Catéchèse, Orthodoxie

De la vie éphémère à la vie éternelle – II – Récit de la vision que j’eus, moi, l’humble Grégoire, disciple de saint Basile le Jeune

17 janvier 2025

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« Et à l’heure de mon Départ, aie soin de mon âme misérable et repousse loin d’elle la vision des noirs démons ; puis, au jour redoutable du Jugement, sauve-moi de l’éternel châtiment et rends-moi digne d’hériter la gloire ineffable de Ton Fils et notre Dieu »

 

extrait d’une prière à la Mère de Dieu dite aux Complies

Notre saint Père Basile 1 vécut près de Constantinople au temps de l’empereur Léon le Sage 2. Comme mon Géronda 3 était mort, je cherchais un Père spirituel pour me guider vers le Ciel. Et Dieu, qui fait la volonté de ceux qui Le craignent, me fit connaître ce très saint Géronda. Comme beaucoup de ses disciples, je le visitais fréquemment et il nous enseignait. Parmi eux, il y avait aussi une vieille femme bien disposée, qui assistait le Saint. Le Saint avait grande sympathie pour elle, car elle était pieuse et se sacrifiait pour l’amour du Christ.

Théodore, cette honorable vieille, mourut quelques années plus tard et tous les disciples du Saint la regrettaient – sur­tout moi, Grégoire, car elle m’aimait beaucoup. Troublé par ma « pensée » 4, je répétais : « Est-ce-que Théodore a été sau­vée ? ». Je demandais même plusieurs fois à mon Géronda d’apprendre quelque chose sur le sort de Théodore, mais il ne me répondait pas. Et moi, tourmenté par de telles « pen­sées », je ne cessais de l’interroger et de l’importuner au sujet de Théodora.

Un jour donc, il me dit en souriant : « Tu veux voir Théo­dora, mon enfant ? ». Je répondis : « Comment pourrais-je la voir, Père, vu qu’elle est morte depuis longtemps et se trouve dans l’Autre Vie ? ». Le Saint me répliqua : « Cette nuit, tu ver­ras Théodora ! ». Je restai perplexe et me demandai où et comment je la verrais… Puis, ayant fait une métanie 5, je bai­sai la main droite du Géronda et pris congé, méditant ses pa­roles en moi-même.

Cette nuit-là, alors que je dormais, je vis un jeune homme, qui me dit : « Lève-toi et rejoins ton Géronda, afin que vous alliez ensemble voir Théodore ! ». À ces paroles, il me semble que je me levai aussitôt et allai à la cellule du Saint, mais je ne l’y trouvai pas. Je demandai où il était et on me répondit qu’il était parti visiter sa disciple Théodora. En entendant ce­la, je regrettai bien de ne pas être arrivé à temps. Mais un homme me montra le chemin en disant : « Cours, et tu rattraperas ton Géronda ! ».

Je courus, et il me sembla que j’entrai dans l’église Notre — Dame-des-Blachernes 6. Puis, je me trouvai soudain sur un chemin raide et très étroit. Je montai avec crainte et grande difficulté, et atteignis une belle porte, qui était fermée. Re­gardant par la lucarne si je voyais quelqu’un pour lui deman­der de m’ouvrir, j’aperçus deux femmes qui étaient assises et conversaient. Je demandai à l’une d’elles : « À qui appartient ce beau palais. Madame ? ». Elle me répondit : « À notre saint Père Basile. Il est arrivé il y a quelques instants et a visité ses enfants spirituels. »

À ces paroles, je fus tout joyeux et la priai de m’ouvrir, « car, moi aussi, je fais partie de ses enfants spirituels et je suis déjà venu ici plusieurs fois avec notre Géronda», lui dis-je. Mais elle me répliqua : « Toi, tu n’es jamais venu ici et nous ne te connaissons pas, va-t’en ! Sans la permission de Madame Théodora, personne ne peut entrer ici ! Ces palais appartiennent à notre saint Père Basile, et il en a fait don à sa disciple Théodora. Sans la permission de celle-ci, personne ne peut entrer ici ! ». Au nom de Théodora, je pris de l’assu­rance et me mis à tambouriner à la porte et à crier. Entendant des cris, Théodora s’approcha de la lucarne pour voir qui frappait et criait. Et, me reconnaissant, elle dit aussitôt aux femmes : « Ouvrez vite, car c’est Monsieur Grégoire, le fils bien-aimé de notre Père ! ». Elles ouvrirent la porte et j’entrai. Théodora se précipita et m’embrassa en disant joyeusement : « Monsieur Grégoire, qui t’a conduit ici ? Tu es mort, sans doute, et tu as été jugé digne de venir en cet endroit béni et à la Vie Éternelle ? ». Je fus sidéré et ne sus que répondre, car cela me semblait non pas une vision, mais la réalité. Je lui répondis : « Ma Dame et ma Mère, non, je ne suis pas mort, je me trouve encore dans la vie éphémère, mais avec la béné­diction et l’aide de notre Père, je suis arrivé jusqu’ici pour te voir et apprendre en quel état et en quel lieu tu te trouves. Comment as-tu enduré la violence de la mort ? Comment as-tu passé les méchants démons qui se tiennent dans les airs ? Comment as-tu échappé à leurs ruses ? Car je sais bien que sous peu, à la fin de ma vie, moi aussi, je passerai par là ! ».

