Sermons de Saint Grégoire de Nazianze, surnommée le Théologien
traduits du grec, avec des notes, Tome I,p. 324-346,chez André Pralard, Paris, 1693
Sermon XV / Sur une grêle qui avait fait de grands ravages.
Le quinzième discours fut prêché après une grande grêle qui tomba dans le Pont l’an 372, qui ruina entièrement la campagne. Il y exhorte le peuple de Nazianze à reconnaître que ce fléau est un juste châtiment de ses pêchés ; que l’on doit considérer Dieu comme plein de miséricorde, en comparaison de la vengeance qu’il exercera en l’autre monde contre les réprouvés. Il marque en particulier quelques-uns de ces pêchés qu’il a fait punir par ce fléau, comme l’oppression des pauvres dont a usurpé le bien ou par fraude ou par violence, les usures par lesquelles on s’est enrichi en dépouillant les pauvres, l’oubli de Dieu, la dureté qu’on a eu envers les pauvre, le mépris que l’on a fait des exhortations des Prédicateurs, la vaine confiance dans les richesses, l’avarice des riches qui les a portés à garder leur blé dans des greniers, pour le vendre bien cher dans le temps de la disette et le luxe de leurs habits et de leurs meubles. Il les exhorte tous à fléchir la miséricorde de Dieu par des prières publiques, par les jeûnes, par la pénitence, par les aumônes. Il finit ce discours en priant son père d’apaiser par les prières la colère de Dieu et de lui demander la nourriture du corps, après lui avoir demandé celle de l’âme.
Nouvelle Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques contenant l’histoire de leur vie, le catalogue, la critique, et la chronologie de leurs ouvrages, par Me. L. Ellies du Pin, Tome premier, p. 209, Autrecht, 1731.
1. Pourquoi troublez-vous un ordre si sagement établi pour obliger à parler un homme qui doit se taire ? vous préférez les pieds à la tête ; vous abandonnez Aaron pour produire en public Eléazar. Je ne permettrai point qu’on bouche la source de la fontaine, pour laisser courir un torrent ; qu’on mette un voile sur le Soleil, pour voir briller une étoile ; qu’un vieillard si vénérable laisse un jeune homme faire la loi aux autres, qu’un sage garde le silence, tandis qu’un écolier parle avec toute sorte de liberté. Une pluie douce et modérée est préférable à une pluie trop violente, qui entraîne la terre et qui prive le laboureur du fruit de ses travaux : la pluie qui tombe doucement pénètre insensiblement la terre, elle engraisse le champ et le rend fertile, elle fait mourir l’épic, et procure mille biens au laboureur. Un harangueur qui parle beaucoup ne sait pas plus de fruit qu’un orateur sage et avisé qui ne dit que ce qu’il faut dire. Le premier après avoir fait un discours, qui a flatté pendant quelque temps les auditeurs, se retire sans remporter aucun fruit ; les charmes de sa harangue ont enchanté des auditeurs avides. Mais les discours d’un orateur sage pénètrent l’esprit, et quelque concis qu’ils soient in ne laisse pas de faire une grande moisson.
2.Je ne parle point encore de cette véritable sagesse, dans laquelle cet illustre Pasteur excelle ; c’est-à-dire cette vie sainte, régulière, agréable à Dieu, qui est si pur, et qui n’exige point de nous d’autre sacrifice que le Sacrifice d’un cœur pur et contrit, que l’Écriture appelle une nouvelle créature, ou un homme nouveau, en Jésus-Christ ; c’est un effet de la véritable sagesse que de mépriser ces vains ornements du discours qui ne consistent que dans des figures et des disputes inutiles. Plût à Dieu que je puisse dire quelques paroles accompagnées de prudence : je serais plus content que si je criais longtemps avec une voix de tonnerre, pour exciter mes auditeurs. La sagesse que j’estime, c’est celle qui a honoré des personnes obscures, et mis au-dessus de tout le monde des gens inconnues, de pauvres pêcheurs, qui ont enveloppé tout l’Univers dans les liens de l’Evangile, comme dans un filet, et dissipé par quelque paroles la sagesse périssable du monde.
3. Je ne mets point au rang des sages ceux qui excellent dans l’art de parler, qui avec une langue diserte ont un esprit indocile ; je compare ces gens-là à des sépulcres blanchis, dont la montre est fort belle, mais ils ne renferment que des cadavres puants. Celui qui parle modestement de la vertu, et qui conforme sa vie à ses paroles, donne un grand poids à ce qu’il dit, et mérite véritablement le nom de sage. La beauté qui frappe les yeux touche plus que celle qu’on dépeint avec des paroles. Les richesses effectives sont préférables à celles qu’on ne possède qu’en songe : la sagesse soutenue par de bonnes œuvres l’emporte sur celle qui ne consiste que dans des paroles. Ceux qui font ce qu’ordonne la loi ont la lumière de la véritable intelligence ; les discours ne suffisent pas, il faut de l’action. Le temps fait connaître la véritable sagesse : une vieillesse sans reproche est un titre d’une gloire légitime. Quoique je sais de l’avis de Salomon, qui défend de louer un homme avant sa mort, parce qu’on ne connaît pas l’avenir, et que nôtre vie est exposée à plusieurs vicissitudes, qui nous mettent dans toutes sortes de situations ; qui peut m’empêcher de donner des louanges à un homme qui a fournie avec tant de gloire la plus grande partie de sa carrière, qui se voit presque dans le port, après avoir essuyé tant d’orages ; n’est-il pas plus en sureté et plus heureux que ceux qui ont encore une longue et périlleuse navigation à faire ?
