Récit des pérégrinations et voyages par le père Parféni

 

Le moine Parféni, dont nous publions ici le texte suivant, présente une personnalité et une vie remarquables 1 Né en 1807 à Jassy [Iași], en Moldavie, dans une famille de vieux croyants, de « raskolniki », Pierre (son nom de baptême) Aggeev fut dès son plus jeune âge préoccupé de sa vie intérieure, ce qui l’amena à voyager à travers la Russie à la recherche d’un véritable enseignement spirituel. Assez rapidement, il prend conscience que ni les vieux-croyants ni même les edinovertsi  2 ne peuvent répondre à cette exigence et il est pleinement reçu dans l’Église Orthodoxe au monastère roumain de Vorona, à l’âge de trente ans.

En 1839 il part au mont Athos où il reçoit le grand habit au monastère de Saint Pantaleïmon. Son père spirituel, le staretz Arsèni l’envoie définitivement, six ans plus tard, pour un travail missionnaire en Russie. Il passe sept années à Tomsk avec le saint évêque Athanase (Sokolov) qui le pousse à écrire son fameux Récit des pérégrinations et voyages à travers la Russie, la Moldavie, la Turquie et la Terre Sainte 3, publié à Moscou en 1855 en quatre tomes, son œuvre la plus populaire et la plus fascinante.

Suivent d’autres livres, la plupart destinés à détourner les vieux-croyants de leur schisme, ce qui constituait pour le moine Parfeni une réelle vocation, lui qui avait eu la joie de ramener ses propres parents à l’Église. Le Saint Synode lui demande d’ailleurs en 1856 de fonder le monastère de Guslitsy pour promouvoir précisément le retour des schismatiques vieux-croyants à l’Orthodoxie. L’archimandrite Parfeni meurt en 1878 à la laure de la Trinité Saint Serge, où il s’était retiré.

Son fameux « Récit des pérégrinations et voyages… » constitue un trésor de témoignages directes et vivants sur la vie de l’Église Orthodoxe, des lieux saints, des monastères et des startzi de la première moitié du XIXème siècle, aussi bien en Terre Sainte, à l’Athos qu’en Russie et en Roumanie. Lui-même profondément pieux, le Père Parféni a pu rencontrer et apprécier les grandes figures spirituelles de cette époque, St Séraphim de Sarov, St Léonide d’Optino, le staretz Damaskine de Valaam, les deux métropolites Philarète de Moscou et de Kiev, et beaucoup d’autres remarquables personnalités, comme celle de ce staretz Jean à Néamts, qu’il fait parler devant nous.

Ce qui caractérise tout son récit, c’est une chaleur communicative, un amour et un discernement sûr de la beauté spirituelle, une grande richesse de description et une réelle compassion, exempte de polémique, pour notre nature humaine égarée, ce qui explique peut-être cette vocation missionnaire qui lui est imposée malgré lui, en particulier concernant les vieux-croyants, et qui parait si fructueuse.

 


 

Version électronique disponible sur le site de La Voie Orthodoxe
Publié ici avec l’aimable autorisation de l’Archiprêtre Quentin de Castelbajac

 


 

 


 

  1. La plupart des éléments de cette courte biographie sont empruntés à l’étude très intéressante de Serge Bolshakoff publiée dans « Le millénaire du Mont Athos 963-1963 » / Études et Mélanges II, Venezia, Fondazione Gorgio Cini, Éditions de Chevetogne sous le titre « Parfeny Aggeev, hegoumenos of Guslitsy [1807–1868] and some other Russian Athonite monks of his time », pages 97-110.
  2. Les « edinovertsi » sont les vieux-croyants réconciliés avec l’Église Orthodoxe tout en gardant leur rite, par opposition aux « raskolniki », schismatiques. Les vieux-croyants, au départ, avaient refusé les réformes [ou plutôt les corrections] liturgiques faites au XVIIème siècle sous la direction du patriarche Nikon. D’où leur autre appellation de « vieux-ritualistes ».
  3. Skazanie j stranstvie i poutechestvii po Rossii i Moldavii Tourcii i Sviatoy Zemle poctrijnika Sviatyia Gory Afonskia inoka Parfenia

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