Vous avez revêtu le Christ, vous êtes devenu le membre du Seigneur, votre nom est inscrit dans la cité céleste, et vous rampez encore parmi les débris de la loi ? Pourrez-vous bien obtenir le futur royaume ?
Écoutez Paul vous affirmant que l’Évangile est ruinée par l’observation de la loi. Examinez en outre de quelle façon, et frémissez, fuyez loin de l’abîme. Pourquoi gardez-vous le sabbat et pratiquez-vous leurs jeûnes ? Sans doute parce que vous craignez la loi et que vous n’osez pas omettre de telles œuvres. Mais vous ne craindriez pas de renoncer à la loi, si vous ne la regardiez comme insuffisante, comme incapable de vous sauver. Dès que vous n’osez pas renoncer au sabbat, il est manifeste que la loi vous fait trembler et vous paraît encore en vigueur. S’il en est ainsi, ce n’est pas une partie de la loi seulement, ce n’est pas un précepte qu’il faut observer ; d’autre part, si toute la loi subsiste, la justice qui nous est communiquée par la foi ne tarde pas à disparaître. Dès que vous observez le sabbat, pourquoi pas la circoncision ? et qui vous empêcherait alors d’offrir les anciennes victimes ?
S’il faut observer la loi, il faut l’observer tout entière ; s’il ne faut pas l’observer tout entière, il ne faut pas non plus l’observer en partie. Puisque vous craignez d’être condamnés quand vous en omettez une partie, bien plus devriez-vous craindre de ne pas l’observer en totalité. Si la violation totale ne vous mérite pas un châtiment, moins encore la violation partielle : si le châtiment est encouru dans ce dernier cas, à plus forte raison le sera-t-il dans le premier. Supposé qu’il faille observer toute la loi, il ne faut plus par là même obéir au Christ : en obéissant au Christ, on transgresse nécessairement la loi.
S’il était vrai que la loi fût obligatoire, ceux qui ne l’observeraient pas seraient des prévaricateurs, et dans le fond le Christ serait lui-même l’auteur de cette prévarication ; car le Christ n’a pas tenu compte de la loi sur ces points, et nous a de plus ordonné de n’en tenir aucun compte.
Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur l’Épitre aux Galates, chapitre II, ⸹6
Œuvres complètes de S. Jean Chrysostome, traduction nouvelle par M. l’Abbé J. Bareille, tome neuvième, Paris, Librairie de Louis Vivès, Éditeur, 1872, p. 361
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