4. Ne fermez donc point une bouche qui nous dit tant des choses si utiles, et dont nous voyons des effets si admirables ; que d’enfants vous avez engendrez, quels trésors n’avez-vous point amassez ? Jetez les yeux sur ce peuple qui vous environne, vous l’avez enfanté à Jésus-Christ par l’Evangile. Ne nous réfutez pas quelques paroles qui nous seront si agréable, et ne nous donnez pas encore les premières atteintes du malheur qui nous menace. Parlez je vous en conjure, quand vous ne diriez que trois paroles, je serai content. Disposez ce peuple à recevoir mes instructions ; je suis vôtre élève, on m’a installé dans la dignité de Pasteur et de Prélat ; apprenez-moi à gouverner le peuple, apprenez au peuple à obéir.
5. Dites-nous quelque chose sur le malheur qui vient de nous arriver, pour nous faire craindre les justes jugements de Dieu, soit que nous les comprenions, soit que ce soit un abîme impénétrable. Apprenez-nous avec quelle équité la miséricorde nous dispense les bienfaits ; car la bonté de Dieu n’est point aveugle, elle n’agit point au hasard et sans choix, quoique de certaines gens aient pensé le contraire ; parce qu’ils n’ont pu comprendre cette inégale distribution des grâces dont Dieu récompense le mérite. Apprenez-nous comment la colère de Dieu est proportionnée à nos crimes ; c’est ce Calice qui est dans la main du Seigneur, et qu’il faut boire en punition de nos désordres, quoiqu’il retranche toujours une partie des peines qui sont dues à nos crimes ; il tempère ce breuvage amer, il n’adoucit l’aigreur par un effet de sa bonté infinie. Il change la sévérité en douceur, pour ceux que la crainte rend sages, que les malheurs font rentrer dans eux-mêmes, qu’une légère calamité oblige de renoncer à leurs désordres, et de penser sérieusement à leur salut. Il réserve la lie, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus amer dans sa colère pour le répandre sur ceux que sa clémence n’a pu guérir, qui s’endurcissent tous les jours comme Pharaon, Prince dur et impitoyable, qui était réservé à servir d’un exemple terrible de la sévérité avec laquelle Dieu Punit les impies.
Instruisez-vous d’où viennent ces fléaux de Dieu, et quel usage on en peut faire ; si ce sont de purs effets du hasard et des marques d’un gouvernement mal réglé, comme si aucune intelligence ne se mêlait du gouvernement des choses humaines, selon la pensé des faux sages du monde, qui sont conduits par l’esprit de ténèbres. S’il faut avouer que le monde qui a été créé avec tant d’ordre et tant de sagesse, dont l’arrangement, la symétrie, les mouvements sont si merveilleux, qu’il n’y a que le Créateur seul qui en connaisse toute la beauté ; ‘il faut avouer aussi que tout se gouverne par les ressorts d’une providence éclairée ? d’où viennent les stérilités et les désordres que les vents causent quelquefois, les grêles, et cette plaie effroyable dont nous venons d’être frappés pour notre instruction ; d’où viennent la corruption de l’air, les maladies contagieuses, les tremblements de terre, les inondations de la mer, les tonnerres qui épouvantent l’Univers ? Comment est-il possible que tant de créatures faites pour la commodité et le plaisir des hommes, deviennent aux impies les instruments de leurs supplices ? Nous n’avons point remercié Dieu des faveurs qu’il nous a faites ; il est juste que les châtiments nous fassent rentrer en nous-mêmes, pour reconnaître sa toute-puissance.
Apprenez-nous pourquoi Dieu châtie doublement les pêchés de quelques-uns, comme il a puni ceux des Israélites, pour les rendre sages, et pour les ramener à leur devoir ? Pourquoi les autres sont châtiés bien plus sévèrement ? Comment la mesure des Amorrhéens n’est pas encore comblée ? Pourquoi l’on punit de certains pécheurs, et que les autres sont exempts de peines ? N’est-ce point qu’on les réserve aux châtiments de l’autre vie, et qu’on veuille corriger ceux que l’on châtie dans celle-ci ? Comment les justes sont exposés à tant de tentations et à tant de chagrins, et pourquoi la vertu des autres se conserve-t-elle dans la prospérité ? Quel est cet accident qui vient de nous arriver, qui nous a affligé de la sorte ? N’est-ce point pour éprouver nôtre vertu, ou pour punir nos iniquités ? Regardons ce malheur comme un châtiment pour nous humilier sous la puissante main de Dieu, au lieu de nous glorifier, comme si ce n’était qu’une épreuve de notre vertu.