Elle me répondit : « Ah ! Grégoire, mon enfant bien-aimé, comment te raconter le danger et la frayeur que j’ai endurés lorsque mon âme fut sur le point de se séparer de mon corps ! Comment t’expliquer les souffrances et les angoisses que j’ai supportées jusqu’à ce que mon âme se sépare de mon corps ! Ces souffrances sont comparables à celles que ressent un vi­vant jeté nu dans une fournaise, qui s’y consume, se débat dans les douleurs, et fond peu à peu jusqu’à ce que son âme se sépare de son corps. La mort est si amère, mon enfant, surtout celle du pécheur — comme c’était mon cas. Pour les justes, mon enfant, je ne sais comment est la mort, car moi, misérable, j’étais une pécheresse. Lorsque, donc, je fus sur le point de rendre l’âme, je vis une multitude de nègres hor­ribles se tenir autour de mon lit Ils remuaient, s’agitaient et grinçaient des dents contre moi. Ils hurlaient comme des chiens et des loups, imitaient les cris d’animaux, tonnant avec rage et mugissant comme des bœufs. Ils tournaient leurs regards féroces et leurs visages noirs vers moi et me menaçaient. Leur seule vision dépasse tout châtiment. Mais le plus terrible était que je ne pouvais échapper à leur vue. Où que je tourne mes yeux pour ne plus les voir, je ne pou­vais échapper à leur vue et à leurs cris. Où que je regarde, je les voyais !

Comme j’endurais cela et étais dans l’angoisse, je vis sou­dain deux jeunes gens lumineux et joyeux, resplendissants comme le soleil. Ils avaient des cheveux dorés et portaient des vêtements étincelants. Ces deux Anges se tenaient à droite de mon lit et parlaient à voix basse. L’un d’eux se mit à menacer les nègres d’une voix sévère, mais très douce : ‹ Ah ! méchants démons, iniques et infâmes, pour quelle rai­son arrivez-vous à l’heure de la mort ? Pourquoi tourmentez — vous les hommes et les troublez-vous par vos sornettes et vos cris féroces ? Méchants et féroces démons, ne vous ré­jouissez pas, car vous n’obtiendrez rien. Vous repartirez comme vous êtes venus, honteux et confondus ! ›. Cet être lumineux disait maintes autres paroles de ce genre d’une voix douce. Les démons, eux, étalèrent toutes les mauvaises actions que j’avais commises en parole ou en acte. Ils débitaient une foule de niaiseries et criaient tous mes péchés et bien d’autres encore ! Je tremblais et attendais la mort. Un gros barbare, qui ressemblait à un lion prêt à bondir, arriva alors. Il était chargé de divers outils en fer : c’est lui qui ap­porte la mort à tout homme. À la vue de ce tyran, l’effroi et le tremblement me saisirent.

Les deux Anges dirent alors au tyran : ‹ Qu’attends-tu ? Dé­lie les liens de son corps sans lui causer forte douleur, car ses péchés ne sont ni graves ni nombreux ! ›.

Le tyran remplit un verre et me le donna à boire. Je le bus malgré moi et, aussitôt, mon âme sortit de mon corps avec une violence terrible. Ce breuvage était si amer et si mauvais que, faute d’en supporter l’amertume, mon âme sortit de mon corps. Au même instant, les deux Anges la reçurent et la couvrirent de leurs manteaux. Quant à moi, j’observais mon corps qui gisait mort et j’étais dans l’émerveillement. Car je ne savais pas que tout cela survient au malheureux mortel à l’instant de son trépas ! Les Anges me tenaient, mais les dé­mons féroces et impitoyables les entouraient et criaient d’une voix forte : « Cette âme a de nombreux péchés, que nous avons inscrits, et il faut que vous nous répondiez de tout cela ! ».

Les Saints Anges examinèrent le bien que j’avais accom­pli dans ma vie et le présentèrent, car, quoique misérable, j’avais eu le souci de mon âme. Ils regardèrent si j’avais donné du pain à celui qui avait faim, si j’avais abreuvé celui qui avait soif, si j’avais visité les malades ou les prisonniers, si j’avais accueilli l’étranger et lui avais procuré le repos, si j’étais allée à l’église et m’y étais tenue avec piété et crainte de Dieu, si j’avais mis de l’huile dans les veilleuses devant les icônes, si j’avais réconcilié celui qui gardait de l’inimitié envers son prochain, si j’avais pleuré mes péchés, si j’avais supporté les injures, si j’avais donné le bon exemple aux autres pour qu’ils pratiquent le bien, si j’avais consolé le désespéré afin qu’il endure, espère en Dieu et accomplisse des œuvres agréables au Seigneur, si je m’étais gardée du mensonge, des serments et des injures. Ils considéraient toutes les bonnes actions que j’avais accomplies, les mirent dans la balance en face de mes péchés et regardèrent vers quel plateau elle penchait. Les démons en étaient furieux et se tenaient avec rage devant moi, luttant contre les Anges et s’efforçant de m’arracher à leurs mains pour me précipiter dans l’Enfer sinistre.

Puis, je vis notre saint Géronda dire aux Anges, avec la puissance de la Grâce divine dont il était comblé : ‹ Cette âme, Messeigneurs, m’a rendu de nombreux services et m’a procuré le repos en ma vieillesse. C’est pourquoi j’ai supplié Dieu pour elle, et Sa Miséricorde me l’a accordée. Prenez, en outre, cela pour acquitter ses dettes, lorsque vous passerez par les péages dans les airs, et rachetez-la des mains des dé­mons. Car, par la Grâce de Dieu, je suis riche en dons cé­lestes et divins ; je les ai obtenus par mes labeurs et mes peines, et j’en fais don à cette âme pour ta racheter ! ›. Il me sembla qu’il tenait un sac plein de pièces d’or. Il le donna aux Anges et devint invisible.

Voyant cela, les démons restèrent cois, sans pouvoir justi­fier leurs accusations. Troublés, puis désespérés, ils finirent par nous quitter en mugissant. Notre saint Géronda revint a­lors, accompagné de beaux jeunes gens aux cheveux dorés, qui portaient de nombreuses jarres remplies d’Huile Sainte. Il leur ordonna de les ouvrir et de verser leur contenu sur moi — ce qu’ils firent. Je fus inondée d’un merveilleux par­fum céleste, purifiée, et mon visage devint lumineux et ai­mable. Je me regardais, me voyais belle et blanche comme ta neige, et je fus comblée d’une divine allégresse.

Notre saint Géronda dit ensuite aux Anges : ‹ Lorsque vous aurez accompli tout ce qui est profitable à cette âme, Messeigneurs, conduisez-la dans ta demeure céleste que Dieu a préparée pour moi et mes enfants spirituels. › Et il s’éloigna.

