La foi vivante de l’église orthodoxe, Orthodoxie

L’Orthodoxie et la Religion du futur – VIII. Conclusion – l’esprit des derniers temps 1. A

8 mars 2021

1. Le « renouveau charismatique » comme signe des temps

 

Les prophètes du Seigneur Dieu ne disparaîtront pas avant la fin du monde, tout comme les ouvriers de satan ne seront jamais absents. Dans les derniers jours, cependant, tous ceux qui œuvront véritablement pour Christ se cacheront avec sagesse de la face du peuple. Et s’ils n’effectuent plus des signes et des prodiges comme aujourd’hui, ils marcheront toujours sur le chemin étroit en toute humilité. Dans le Royaume de Dieu, ils seront plus grands que ceux qui accompliront des miracles, car en leur temps, personne ne fera des miracles, pour les inciter à des combats spirituels… La majorité sera induite en erreur par l’ignorance dans le chaos du chemin large de la perdition. 1

 

 

A. Une «Pentecôte sans Christ»

 

Pour les chrétiens orthodoxes, les « langues » actuelles, comme celles décrites dans le Nouveau Testament, sont aussi un « signe » : mais elles sont un signe, non pas du début de l’Évangile du salut pour tous, mais de sa fin. Le chrétien orthodoxe sobre n’aura pas de mal à convenir avec les apologistes du « renouveau charismatique » que cette nouvelle « effusion de l’esprit » puisse signifier en effet que « la consommation du temps est proche » 2. L’Esprit dit expressément que, dans les temps qui viendront, quelques-uns abandonneront la foi, s’attachant à des esprits d’erreur et à des doctrines de démons 3. Dans les derniers jours, nous verrons les esprits de démons qui font des prodiges 4.

Les Saintes Écritures et les Pères orthodoxes nous disent clairement que la nature des derniers temps ne sera pas du tout celle d’un grand « renouveau » spirituel, d’une « effusion du Saint-Esprit », mais plutôt celle d’une apostasie presque universelle, d’une illusion si subtile que les élus mêmes, si cela était possible, seront trompés, de la quasi-disparition du christianisme de la surface de la terre. Lorsque le Fils de l’homme viendra, pensez-vous qu’Il trouve la foi sur la terre?  5 C’est précisément dans les derniers temps que satan sera délié 6 afin de produire la dernière et la plus grande effusion de mal sur la terre.

Le « renouveau charismatique », produit d’un monde sans sacrements, sans grâce, un monde assoiffé de « signes » spirituels, mais en impossibilité de discerner les esprits à l’origine de ces signes, est lui-même un « signe » de ces temps apostats. Le mouvement œcuménique lui-même reste toujours un mouvement de « bonnes intentions » et de « bonnes actions » humanitaires de petite ampleur ; mais quand il est rejoint par un mouvement avec « puissance », en fait avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges trompeurs 7, alors qui pourra l’arrêter ? Le «renouveau charismatique» vient à la rescousse d’un œcuménisme en déroute, et le pousse vers son but. Et cet objectif, comme nous l’avons vu, n’est pas simplement de nature « chrétienne » — la « refondation de l’Église du Christ », pour reprendre les propos blasphématoires du patriarche Athénagoras de Constantinople — ce n’est que le premier pas vers un objectif plus large qui se situe entièrement en dehors du christianisme : l’établissement de « l’unité spirituelle » de toutes les religions, de toute l’humanité.

Cependant, les adeptes du « renouveau charismatique » croient que leur expérience est « chrétienne » ; ils n’auraient rien à voir avec l’occultisme et les religions orientales ; et ils rejettent sans doute toute la comparaison des pages précédentes du « renouveau charismatique » avec le spiritisme. Maintenant, il est tout à fait vrai que religieusement le « renouveau charismatique » est à un niveau plus élevé que le spiritisme, qui est un produit d’une crédulité et d’une superstition assez grossières ; que ses techniques sont plus raffinées et ses phénomènes plus abondants et plus faciles à obtenir ; et que toute son idéologie donne l’apparence d’être « chrétien » – pas orthodoxe, mais quelque chose qui n’est pas loin du fondamentalisme protestant avec une nuance « œcuménique » ajoutée.

Et pourtant, nous avons vu que l’expérience « charismatique », et tout particulièrement l’expérience centrale du « Baptême du Saint-Esprit », est en grande partie sinon entièrement une expérience païenne, beaucoup plus proche de la « possession par les esprits » que de tout ce qui est chrétien. Nous savons aussi que le pentecôtisme est né en marge du « christianisme » sectaire, où il ne reste que très peu d’attitudes et de croyances chrétiennes authentiques, et qu’il a en fait été « découvert » à la suite d’une expérience religieuse à laquelle les chrétiens ne participent pas. Mais ce n’est que tout récemment qu’il a été possible de trouver un témoignage clair du caractère non chrétien de l’expérience « charismatique » dans les mots d’un apologiste «charismatique». Cet apologiste nous informe que l’expérience du « Baptême dans le Saint-Esprit » peut en effet se faire en absence du Christ.

Cet écrivain raconte l’histoire d’une personne qui avait reçu le « baptême » avec le parler en langues et encourageait tout le monde à le chercher. Pourtant, il admit que le repentir n’avait pas fait partie de son expérience et que non seulement il n’avait pas été délivré de ses habitudes pécheresses, mais qu’il n’avait même pas de désir particulier d’en être délivré. L’écrivain conclut : « Une pentecôte sans repentir — une pentecôte sans Christ — c’est ce que certains vivent aujourd’hui… Ils ont entendu parler des langues, ils souhaitent s’identifier à une expérience liée à un certain statut, alors ils cherchent quelqu’un qui pourrait leur imposer les mains pour une transmission rapide, bon marché et facile qui contourne Christ et sa croix. »

Néanmoins, cet auteur admet que parler en langues est indéniablement « la conséquence ou la confirmation initiale » du « Baptême dans le Saint-Esprit » 8.

Ceux qui apportent des idées chrétiennes à l’expérience supposent que le « baptême dans le Saint-Esprit » est une expérience chrétienne. Mais s’il peut être donné à ceux qui recherchent simplement une expérience sociale facile et bon marché, alors il n’y a aucun lien nécessaire entre cette expérience et Christ. La possibilité même d’une expérience d’une « Pentecôte sans Christ » signifie que l’expérience en elle-même n’est pas du tout chrétienne; Les « chrétiens », souvent sincères et bien intentionnés, lisent dans l’expérience un contenu chrétien qu’elle n’a pas en soi.

N’avons-nous pas ici le dénominateur commun de « l’expérience spirituelle » nécessaire à une nouvelle religion mondiale ? N’est-ce pas là peut-être la clé de «l’unité spirituelle» de l’humanité que le mouvement œcuménique a cherchée en vain?

 


 


 

Hieromonk Seraphim Rose, Orthodoxy and The Religion of the Future, pp. 204-208, Saint Herman of Alaska Brotherhood, Platina, California, 1979
Traduction: hesychia.eu

 


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  1. Gentithes, J. E. et archim. Ignatios Apostolopoulos, “Stories, Sermons, and Prayers of St. Nephon: An Ascetic Bishop”, Light and Life Publishing Company, Minneapolis, MN, 1989, p. 110
  2. p. Eusebius Stephanou dans Logos, Avril 1972, p. 3
  3. I Tim. IV.1
  4. Apoc. XVI.14
  5. Luc XVIII.8
  6. Apoc. XX. 3
  7. II Thes. II.9
  8. Harry Lunn, dans Logos Journal, novembre-décembre 1971, pp. 44, 47

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