Donnez-nous sur tous ces points des avis salutaires, afin que nous ne nous laissions point accabler sous le poids de nos ennuis, ou que nous abandonnant à nos désordres, nous ne méprisions l’avertissement que Dieu nous donne. Faisons un bon usage de ces peines, de peur d’en attirer de plus grandes, si nous nous endurcissons. La stérilité est dans toute chose bien triste : il est dur de voir périr des bleds qu’on était prêt de ramasser dans les greniers : on ne peut entendre sans en avoir compassion les gémissements des laboureurs, qui déplorent la perte de leurs moissons, qu’une pluie douce avait arrosées, et qu’un orage furieux a arrachées ; ils sont assis auprès de leurs épis, avec les mêmes sentiments qu’on a auprès d’un mort ; les moissonneurs ne remplissent point leurs mains ; les passants ne leur donnent point les bénédictions qu’on a coutume de donner à ceux dont les moissons sont abondantes.
6. Quel triste spectacle ? la terre dépouillée de tous ses ornements est pour ainsi dire déshonorée. Le prophète Joël déplorant d’une manière tragique les malheurs que causait la famine, apostrophait ainsi la terre que la colère du Seigneur avait désolée ; elle ressemblait d’abord à un Jardin agréable, elle ressemble maintenant à un champ ruiné. Il est vrai que ces objets sont fort douloureux, et que ces peines nous paraissent insupportables, d’autant que les maux présents affligent toujours davantage, et que nous ne sentons point encore le mal que nous causerait une plaie plus douloureuse. Il en est à peu près comme des maladies ; on croit que celle dont on est affligé est la plus insupportable de toutes. Le trésor de la colère de Dieu renferme des maux encore bien plus accablants que ceux que nous sentons ; à Dieu ne plaise que vous l’expérimentiez jamais ; vous ne tomberez point dans ce malheur, pourvu que vous ayez recours à sa miséricorde et que vous détourniez les fléaux par vos larmes et par la réformation de vos mœurs.
Le malheur qui vient de nos arriver n’est qu’un léger châtiment, ce n’est qu’un essai pour faire rentrer dans son devoir une jeunesse indocile, c’est une marque de la douceur et de la clémence de Dieu ; ce n’est que comme la fumée du feu de sa colère, et le prélude des supplices qui nous attendent ; ce ne sont point encore-là ces charbons allumés, ni ce feu dévorant, ni ces tourments extrêmes dont il nous menace, qu’il nous a fait sentir en partie, et dont il a arrêté le cours, pour nous rendre sages par des menaces, par des peines effectives, et par un mélange de douceur et de colère. Il commence par des punitions assez légères, pour n’avoir pas besoin d’employer de plus violentes ; il aura recours à des remèdes plus forts, s’il ne peut autrement nous corriger.
7. Je sais qu’il a dans les mains une épée brillante à qui rien ne résiste, avec laquelle il peut faire mourir les hommes, les anéantir, enlever leurs enfants et faire tous les maux imaginables. Je sais que ce Dieu pacifique emprunte quelquefois le naturel d’un ours et d’un léopard, pour dévorer les Assyriens, non seulement ceux qui vivaient en ce temps-là, mais encore ceux qui leur ressemblent maintenant par le dérèglement de leur vie. Il est impossible de se dérober à la promptitude et à la violence de la colère, quand il se met en devoir de punir nos iniquités et de se venger de ceux qui l’outragent. Je connais les remords, les tremblements, les abattements, les défaillances de cœur, dont il châtie les crimes des impies.
Je ne parle point des tribunaux de la vie future, où sont renvoyés ceux qu’il a négligé de punir en celle-ci. Il est bien plus souhaitable de souffrir dans ce monde que d’être réservé à ces châtiments terribles, qui ne seront bons qu’à nous tourmenter, sans servir à nous sanctifier. David a eu raison de dire, que celui qui a maintenant Dieu devant les yeux ne craint point la mort ; et que ceux qui tombent dans les enfers, ne pourront plus confesser son nom, ni se corriger. Il nous a donné la vie présente pour agir ; la censure de nos actions est réservée après la mort.
8. Que ferons-nous en ce jour d’examen, où il faudra rendre compte à Dieu, qui nous reprendra vivement, et qui nous mettra devant les yeux tous les crimes de notre vie, qui s’élèveront contre nous comme autant d’accusateurs irréprochables ? Il comparera les bienfaits dont il nous a comblé, avec nos ingratitudes ; nos pensées se condamneront elles-mêmes, nos actions se soulèveront contre nos actions : la vue de son image que nous avons déshonorée, nos rappellera le souvenir de la dignité que nous avons perdue. Nous serons tellement consternés, que nous n’aurons pas le mot à dire, pour nous défendre, et nous serons forcés d’avouer, que c’est avec justice qu’il nous punit. Les criminels adoucissent quelquefois la rigueur de leurs supplices, par les raisons qu’ils apportent pour se défendre. Mais de quelle excuse pourrons-nous alors nous servir ?
