Arsenie Boca, La voie du Royaume, Orthodoxie

Les comptes de la sagesse avec la mort

5 juin 2020

LA VOIE DU ROYAUME

père Arsenie Boca (†1989)

Cărarea împărăției, Editura Sfintei Episcopii Ortodoxe Române a Aradului, Deva, 2006

 

Quand les gens ne répondent plus à l’appel de l’amour de Dieu, ils font face à la dureté de Sa justice, quand, pour punir la méchanceté, Il permet les guerres. Alors, toute vie est en danger, aussi bien à la maison que sur le front.


Investiguons, selon les limites permises, la cause de guerres, qui purifient beaucoup de leurs iniquités dans les flots de larmes. Nous prenons appui sur la volonté de Dieu, qui cherche à ce que tous les hommes soient sauvés et qu’ils parviennent à la connaissance de la vérité. C’est pourquoi Dieu, le miséricordieux et généreux dans Sa justice, arrive à convaincre les insouciants et les égarés — qui ont cependant une bonne inclination — à vouloir ce que Dieu veut, c’est-à-dire le salut, la seule chose qui est vraiment nécessaire. Une seconde pensée pour notre profit spirituel, est de recevoir tout ce qui nous arrive comme bon, comme décidé et fait par Dieu, et sachant qu’il n’y a rien qui arrive sans la permission de Dieu, de nous réjouir de sa décision, même si nous ne la comprenons pas. Et la troisième pensée est que les martyrs ont trouvé le salut à travers des souffrances qu’ils n’ont pas choisies, et les bienheureux par des souffrances volontaires ; il est de même des souffrances en temps de guerre ; beaucoup plus nombreux sont ceux qui se sauvent sur le front qu’au foyer.

Bamberger Apokalypse – Staatsbibliothek Bamberg Msc.Bibl.140 / Reichenau, circa 1010

Habituellement, les gens pensent que les méchants meurent dans les guerres et que les bons sont sauvés. Il en est ainsi, mais pas entièrement, car seul Dieu connaît et garde la responsabilité de chacun. Un des saints a dit : « Les chèvres, c’est moi ; quant aux brebis, Dieu les connaît. » Puis, seul Dieu sait — et agit selon sa connaissance — si la vie est plus profitable à une personne, ou s’il lui est plus utile de quitter cette vie. Alors Dieu, dans Sa toute-puissance, se serve de méchants, d’incroyants, de ceux sans Dieu et même de démons, afin de conduire au salut, à travers eux, ceux qui sont à sauver.
Par exemple, une personne accablée de péchés, grâce aux conseils de ses trois « amis », se retrouve dans le pétrin et dans un grand besoin. Les désagréments lui diminuent le corps, lui éclaircissent l’esprit, et trouve ainsi Dieu comme seul salut dans le péril. Maintenant, il prie pour la première fois, et même plus que jamais. À ce moment, quand la mort lui tourne autour, Dieu dans son omniscience, voyant qu’il se trouve sur la bonne voie pour le restant de ses jours — qu’il aurait à vivre s’il était sage — d’une manière invisible et miraculeuse le sauve d’une mort certaine. Mais s’il sait que plus tard il aurait un meilleur repentir, il lui permettra de traverser des dangers plus nombreux et plus grands, en le secourant à chaque fois – car les difficultés nettoient les taches provoquées par le péché sur nos habits invisibles, – et le retire ensuite du creuset de la souffrance, soit vers la vie éternelle, soit en le retournant vers la vie terrestre, comme un sage.

Ceux qui, cependant, n’ont pas de constance dans le bien et qui reviendraient au mal, en oubliant la promesse faite en détresse, parmi eux Dieu enlève de cette vie vaine, ceux qui, selon Sa connaissance, ont atteint le niveau supérieur du repentir, afin qu’ils en soient jugés pour la vie éternelle. Cela leur est profitable pour leur salut, car Dieu reçoit même ce faible repentir.
Pour ceux qui, ayant traversé la souffrance, ont gagné en force et en constance dans le bien, et qui pourraient profiter aux autres dans leur recherche du Salut, Dieu les sauve et les aide à rentrer chez eux. Mais, si à nouveau ils reprennent la voie de la perdition et s’abandonnent aux péchés, Dieu les rappelle à l’école. Et Il procède de cette façon autant de fois qu’il est nécessaire, et avec tous ceux qui en ont besoin.
Avec les méchants, qui sont sans voie de retour selon la science de Dieu, parmi d’autres mystères impénétrables, Dieu agit aussi de ces deux façons : soit Il les fait se perdre rapidement, de manière tragique, afin de ne pas multiplier leurs maux, et d’alléger leur punition ; ou, par l’intermédiaire de leur méchanceté, il veut récompenser, convertir ou sauver quelques-uns de ceux qui sont chez eux, plus lents au repentir ou récalcitrants aux conseils et à la prière des fidèles.
Et le troisième type de personnes, les bons chrétiens, Il les sort de cette vaine vie, par Sa grâce, soit parce qu’Il sait qu’ils tomberaient plus tard, attirés par les iniquités, ce qui pourrait entraver ou même compromettre leur salut ; pour ces raisons Dieu les appelle plus tôt, avant que leur innocence se transforme en méchanceté, ou après avoir réussi les épreuves préparées par Dieu, qui les rendent dignes de Son Royaume, tel qu’il est écrit :

