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Que les grandes places font connaître le caractère des hommes

13 novembre 2021

L’athlète qui reste chez lui, qui ne lutte avec personne cache aisément sa faiblesse; mais quand il se dépouille de ses vêtements et descend dans l’arène, on voit promptement ce qu’il est.

 


 

De même les hommes qui vivent dans la retraite et loin des affaires peuvent étendre sur leurs vices le voile de la solitude. Sont-ils introduits dans le monde ? Les voilà obligés de quitter le manteau qui les recouvrait, je veux dire la solitude, et de montrer leur âme à nu dans les agitations du siècle.

 

Autant les bons exemples servent à enflammer la sainte émulation de la vertu, autant les mauvais contribuent à répandre parmi les peuples le relâchement et la négligence dans l’observation du devoir.

 

Il faut donc au prêtre une âme toute rayonnante de beauté dont la lumière éclaire et réjouisse les âmes de ceux qui ont les yeux tournés vers lui. Les fautes des hommes vulgaires restent ensevelies dans 1’ombre et ne préjudicient qu’à ceux qui les commettent. Le scandale d’un homme haut placé dans le monde et exposé à tous les regards est une sorte de fléau public, tant parce qu’il autorise la tiédeur de ceux qui s’effrayent des rudes exercices de la vertu, que parce qu’il décourage ceux mêmes qui voudraient mener une vie meilleure. Ajoutez à cela que les fautes en particulier, alors même qu’elles sont connues, n’ont pas une influence bien dangereuse sur les dispositions des autres ; mais le prêtre, rien de ce qu’il fait ne reste caché, et chacune de ses actions, indifférente en soi, prend dans l’opinion un caractère sérieux. On mesure les torts moins par la gravité du délit que par le rang de celui qui le commet. Que le prêtre donc se revête pour ainsi dire d’un zèle soutenu, d’une continuelle vigilance sur lui-même, comme d’une armure de diamant qui ne laisse aucun endroit faible et découvert, par où l’on puisse lui porter le coup mortel. Tout ce qui l’entoure ne demande qu’à le frapper et à l’abattre, non seulement ses ennemis déclarés, mais encore ceux qui font semblant d’être ses amis.

 


 

Saint Jean Chrysostome – Traité du sacerdoce. Livre troisième

Œuvres complètes, traduites pour la première fois sous la direction de M. Jeannin, licencié ès-lettres professeur de rhétorique au collège de l’Immaculée-Conception de Saint-Dizier. Bar-le-Duc, L. Guérin & Cie, éditeurs, 1864, TOME I, p. 587-588

 


 

 

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