Païssius s’engage à restaurer à Dragomirna une vie monastique selon la tradition orthodoxe de la Sainte Montagne.
En particulier les services divins s’y déroulent selon la tradition de l’Église d’Orient. Dans l’église, les frères sont rassemblés selon la langue : à droite on chante en slavon, et à gauche en moldave.
Les règles de la vie communautaire énoncées par Païssius sont strictement suivies : aucune possession personnelle, repas pris en commun, travaux manuels effectués en silence favorisant la prière intérieure.
Pendant la période des récoltes, les moines partent travailler plusieurs jours de suite dans les champs où Païssius les rejoint pour célébrer avec eux la Divine Liturgie. Il leur envoie aussi des messages pour les encourager et les exhorter à imiter dans leurs travaux les Saints Pères d’Égypte :
« Gardez-vous de la convoitise, leur écrit-il, car là où il y a la convoitise, l’esprit de Dieu est absent. Contrôlez vos paroles, afin de ne pas proférer de vains propos Celui qui préserve sa langue, préserve aussi son âme de toute peine. De la langue procèdent la vie et la mort. Les Anciens doivent enseigner les plus jeunes et ceux qui sont sans expérience. Soyez tous imprégnés d’humilité, de douceur et d’amour. Fortifiez-vous dans la crainte de Dieu, en pensant à la mort et aux souffrances éternelles. Que chacun révèle ses pensées au starets chaque jour. Répétez sans cesse la prière de Jésus. Offrez à Dieu un sacrifice pur, sans tâche et de bonne odeur, ainsi que vous en avez fait la promesse en devenant chrétiens. Présentez comme un holocauste votre peine et votre sueur. Que la brûlure du soleil soit pour vous ce que les martyrs ont enduré ! »
Au monastère, quand ils sont dans leur cellule, les frères sont instruits à lire les écrits des Pères et à pratiquer la prière du cœur dans les prosternations et les larmes. Tous les soirs, ils doivent confesser à leur père spirituel leurs pensées.
La confession, surtout pour les plus jeunes, constitue la base de la vie spirituelle, car elle accorde le Salut de l’âme à celui qui se repent sincèrement de ses péchés. Si une divergence de vue vient à s’instaurer entre les frères, il faut la résoudre au plus vite, comme le demande l’Apôtre Paul : « Que le soleil ne se couche pas avant que vous ne soyez réconciliés » (Eph. 4, 26). Païssius sait consoler les jeunes qui en ont besoin et aussi se réjouir avec eux. Il n’est jamais affecté par les soucis de la vie matérielle. Il n’est vraiment affligé que lorsque les commandements de Dieu ne sont pas suivis.
« Tout peut être détruit, dit-il, même notre corps. Mais les commandements de Dieu doivent être respectés ».
Tous les soirs en hiver, sauf les jours de grandes Fêtes, les frères sont rassemblés au réfectoire où Païssius lit et commente les textes des Pères. La lecture est faite alternativement en slavon et en moldave ; simultanément les complies sont récitées par ceux des frères qui n’entendent pas la langue dans laquelle la lecture du soir est faite — ainsi jusqu’au samedi de Lazare. Dans ses commentaires, Païssius ne cesse d’exhorter ses frères à respecter les commandements de Dieu et à avoir le cœur meurtri et humble, car le temps qui nous est donné par Dieu doit être consacré au repentir. Et si les commandements ne sont pas strictement observés, c’est la vie de la communauté elle-même qui est en péril.
Chacun des frères se confie quotidiennement à son père spirituel qui lui-même informe Païssius lorsqu’il ne parvient pas à apaiser l’un d’eux.
Quand le frère entre dans la cellule de Païssius, celui-ci comprend très vite d’où vient le mal. Il lui donne sa bénédiction sans attendre et entreprend de lui parler sans se laisser interrompre. Par les mots pleins de douceur qu’il entend, le frère est vite consolé et sa peine oubliée. Bien sûr, Païssius adapte son discours à chacun, selon ce qu’il connaît des écrits des Pères, et aussi en observant les réactions de son visage et ses gestes.
Toujours le frère s’en retourne l’âme en paix et rempli de joie, après avoir rendu grâce à Dieu et reçu la bénédiction de Païssius. Car jamais Païssius ne convoque un frère pour le réprimander ou lui faire des reproches, mais au contraire pour le consoler et lui rendre la paix de l’âme et du cœur.
Jusqu’à la neuvième heure la porte de sa cellule est toujours ouverte à ceux qui ont besoin d’entendre ses paroles : il verse des larmes avec certains et les console tandis qu’il partage la joie avec d’autres comme s’il n’avait jamais connu de peine.
L’âme de Païssius est innocente comme celle d’un enfant ne connaissant aucune passion.
Michel Aubry, Saint Païssius Velichkovsky, L’Âge d’Homme, La Lumière du Thabor, 1992
Version électronique [html] disponible sur le site de Presbytera Anna
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