Les Anges soulevèrent leurs ailes dorées et, comme les nuages chassés par le vent, ils s’envolèrent, tout en me tenant, en direction de l’Orient.

 

1. Le péage de la médisance

Nous atteignîmes le péage de la médisance, c’est-à-dire la condamnation d’autrui, où se tenait une assemblée de nègres. Au milieu siégeait leur chef, plein de méchanceté. Nous fûmes aussitôt arrêtés. Le Ciel m’est témoin, Grégoire, mon enfant, les démons me présentèrent les visages de tous ceux que j’avais jugés, me citèrent les noms de ces per­sonnes, le moment où je les avais jugées, et jusqu’à la moindre parole que j’avais prononcée, et ils réclamèrent mon châtiment. Et non seulement ils exposèrent la vérité, mais, de par leur méchanceté, ils me calomnièrent beaucoup également. Si j’avais dit une parole dans une double inten­tion, si, par exemple, j’avais dit quelque chose par amour ou pour corriger celui qui avait commis une faute, ils le consi­déraient comme une condamnation d’autrui, et de tout cela ils demandaient aux Anges de répondre. Les Anges leur ré­pondirent sur les fautes réelles seulement et les leur acquittè­rent avec l’or 7 de notre Géronda. Ainsi, nous les quittâmes aussitôt.

 

2. Le péage des injures

Nous élevant un peu plus haut, nous atteignîmes le péage des injures. Après avoir payé là aussi comme au premier, par les prières de notre Père, nous partîmes tranquilles. Tout en montant, les Anges conversaient entre eux et disaient : ‹ En vérité, cette âme a trouvé grand profit et grâce de la part du serviteur bien-aimé de Dieu Basile ! Sinon, nous aurions été bien inquiétés par ces péages ! ›.

 

3. Le péage de la jalousie

Alors que les Anges conversaient ainsi, nous atteignîmes le péage de la jalousie. Comme par la Grâce de Dieu, les fé­roces démons n’avaient aucune accusation à me présenter, nous partîmes joyeux. Malgré cela, les nègres grinçaient des dents contre moi avec méchanceté et colère, et nous auraient avalés s’ils l’avaient pu !

 

4. Le péage du mensonge

Nous élevant dans les hauteurs, nous parvînmes au péage du mensonge, où se tenaient une grande multitude de nègres aux visages laids et odieux. Leur chef siégeait avec grande superbe. Dès qu’ils nous virent, les démons se précipitèrent vers nous comme des brigands, avec cris et agitation, et ap­portèrent les preuves des nombreux mensonges que, comme une sotte, j’avais dit bien souvent dans mon enfance, en ca­chant la vérité. Ils présentèrent ces mensonges, le moment et le lieu où je les avais dits, en quelle circonstance et à qui, et réclamèrent mon châtiment. Mais les Anges firent comme ils avaient fait aux péages précédents et, grâce à l’aumône de notre Père, nous nous libérâmes d’eux.

 

5. Le péage de l’emportement et de la colère

Nous élevant un peu plus haut encore, nous atteignîmes le péage de l’emportement et de la colère, où nous trouvâmes une assemblée de nègres. Leur chef siégeait comme une idole enragée et donnait des ordres en criant avec colère et tant de férocité qu’il était impossible de discerner ce qu’il disait aux autres démons. Pleins de méchanceté, ceux-ci se mor­daient et se dévoraient entre eux comme des chiens enragés, et hurlaient comme des bêtes sauvages. Ils nous regardaient avec méchanceté et examinaient non seulement les actions que j’avais accomplies avec colère et emportement, quand je m’étais querellée avec mon prochain ou l’avais regardé avec dureté, mais encore si j’avais parlé à mes enfants avec amour et les avais conseillés ou si je les avais punis et m’étais em­portée contre eux. Ils clamèrent toutes ces fautes l’une après l’autre et considéraient aussi si j’avais menacé quelqu’un et étais partie mécontente, si j’avais eu de l’inimitié et avais gardé de la rancune envers mon prochain. Les démons repro­duisaient l’attitude et les gestes que j’avais eus, courant de­vant nous et citant les noms des personnes, le moment et les paroles textuelles que j’avais prononcées dans mon emporte­ment. Nous payâmes là aussi ce qu’il fallait et nous par­tîmes.

 

6. Le péage de l’arrogance

Nous élevant encore un peu, nous atteignîmes le péage de l’arrogance. Les démons cherchèrent quelque accusation à porter contre moi, mais n’en trouvèrent pas, car, étant pauvre, je n’avais pas eu de quoi être arrogante. Nous pas­sâmes donc ce péage sans rien dépenser.

 

7. Le péage du blasphème

Nous élevant encore, nous atteignîmes le péage du blas­phème. Le chef des démons de ce péage y siégeait, plein de cruauté. Dès qu’ils nous aperçurent, les démons accoururent avec rage, grinçant des dents, poussant des cris stridents, blasphémant et faisant divers gestes. Ils me menaçaient et je tremblais. Ils affirmèrent que j’avais blasphémé trois fois dans ma jeunesse. Les Anges fournirent la preuve que je m’étais repentie et confessée, et nous partîmes après avoir payé ce qu’il fallait.

 

8. Le péage des niaiseries et des vaines paroles.

Nous arrivâmes ensuite au péage des niaiseries et du ba­vardage. Les démons nous demandèrent de répondre des pa­roles vaines et des propos indécents que j’avais dits dans ma jeunesse, lis affirmèrent même que j’avais chanté des chan­sons sataniques. Je ne savais que répondre et m’étonnais qu’ils se les rappellent, car, moi, je les avais oubliées depuis longtemps ! Nous payâmes là aussi ce qu’il fallait, et nous partîmes.

 

9. Le péage de l’usure et de la fraude

Poursuivant notre ascension sur ce chemin inconnu et ter­riblement sombre, nous parvînmes au péage de l’usure et de la fraude, lequel examine les usuriers et ceux qui dupent les autres afin de s’emparer de leurs richesses. Les démons exa­minèrent si j’avais dupé quelqu’un et m’étais emparée de son bien, mais ne pouvant rien prouver, ils grinçaient des dents et me menaçaient.