9. Quels avocats entreprendront nôtre défense, à quels faux-fuyants aurons-nous recours, quels détours, quels artifices emploierons-nous, pour surprendre ce tribunal et pour éluder un jugement si équitable, où tout sera pesé dans une juste balance, nos actions, nos paroles, nos pensées, où nos vertus seront confrontées avec nos vices : le plus fort emportera la balance ; c’est sur les meilleures raisons que la sentence sera appuyée. Après un tel Arrêt il n’y aura plus de ressource, ni d’appel, on ne pourra avoir recours à un tribunal supérieur, n’y trouver des voies pour s’exempter du châtiment. Il ne sera plus temps de demander de l’huile aux vierges sages, pour en remplir nos lampes qui s’éteignent ; on n’écoutera plus les prières du mauvais riche précipité dans ces flammes dévorantes, qui demande qu’on envoie dans l’autre monde quelqu’un pour avertir ses frères ; enfin, il ne sera plus temps de songer à se corriger, ni à reformer ses mœurs. Il ne reste plus que ce tribunal terrible, et qui est d’autant plus redoutable, qu’on y rend justice à tout le monde.
Au moment que le trône sera préparé et que l’éternel y aura pris sa place, les livres seront ouverts, on verra couler un fleuve de feu ; on verra une lumière éclatante et d’épaisses ténèbres ; ceux qui auront fait de bonnes actions ressusciteront pour vivre éternellement, après la vie cachée qu’ils ont menée en Jésus-Christ, qui sera alors glorieuse. Les pécheurs ne ressusciteront que pour leur condamnation : ceux qui ne croient pas sont déjà condamnés. Une lumière qui ne se peut décrire environnera les Elus ; la très-sainte Trinité répandra sur eux cette lumière avec des éclats extraordinaires, pour les élever à la connaissance de ses attributs, en quoi consiste principalement la béatitude. Rien ne tourmentera davantage les réprouvés, que de se voir rebutés de Dieu et de voir dans leur conscience les marques de l’éternelle infamie à quoi ils sont condamnés ; nous en parlerons dans la suite.
10. Quelle résolution devons-nous prendre maintenant, mes frères, si ce n’est de nous repentir et de nous humilier pour devenir plus sages par ce malheur dont Dieu vient de nous affliger ? comment supporterons-nous ses reproches ? Que répondrons-nous, lors qu’après tant de bienfaits dont il nous a comblé, qui n’ont pu exciter notre reconnaissance, il nous reprochera encore que ses châtiments et tant de remèdes qu’il a employé, pour nous guérir ont été inutiles ?
Il nous regardera comme des enfants rebelles et indociles, qui se sont écartés de leur chemin par opiniâtreté ; il nous apostrophera de la sorte ; n’ai-je pas tenté toutes sortes de moyens pour vous instruire et pour vous ramener à votre devoir ? Fallait-il user de remèdes doux ? Je m’en suis servi : je n’ai point fait couler des fleuves et des fontaines de sang, comme je fis autrefois pour punir les Egyptiens ; je n’ai point fait pleuvoir sur vos campagnes des grenouilles et une infinité d’autres insectes incommodes. À la vérité j’ai fait mourir vos chevaux, vos moutons et vos bœufs ; ménageant les hommes, j’ai fait tomber toute ma colère sur les bêtes. Cette disgrâce ne vous a point épouvanté et vous avez montré par vôtre conduite, que vous êtes plus bêtes que les bêtes mêmes. J’ai empêché la pluie de tomber ; les campagnes qui n’ont point été arrosées de l’eau du Ciel, sont demeurées sèches et brûlantes ; j’ai fait tomber la grêle, me servant d’un fléau contraire à la sécheresse pour vous punir, j’ai ruiné vos vignes et vos moissons, sans pouvoir dompter votre malignité.
11. Peut-être le Seigneur me parlera-t-il en ces termes à moi que tant de malheurs n’ont pas rendu plus homme de bien ; je sais que vous êtes dur et que votre cou est comme un nerf de fer ; celui qui n’avait que du mépris pour moi, me méprise encore, le pécheur ne cesse point de pécher ; les avertissement du Ciel, les châtiments n’ont servi de rien ; le soufflet et le métal ont manqué ; le prophète Jérémie vous a déjà fait ces reproches ; c’est ne vain que l’orfèvre met l’argent dans le creuset ; votre dureté n’a pu être amollie. Prétendez-vous soutenir tout le poids de ma colère, dit le Seigneur ? Croyez-vous que tous mes fléaux sont épuisés ? J’en ai encore des réservoirs pleins, semblables à ceux où Moise et les autres Ministres de mes vengeances ont puisé autrefois, pour inonder l’Égypte d’un déluge de maux ; les sauterelles, les ténèbres palpables, cette plaie terrible, qui fit mourir les premiers-nés de chaque maison.
