Chrysostome, Fêtes de l'Église, Histoire, Iconographie, Orthodoxie

La fête de l’Exaltation de la Croix

20 octobre 2019
Salut, vivifiante Croix du Seigneur, invincible trophée de la foi, porte du Paradis, rempart de l’Église et réconfort des croyants; par toi fut abolie la puissance de la mort, par toi disparaît l’antique malédiction, par toi nous sommes élevés de terre jusqu’au ciel; arme invincible qui chasses les démons, havre de salut et gloire des Martyrs, précieux ornement des Justes et des Saints, au monde tu apportes la grâce du salut.
Apostiches, t.5

Que se réjouissent tous les arbres de la forêt, dont la nature est sanctifiée par celui qui à l’origine les planta, le Christ étendu sur le bois; et au jour de son exaltation, nous prosternant devant la Croix, nous la magnifions

Ode 9

En ce jour s’avance la Croix du Seigneur, les fidèles l’accueillent avec amour pour la guérison de l’âme et du corps et de toute maladie; dans la crainte et l’amour embrassons-la : crainte à cause de nos péchés et de notre indignité; allégresse à cause du salut que procure à l’univers celui qui sur elle fut cloué, le Seigneur de miséricorde, le Christ notre Dieu.

Laudes, t.8

Le Spoutnik, nouveau Synecdimos, Diaconie Apostolique, 1997, Parma

 

 

Le langage de la croix, en effet, est folie pour ceux qui se perdent, mais pour ceux qui sont en train d’être sauvés, pour nous, il est puissance de Dieu. Car il est écrit : Je détruirai la sagesse des sages et j’anéantirai l’intelligence des intelligents. Où est le sage ? Où est le docteur de la loi ? Où est le raisonneur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas rendue folle la sagesse du monde ? En effet, puisque le monde, par le moyen de la sagesse, n’a pas connu Dieu dans la sagesse de Dieu, c’est par la folie de la prédication que Dieu a jugé bon de sauver ceux qui croient. Les Juifs demandent des signes, et les Grecs recherchent la sagesse; mais nous, nous prêchons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les païens, mais pour ceux qui sont appelés, tant Juifs que Grecs, il est Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu.

Première épître aux Corinthiens, chapitre 1, versets 18 à 24

 

 

Saint Jean Chrysostome – Commentaire sur l’Évangile selon Saint Mathieu, homélie LIV, ch. 4 et 5

TRADUCTION FRANÇAISE SOUS LA DIRECTION DE M. JEANNIN DES OEUVRES COMPLETES DE SAINT JEAN CHRYSOSTOME (†407) TOME VII

 

Considérez quel est le prix qui a été donné pour votre rançon, et vous ne serez plus l’esclave d’aucun homme sur la terre. Ce prix, mes frères, et cette rançon c’est la croix. Vous ne la devez donc pas marquer négligemment du bout du doigt sur votre visage. Vous devez la graver avec amour dans votre cœur par une foi très fervente. Si vous l’imprimez de la sorte sur votre front, nul des esprits impurs n’osera s’approcher de vous en voyant sur votre visage les armes qui l’ont terrassé, et cette épée étincelante dont il a reçu le coup mortel. Si la seule vue des lieux où les bourreaux exécutent les criminels, vous fait frémir d’horreur et trembler de crainte, dans quel trouble et quelle terreur doivent entrer les démons, en voyant les armes dont Jésus-Christ s’est servi pour les vaincre?
Ne rougissez donc pas de la croix, afin que Jésus-Christ ne rougisse point de vous, lorsqu’il viendra dans la majesté de sa gloire, et qu’il fera briller ce signe d’une lumière plus éclatante que les rayons du soleil. Car elle paraîtra alors aux yeux de tous les hommes qui auront été dans le monde. Elle publiera hautement l’innocence et la charité de celui qui s’y est laissé attacher, et elle convaincra toute la terre qu’il n’a rien omis pour sa part de tout ce qui’ était nécessaire pour notre salut.
C’est la croix qui, du temps de nos pères et du nôtre, a ouvert ces bienheureuses portes qui nous avaient été fermées; qui a détruit la vertu mortelle des breuvages empoisonnés que nous avions pris; qui a déraciné de nous toutes les plantes envenimées qui poussaient des rejetons de mort, et qui a guéri les morsures horribles dont ces bêtes infernales nous avaient cruellement déchirés. Car si cette adorable croix a brisé les portes de l’enfer pour nous ouvrir celles du ciel; si elle a terrassé toutes les forces du démon, si elle a détruit son empire, doit-on s’étonner qu’elle ait aussi détruit la force du poison qui envenimait nos cœurs, qu’elle y ait dissipé cet air pestilentiel qui les corrompait, et qu’elle en ait exterminé pour jamais ces bêtes furieuses qui les dévoraient?
Gravez donc, mes frères, ce signe dans votre cœur. Embrassez avec amour ce qui a produit le salut de vos âmes. Car c’est la croix qui a sauvé et converti toute la terre. C’est elle qui en a banni l’erreur; qui a rétabli la vérité; qui a fait de la terre un ciel; qui a changé les hommes en anges. C’est par elle que les démons ont cessé de nous paraître redoutables, et que nous les avons méprisés. C’est par elle que la mort n’a plus été une mort, mais un sommeil. Enfin c’est par la croix que tout ce qui nous faisait la guerre a été détruit, que tout ce qui s’opposait à nous a été foulé aux pieds, et que tous nos ennemis ont été renversés par terre.
Si vous trouvez donc quelqu’un qui vous dise: Quoi, vous adorez une croix? Répondez-lui d’un ton de voix qui témoigne de votre fermeté, et d’un visage gai et riant, dites: Oui, je l’adore, et je ne cesserai point de l’adorer. S’il se moque de vous, plaignez-le, et répandez vos larmes en voyant son aveuglement. Rendez grâces à Dieu qui vous a honoré d’un si grand don, et qui vous a fait des grâces si prodigieuses, que personne ne peut les comprendre, si Dieu par une faveur toute particulière ne les lui révèle. Cet homme qui vous insulte, ne vous raille ainsi que parce que « l’homme animal et humain n’est point capable des choses qu’enseigne l’esprit de Dieu, car elles lui paraissent une folie ; et il ne les peut comprendre, parce que c’est par une lumière spirituelle qu’on en doit juger. » (1 Cor. II, 14.)