 

10. Le péage de la paresse et du sommeil

Partant de là, nous poursuivîmes notre ascension sur ce chemin — dont l’esprit humain ne peut mesurer la longueur — et atteignîmes le péage de la paresse et du sommeil. Là, les démons examinèrent si j’avais dormi et avais paressé pour me lever et aller à l’église, si, par paresse et négligence, je n’avais pas accompli le bien que je pouvais. Mais, par la Grâce de Dieu, je n’étais pas coupable de cela, et nous pas­sâmes librement ce péage.

 

11. Le péage de la cupidité

Nous élevant encore, nous arrivâmes au péage de la cupi­dité, où régnaient le brouillard et l’obscurité. Les nègres m’examinèrent et ne trouvèrent pas d’accusation à porter contre moi, car j’avais été pauvre toute ma vie. Nous les pas­sâmes donc sans être inquiétés.

 

12. Le péage de l’ivresse

Poursuivant notre ascension, nous atteignîmes le péage de l’ivresse, où les démons nous attendaient, tels des loups ra­paces cherchant à dévorer quelqu’un. Mais comme Dieu ne leur accorde pas le pouvoir d’examiner toutes les âmes, les Anges qui m’accompagnaient s’approchèrent et examinèrent le vin que j’avais bu dans ma vie. Les démons criaient : ‹ N’as-tu pas bu tant de verres de vin à telle fête, où un tel et un tel étaient présents ? Ne t’es-tu pas enivrée tel jour ? N’as-tu pas bu tant d’autres verres de vin lorsque tu es allée chez un tel ou une telle, où un tel et une telle étaient présents ? ›.

Ils disaient d’autres paroles de ce genre et, tels des bêtes sauvages, ils essayaient de se saisir de moi. Tout ce qu’ils di­saient était vrai. Les Anges, eux, exposèrent mes vertus, mes pratiques ascétiques et mes bonnes œuvres, payèrent aux démons une certaine somme des pièces d’or de notre Géronda, et nous les quittâmes.

Tout en poursuivant notre ascension, les Anges me di­saient : ‹ Vois-tu quel péril court l’âme avant de franchir les péages des airs et de dépasser les démons impurs ? ›. Je leur ré­pondis : ‹ Oui, Messeigneurs, les âmes misérables courent un grand péril et je crois que personne ne peut passer ces péages sans trouble. Aucun vivant ne sait ce qui arrive alors à l’âme. Hélas ! Qu’est-ce qui attend l’âme après la mort! Et nous, in­sensés que nous sommes, nous vivons dans la négligence sans nous préoccuper de la mort ! ›.

Les Anges me répondirent que les Écritures traitent de tout cela, mais la richesse, la bonne chère, les plaisirs du monde et le confort aveuglent les hommes, qui ne les voient pas et n’y songent pas : ils vivent comme s’ils ne devaient ja­mais mourir et négligent de pratiquer les bonnes œuvres, la charité et surtout l’aumône, laquelle peut aider l’âme, plus que toutes les autres œuvres, à franchir les péages sans être inquiétée. Mais ils sont peu nombreux, ceux qui en prennent conscience. Malheur à ceux qui sont dépourvus de bonnes œuvres ! Car la mort survient tout à coup et les saisit, et com­me ils veulent à juste titre franchir ces péages, les démons les attrapent et les précipitent en un clin d’œil dans les lieux sombres et nauséabonds de l’Enfer, où ils les retiennent jus­qu’à la Parousie et au terrible Jugement. Toi aussi, tu aurais certainement subi cela, sans la Miséricorde de Dieu et l’au­mône de Son serviteur Basile !

 

13.Le péage de la rancune

Tout en conversant, nous poursuivîmes notre ascension et atteignîmes le péage de la rancune, lequel examine ceux qui ont de l’inimitié envers leur voisin et qui, en dépit du comman­dement du Seigneur, ne veulent pas pardonner à qui leur a fait du tort. Nous nous approchâmes de ce maudit péage et les dé­mons se précipitèrent sur moi comme des brigands, tout en cherchant dans leurs registres quelque accusation à porter contre moi. Mais, par la Grâce de Dieu, ils n’en trouvèrent pas et, confondus, ils s’écriaient : ‹ Nous avons oublié de les inscri­re ! › et disaient d’autres mensonges du même genre. Nous par­tîmes donc sans rien payer. Comme j’avais pris un peu d’assurance, j’interrogeai les Anges : ‹ Comment ces êtres iniques peuvent-ils connaître les fautes de chacun ? ›. L’un des Anges me répondit : ‹ Ne sais-tu pas que chaque Chrétien reçoit au Baptême un Ange Gardien, qu’il ne voit pas, mais qui le guide vers le bien et inscrit toutes ses bonnes actions ? De même un démon le suit et inscrit ses mauvaises actions : dès que l’hom­me commet un péché, le démon avertit le péage auquel appar­tient le péché. Si, par exemple, l’homme commet un vol, le dé­mon avertit le péage du vol, s’il blasphème, le péage du blas­phème, s’il tombe dans la fornication, le péage de la fornica­tion. Chaque péage inscrit donc les péchés de l’âme, et lors­qu’elle passe après la mort par ce péage, elle est empêchée d’avancer et jetée en Enfer, où elle demeure jusqu’au jour du terrible Jugement — sauf si ses bonnes œuvres, que présente son Ange Gardien, l’emportent sur ses péchés ! Dans ce cas, l’âme franchit librement ce péage et parvient au suivant. Voilà ce qui arrive aux Chrétiens orthodoxes, qui suivent la voie du Christ. Pour les impies, les démons n’ont pas besoin de tenir de registre ni de les inciter à pécher ! ›.