Pour nous garantir de ces malheurs et pour nous mettre à couvert de la colère de l’Ange exterminateur, arrosons de sang les poteaux de nos maisons, c’est-à-dire que nos pensées et nos actions doivent être marquées au sceau du Sauveur ; laissons-nous attacher à la Croix, pour y mourir avec Lui, afin que nous ressuscitions aussi avec lui à son dernier avènement, que nous participions à sa gloire et que nous soyons point condamnés à d’éternelles larmes, surpris par le malin esprit, qui fera évanouir durant les ténèbres de cette affreuse nuit tout le fruit et tout le mérite de nos bonnes œuvres.
12. À Dieu ne plaise qu’avec tous les autres malheurs dont je suis déjà accablé, on me fasse encore ce reproche et que le Seigneur me dise, en insultant à mes dérèglements, je vous ai affligé par toutes sortes de maladies et je n’y ai rien gagné. Les morts violentes vous ont privé de vos enfants et cependant vous ne vous étés point convertis. À Dieu ne plaise que je ressemble à la vigne du bien aimé, laquelle après qu’on l’eut plantée et entourée d’une bonne muraille, fortifié d’une tour et munie des autres choses nécessaires à la conservation, fut détruite et désolée, en sorte qu’elle ne produisait que des épines ; on l’abandonna tellement, qu’on ne prenait plus le soin de la tailler, ni de la cultiver. On renversa la tour et la muraille, elle demeura exposée au mépris et au pillage de tout le monde.
Voilà ce que j’appréhende, ce sont les sentiments que m’inspirent les fléaux dont Dieu nous châtie ; j’ajouterai encore cette prière à tout ce que j’ai déjà dit ; nous avons pêché, nous sommes abandonnés à toutes sortes de crimes, parce que nous avons oublié vos commandements, nous avons suivi le mouvement de nos passions déréglées ; nous n’avons point conformée notre vie aux inspirations de Jésus-Christ, à l’Evangile, à ses souffrances, à sa Passion. Nous l’avons déshonoré ; les Prêtres, aussi bien que le peuple, se sont écarté de vos voies, nous sommes tous devenus inutiles ; personne ne se met en peine d’observer les Lois de l’équité et de la justice. Notre malignité a tari la source de votre miséricorde et de votre clémence : vous êtes bon et nous sommes méchants ; votre douceur est extrême, mais nous méritons toutes sortes de châtiments ; quelques stupides que nous soyons, nous connaissons vos bontés ; nos crimes devaient être expiées par des supplices bien plus rudes.
Vous êtes terrible, qui pourra vous résister ? Vous faites trembler les montagnes qui pourra soutenir la pesanteur de votre bras ? Qui pourra ouvrir le ciel, si vous le fermez ? Si vous en ouvrez les cataractes, qui les arrêtera ? Il dépend de vous de nous rendre pauvres, ou riches, de nous faire mourir et de nous rendre la vie, de nous blesser et de nous guérir, votre volonté est toujours efficace.
Vous êtes en colère et nous avons péché, disait un ancien, qui avouait ses crimes ; je renverse la proposition et je dis nous avons péché et vous êtes en colère ; voilà ce qui fait que nous sommes devenus l’opprobre de nos voisins ; vous avec détourné votre visage et nous avons été couverts d’ignominie ; Seigneur, apaisez votre colère : pardonnez-nous nos offenses, soyez-nous propice ; ne nous abandonnez pas pour toujours, quelque pécheurs que nous soyons ; ne nous choisissez pas pour servir d’exemple aux autres, par nos infortunes, puisque nous pouvons nous corriger, par les malheurs d’autrui ; je veux dire des Gentils qui ne vous connaissent pas et par le renversement des Empires qui ne vous sont point soumis.
13. Seigneur nous sommes votre peuple et votre héritage ; châtiez-nous avec douceur et que votre colère n’entre point dans notre punition ; ne permettez pas que nous devenions le peuple le moins nombreux et le plus méprisable de toute la terre ; c’est ainsi que je tâche de fléchir la miséricorde de Dieu ; si je pouvais apaiser son courroux par des sacrifices et des holocaustes, je ne les aurais pas épargnés.
Marchez sur les traces de votre timide Prélat ; faites ce que je fais, vous qui avez pat comme moi aux menaces et aux caresses de Dieu ; effacez vos crimes par vos larmes ; n’épargnez rien, pour adoucir la colère de Dieu, en changeant de vie et réformant vos mœurs ; sanctifiez vos jeûnes, le prophète Joël vous y exhorte avec moi assemblez les anciens, aussi-bien que les enfants qui sucent encore la mamelle, cette cage si digne de pitié attirera peut-être la compassion du Seigneur. Je connais quelles sont mes obligations à moi qui suis le Ministre de Dieu et à vous qui participez à la même dignité ; il faut que nous entrions dans le temple couvert de cilices, que nous frappions nos poitrines, afin d’exciter la compassion ; que nous poussions des cris lamentables, pour nous et pour le peuple, n’épargnant rien, ni peines, ni prières, pour tâcher d’apaiser l’indignation de Dieu. Disons-lui avec le Prophète, Pardonnez Seigneur à votre peuple et ne permettez pas que votre héritage tombe dans une éternelle infamie ; notre douleur doit être plus grande à mesure que nous sommes plus élevés en dignité, afin d’exciter le peuple à la componction par notre exemple ; pour l’obliger de renoncer à des désordres, pour le rendre digne des bontés de Dieu et pour détourner les fléaux.