 

 

La Croix, Gardienne de l’univers

Une homélie prononcée par Saint Jean de San Francisco (†1966) pour la fête de l’Exaltation de la Croix, Shanghai, 1947

The Orthodox Word, 1979, vol. 15, no. 6 (89), pages 263-265 // traduction: hesychia.eu

Dans le Prophète Ézéchiel (9 : 6), il est dit que lorsque l’Ange du Seigneur a été envoyé pour punir et détruire le peuple pécheur, il lui a été dit de ne pas frapper ceux sur qui le « signe » avait été fait. Dans le texte original, ce signe s’appelle « tau », la lettre hébraïque correspondant à la lettre « T », qui représentait la forme ancienne de la croix, qui servait alors comme instrument de punition.
Et ainsi, même alors, on prédit le pouvoir de la Croix, qui protège ceux qui la vénèrent. De même, dans de nombreux autres événements de l’Ancien Testament, le pouvoir de la Croix a été indiqué. Moïse, qui a gardé ses bras levés en forme de croix pendant la bataille, donna la victoire aux israélites sur les Amalécites. Lui aussi, divisant la mer Rouge par un coup de bâton et par un nouveau coup unissant à nouveau les eaux, sauva Israël de Pharaon, qui se noya dans l’eau, pendant qu’Israël traversait sur le fond asséché (Exod 14;17).
En posant ses mains en forme de croix sur ses petits-fils, Jacob a béni ses descendants, prédisant en même temps leur avenir jusqu’à la venue de « l’attente des nations » (Genèse, Ch. 48).
Par la Croix, le Fils de Dieu devenu homme a accompli notre salut. Il s’est humilié lui-même et est devenu obéissant jusqu’à la mort, même la mort sur la Croix (Phil. 2: 8). Ayant étendu ses mains sur la croix, le Sauveur embrassa le monde et par son sang versé il signa le pardon de la race humaine comme un roi à l’encre rouge.
La Croix du Seigneur a été l’instrument par lequel il sauva le monde après sa chute dans le péché. Par la croix, il est descendu en enfer avec son âme pour en faire sortir les âmes qui l’attendaient. Par la Croix, le Christ a ouvert les portes du paradis qui avaient été fermées après que nos premiers ancêtres en avaient été bannis. La Croix, sur laquelle le Corps du Christ a été cloué, a été sanctifiée par sa présence quand il s’est livré aux tourments et à la mort pour le salut du monde, et elle-même a alors été remplie d’un pouvoir vivifiant. Par la croix sur Golgotha, le prince de ce monde a été chassé (Jean 12:31) et a mis fin à son autorité. L’arme par laquelle il a été écrasé est devenue le signe de la victoire de Christ.
Les pouvoirs démoniaques tremblent quand ils voient la Croix, car le royaume de l’enfer a été détruit par la Croix. Ils n’osent s’approcher de quiconque est protégé par la Croix. Tout le genre humain, par la mort du Christ sur la croix, a été délivré de l’autorité du diable et quiconque se sert de cette arme salvatrice est inaccessible aux démons.
Lorsque des légions de démons sont apparues à Saint Antoine le Grand et à d’autres habitants du désert, ils se sont protégés avec le signe de la croix et les démons ont disparu. Quand il apparut à Saint-Siméon le Stylite, qui se tenait sur son pilier, ce qui sembla être un char pour le transporter au ciel, le saint, avant d’y monter, se signa ; le char a disparu et l’ennemi, qui avait espéré jeter l’ascète du haut de son pilier, a été confondu.
On ne peut énumérer tous les exemples distincts de la manifestation du pouvoir de la Croix dans divers incidents. Invisiblement et sans cesse, il en jaillit la Grâce divine qui sauve le monde.
Le signe de la croix est fait à tous les Mystères et prières de l’Église. En faisant le signe de la croix sur le pain et le vin, ils deviennent le Corps et le Sang du Christ. Avec l’immersion de la Croix, les eaux sont sanctifiées. Le signe de la croix nous libère des péchés. « Lorsque nous sommes protégés par la Croix, nous nous opposons à l’ennemi, sans craindre ses filets ni ses aboiements. » Tout comme l’épée de feu entre les mains du Chérubin a barré l’entrée au paradis d’autrefois, de même la Croix agit maintenant de manière invisible dans le monde, en le protégeant de la perdition.
La Croix est l’arme invincible des rois pieux dans la bataille avec les ennemis. Par l’apparition de la Croix dans le ciel, la domination de l’empereur Constantin a été confirmée et la persécution contre l’Église a pris fin. L’apparition de la Croix dans le ciel à Jérusalem à l’époque de Constance l’Arien a proclamé la victoire de l’Orthodoxie. Par le pouvoir de la Croix du Seigneur, les rois chrétiens règnent et régneront jusqu’à l’Antichrist, barrant ainsi son chemin vers le pouvoir et restreignant l’anarchie (Saint Jean Chrysostome, Commentaire sur II Thes. 2 : 6-7).
Le « signe du Fils de l’homme » (Matt. 24,30), c’est-à-dire la Croix, apparaîtra dans le ciel afin de proclamer la fin du monde actuel et l’avènement du royaume éternel du Fils de Dieu. Alors toutes les tribus de la terre pleureront, parce qu’elles aimaient le présent siècle et ses convoitises, mais tous ceux qui ont subi la persécution pour justice et qui ont appelé le nom du Seigneur se réjouiront. La Croix sauvera alors de la perdition éternelle tous ceux qui ont vaincu les tentations par la Croix, qui ont crucifié leur chair avec ses passions et ses convoitises, qui ont pris leur Croix et ont suivi le Christ.
Mais ceux qui ont détesté la Croix du Seigneur et qui n’ont pas gravé la Croix dans leur âme périront à jamais : « Croix, gardienne de tout l’univers ; croix, de l’Église le charme et la beauté, sceptre vraiment royal, qui soutient la vigueur de notre foi ; croix, le suprême effroi des légions de l’enfer ; croix, la gloire des anges dans le ciel » (exapostilaire de la fête de l’Exaltation)