 

14. Le péage de la magie et de la sorcellerie

Quittant le péage de la rancune, nous arrivâmes au péage de la magie et de la sorcellerie, lequel examine les magiciens et les sorciers. Les démons de ce péage avaient l’aspect d’animaux sauvages, de serpents, de loups, de bœufs sauvages et d’autres animaux les plus horribles. Mais, comme par la Grâce de Dieu, je n’étais coupable ni de magie ni de sorcellerie, ils n’eurent rien à examiner ni même une seule parole à nous dire, et nous nous éloignâmes. Nous poursuivîmes notre ascension et j’interrogeai à nouveau les Anges : ‹ Comment les péchés de l’homme peuvent-ils être pardonnes et effacés des registres des démons qui sont dans les airs ? ›. Les Anges me répondirent : ‹ Tous les péchés peuvent être effacés et pardonnés si l’homme se repent, se confesse, accomplît la pénitence imposée par son Père spirituel et reçoit l’absolution. Les péchés sont alors aus­sitôt effacés des registres des démons ! En revanche, si quel­qu’un fait comme toi, a honte de confesser ses péchés et pense qu’il lui suffit de s’abstenir de pécher et de se confesser à Dieu seul, ses péchés ne lui sont pas pardonnes. Car le Seigneur a donné aux Apôtres la grâce de lier et de délier sur la terre, et les Apôtres, eux, ont transmis la grâce et le même pouvoir aux é­vêques et aux Pères spirituels 8. Le Seigneur veut que ce sacre­ment soit gardé, car Lui-même a dit : « Tout ce que vous délierez sur terre sera délié dans le Ciel‵ (Mt 18 18), L’homme doit donc se confesser à son Père spirituel et accomplir sa péniten­ce, afin que ses péchés soient effacés des registres des démons. Dès que les démons voient que les péchés de l’homme sont ef­facés de leurs registres, ils sont troublés et effrayés, et font leur possible pour le pousser à commettre des péchés plus graves. Mais la confession et le repentir permettent aux hommes de vaincre les démons des espaces aériens et de franchir tous les obstacles. Beaucoup, cependant, craignent les lourdes péni­tences qu’imposent les confesseurs sévères et ‹ partagent › leurs péchés : ils en avouent certains à un confesseur, d’autres à un autre, afin d’échapper ainsi à la pénitence. Ces personnes sont dans l’illusion, car une telle attitude manifeste non le repentir, mais la perversité. L’homme doit choisir le bon Père spirituel et ne pas en changer sans nécessité sa vie durant. Sinon, il ne pourra échapper aux péages des airs ».

 

15. Le péage de la gourmandise et de la gloutonnerie

Nous nous élevâmes encore, tout en conversant de ces choses et d’autres semblables, et atteignîmes le péage de la gloutonnerie. Les démons de ce péage étaient gras comme des porcs, plus féroces et plus puissants que les autres. Dès qu’ils me virent, ils se précipitèrent sur moi en aboyant et en poussant des cris stridents, et exposèrent les actes de gourmandise que j’avais commis dès mon enfance ainsi que la nourriture que j’avais prise en cachette : j’avais mangé du matin au soir en me rassasiant. Même pendant les Carêmes, j’avais mangé dès Prime, et sans prier auparavant ! Les dé­mons disaient tout cela et autres choses du même genre et m’accusaient de ne pas avoir gardé les promesses que j’avais faites au Saint Baptême, c’est-à-dire de renoncer à Satan et à ses œuvres. Au contraire, j’avais fait les volontés des dé­mons. Les Anges, eux, luttèrent et présentèrent mes bonnes œuvres. Et ainsi, nous les dépassâmes.

 

16. Le péage de l’idolâtrie

Nous parvînmes très vite au péage de l’idolâtrie et des dif­férentes hérésies. Les démons ne nous dirent pas une seule parole et nous partîmes aussitôt.

 

17. Le péage de la pédérastie

Nous élevant encore un peu, nous arrivâmes au péage de la pédérastie, lequel examine les pédérastes. Le chef des démons de ce péage siégeait très haut et ressemblait à un dragon menaçant à l’aspect horrible. Il avait mille démons sous ses ordres et changeait mille fois d’apparence : parfois, il avait l’aspect d’un dragon, parfois d’un rat, parfois encore d’un sanglier furieux ou d’une baleine. Autour de lui, il y a­vait un tas d’immondices et régnait une puanteur insuppor­table. Il était vautré sur une table et se reposait. Ses servi­teurs, qui examinaient les péchés, étaient immobiles comme des statues et me regardaient avec férocité. Mais, voyant que j’étais une femme, ils n’eurent pas d’accusation à porter contre moi ni à me reprocher devoir commis le péché en couchant avec une femme. Par la Grâce de Dieu, nous fumes donc libérés de leurs impuretés et nous nous approchâmes de la Porte du Ciel. En chemin, les Anges me dirent que de nombreuses âmes arrivent jusque-là, pour se prosterner de­vant le Saint Trône de Dieu, sans en être empêchées par les autres péages, mais que ce péage de la pédérastie les précipi­te dans l’Enfer sinistre à cause de l’acte honteux qu’elles ont commis. Car cette pédérastie maudite irrite Dieu plus que tous les autres péchés.

 

18. Le péage de ceux qui se maquillent

Tout en parlant, nous atteignîmes le péage qui examine les femmes et les hommes qui se mettent des fards et maquillent leurs visages de couleurs variées et parfumées. Le visage que Dieu leur a donné ne leur plaît point. Aussi l’ont-ils vo­lontairement dédaigné et rejeté pour se donner leur propre visage. ‹ Cette femme, disaient les démons, s’est maquillée deux fois. Il est donc juste que nous la prenions ! ›. Les Anges présentèrent mes bonnes œuvres, et, après avoir payé assez cher, nous nous éloignâmes avec grande difficulté.

 

19. Le péage de l’adultère

Nous élevant encore, nous atteignîmes le péage de l’adultè­re, lequel examine les hommes et les femmes adultères, ceux qui, bien que mariés, couchent avec une autre personne que leur conjoint et souillent ainsi h couronne de leur mariage. Ce péage examine aussi les hommes qui commettent des péchés contre-nature avec leurs femmes et tous les impurs qui souillent la couronne de leur mariage. Mais, comme par la Grâce de Dieu, les démons n’avaient rien de tout cela à me re­procher, nous partîmes.

