Mémoire de notre saint Père THÉOPHANE le RECLUS, évêque de TAMBOV et VLADIMIR .
Cet illustre Père du XIXe siècle naquit à Tchernavask, dans la province de Viatka, en Russie Centrale. Fils de prêtre, on le destina au sacerdoce et il fut envoyé au séminaire pour ses études. Il montra dès cette époque un caractère doux et silencieux, aimant la prière et la solitude, ce qui le distinguait de ses condisciples. Après le séminaire, il suivit les quatre années d’études théologiques à l’Académie de Kiev. C’est là qu’il apprit à aimer la vie monastique, à l’occasion de fréquentes visites à la Laure des Grottes où il trouva un père spirituel, saint Parthène [25 mars], qui l’initia aux secrets de la science de l’âme. Dès qu’il obtint son diplôme, il fut tonsuré moine et ordonné prêtre. Comme il était doté d’une brillante intelligence et d’un grand amour de l’étude, il devint professeur à l’Académie théologique de Saint-Pétersbourg. Il servit ensuite pendant sept années dans la Mission russe au Proche-Orient, principalement en Palestine. Il acquit à cette occasion une parfaite connaissance de la langue grecque et se familiarisa avec les saints Pères. À son retour en Russie, il devint recteur de l’Académie de Saint-Pétersbourg, et fut bientôt consacré évêque, d’abord à Tambov ensuite à Vladimir (1859). Mais comme il se sentait beaucoup plus attiré par une vie retirée que par les tâches administratives, il démissionna au bout de sept années et se retira dans un petit monastère, à Vyschen, où il demeura jusqu’à son bienheureux repos, en 1894.
Au début, Théophane prenait part à la vie liturgique de la communauté, mais, à partir de 1872, il vécut en reclus, ne voyant personne d’autre que son confesseur et le supérieur du monastère. Il vivait dans deux pièces, où ne se trouvaient guère que les livres de sa riche bibliothèque, et suivait un régime très austère, célébrant chaque jour la Divine Liturgie. Tout le temps qu’il ne consacrait pas à la prière intérieure, il l’occupait à la traduction en russe moderne des œuvres des Pères de l’Église – en particulier la Philocalie – et leurs écrits concernant la Prière de Jésus et la vie ascétique. Il entretenait également une vaste correspondance avec des pieux laïcs dans toute la Russie. Esprit ouvert à la philosophie occidentale et aux courants intellectuels de son époque, il n’en restait pas moins fidèle à l’enseignement traditionnel de l’Église, en sachant l’adapter avec discernement pour en sauvegarder l’essentiel. C’est ainsi que dans ses écrits sur la Prière de Jésus, il évitait d’insister sur les méthodes psychosomatiques ou les aspects les plus théoriques que l’on trouve chez les Pères hésychastes, pour souligner davantage la nécessité de tenir l’intellect attentif aux mots de la prière devant Dieu dans notre cœur, de manière à ce que « le cœur sente ce que l’intellect pense. » En laissant ainsi une place au sentiment d’attendrissement du cœur et de douce chaleur que procure la présence de Dieu, il n’en insistait pas moins pour rejeter toute illusion, en enseignant que les fruits principaux de la prière sont la crainte de Dieu et la contrition.
Grâce à cette sage adaptation de l’enseignement des Pères, saint Théophane a su rendre accessible, jusqu’à nos jours, à quantité d’âmes éprises de Dieu, le trésor le plus précieux de la tradition spirituelle orthodoxe. C’est pourquoi il est considéré avec raison comme un des principaux artisans de la renaissance spirituelle que l’Église Russe a connue avant la grande épreuve de la Révolution .
Le Synaxaire. Vie de Saints de l’Église orthodoxe
Deuxième édition
par hiéromoine Macaire, monastère de Simonos Pétra au Mont Athos
Cinquième volume [janvier], publié par les éditions Simonos Pétra
La vie de saint Théophane le Reclus est publiée ici avec l’aimable autorisation de l’auteur
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