14. Allons mes frères, adorons Dieu, prosternons-nous, pleurons devant le Seigneur, qui nous a créés ; poussons tous de concert des gémissements pour effacer le crime de nos murmures : présentons-nous à lui pour l’apaiser, afin que nous le voyions reprendre sa douceur, après avoir vu de si terribles effets de sa colère. Que savons-nous, s’il ne prendra point d’autres sentiments à notre égard et s’il ne nous donnera pas sa bénédiction ? J’en suis très persuadé et je me fais la caution de la miséricorde Divine. Après avoir apaisé sa colère, qui est si peu conforme à sa douceur, il n’agira plus que par les mouvements de sa bonté, qui lui est plus naturelle. Nous le forçons malgré lui de nous traiter avec rigueur ; son penchant le ramène à des sentiments de miséricorde. S’il nous frappe, parce qu’il y est contraint qui peut l’empêcher de nous traiter avec indulgences, quand il ne suit que ce que lui inspire sa bonté ? Ayons seulement compassion de nous-mêmes, pour nous disposer à mériter la tendresse d’un Père qui nous aime. Imitons les Ninivites et ne suivons pas l’exemple des peuples de Sodome : arrêtons le cours de nos désordres, de peur qu’ils ne soient l’occasion de notre perte : fuyions les avis de Jonas, de peur que nous ne soyons abîmés sous un déluge de feu et de souffre. Si nous sortons de Sodome, fuyons sur la montagne ; retirons-nous dans la ville de Ségor, entrons-y au lever du Soleil ; ne nous arrêtons point dans les lieux circonvoisins, ne regardons pas derrière nous, de crainte que nous soyons changés en statues de sel, pour être des marques éternelles de nos rechutes.
15. Nous devons être persuadés que les hommes ne sont pas impeccables ; cette haute perfection est au-dessus de leur faiblesse ; il n’y a que Dieu qui ne pêche point : je ne dis rien des Anges, pour ne point donner matière de disputer à des gens qui empoisonnent tout ; mais il n’y a que les démons et ceux à qui ils ont inspiré leur malignité, qui s’opiniâtrent et qui s’endurcissent dans leur crime. C’est le propre des hommes de faire pénitence après avoir péché ; ce retour est une marque de leur vertu et de leur prédestination. Quoique nous sentions toujours de la faiblesse qui nous est naturelle et qui empêche notre âme de s’élever ; il faut du moins faire tous nos efforts, pour effacer ces taches et pour soutenir par la raison la faiblesse de la chair. Notre condition serait beaucoup meilleur, si nous n’avions pas besoin de nous purifier de la sorte et si nous eussions conservé cette première beauté saine et entière, que nous recouvrerons par la régularité de notre vie et si l’amertume du crime ne nous eût pas empêché de sentir la douceur du fruit de l’arbre de vie : mail il est bien plus expédient pour nous, que nous soyons punis après nos révoltes, que de nous apprivoiser au vice, par l’impunité. Le Seigneur châtie celui qu’il aime ; cette punition est une marque infaillible de sa bienveillance ; au contraire les pécheurs qu’on abandonne, sans les châtier, ou les corriger, s’endurcissent dans leurs iniquités.
Le plus grand des malheurs n’est pas de sentir les fléaux de Dieu, c’est de n’en profiter pas ; c’est ainsi que le Prophète Isaïe parlait des Israelites, que les punitions endurcissaient : Seigneur vous les avez frappés et ils n’ont pas fait semblant de s’en apercevoir ; vous avez voulu les corriger et ils se sont révoltés contre les corrections ; c’est en vain, qu’on a traité durement ce peuple, il n’a point voulu se convertir. Pourquoi ce peuple se détourne-t-il de moi, avec une obstination criminelle, qui sera la cause de sa ruine ?
16. Il n’est rien de plus funeste, mes frères, que de tomber entre les mains du Dieu vivant. Il regarde les pécheurs avec un visage terrible et menaçant. Il entend la voix de nos crimes, comme il entendit la voix du sang d’Abel ; il est impossible que le crime se dérobe par la suite à la vitesse ; son immensité remplit tout l’Univers, de sorte qu’on ne peut trouver de retraite, pour se mettre à couvert de sa vengeance ; quand nous nous transporterions jusque dans le Ciel, quand nous fuirions au bout du monde, quand nous nous ensevelirions dans les gouffres les plus profonds de la mer. Le Prophète Nahum redoutait la colère de ce Dieu jaloux, qui se venge dans sa fureur de ses ennemis et qui les punit avec tant de sévérité dès la première fois, qu’il ne laisse plus de place à une seconde vengeance.