 

20. Le péage du crime

Nous élevant encore un peu, nous aperçûmes le péage du crime, lequel examine les criminels et ceux qui ont frappé quelqu’un par colère. En peu de mots, ce péage pèse toute injustice. Nous payâmes là aussi et partîmes.

 

21. Le péage de la fornication

Nous élevant très haut, nous nous approchâmes de la Porte du Ciel et atteignîmes le péage de la fornication. Le chef des démons de ce péage portait un vêtement éclaboussé d’écume et de sang, et il se réjouissait comme s’il était revêtu d’un habit royal. Les Anges me dirent que ce vêtement était ainsi éclaboussé en raison des actions impures et des actes de forni­cation commis par les hommes. Dès qu’ils nous aperçurent, les démons se précipitèrent sur nous et s’étonnèrent que nous ayons franchi tant de péages et soyons parvenus jusqu’à eux. Ils se mirent donc à examiner un par un tous mes actes. Et non seulement, ils présentaient les péchés réels que j’avais commis et m’en accusaient, mais ils proféraient aussi de nombreux mensonges, citant les noms de mes amants. En même temps, ils s’efforçaient de m’arracher aux mains des Anges pour me précipiter dans l’Enfer sinistre. Les Anges disaient : ‹ Il y a longtemps qu’elle ne commet plus de tels péchés ! ›. Les dé­mons, eux, répliquaient : ‹ Nous savons bien qu’elle ne commet plus ces péchés, mais elle nous aimait et ne nous a jamais re­niés. Elle gardait ces péchés cachés dans son cœur et ne les a ja­mais confessés à son Père spirituel. Elle n’a pas non plus ac­compli de pénitence ni reçu l’absolution du confesseur. D’où a-t-elle reçu tant de grâce et brille-t-elle comme le soleil ? ›. Ils étaient interdits et demandaient de me garder ou de peser mes bonnes œuvres en fonction des droits qu’ils avaient acquis, afin de s’emparer de moi. Les Anges prirent ma défense, payè­rent aux démons ce qu’ils demandaient, et m’emportèrent afin que nous poursuivions notre route. Les démons impurs grin­çaient des dents, car, contre toute attente, je leur avais échappé. Les Saints Anges me dirent alors : ‹ Sache que très peu d’âmes passent facilement ce péage. Car, à cause de leur gloutonnerie et du mauvais désir de la fornication, la plupart des hommes mondains, surtout ceux qui ne connaissent pas les Écritures et n’ont pas conscience de la gravité de leurs péchés, ni du Juge­ment, ni du châtiment qui les attend, sont précipités de ce péage dans l’Enfer sombre et sinistre. Mais toi, avec l’aide de ton Géronda, tu as échappé aux mains des démons de ce péage. N’aie plus peur désormais, par la Grâce et la Miséricorde de Dieu, à cause de Son serviteur Basile, le Seigneur a eu pitié de toi ! ›.

 

23. Le péage du manque de compassion

À ces paroles, nous atteignîmes le péage du manque de compassion et de la dureté de cœur, lequel examine avec grande méchanceté et rigueur ceux qui n’ont pas de compas­sion ni d’amour pour leurs frères. Le chef de ce péage siégeait, plein de cruauté, et imitait les gestes que font les pauvres, les malades et ceux qui sont dans le besoin pour de­mander l’aumône. Par moments, toute la phalange des démons se précipitait sur nous avec férocité. Ils examinèrent mes actes et ne constatèrent pas que j’avais manqué de com­passion. Au contraire, j’avais été miséricordieuse et, selon mes possibilités, j’avais fait l’aumône aux pauvres. Confon­dus, les démons se turent, et ainsi nous les quittâmes. Les Anges me dirent alors : ‹ La plupart des hommes ont gardé les commandements de Dieu, ils ont franchi tous les péages et sont arrivés jusqu’ici, mais n’ayant pas eu la compassion de faire l’aumône aux pauvres, ils ont été bloqués par ce péage et précipités en Enfer ! ›.

 

La Porte du Ciel

Tout joyeux, nous nous élevâmes et aperçûmes la Porte du Ciel, qui rayonnait comme un cristal lumineux. Son architec­ture céleste était prodigieuse : elle resplendissait d’étoiles d’une couleur semblable à l’or, d’une beauté extraordinaire que l’esprit humain ne peut concevoir et que la parole hu­maine ne peut exprimer, car ce sont là des réalités célestes et indicibles.

Le portier était un Ange à la ceinture et aux cheveux d’or, qui resplendissait comme l’éclair. Il nous accueillit avec gran­de joie et rendit grâces à Dieu que mon âme ait échappé au danger et franchi librement les sombres démons des espaces aériens.

Dès que nous entrâmes dans le Ciel, l’eau qui était au-des­sus du Ciel se fendit et disparut à nos yeux. Et lorsque nous fûmes passés, elle revint à sa place. Après avoir franchi cette eau, nous atteignîmes un nuage mystérieux et redoutable ; une couverture lamée d’or le recouvrait dans toute sa formidable largeur, et au-dessous se tenait une multitude de beaux jeunes gens lumineux, qui portaient des vêtements de feu et rayon­naient comme le soleil. Leurs cheveux étaient comme des éclairs et leurs pieds, plus blancs que la neige, brillaient d’une lumière céleste.

