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La Persécution sans visage

1 octobre 2024

 

Saint Hilaire de Poitiers

LIBER IN CONSTANTIVM INPERATOREM

 

C’est au milieu de l’hérésie et du schisme que se révéleront les hommes de vertu éprouvée

 

Voici le temps de parler, puisque déjà est passé le temps de se taire. Attendons-nous à la venue du Christ, puisque l’Antichrist l’a emporté. Que les pasteurs crient, puisque les mercenaires ont pris la fuite. Abandonnons notre vie pour les brebis, puisque les voleurs sont entrés et que le lion furieux rôde alentour. Avec ces paroles à la bouche, sortons au martyre, puisque l’ange de Satan s’est déguisé en ange de lumière. Entrons par la porte, puisque personne ne va au Père si ce n’est par le Fils. Que se révèlent tels qu’ils sont dans leur paix les faux prophètes, puisque c’est au milieu de l’hérésie et du schisme que se révéleront les hommes de vertu éprouvée. Il faut supporter une calamité telle qu’il n’y en a pas eu depuis la création du monde; mais sachons bien que ces jours doivent être abrégés à cause des élus de Dieu.

Elle est accomplie la prophétie qui déclare :

« Viendra un temps où les gens ne supporteront plus la saine doctrine, mais au gré de leurs passions, ils se donneront à foison des maîtres qui chatouillent leurs oreilles ; et ils se détourneront de l’écoute de la vérité en se retournant au contraire vers des fables »

 

 

Mais il nous faut attendre la réalisation de la promesse de Celui qui atteste : « Heureux êtes-vous lorsqu’on vous outragera, qu’on vous persécutera, qu’on dira toute sorte de mal contre vous à cause de la justice. Soyez dans la joie et l’allégresse, puisque votre récompense est grande dans le ciel. C’est ainsi, en effet, qu’on a persécuté les prophètes vos devanciers. » Dres­sons-nous face aux juges et aux autorités pour le nom du Christ ; car il est heureux celui qui aura tenu bon jusqu’au bout. Ne craignons pas celui qui peut tuer le corps, mais ne peut tuer l’âme ; mais craignons celui qui peut tuer le corps et l’âme en les jetant à la géhenne. Et ne nous mettons pas en peine de nous-mêmes, puisque les cheveux de notre tête sont comptés. Et que l’Esprit Saint nous fasse suivre la vérité, pour que l’esprit d’erreur ne nous fasse pas croire au mensonge. Et mourons avec le Christ, afin de pouvoir régner avec le Christ. En effet se taire plus longtemps serait le signe d’un manque de foi et non une preuve de modération, car il est aussi dangereux de se taire toujours que de ne le faire jamais.

Pour ma part, Frères, au témoignage de tous ceux, auditeurs ou familiers, qui me connaissent, pressentant de longue date le péril très grave que courait la foi, après l’exil des saints personnages Paulin, Eusèbe, Lucifer, Denis, voilà plus de quatre ans que je me séparai, avec les évêques des Gaules, de la communion de Saturnin, d’Ursace et de Valens, tout en laissant à tous leurs partisans la possibilité de venir à résipiscence, pour ne pas renoncer à ma volonté de paix et, d’autre part, pour retrancher les membres infectés de maladies graves et dont la gangrène allait gagner tout le corps, à condition toutefois que les bienheureux confesseurs du Christ consentent précisément à ratifier les décrets alors promulgués par nous. Par la suite, contraint d’aller au synode de Béziers par la cabale de ces faux apôtres, je proposai d’ouvrir une enquête pour démontrer cette hérésie. Mais, par crainte d’un témoignage public, ils refusèrent d’entendre les griefs que j’accumulais, persuadés qu’ils pouvaient feindre l’innocence devant le Christ, en ignorant volontairement ce qu’ils allaient accomplir ensuite sciemment. Depuis lors, bien que retenu en exil durant tout ce temps, j’ai résolu de ne pas renoncer à confesser le Christ, et j’ai décidé de ne rejeter aucun moyen honnête et recommandable de réaliser l’unité. Enfin, dans la suite, je n’ai écrit ou prononcé aucune malédiction contre les temps actuels, aucune parole diffamatoire et digne de leur impiété contre cette secte qui se donnait alors faussement pour l’Église du Christ, alors qu’en réalité c’est la synagogue de l’Antichrist. Et pendant ce temps, je n’ai fait grief à personne ni de s’entretenir avec eux ni de fréquenter leur maison de prière, malgré le lien de communion suspendu entre nous, ni d’espérer ce qui est souhaitable pour la paix, si par la pénitence nous préparons le pardon de leur égarement, leur retour de l’Antichrist au Christ.
 