 

 

L’icône de l’Exaltation de la Sainte-Croix

dr. constantine cavarnos (†2011) / Guide to Byzantine Iconography / Holy Transfiguration Monastery, Boston, 1993

traduction: hesychia.eu

L’ icône de l’Exaltation de la Sainte-Croix est liée à un événement qui s’est déroulé sous le règne de Saint-Constantin-le-Grand, empereur de l’Empire byzantin (IVe siècle), et qui est célébré le 14 septembre.
Au centre se trouve un ambon sur lequel se tient le Saint Patriarche Macaire de Jérusalem, tenant la Sainte Croix des deux mains et l’élevant pour être vénérée. En bas, à droite de l’ambon, se trouve la mère de l’empereur — Sainte Hélène — qui a trouvé la Sainte Croix. Elle est vêtue d’une robe royale, les mains levées en prière. Devant le patriarche se trouve un diacre et derrière lui se trouve un autre diacre tenant un grand chandelier. À la gauche de la chaire se trouvent d’autres religieux, des personnes officielles et une multitude de gens. Ils regardent tous attentivement vers le haut, vers la Sainte-Croix et le patriarche. À côté des marches menant à l’ambon se trouvent des psaltes avec les couvre-chefs spécifiques de l’époque.
L’icône a l’inscription H Υψωσησ του Τιμίου Σταυρού (Exaltation de la Sainte-Croix)
Une des représentations remarquables de l’Exaltation de la Sainte-Croix est une peinture murale de l’église principale du monastère de Lavra au Mont Athos. Elle a été réalisée en 1535 par le grand peintre d’icônes Théophane le Crétois.
Les offices de la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix sont dans le Ménée de septembre. Ils contiennent de nombreuses chansons merveilleuses qui parlent de la crucifixion du Christ, de la Croix et de leur signification pour l’humanité. L’exapostilaire suivant présente ces moments de manière concise et éloquente :
La Croix est élevée aujourd’hui, et le monde est ainsi sanctifié. Car Celui qui est assis avec le Père et le Saint-Esprit a étendu sur elle ses bras ; et Tu as attiré le monde entier à Ta connaissance, Ö Christ. Alors, rend digne tous ceux qui espèrent en Toi de Ta gloire divine.
Ce qui est dit sur la Sainte-Croix ici et dans d’autres chants de la fête de l’Exaltation de la Sainte-Croix est basé sur ce qui a été écrit sur la Crucifixion et la Croix dans la première épître de Saint-Paul aux Corinthiens (1,18-24) et dans l’Évangile de Jean (19, 6-35), qui sont lus pendant la Divine Liturgie.

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