Dès qu’ils nous virent, tous accoururent et me félicitèrent ; ils se réjouissaient de mon salut et chantaient d’une voix douce et joyeuse une mélodie indicible ! Quant à moi, j’étais comblée de joie et d’allégresse. Nous progressions pour nous prosterner devant le Trône resplendissant du Dieu redoutable, Notre Seigneur Jésus-Christ. En passant, nous vîmes des nuages, qui ressemblaient non aux nuages habituels, qui sont en bas du ciel, mais à des fleurs dont la beauté et la senteur dépassent de cent fois celles de n’importe quelle fleur. Ces nuages s’écartèrent pour nous laisser le passage. Nous vîmes ensuite un autre nuage, blanc comme la lumière, qui, lui aussi, fit comme le pre­mier. Puis, un autre encore apparut, ayant l’aspect de l’or et du­quel sortaient des éclairs et du feu. Lui aussi fit comme les autres. Nous avançâmes encore un peu et aperçûmes une cour recouverte d’un tapis lamé d’or, de fleurs au parfum céleste et d’autres choses indicibles. Un homme qui resplendissait com­me l’éclair se tenait là et une senteur douce et ineffable émanait de Dieu.

Nous avançâmes encore un peu et aperçûmes, sur une hau­teur incommensurable, le Trône de Dieu, tout en or, qui rayonnait et éclairait toutes choses. Là est la joie des Justes, l’allégresse et l’exultation de ceux qui ont aimé Dieu. Autour du Trône se tenait une multitude de beaux jeunes gens resplendissants comme l’éclair qui portaient de précieux vête­ments et des ceintures en or. Ce que j’ai vu, Grégoire, mon en­fant, il m’est impossible de te le décrire, et ton esprit ne peut non plus le concevoir.

Nous arrivâmes enfin devant le Trône redoutable de Dieu, qui était paré de la Vérité, de la Bonté et de la Justice, et nous contemplâmes une gloire prodigieuse et indescriptible. Les Anges qui m’avaient accompagnée louèrent par trois fois ce Trône redoutable en rendant gloire au Dieu invisible qui y siège. Nous nous prosternâmes trois fois également de­vant le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et toute la multitude qui se tenait autour du Trône fit de même. Tous rendirent gloire à Celui qui siège sur le Trône et se réjouirent de mon salut.

Nous entendîmes alors une douce voix, pleine de suavité et d’allégresse, provenir du Trône et dire aux Anges qui m’ac­compagnaient : ‹ Conduisez-la dans toutes les demeures, au Paradis et dans les enfers, comme vous le faites pour toutes les âmes. Puis, accordez-lui le repos dans la demeure de mon serviteur Basile, qui m’a prié de l’y faire reposer. ›

Nous partîmes de là tout joyeux pour visiter les demeures des Saints, qui sont innombrables et brillent comme les rayons du soleil et de mille autres couleurs lumineuses. Il y avait aussi une plaine de largeur et de longueur incommensurables, parée de fleurs parfumées. De là jaillit la source de la Vie Éternelle, là se trouvent les demeures des Saints, demeures construites par Dieu comme des pyramides. De terribles rayons en émanaient. Ces demeures ressemblent à des palais royaux, mais sont in­comparablement plus belles, ornées de bas-reliefs, de gloire et de splendeur.

Les demeures de chaque ordre sont séparées et glorifiées. Il y a les demeures des Apôtres, des Prophètes, des Martyrs, des Hiérarques, des Ascètes et des Justes. Chaque demeure est d’une beauté prodigieuse, selon les œuvres de chacun. Tous sortirent à notre rencontre et nous souhaitèrent la bien­venue : ils m’embrassèrent et se réjouirent de mon salut.

Nous entrâmes alors dans le sein d’Abraham (c’est-à-dire la demeure d’Abraham), qui était dans une gloire indescrip­tible. Une céleste exultation y régnait. Ornée de fleurs va­riées, cette demeure, où soufflait un air très sain, était d’une beauté sans pareille, qui fait entrer l’homme en extase. Là sont aussi les palais d’Isaac et de Jacob, qui rayonnent et brillent de la Grâce divine. Là reposent les enfants des Chré­tiens, ceux qui ont vécu sans péché dans le monde. Autour d’eux règnent une joie ineffable et la gloire, la gloire éternel­le. Là, sur douze trônes lumineux d’un éclat rayonnant com­me le soleil, reposaient les douze tribus d’Israël, les douze Pa­triarches. Les Saints semblaient avoir un corps, mais la main humaine ne peut palper ces corps — tout comme elle ne peut saisir les rayons du soleil !

Après avoir visité tous ces saints lieux, nous retournâmes vers l’Occident, vers le lieu des terribles châtiments, où de­meurent les âmes des pécheurs. Les Anges me montrèrent les châtiments auxquels j’avais échappé grâce à notre Père Basile. Alors, Grégoire, mon enfant, j’ai vu les sombres prisons, nom­breuses comme le sable de la mer, où sont enfermées les âmes des pécheurs depuis la Création du monde. Ces âmes sont cou­vertes du sombre brouillard de la mort et ne peuvent jamais voir la douce lumière : dépouillées de la Grâce de Dieu, elles se consument et pleurent sans jamais trouver de consolation. Grégoire, mon enfant, on n’entend là que : ‹ Hélas › et ‹ Mal­heur à moi ! › La souillure dévore ces âmes, la puanteur les é­touffe, et elles pleurent sans jamais trouver de consolation.

Lorsque nous entrâmes dans ces sombres lieux, ils s’illu­minèrent aussitôt de l’éclat des Anges qui m’accompa­gnaient : je vis alors ces grottes souterraines, et la crainte et le tremblement me submergèrent. L’un des Anges me dit alors : ‹ Tu as échappé à ces terribles demeures, car tu t’es re­pentie et as cessé de commettre le péché. C’est aussi à cause des quelques bonnes œuvres que tu as accomplies et, surtout, c’est grâce à l’intercession de ton Géronda, le serviteur de Dieu Basile ! ›.

Après avoir fait le tour des lieux de châtiments, l’un des Anges me demanda : ‹ Ne sais-tu pas, Théodora, que le Père Basile, ton confesseur plein de bonté, termine aujourd’hui le cycle des 40 Liturgies consécutives qu’il a célébrées pour le sa­lut de ton âme ? ›.

