; ne devez-vous pas comparer nos assertions avec les prophéties ? Qu’on vous parle des trente deniers, (Mt 26,15) du vinaigre dont il fut abreuvé, (Jn 19,29-30) des voleurs au milieu desquels il consomma son sacrifice, du sépulcre taillé dans le roc où son corps fut déposé, (Mt 27,60) ne devez-vous pas recourir au témoignage même des prophètes ? On vous parle de sa sépulture et de sa résurrection ; la prudence ne vous dit-elle pas de voir par vous-même s’il en est écrit quelque chose et quelque part, et si nos doctrines ont des bases solides et réelles ? Car dans nos discours et nos prédications nous n’employons pas les moyens persuasifs de la sagesse humaine. (I Cor 2,4) Nous n’avons pas recours à ces formes oratoires, à ces moyens sophistiques. Ces raisonnements sortis des écoles ne sont ici d’aucune valeur, puisqu’ils sont sujets à contradiction et discussion. Ici, ce ne sont pas des mots auxquels on puisse opposer d’autres mots, de ces raisonnements captieux qu’un esprit subtil puisse affaiblir ou détruire.
Nous prêchons Jésus Christ crucifié (1 Cor 1,23) le même que les prophètes ont prêché longtemps avant nous. Ainsi, au fur et à mesure que vous entendrez leurs dépositions, retenez-les bien dans votre cœur. Comme elles sont très nombreuses, et que les bornes de ce discours sont très étroites, nous n’en produirons qu’un petit nombre ; mais ce seront les plus importantes.
Prêtez-moi donc une sérieuse attention. Ce que je vous dirai ne manquera pas de piquer votre curiosité, et vous rechercherez studieusement les autres témoignages que je serai forcé de passer sous silence. Que votre main ne soit pas seulement ouverte pour recevoir, mais qu’elle soit également prompte pour l’action. (Sir 4,36) Et c’est ainsi que Jésus Christ sera glorifié en science et en œuvres.
Si quelqu’un d’entre vous manque de cette intelligence nécessaire pour me suivre, qu’il la demande à Dieu auteur et source de toutes lumières (Jac 1,5) et il la recevra. C’est à vos prières qu’il rendra nos paroles efficaces, et répandra parmi vous qui nous écoutez, le don de la foi.

 

IX. La trahison de Judas a été prédite

Mettons-nous donc à la recherche des témoignages contenus dans les Livres saints sur la Passion du Sauveur. Car nous sommes ici réunis, non pas pour faire une lecture stérile et purement spéculative des Livres sacrés, mais pour nous mieux convaincre de ce que nous croyons déjà, pour nous fortifier dans la foi par des documents certains.
Déjà nous avons passé en revue les différentes preuves que nous offrent les Livres saints sur l’avènement de Jésus Christ. Nous avons vu que toutes ses actions durant sa vie mortelle avaient été écrites d’avance. Il devait un jour marcher sur les eaux, et l’Écriture vous l’a montré dans ces mots : Ta route est au sein des mers. (Ps 76,20) C’est toi qui marches sur les flots de la mer, comme sur le sol. (Job 9,8) Nous avons déjà vu toutes les guérisons qu’il devait opérer, annoncées et prédites dans ces mêmes livres. Il nous reste à examiner tout ce qu’ils renferment de relatif à la Passion du Sauveur.
Judas fut un traître ; ennemi de son Maître, il affectait des paroles de paix (Ps 34,20) tandis qu’il machinait contre lui. C’est de lui que le Psalmiste a dit : Mes amis et mes proches se sont placés en face de moi et se sont arrêtés (Ps 37,12) ; leurs paroles étaient plus insinuantes que l’huile ; elles perçaient comme des flèches. (Ps 54,22) Reconnaissez-vous ici cette parole traîtresse : Salut, mon Maître. (Mt 24,49) Reconnaissez-vous ici celui qui, à l’instant même où il prononçait ces paroles de paix, livrait son Maître à la mort, et qui fut froid et glacé à la voix de ce même Maître qui lui dit : Judas, c’est par un baiser que vous trahissez le Fils de l’homme ! (Luc 22,48) En l’appelant par son nom (qui en langue chaldaïque signifie confession) il semblait lui dire : Souviens-toi de ton nom ; rends hommage à la vérité, avoue que tu as reçu de l’argent, hâte-toi d’en faire l’aveu. C’est à cette circonstance que faisait allusion le Roi-Prophète, lorsqu’il disait : Ô Dieu, ne gardez pas le silence sur ce qui concerne mon innocence ; car la bouche du pécheur et celle du fourbe se sont ouvertes contre moi ; ils ont déchaîné contre moi leur langue pleine de mensonges, ils m’ont investi de discours dictés par la haine, et m’ont attaqué sans aucun sujet. (Ps 108,1-2)
Vous avez déjà remarqué dans nos précédentes instructions que plusieurs des principaux prêtres avaient été présents à l’arrestation du Sauveur, et que c’est hors des portes de la ville qu’il fut lié et garrotté ; vous n’avez pas oublié ces paroles du psalmiste, qui signalent l’heure et le lieu de la scène, qu’ils retourneront le soir, qu’ils seront affamés comme des chiens, et qu’ils entoureront la ville. (Ps 58,7)

 

X. Zacharie a parlé des trente deniers

Voici maintenant un autre Prophète qui vous parlera des trente deniers d’argent. Si cela vous parait juste, payez-moi ; sinon refusez : voilà ce que je leur dirai… Ils pesèrent alors trente pièces d’argent pour ma récompense. (Za 11,12) Est-ce là, peuple ingrat, la récompense que vous me devez pour avoir rendu la vue à vos aveugles et redressé vos boiteux ? C’est avec des outrages que vous payez mes bienfaits, c’est à trente deniers d’argent qu’ils ont évalué mes services. (Ibid.) Voyez jusqu’où le Prophète a porté la prévision et la précision. Ô suprême sagesse ! Ô adorable infaillibilité de l’Esprit saint ! Car il ne parle ni de dix ni de vingt deniers, ni d’un nombre approximatif quelconque ; non, il précise exactement la quotité de la somme. Mais, dites-nous, Prophète : Qu’est devenu cet argent ? Celui qui les a reçus, les gardera-t-il, ou les rendra-t-il ?

Et s’il les a rendus, qu’est-il devenu ? C’est encore ce que le Prophète va nous apprendre : Je pris, vous dit-il, les trente deniers d’argent, et je les jetai dans le temple pour être épurés. (Ibid. 13) Comparez le Prophète avec l’Évangéliste. Celui-ci vous dira que Judas, déchiré de remords, courut jeter l’argent dans le temple, et se retira. (Mt 27,3-5)


 

Œuvres complètes de Saint Cyrille, patriarche de Jérusalem, traduites du grec sur l’édition du père Touttée, de 1727, avec des notes historiques et critiques par M. Ant. Faivre, tome second, pp. 1-46, chez J. B. Pélagaud et Cie, Imprimeurs-Libraires, Lyon, 1844

 

Texte disponible également en version numérique [pdf] sur le site des Vrais chrétiens orthodoxes francophones

 


 

 

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