Tout le corps me frissonne et je ne puis retenir mes larmes, lorsque j’entends la prophète Isaïe menacer le peuple et les principaux de Sodome et de Gomorrhe. Quels nouveaux supplices pourra-t-on inventer, si vous commettez de nouveaux crimes ? Il n’y a plus rien à ajouter à vos peines, quoique vous ajoutiez à vos forfaits ; votre iniquité est montée à un tel point et votre désolation est si générale, que vous avez épuisé tous les fléaux de la colère de dieu ; ce n’est point une blessure qui afflige quelque membre en particulier, c’est une plaie universelle et incurable, qui se répand sur toutes les parties de votre corps ; il est inutile de bander cette plaie, d’y appliquer de l’huile ou de l’onguent. Je passe les autres menaces du Prophète, pour ne vous pas causer plus d’ennuis, que vos malheurs mêmes ne vous en causent.
17. Tâchons de découvrir la source de notre infortune. Qui est-ce qui a brûlé nos moissons et empêché que nos greniers ne se remplissent ? Nos troupeaux ont manqué de pâturages ; la terre désolée n’a plus sa beauté ordinaire ; nos campagnes arides inspirent la tristesse ; on ne voit point de bled dans les valées, tout est ruiné. On ne goûte plus sur les montagnes la douceur qu’on y goutait autrefois ; elles sont dépouillées de leurs ornements ordinaires ; la malédiction est tombée sur elles, aussi bien que sur les montagnes de Gelboé, quoique ce soit d’une manière différente. La terre est maintenant comme elle était autrefois une masse informe, avant que Dieu l’eût enrichie de tant de beautés. Vous avez visité la terre et vous l’avez abreuvée d’une manière bien désolante. Quel triste spectacle ! En quel état nos moissons sont-elles réduites ? On ne connait que par quelques restes d’épis, que la terre a été ensemencée ; à peine avons-nous eu de quoi offrir à Dieu des prémices ; les mois plutôt que les gerbes, font connaître que nous sommes dans le temps de la moisson.
Telles sont les richesses des impies et les moissons de ceux qui sèment le mal ; ils sèment et ne recueillent point, comme il est porté dans l’ancienne malédiction ; ils plantent la vigne et ne ramassent point de raisins : dans dix arpents de terre, ne pas trouver de quoi remplir une bouteille ! Les campagnes de nos voisins regorgent de fruits, tandis que nous sommes réduits à la dernière misère. D’où vient cela et quelle est la cause de notre malheur ? Faisons-nous justice à nous-mêmes, sans attendre les reproches des autres. Avouer ses péchés, les détester, fuir l’occasion de retomber, c’est un bon remède contre le vice. Comme j’ai averti mon peuple du malheur qui le menaçait et que j’avais prévu, car je n’ai point dissimulé que la vengeance de Dieu était prête à éclater ; pour tâcher de sauver ceux qui m’écoutent, en me sauvant moi-même, je ne craindrai point de faire un détail de votre désobéissance et de me charger de vos propres péchés : peut-être adoucirai-je par-là mes ennuis et obtiendrai-je miséricorde.
18. Les uns ont opprimé les pauvres et ont enlevé une partie de leur bien, par artifice ou par violence ; ils ont empiété sur leurs héritages ; ils ont uni à leurs maisons celles de leurs voisins, pour être seuls dans leur quartier, comme s’ils prétendaient être les seuls habitants de la terre. Les autres ont tout désolé par des usures excessives, ramassant ce qu’ils n’avaient point semé et s’enrichissant du sang des pauvres, au lieu de s’enrichir de leurs travaux. D’autres ont négligé d’offrir à Dieu les prémices de leurs raisins et de leurs blés, quoiqu’ils les eût comblés de biens ; ils ont fait connaître leur ingratitude et leur folie, en ne le remerciant pas de ses bienfaits et s’ils ne se sont point attiré d’autres malheurs, ils ont du moins tari la source de ses bontés. Les autres n’ont point été touchés des misères des veuves et des orphelins ; ils n’ont point donné à manger aux pauvres, ou plutôt à Jésus-Christ, qui nourrit ceux qui ont soin de nourrir les pauvres. Ils ont une grande quantité de blé, que leurs greniers ne sont pas assez vastes pour les contenir ; ils les emplissent, ou ils les détruisent pour en bâtir de plus grands, sans savoir si la mort les enlèvera du monde, avec toutes leurs espérances, pour rendre compte des biens qu’ils ont possédés réellement ou en idée et dont ils ont fait un si mauvais usage. Les autres ont évité la rencontre des petits et ont tourmenté injustement les gens de bien. Les autres ont témoigné de l’aversion à ceux qui les reprenaient, les bons discours leur ont paru insupportables. Les autres se sont applaudi de leurs gains illégitimes et des captures qu’ils faisaient sur les pauvres, bannissant de leur mémoire le souvenir de Dieu, ou s’en souvenant d’une manière indigne et disant, le Seigneur soit bénir, parce que nous sommes devenus riches ; ils se sont faussement persuadé, que leurs richesses étaient des effets de la bonté de Dieu et elles feront la matière de leurs supplices ; car c’est pour cela que la colère de Dieu s’est répandue sur les enfants de désobéissance ; c’est ce qui ferme l’entrée du Ciel et nous en serons encore plus indignes, si nos malheurs ne nous rendent sages et si nous ne retournons à Dieu, qui veut bien venir à nous.