 

La seule cause que j’aie à plaider est celle du Christ

 

Si donc un homme sensé discerne la raison de mon silence, il doit penser que moi, qui ai contenu jusqu’à ce jour ma rancœur contre l’injustice récemment subie, je ne puis, maintenant enfin, comme en atteste ma liberté de fidèle dans le Christ, être accusé d’écrire ceci sous la poussée d’une passion humaine répréhensible. Car je ne parlerai pas prématurément, moi qui me suis tu si long­temps, et ce n’est point sans me maîtriser que je me suis tu, moi qui me décide enfin à parler ; et je ne me plains pas de l’injustice subie, moi qui ai caché l’injustice récente et c’est pour ne pas paraître parler en fonction de mes intérêts que j’ai consacré un si long temps au silence. En ce moment, la seule cause que j’aie à plaider est celle du Christ. Pour lui j’ai dû jusqu’à ce jour me taire ; pour lui je dois désormais, je le sens, ne plus me taire.

Ah ! si seulement, Dieu tout-puissant et créateur de l’univers, mais aussi Père de notre unique Seigneur Jésus Christ, tu avais accordé à mon âge et à mon temps d’accomplir, sous les Néron ou les Dèce, le ministère de confesser ton nom et celui de ton Fils unique ! Moi non plus, par la miséricorde du Seigneur et Dieu ton Fils Jésus Christ, tout brûlant de l’Esprit Saint je n’aurais pas redouté le chevalet, sachant qu’Isaïe avait été découpé à la scie ; je n’aurais pas eu peur des flammes, me rappelant que les jeunes Hébreux avaient chanté au milieu d’elles ; je n’aurais pas fui la croix et le brisement des jambes, au souvenir du larron transporté en paradis ; je n’aurais pas tremblé devant les abîmes de la mer’ et les remous du Pont-Euxin aux flots dévorants, puisque par Jonas et Paul tu nous avais appris que les fidèles sont en vie dans la mer. Car, face à tes ennemis déclarés, mon combat eût été heureux : aucun doute n’eût subsisté sur la qualité de persécuteurs de ceux qui, pour me forcer à te renier, eussent employé les tortures, le fer, le feu ; et pour te rendre témoignage, il ne nous eût pas été permis de te payer plus que notre mort. Nous aurions, en effet, combattu à découvert et avec assurance1 contre des renégats, contre des tortionnaires, contre des égorgeurs ; et tes peuples, sûrs qu’il s’agissait d’une persécution officielle, nous auraient escortés comme leurs guides jusqu’à l’engagement du martyre.

Mais le combat de maintenant nous oppose à un persécuteur qui nous trompe, à un ennemi qui nous flatte, à Constance l’Antichrist : il ne nous fouette pas le dos mais nous caresse le ventre, il ne proscrit pas pour notre vie mais nous enrichit pour notre mort, il ne nous pousse pas par le cachot vers la liberté mais nous comble dans son palais pour la servitude ; il ne déchire pas nos flancs mais nous investit le cœur, il ne nous tranche pas la tête par son glaive mais nous tue l’âme par son or, il ne menace pas du bûcher en public mais allume la géhenne en privé. Il ne discute pas de peur d’être vaincu, mais il flatte pour dominer ; il confesse le Christ pour le renier ; il fait régner l’unité pour empêcher la paix ; il étouffe les hérésies pour supprimer les chrétiens ; il charge d’honneurs le sacerdoce pour qu’il n’y ait plus d’évêques ; il construit des églises pour détruire la foi. Il n’a que Toi en paroles, il n’a que Toi à la bouche, mais il fait absolument tout pour qu’on ne croie pas que Tu es Dieu comme le Père.

