De votre lettre, je vois que l’approche du choléra vous effraye et vous trouble; vous me demandez des conseils et du réconfort à ce sujet.
Lettre de saint Macaire d’Optina à son fils spirituel
Je tiens à vous dire que la vie et la mort de chacun d’entre nous sont entre les mains de Dieu et que personne ne quitte définitivement ce monde sans la volonté de Dieu; de plus, il faut savoir que la fin de chacun d’entre nous est déjà fixée, mais nous ne savons pas quand et comment nous partirons d’ici. Avec cette espérance et l’espoir chrétiens, nous ne devons pas avoir peur. La peur cause un grand préjudice: le corps est affaibli par le découragement de l’esprit et par l’anxiété, et par la suite quelqu’un peut tomber malade très facilement. Les maladies de cette sorte sont permises afin de nous tourner vers Dieu, et, en voyant les personnes enlevées par la mort, chacun puisse entrer dans sa conscience et, en examinant ses péchés, se tourner vers Dieu avec repentir. Dans les Saintes Écritures, nous voyons de telles paraboles: le prophète Jonas a prêché aux Ninivites: encore quarante jours, et Ninive sera détruite [Jon III.4] – mais quand ils se sont repentis, ils ont revêtu des sacs et ils ont jeûné, et le Seigneur a détourné sa colère d’eux et a eu pitié d’eux. Manassé, le roi des judéens, qui avait irrité Dieu avec de nombreux péchés, s’est repenti quand il a été fait prisonnier, enchaîné et jeté dans le taureau d’airain, et a reçu une délivrance merveilleuse et le pardon. Sa prière fait toujours partie de la Tradition de l’Église. Il existe de nombreux autres exemples qui montrent que les gens ont reçu la miséricorde du Seigneur grâce à la repentance: le roi Ézéchias avait également été condamné à mort, mais il l’a repoussé par la repentance, et par la suite il a vécu encore quinze ans. Ainsi, je vous conseille et je vous prie, pour l’amour de Dieu, de ne pas être si effrayé par la mort, mais de demeurer dans la paix, d’avoir confiance en la volonté de Dieu, et de vous souvenir de la parole apostolique : Mais, soit que nous vivions, c’est pour le Seigneur que nous vivons; soit que nous mourions, c’est pour le Seigneur que nous mourons. Soit donc que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur. [Rom. XIV.8]. Et, au fait, qu’est-ce que la mort ? … Ce n’est qu’un passage de la mort à la vie, du chagrin à la joie ; maintenant nous croyons, mais après nous verrons face à face ce en quoi nous croyons.
En conclusion, soyez rassuré et invoquez le Seigneur : Je ne mourrai point, mais je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur. Le Seigneur m’a rudement châtié, mais Il ne m’a pas livré à la mort. [Ps. CXVII.17-18]. Confiez-vous à la volonté de Dieu, prie-Le et la Sainte Vierge, la Mère de Dieu, notre Protectrice, et que le Seigneur vous garde !
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