19. Que répondront à cela ceux qui achètent le blé pour le vendre, qui sont attentifs à épier les temps difficiles, pour s’enrichir ; qui font leurs délices des calamités d’autrui, bien éloignés d’imiter la bonne conduite de Joseph, qui faisait un si bon usage des richesses des Egyptiens : il achetait le blé dans la saison pour le distribuer à propos, il prévit la famine et pris ses mesures, pour en empêcher les suites ; mais ils ne songent qu’à s’approprier par des moyens illégitimes les richesses de leurs voisins. Quand viendra la saison de vendre, disent-ils ? Quand les jours du Sabbat seront expirés, nous ouvrirons nos trésors : ils se servent de faux poids, pour distribuer leurs marchandises ; cette injustice comble la mesure de leurs iniquités. Le désir qu’ils ont d’amasser est insatiable ; ils adorent l’or et l’argent, comme les Juifs adoraient autrefois les idoles abominables. Ils aiment l’éclat des pierreries, les habits pompeux et magnifiques qui ressentent la mollesse et qui sont la proie des teignes, des voleurs et des tyrans. La foule de leurs esclaves et leurs nombreux troupeaux les rendent fiers et insolents ; ils augmentent autant qu’ils le peuvent l’étendue de leurs héritages, insatiables comme les sangsues dont parle Salomon, qu’on ne peut remplir non plus que l’enfer, la terre, le feu, l’eau. À peine le monde entier pourrait-il suffire à leur avidité ; peu s’en faut qu’ils ne se fâchent contre Dieu d’avoir mis des bornes si étroites à l’Univers.
Que diront ceux qui sont assis sur des trônes éclatants, qui jouent un si grand rôle dans le monde, dont l’extérieur marque tant d’orgueil et tant de fierté ; ils ne font nulle attention sur la conduite douce et commode avec laquelle Dieu gouverne le monde, afin de commander à leurs égaux avec la même indulgence. Jetez les yeux sur le portrait que le Prophète Amos fait de ces voluptueux, qui sont couchés avec tant de mollesse sur des lits d’ivoire, qui se parfument des onguents les plus délicieux et les plus exquis, qui se laissent charmer par la douceur de l’harmonie, qui s’attachent aux choses périssables, comme si elles devaient durer toujours et qui ne sont point touchés des ennuis et des calamités de Joseph. Ils devaient traiter doucement ceux qui étaient tombés les premiers dans le malheur, afin de mériter par cette indulgence qu’on les traitât d la même sorte. La chute du cèdre devait faire pleurer le sapin ; c’est-à-dire que les infortunes de leurs voisins devaient les rendre sages ; il fallait profiter de l’expérience qu’ils avaient des calamités de leurs prédécesseurs, qui n’avaient pas eu le même bonheur de pouvoir s’instruire par des exemples semblables.
20. Aidez-nous à réfléchir sur ces grandes vérités, homme saint et pieux, qu’une longue expérience a rendu si sage ; faites part de vos lumière à votre peuple ; apprenez-leur à soulager les misères des pauvres, à donner du pain à ceux qui en manquent, à loger ceux qui n’ont point de maison, à revêtir ceux qui n’ont point d’habit, à ne point mépriser leurs frères, afin de tirer tout l’avantage que nous pourrons de la misère où nous sommes réduits, persuadez que ce ne sont point les dons précieux, ni les offrandes magnifique qui plaisent davantage à Dieu. Tenez-vous lieu aujourd’hui de Moise et de Phinées ; calmez par votre intercession le courroux de Dieu et délivrez-nous des fléaux qui nous menacent encore. Dieu se laisse attendrir par les larmes d’un père qui prie pour ses enfants ; demandez-lui miséricorde pour nos péchés passés, promettez que nous vivrons plus régulièrement à l’avenir, présentez-lui ce peuple, que la crainte et les infortunes ont sanctifié. Demandez aussi à Dieu des aliments pour le faire subsister, quand il en devrait faire tomber du Ciel par un miracle. Si vous vous chargez de cette commission, vous nous réconcilierez avec Dieu, vous adoucirez le Ciel, qui communiquera les eaux le soir et le matin. Le Seigneur donnera sa bénédiction, la terre nous donnera ses fruits et notre pain quotidien, tandis que nous ferons des fruits dignes de la vie éternelle et vous les présenterez à Jésus-Christ, à qui la gloire appartient dans tous les siècles.
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