Qu’on cesse donc de me prêter des calomnies et de me soupçonner de mensonge. Car les ministres de la Vérité doivent proclamer ce qui est vrai. Si nous disons le faux, honte à nos propos calomnieux ! Mais si nous étalons tout ceci au grand jour, nous ne sortons pas des limites de la liberté et de la modération apostoliques, quand après un long silence nous adressons ces reproches. Mais on me jugera peut-être impertinent d’appeler Constance un Antichrist. Si l’on voit en cela plus d’in­solence que de fermeté, que l’on commence par relire les paroles de Jean à Hérode : « Tu n’as pas le droit d’agir ainsi. » Qu’on sache la parole d’un martyr au roi Antiochus : « Injuste que tu es, tu nous exclus de la vie présente, mais le Roi du monde nous relèvera pour une vie éternelle à la résurrection, nous qui mourons pour la défense de ses lois. » Et encore, les reproches adressés par un autre, d’une voix sainte et fidèle : « Tu as, dit-il, autorité parmi les hommes, bien que mortel, et tu fais ce que tu veux, mais ne crois pas que notre race ait été abandonnée de Dieu. Patiente et tiens bon, mais prends garde à la manière dont sa grande puissance te tourmentera toi et ta postérité. » Ainsi parlaient donc des enfants. Mais ces paroles d’une femme ne valent pas moins que celles d’hommes saints et parfaits : « Et toi qui t’es fait l’inventeur de toute méchanceté contre les Hébreux, tu n’échapperas pas à la main de Dieu. Car si, durant notre vie, c’est pour nous châtier et nous corriger que le Seigneur s’est momentanément irrité contre nous, alors il se réconciliera de nouveau avec ses serviteurs. » Ce n’est pas là de l’impertinence mais de la foi, non pas de la déraison mais de la raison, non pas de la démence mais de l’assurance.
 

 

Je crie à ta face, Constance, ce que j’aurais déclaré à Néron, ce que Dèce et Maximien auraient entendu de ma bouche

 

Je crie à ta face, Constance, ce que j’aurais déclaré à Néron, ce que Dèce et Maximien auraient entendu de ma bouche : tu combats contre Dieu, tu le déchaînes contre l’Église, tu persécutes les saints, tu hais les prédicateurs du Christ, tu anéantis la religion, tyran non plus en matière profane mais en matière religieuse. Voilà, d’après moi, ce qui te fait le complice de ces persécuteurs, ce que tu as de commun avec eux. Mais voici, à présent, ce qui t’est propre : tu te donnes faussement pour chrétien, toi qui es nouvel ennemi du Christ ; précurseur de l’Antichrist tu accomplis ses mystères de ténèbres : tu inventes des formules de foi, alors que la vie est contraire à la foi ; et tu enseignes l’hérésie alors que tu ignores la piété ; tu récompenses tes créatures par l’épiscopat et tu remplaces les bons évêques par les mauvais. Tu mets en prison les évêques, tu ranges tes armées pour terroriser l’Église ; tu assembles des synodes et tu pousses à l’impiété la foi des Occidentaux : tu les enfermes tous ensemble dans une ville où tu les effrayes par tes menaces, où tu les exténues par la faim, où tu les épuises par l’hiver, où tu les égares par tes feintes. Quant aux Orientaux, avec fourberie tu nourris leurs discordes, tu séduis les flatteurs, tu excites tes partisans, tu bouscules les traditions et tu méconnais les innovations. Tu infliges les plus cruels traitements sans t’attirer l’odieux de morts glorieuses. Par un triomphe nouveau et prodigieux de ton génie tu l’emportes sur le diable et tu persécutes sans martyriser.