Mais les âmes des justes sont dans la main de Dieu, et le tourment de la mort ne les touchera pas. ¶ Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, et leur sortie de ce monde a été regardée comme une affliction, ¶ et leur séparation d’avec nous comme un anéantissement, et cependant ils sont en paix; ¶ et s’ils ont souffert des tourments devant les hommes, leur espérance est pleine d’immortalité. ¶ Leur tribulation a été légère, et leur récompense sera grande, car Dieu les a éprouvés, et les a trouvés dignes de Lui. ¶ Il les a mis à l’épreuve comme l’or dans la fournaise, Il les a agréés comme une hostie d’holocauste, et quand leur temps sera venu, Il les regardera favorablement. ¶ Les justes brilleront, et ils étincelleront comme les feux qui courent à travers les roseaux.

Le livre de la Sagesse III

Et s’il y a des méchants sans remède, qui ne souffrent pas des ennuis, Dieu doit les avoir abandonnés, et les laisser se perfectionner dans le mal, pour subir la damnation éternelle — comme cela a été dit à propos de Saül.
Un autre mystère de Dieu est celui-ci : Il ne punit pas entièrement la méchanceté de tous, ici et immédiatement ; de même qu’Il ne glorifie pas non plus la bonté de tous, ici et maintenant. S’il en était ainsi, les gens feraient le bien par peur ; le salut serait forcé, et non pas un acte de liberté et d’amour. Puis, s’il punissait rapidement tout mal, Dieu serait un lâche impuissant, réduit à une mesure humaine, ou tout au plus angélique, et nous laisserait comprendre qu’Il a peur du mal et défend sa domination, — comme le font les hommes. Mais c’est précisément par le fait qu’il laisse les méchants agir à leur aise, et permet aux gens de vivre sans crainte d’une punition imminente, qu’Il nous prouve Sa toute-puissance, éternellement calme et au-dessus de tout mal, – toute-puissance, sous la protection de laquelle, par la foi, nous demeurons également en paix, malgré les gifles et les crachats du mal, en témoignage de son impuissance, devant la toute-puissance de Dieu, qui nous fortifie par Sa paix.

Parce qu’Il ne punit pas immédiatement la méchanceté, Il lui tend une forte tentation, afin qu’elle puisse s’épanouir, pour une punition certaine au jour du jugement. Et si, cependant, il punit parfois rapidement une iniquité, il le fait afin de restreindre la méchanceté parmi les hommes, et surtout afin d’éviter que la foi des novices diminue, et que les fidèles perdent la conscience de la récompense selon les actes.
En conclusion, qu’Il récompense ou non, le bien ou le mal, une chose est certaine : qu’une récompense sûre et éternelle arrive, et que le bien surmonte le mal. Puis, grâce à la patience de nombreux inconnus, la toute-puissance et la justice de Dieu brisent continuellement les portes de l’enfer, avec la puissance de l’Église visible et invisible.
Ainsi, notre préoccupation entière et notre prière doivent se concentrer sur l’accueil de nos prédécesseurs au Royaume des Cieux par Dieu, parmi les justes, après avoir échappé, par la grâce de Dieu, à l’enveloppe de leurs vies terrestres. Un des serviteurs de Dieu se lamente devant l’étroitesse de la vue et la petitesse de la foi des hommes, car ils jugent seulement les choses d’ici-bas : aussi inhabituel que cela puisse paraître, la vérité demeure : Dieu nous a envoyés dans ce monde, afin que nous apprenions à y renoncer et à chercher le monde véritable.
Pour les amoureux de Dieu, il n’y a pas de souffrance, il n’y a pas de danger — sauf le péché — et il n’y a pas de mort ; ils doivent être heureux et abandonner leur volonté, dans la vie, ou à la mort, au moment que cela puisse arriver.

C’est pourquoi nous ne perdons pas courage; mais bien qu’en nous l’homme extérieur se détruise, cependant l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. ¶ Car notre légère tribulation du moment présent produit pour nous le poids éternel d’une sublime et incomparable gloire; ¶ pour nous qui ne considérons point les choses visibles, mais les choses invisibles, car les choses visibles sont temporelles, mais les invisibles sont éternelles. ¶ Nous savons, en effet, que si cette maison de terre où nous habitons est détruite, nous avons un édifice qui vient de Dieu, une maison qui n’est pas faite de mains d’homme, mais qui est éternelle, dans les Cieux. ¶ Aussi, dans ce corps nous gémissons, désirant d’être revêtus de notre habitation céleste.

2e ÉPITRE de SAINT PAUL AUX CORINTHIENS IV-V

Ainsi, seuls les incroyants, morts dans l’incrédulité, étrangers et ennemis de Dieu, sont à plaindre. Mais il est bon de savoir que les dangers de la vie ont aidé beaucoup à sortir du nombre de morts pour aller dans le Royaume de la vie.

Amen.


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