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Quiconque ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair, est un antichrist

6 octobre 2024

 

et celui qui ne confesse pas le témoignage de la Croix vient du diable ; et celui qui détourne les paroles du Seigneur selon ses propres désirs et ne reconnaît ni résurrection ni jugement, celui-là est premier-né de Satan.

De saint Polycarpe, évêque de Smyrne et saint martyr

Lettre aux Philippiens

Saint Justin de Tchélié

Le critère de tous les critères

 

L’incarnation de Dieu est la Vérité de toutes vérités néotestamentaires ; avec le Dieu homme se maintient ou tombe toute l’Eglise, toute l’économie divino-humaine du salut. C’est là l’âme de toutes les œuvres néotestamentaires et des hauts faits, des vertus, des événements ecclésiaux ; c’est là la bonne nouvelle des bonnes nouvelles, plus exactement : la toute bonne nouvelle. Bien plus que cela : ce fait, cette toute bonne nouvelle est la mesure de toute chose. Par elle, comme critère le plus certain, toutes choses sont mesurées dans l’Église, dans le christianisme. La cime de cette vérité : qui ne reconnaît pas l’incarnation de Dieu, du Dieu-homme Jésus-Christ, n’est pas membre de l’Eglise, n’est pas chrétien. Bien plus : c’est l’Antichrist.

Ce critère infaillible est la bonne nouvelle du saint contemplateur de Dieu et des mystères, l’apôtre bien-aimé du Christ, Jean le Théologien : « Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits pour savoir s’ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Reconnaissez à ceci l’Esprit de Dieu : tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus n’est pas de Dieu, c’est celui de l’Antichrist, dont vous avez appris la venue, et qui maintenant est déjà dans le monde » (1 Jn 4, l-3 ; 2,22 ; 1 Co 12,3).

La philosophie de l’Antichrist

 

En fait, tous les esprits qui habitent notre monde terrestre ou qui y passent, se divisent en deux sortes : ceux qui sont de Dieu et ceux qui sont du diable. De Dieu sont ceux qui reconnaissent et confessent que Jésus est le Verbe de Dieu incarné, le Seigneur et Sauveur ; et du diable sont ceux qui ne le reconnaissent pas. La philosophie diabolique est tout entière en cela : ne pas reconnaître Dieu dans le monde ; ne pas recon­naître Sa présence dans le monde ; ne pas reconnaître Son incarnation, Son devenir homme dans le monde ; affirmer et prêcher qu’il n’y a pas de Dieu, ni dans le monde, ni dans l’homme ; qu’il n’y a pas de Dieu dans le Dieu-homme ; que c’est insensé de croire que Dieu s’est incarné dans l’homme et qu’Il puisse vivre dans l’homme ; que l’homme est tout entier sans Dieu, qu’il est un être dans lequel il n’y a pas de Dieu, ni quoi que ce soit de divin, d’immortel, d’éternel ; que l’homme est tout éphémère, entièrement mortel ; qu’en tout il appartient au monde animal, et qu’il ne se différencie en rien des animaux. Et donc qu’il est normal qu’il vive comme les animaux, car ils sont ses seuls prédécesseurs et ancêtres, ainsi que ses confrères naturels.

 

L’homme se trouve dans ce monde pour résoudre un seul problème : est-il pour le Christ ou contre Lui ?

 

C’est là la philosophie de l’Antichrist, qui à tout prix veut remplacer le Christ, prendre Sa place dans le monde et dans l’homme. Il y a d’innombrables précurseurs, confesseurs et fidèles de l’Antichrist dans le monde humain à travers les siècles. « Tout esprit », car l’esprit peut être une personne, ou une doctrine, ou une idée, ou une pensée, ou un homme, ou un ange, ou un diable. Et chacun, chacune, d’entre eux et d’entre elles qui ne reconnaissent pas Jésus comme Dieu et Sauveur, Dieu incarné et Dieu-homme, tire son origine de l’Antichrist, il est de l’Antichrist. Et de telles personnes, doctrines et idées existaient dès l’apparition du Seigneur Christ dans le monde. Aussi, le saint contemplateur des mystères de Dieu dit au sujet de l’Antichrist : « Maintenant déjà, il est dans le monde. » Chaque homme, chaque idée dans le monde qui renie le Dieu-homme Christ et Son Église, est de l’Antichrist. Directement ou indirectement, celui-ci est le créateur de toute idéologie antichrétienne. En fait, toutes les idéologies peuvent se résumer à deux catégories : celles qui se prononcent pour le Christ, et celles qui se prononcent pour l’Antichrist. En définitive, l’homme se trouve dans ce monde pour résoudre un seul problème : est-il pour le Christ ou contre Lui ? Et chaque homme, qu’il le veuille ou non, ne fait que cela : il résout ce problème, ce problème universel. Et chacun de nous, ou bien aime le Christ ou combat le Christ. Il n’y a pas de troisième voie. Oui, il est ou bien un adorateur du Christ ou un adorateur du diable, il n’y a pas de troisième voie.