Oui, Néron, Dèce, Maximien, nous sommes plus redevables à votre cruauté. Par vous, en effet, nous avons vaincu le diable. En tout lieu on a recueilli le sang sacré des bienheureux martyrs et leurs ossements vénérables portent quotidiennement témoignage, en faisant gronder les démons, en chassant les maladies, en opérant sous nos yeux des merveilles étonnantes : des corps se tiennent en l’air sans attache, des femmes sont suspendues par les pieds sans que leur robe retombe sur leur visage, des esprits brûlent sans flammes, tourmentés ils avouent sans qu’on les interroge et tous leurs actes contribuent au profit de celui qui les questionne non moins qu’au renforcement de la foi. Mais toi, le plus cruel de tous les hommes cruels, par tes sévices tu nous causes plus de dommage et tu nous laisses moins d’excuse. Tu t’insinues à la faveur de ton nom, tu nous tues par la flatterie, sous le couvert de la religion tu consommes l’impiété, faux prédicateur du Christ tu éteins la foi au Christ. Tu ne laisses même pas aux malheureux la justification de mettre sous les yeux de leur Juge éternel leurs supplices et quelques cicatrices sur leurs corps déchiquetés, pour que la contrainte excuse leur faiblesse. O le plus scélérat des hommes ! tu doses si bien tous les maux de la persécution que tu exclus l’indulgence pour les défaillants et le martyre pour les confesseurs de la foi. Mais c’est ton père, l’artisan de la mort des hommes, qui t’a enseigné à vaincre sans opposition, à égorger sans épée, à persécuter sans déshonneur, à haïr sans soupçon, à mentir sans te démasquer, à professer une foi que tu n’as pas, à flatter sans bienveillance, à agir à ta guise sans dévoiler tes intentions.

Mais Dieu le Fils unique en personne, que tu persécutes en moi, m’a averti de ne pas me fier à toi et de ne pas me laisser abuser par ce nom qui, en toi, est faux et mensonger, quand il déclare : « Ce n’est pas tout homme qui me dit : Seigneur, Seigneur, qui entrera dans le royaume des cieux ; mais celui qui fait la volonté de mon Père, celui-là entrera dans le royaume des cieux. » Reconnais-tu maintenant en toi la vérité de la prophétie de Dieu et la véracité de la pensée du Seigneur par laquelle est admis au royaume des cieux, non pas celui qui professe le Nom, mais celui qui obéit à la volonté du Père ? Mais toi, examine si, en alléguant dans tes paroles le nom du Seigneur, tu accomplis dans tes actes la volonté de Dieu le Père. C’est lui qui proclame : « Celui-ci est mon fils bien aimé en qui j’ai mis toutes mes complaisances. » Mais toi, tu décrètes qu’il n’y a ni fils ni père, mais des termes d’adoption, des appellations étrangères ; nouveau persécuteur de la religion divine tu représentes aujourd’hui un Dieu qui userait à son propre sujet de toutes sortes de feintes. Auparavant tes ancêtres marquaient leur hostilité contre le Christ seul ; toi, tu luttes avec Dieu le Père, de façon à faire de lui un menteur, à le convaincre d’imposture, à lui faire dire sur lui-même ce qu’il n’est pas, comme si ce n’était même pas possible. Le Fils proclame : « Le Père et moi nous sommes un » ; et : « Croyez-en mes œuvres, car le Père est en moi et je suis dans le Père » ; et encore : « Tout ce que possède le Père est à moi » : tu reproches au Christ sa véracité, tu fais grief au Père de sa déclaration. Homme, tu corriges Dieu, pourriture, tu règles la vie ; nuit, lu éclaires la lumière, infidèle, tu promulgues la foi, impie, tu simules la piété ; tu mets en conflit toute la terre par une rivalité sacrilège, en niant sur Dieu ce qu’en personne il a déclaré sur lui-même.
 

