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Mémoire de notre saint Père GERMAIN, archevêque de CONSTANTINOPLE [†742 │ 12 mai]

15 août 2021

Notre saint Père Germain était fils d’un célèbre et puissant patrice, nommé Justinien[1], que l’empereur Constantin IV (668-685) fit exécuter par jalousie, en 669. Par la suite, il fit réduire le jeune Germain à l’état d’eunuque, pour l’empêcher d’accéder aux charges du Sénat. Bientôt rangé dans le clergé de la Grande Église, et « faisant de la nécessité une occasion de gloire », le bienheureux Germain mena une vie semblable à celle des anges : repoussant toute vanité mondaine, il se consacrait nuit et jour à la méditation des Écritures et à la louange de Dieu.

 

 

C’est de là qu’il tira une profonde connaissance théologique, par laquelle il allait soutenir la vraie foi. Les Pères du Deuxième Concile de Nicée le louèrent en ces termes : « Consacré à Dieu depuis sa jeunesse, comme le prophète Samuel, et émule des saints Pères, ses écrits se répandirent à travers le monde. Il avait les éloges de Dieu à pleine gorge et tenait ses paroles comme une épée à deux tranchants (cf. Ps 149, 6), contre tous les adversaires des traditions ecclésiastiques »[2].

Consacré métropolite de Cyzique (705), il lutta d’abord contre les rejetons de l’hérésie monothélite, ce qui lui valut d’être exilé par l’empereur Philippikos (711-713) qui prétendait réanimer cette hérésie. Le tyran une fois disparu, il fut rétabli sur son siège. Le 11 août 715, il fut élu patriarche de Constantinople, à la grande joie de tout le peuple orthodoxe, et orna dès lors le trône patriarcal par ses vertus et son don de prophétie. Le jour du baptême du fils de l’empereur Léon III, Constantin, saint Germain annonça que ce dernier allait devenir un redoutable ennemi de l’Église (740-775), et il prédit à l’un de ses clercs, Anastase, qu’il allait usurper son trône et devenir un des promoteurs de l’hérésie[3].

Au début du règne de Léon III, Constantinople fut assiégée par une immense armée arabe, et ce ne fut que grâce à la protection de la Mère de Dieu et aux prières instantes du peuple, dirigé par saint Germain, que la cité échappa au danger (718). Au bout d’une dizaine d’années de règne, l’empereur commença à dévoiler ses desseins impies et il prit la parole contre le culte des saintes images, annonçant qu’il allait les soustraire au culte public (726)[4]. Le saint patriarche s’adressa alors à l’empereur, lui reprochant son ingérence dans les affaires de l’Église et sa transgression des traditions vénérables, instituées depuis l’époque apostolique. Lorsque le Verbe de Dieu s’est incarné, se faisant homme à notre image, Il a assumé notre nature, afin de renouveler en nous l’image de Dieu ternie par le péché. C’est pourquoi, en s’attaquant au culte des saintes icônes, c’était tout le mystère de l’Incarnation que l’empereur renversait. Le saint se déclara prêt à mourir pour l’image du Seigneur et conjura le souverain de cesser de troubler l’Église par de telles entreprises. Ne trouvant rien à répondre, Léon, pris de colère, souffleta le saint et le chassa. Puis il convoqua le directeur de l’École Patriarcale, qui lui confirma le caractère ancien et traditionnel du culte des images. Furieux et dépité, l’empereur fit alors investir les locaux de l’École par ses troupes, qui incendièrent et jetèrent à la mer les milliers de volumes de sa bibliothèque.

Après l’incident survenu lorsque des soldats furent envoyés à la Porte de Bronze[5], avec ordre d’y décrocher la grande icône représentant le Christ debout et de la jeter dans un brasier, l’empereur fit convoquer et amener de force le saint, le 17 janvier 730, devant une assemblée nombreuse de sénateurs et de hauts dignitaires, afin de l’obliger à souscrire à son décret ordonnant la destruction générale des saintes images dans tout l’Empire. Après une brillante apologie de la vraie foi, Germain conclut en disant : « Si je suis un nouveau Jonas, jetez-moi à la mer. Mais sache, ô Empereur, que sans un Concile Œcuménique, il ne m’est pas permis d’innover en matière de foi ! » Puis, se rendant à Sainte-Sophie, il déposa son omophorion sur l’autel et se retira dans une propriété de famille, Platanion, où il finit ses jours dans la quiétude et la prière (vers 742), rédigeant différents traités contre les hérésies. Cinq jours après la démission de saint Germain et conformément à sa prédiction, l’empereur fit consacrer patriarche son fourbe disciple, Anastase. Ce dernier devint le complice du souverain pour encourager la persécution contre tous les clercs, moines ou laïcs qui vénéraient les saintes images.

On raconte qu’après son abdication, prenant dans ses bras l’icône de la Mère de Dieu, saint Germain alla la jeter à la mer, dans le quartier d’Amantios (au sud de la ville), en priant le Christ de la conduire jusqu’à Rome, afin que, loin des entreprises du tyran, son frère dans l’épiscopat, le pape de Rome, puisse être le gardien des traditions. À la fin de l’hérésie iconoclaste (843), l’icône serait retournée d’elle-même, sur les flots, à Constantinople, où elle aurait été remise à l’impératrice Théodora qui la déposa dans l’église de Chalcoprateia[6].

[1]. C’est par confusion avec le nom de son père que certains font de S. Germain un descendant de l’empereur Justinien.

[2]. Actes du VIIe Concile Œcuménique, Mansi, Sacrorum Conciliorum Collectio, t. 13, 537.

[3]. Le jour de son sacre, il prédit aussi à la mère de S. Étienne le Jeune, qu’elle allait donner naissance à un grand confesseur de la foi [28 nov.].

[4]. En fait, depuis 723, S. Germain s’était élevé contre l’hérésie naissante chez certains membres de l’épiscopat d’Asie Mineure, et s’était adressé au pape Grégoire II (715-731), qui lui répondit en louant son zèle pour la vénération des saintes icônes.

[5]. Cf. la mémoire de ces confesseurs, premiers martyrs de l’iconoclasme, le 9 août, et de Ste Théodosie au 29 mai. Le thème d’Hellade et les Cyclades s’étaient alors aussi rebellés contre les décrets iconoclastes.

[6]. Cette tradition, plus symbolique que réelle, évoque le rôle joué par Rome dans cette période troublée, où le siège du patriarche d’Occident était pour les orthodoxes un critère de vérité et d’indépendance à l’égard du pouvoir civil. On vénère en France, dans l’église de Bort-les-Orgues, des reliques de S. Germain, qui furent, semble-t-il, apportées de Constantinople après la ive Croisade.

 

 

Le Synaxaire. Vie de Saints de l’Église orthodoxe

Deuxième édition
par hiéromoine Macaire, monastère de Simonos Pétra au Mont Athos
Neuvième volume [mai], publié par les éditions Simonos Pétra

La vie de saint Germain est publiée ici avec l’aimable autorisation de l’auteur

 


 

 

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