par l’Ancien Théodose de Karoulia, Mont Athos, 1905
Dans la bibliothèque de la Skyte russe du prophète Elie sur le mont Athos se trouve un manuscrit écrit dans une langue semi-slave semblable à celle de la Vie des saints par saint Dimitri de Rostov. Concernant ce manuscrit on a gardé la tradition orale suivante :
Dans les années vingt du XIXe siècle, un jeune novice de l’un des monastères russes, paysan de la province d’Orel, se rendit au monastère de Niamets [Neamț] en Moldavie, réputé alors pour la vie spirituelle élevée de ses moines et pour les œuvres ascétiques de l’ancien abbé, le célèbre Païssy Vélitchkovsky, de Petite Russie, décédé en 1794. Recevant la tonsure monastique avec le nom de Sophrony, ce moine resta longtemps dans ce monastère, et il rencontra de nombreux disciples du grand Païssy dont le calligraphe Platon, qui avait écrit les œuvres de l’ancien Païssy de son vivant. Le calligraphe Platon, étant bien disposé envers le moine Sophrony grâce à la beauté de son chant, lui donna le manuscrit susmentionné, écrit de sa propre main, en lui précisant que les quarante-quatre homélies ascétiques de la première moitié du manuscrit ont été composées par le célèbre Païssy lui-même.
En 1836, après avoir quitté le monastère de Niamets en Moldavie, le moine Sophrony est venu vivre dans la Skyte du prophète Élie sur le mont Athos, fondée par Païssy Vélitchkovsky alors qu’il vivait sur la Sainte Montagne. Ici, le moine Sophrony mourut en 1867, dans la 72e année de sa vie, laissant dans ce monastère le manuscrit qu’il avait apporté, au sujet duquel il raconta le récit ci-dessus à de nombreux frères de la Skyte, y compris à un certain moine instruit qui était venu au monastère dans sa jeunesse en 1864, et qui reste parmi les vivants à ce jour, étant respecté pour son grand âge. Les informations concernant le manuscrit en cours de publication sont tirées de ses propos. Par le contenu de ses idées, pénétrées d’un esprit ascétique patristique strict, et par le caractère de la composition, qui se distingue par la simplicité et la force de persuasion, le manuscrit nous rappelle beaucoup les œuvres de l’ancien Païssy qui ont déjà été publiées. Il était un zélote, aussi bien en paroles qu’en actes, de la vie spirituelle monastique. Et cette similitude sert de confirmation de l’authenticité des transmissions orales concernant la paternité de cet ouvrage, telles qu’exposées ci-dessus.
Au début, nous avons supposé que la première moitié de ce manuscrit, tout particulièrement, n’était pas une œuvre indépendante du grand Ancien, mais plutôt la traduction d’un livre grec imprimé ou manuscrit. Mais après une enquête réalisée dans les bibliothèques des célèbres monastères athonites par des hommes hautement éduqués et dignes de foi, aucun livre imprimé ou manuscrit de ce genre ne fut trouvé ; il ne figurait pas non plus dans les catalogues de livres imprimés en langue grecque.
Par conséquent, la première moitié de ce manuscrit, comprenant quarante-quatre homélies, doit être reconnue comme une œuvre indépendante de l’Ancien Païssy, et elle est maintenant publiée en traduction russe par la Skyte du prophète Elie au profit de tous les moines, en particulier ceux qui sont zélés pour la vie contemplative solitaire ; en même temps, certaines homélies sont particulièrement utiles pour les laïcs.
Saint Paisius Velichkovsky, Little Russian Philokalia, Volume IV, p. 59-60, St. Herman Press, St. Paisius Abbey Press, New Valaam Monastery, Alaska, 1994
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