 

Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous, habillés en brebis

 

Mais contrairement à cette correction mensongère, le Seigneur m’a enseigné une autre parole pour te démas­quer, quand il dit : « Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous, habillés en brebis, mais qui, au-dedans, sont des loups rapaces : c’est à leurs fruits que vous les reconnaîtrez. » Car on trouve dans le cœur ce qui se cache sur le visage et ce que dissimule la pensée : on croit voir une brebis et l’on découvre un loup. S’ils agissent en brebis, qu’ils passent aussi pour des brebis ; mais s’ils accomplissent des actes de loups rapaces, leurs actes les dénoncent comme des loups et le fruit de leurs agissements condamne la fausse apparence de leurs vêle­ments. Nous discernons ton travestissement en brebis, loup rapace. Tu charges de l’or de l’État le sanctuaire de Dieu et ce qui a été arrache aux temples ou confisqué par décrets ou extorqué dans les supplices tu l’accumules pour Dieu. Tu accueilles les évêques avec le baiser qui a aussi livré le Christ, tu inclines la tête sous leur bénédiction, afin de piétiner la foi, tu daignes assister au banquet d’où Judas est sorti pour sa trahison ; tu exemptes de l’impôt de capitation que le Christ a payé pour ne pas causer de scandale ; César, tu fais grâce des taxes aux chrétiens pour les inciter à l’apostasie ; tu cèdes tes propres droits pour causer la perte des droits de Dieu. Tels sont, fausse brebis, tes déguisements.

Apprends maintenant, loup rapace, le fruit de tes œuvres. Pour moi, je ne rapporte d’autres faits que ceux qui se sont passés dans l’Église, ou bien ce serait de ma part dénoncer une autre tyrannie que celle contre Dieu. Je ne porte pas plainte, car j’ignore le procès. Et pourtant le sujet de plainte est bien connu : sur ton ordre, des évêques que nul n’osait condamner ont été déposés et maintenant encore ceux dont les noms restent inscrits au fronton des églises sont déclarés « condamnés aux mines ». Alexandrie est là, à mes côtés, secouée par tant de guerres, redoutant le désordre si grand des expéditions lancées contre elle. Les luttes armées contre le Perse ont été plus brèves que celles qu’elle subit. Changement de préfets, nomination de ducs, corruption de peuples, déplacement de légions : tout cela pour empêcher Athanase de prêcher le Christ. Je ne dis rien des peuples et des cités de moindre importance en proie, à travers tout l’Orient, à la terreur ou à la guerre. Après quoi tu as porté toutes tes armes contre la foi de l’Occident et tu as retourné tes troupes contre les brebis du Christ : au temps de Néron, il m’eût été loisible de m’enfuir. Mais toi, c’est Paulin, ce héros à la passion bienheureuse, que tu as harcelé de tes flatteries, avant de l’exiler et de dépouiller d’un tel évêque la sainte Église de Trêves. Tes édits ont terrorisé la foi. Quant à lui, tu l’as changé d’exils et fatigué jusqu’à la mort ; tu l’as même relégué hors des frontières du nom chrétien, pour l’empêcher de prendre son pain de ton grenier ou d’attendre un pain profané, sorti du repaire de Montan et de Maximille. À Milan, quel trouble et quel effroi ta fureur a causés à un peuple si pieux ! Tes tribuns ont envahi le saint des saints et, se frayant par toutes sortes de sévices un chemin à travers la foule, ils ont entraîné les prêtres loin de l’autel. Crois-tu, scélérat, ton péché moins grave que l’impiété des Juifs. Ils ont sans doute versé le sang de Zacharie  ; mais toi, dans la mesure de ton pouvoir, tu as dissocié du Christ ceux qui sont incorporés au Christ. Puis tu as porté ta guerre jusqu’à Rome, tu en as arraché l’évêque et, ô misérable ! je ne sais si tu as été plus impie en le reléguant ou en le renvoyant chez lui. Et ensuite, contre l’Église de Toulouse quelles fureurs tu as exercées ! Clercs roués de coups de bâton, diacres meurtris par le plomb des fouets ; et — que les saints comprennent comme moi ! – sur l’oint même (du Seigneur) on a porté la main. Si mes paroles sont mensongères. Constance, tu es une brebis ; mais si tels sont tes actes, tu es un Antichrist.

 

 

Hilaire de Poitiers, Contre Constance, Introduction, texte critique, traduction, notes et index par A. Rocher, les Éditions du Cerf, Paris, 1987

 
 

 

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