L’Évangile du Dieu-homme définit pour nous hommes, comme tâche et but principaux de la vie, de penser « ce qui est en Jésus-Christ », ce « qui est d’en haut », ce qui est dans le Dieu-homme Jésus-Christ ressuscité et monté aux deux (Ph 2, 5 ; Col 3,1-4). Et qu’est-ce que c’est ? — Tout ce qu’Il est, comme Vérité éternelle, et ce qu’Il contient en Lui comme Verbe de Dieu ; toutes les particularités, les valeurs et les perfections divines. Mais de même, tout ce qu’Il a, comme homme incarné — Dieu-homme Jésus-Christ — et contient en Lui : toutes Ses particularités, pensées, sentiments, labeurs, expériences, œuvres, humaines ; toute Sa vie depuis la Nativité jusqu’à l’Ascension, et de l’Ascension jusqu’au Jugement redou­table, par toute l’éternité divine. Penser à tout cela, c’est notre premier devoir chrétien, et ce, jour et nuit… Autrement, si l’homme pense à la vérité, à l’erreur, à la vie, à la mort, au bien, au mal, à la justice et à l’injustice, au paradis, à l’enfer, à Dieu, au diable, mais sans le faire « en Jésus-Christ », c’est-à-dire si sa pensée sur tout cela ne débouche pas sur une pensée en Christ, elle se transforme alors nécessairement en tourment insensé et suicidaire. Et s’il ne pense pas dans le Christ et par le Christ à la société, à la personne, à la famille, à la nation, à l’humanité, il ne trouvera jamais leur véritable sens, ni ne pourra résoudre aucun de leurs problèmes.

L’impératif catégorique chrétien

 

Penser à tout « en Christ » et par le Christ, c’est là le principal comman­dement pour chaque chrétien, c’est là notre impératif catégorique chrétien, c’est notre gnoséologie chrétienne. Mais on peut penser par le Christ, si l’on a « l’intelligence du Christ ». Le saint Apôtre affirme au sujet des chrétiens : « Nous avons l’intelligence du Christ » (1 Co 2, 16). Comment l’ont-ils acquise ? En vivant dans le Corps divino-humain de Son Église, dont II est le chef. La vie dans l’Église, à l’aide des saints Mystères et des saintes vertus unit tout notre être avec celui de l’Église, unit notre intelligence, notre perception des choses avec celle, divino-humaine, de l’Église, et nous rend aptes à penser selon le Christ, à penser « ce qui est dans le Christ Jésus ». En pensant par l’esprit du Christ, l’esprit catholique de l’Église, les chrétiens peuvent avoir « la même » pensée, « le même » sentiment, « le même » amour, être une seule âme et un seul cœur et avoir « une même âme, une même pensée » (Ph 2, 2 ; 3, 16 ; 4, 2, Rm 15, 5 ; 1 Co 1,10). Le Seigneur et Dieu Jésus-Christ est descendu des hauteurs divines, et est devenu Lui-même homme, afin que les hommes puissent penser « ce qui est dans le Christ Jésus » et vivre d’une manière « digne de Dieu » (1 Th 2, 12). Dieu est devenu homme, afin de faire de l’homme un dieu, comme le disent si volontiers les saints Pères. Ou : Dieu est devenu homme, afin que l’homme se divinise. En cela est toute la Vérité de l’Église. Une vérité divino-humaine, une Vérité céleste et terrestre, immortelle et éternelle.

 

Bernard Le Caro, Saint Justin de Tchélié, l’Âge d’homme, Lausanne, 2017, p. 203-206

 


 

 

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