Sur ces paroles, les Anges me laissèrent dans ce palais de délices et s’éloignèrent. Je sus donc que 40 jours après ma mort, j’avais atteint la demeure que tu vois, laquelle n’est pas mienne, mais appartient à notre Père spirituel, le fidèle servi­teur de Dieu Basile. Car, Se trouvant encore dans le monde, il sauve de nombreuses âmes par ses conseils et les conduit au re­pentir et à la confession. Ces âmes habitent avec moi dans cette demeure lumineuse. Viens, maintenant, voir nos demeures que notre Père a visitées récemment. »

Je suivis Dame Théodora et nous entrâmes dans une vaste cour, recouverte de dalles étincelantes et gravées d’or. Au mi­lieu se dressaient des arbres variés d’une beauté indicible. Théodora, quant à elle, était vêtue d’une robe en soie blanche et portait un foulard rouge sur la tête. J’étais émerveillé de voir qu’un parfum précieux d’une senteur ineffable coulait d’elle comme une sueur. Je regardai vers l’Orient et vis de prodigieux palais royaux dans lesquels nous entrâmes. Près des marches de ces palais royaux était dressée une table admirable, en éme­raude et autres pierres précieuses, qui resplendissait d’un éclat plus vif que le soleil. Elle était pleine de fruits variés et ravis­sants, que l’on ne trouve pas sur terre, et recouverte de foulards en soie et de fleurs odorantes. Là, sur un trône ravissant, sié­geait notre Père Basile et, tel le maître de tout cela, il se repo­sait. Ce trône était de couleur verte, mais d’un vert mer­veilleux, et brillait plus que le soleil. Tous mangeaient de ces fruits et se réjouissaient.

Ceux qui mangeaient à cette table étaient des hommes par­faits ; cependant, ils n’avaient pas de chair, leurs corps étaient comme les rayons du soleil, leurs visages beaux et gracieux. On ne distinguait pas les hommes des femmes, et tous man­geaient à cette table céleste et merveilleuse. Or plus ils man­geaient de ces fruits, plus ceux-ci abondaient, car c’était des fruits du Ciel, des fruits spirituels et préparés par Dieu ! Ils mangeaient et se réjouissaient d’une joie indicible, tout en conversant entre eux d’une voix douce et avec un sourire joyeux. Des jeunes gens leur versaient un breuvage vermeil, qui brillait d’un vif éclat dans des coupes en cristal. Ceux qui buvaient furent remplis de la douceur du Saint-Esprit. Je res­tai plongé dans l’émerveillement, car leurs visages avaient l’éclat d’une rose fraîche. Les jeunes gens qui servaient étaient beaux et lumineux. Ils portaient des ceintures en or et d’admirables couronnes ornées de pierres précieuses d’un art prodigieux.

Marchant devant moi, Théodora s’approcha de notre saint Géronda et lui parla de moi. Lui me regarda en souriant et me fit signe d’approcher. Je m’approchai, lui fit une grande métanie et demandai sa bénédiction. Il me dit à voix basse : « Que Dieu te fasse miséricorde, mon enfant, qu’Il te bénisse et te rende digne de Son Royaume céleste ! ». Comme j’étais à genoux devant lui sur le tapis lamé d’or, il me prit par la main, me releva, et me dit en montrant Théodora du doigt : « Grégoire, mon enfant, vois Théodora, au sujet de laquelle tu m’as supplié tant de fois d’apprendre ce qu’elle était de­venue et où elle demeurait. Sois en paix maintenant et ne m’importune plus à son sujet ! ».

Cette bienheureuse et bénie de Dieu Théodora me regardait avec douceur et dit : « Grégoire, mon enfant, que Dieu, qui, se­lon ton désir et par les prières de notre saint Père, fa jugé digne de me voir, te récompense de toute la peine que tu t’es donné pour moi ! ». Ceux qui étaient assis à cette table merveilleuse nous regardaient en silence et se réjouissaient. Le Saint dit en­suite à Théodora : « Mon enfant, va montrer à Grégoire les beaux arbres de notre jardin ! ». Théodora me conduisit alors à droite du jardin, dont je vis la porte, admirable et toute en or, ainsi que les hauts murs, qui, eux aussi, étaient en or. Nous entrâmes dans le jardin, qu’ornaient de jolis petits arbres, des fleurs variées et des roses d’une beauté et d’une senteur ineffables. Plus je contemplais, plus je m’émerveillais de cette beauté, de cette senteur et de l’abondance de fruits sur les arbres. Ils en avaient tant qu’ils penchaient vers le sol, sans, néanmoins, subir aucun dommage : ces arbres se trouvaient toujours dans le même état, car ils appartenaient au Ciel et étaient immortels ! Je les contem­plais et restais comme en extase. Théodora me dit : « Si ces arbres te laissent ébloui et extasié, que ressentirais-tu à la vue du Paradis planté en Orient par le Seigneur ? Car celui-ci n’est rien en comparaison de celui-là ! Autant le Ciel est loin de la ter­re, autant celui-là diffère de celui-ci ! ».

Comme je la priais de me montrer ce Paradis encore plus merveilleux, elle me répliqua : « Mon enfant, il ne t’est pas pos­sible de voir ces choses mystérieuses tant que tu es encore dans le monde éphémère. Ce que tu as vu jusqu’ici, c’est ce qui a été donné à notre Père Basile en récompense de ses labeurs et de ses peines : il a mené le bon combat dès son enfance et jusqu’en sa vieillesse, dans le jeûne, les veilles et la fatigue. En récom­pense de ses labeurs, Dieu lui a fait don de ces palais royaux et de ces jardins, afin qu’il y demeure avec ses enfants spirituels, qui ont mené le bon combat et gardé les commandements du Seigneur. Efforce-toi, tant que tu es encore dans le monde, de mener le bon combat afin de venir ici, toi aussi, et que nous nous réjouissions ensemble jusqu’au Second Avènement de notre Seigneur. Car, après la résurrection, ainsi que l’écrit l’Apôtre Paul, le Seigneur a des biens incomparablement meilleurs à nous offrir : ‹ ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté au cœur de l’homme, et ce que Dieu a préparé pour ceux qui L’aiment › (1 Co 2,9) ».

Je restais sidéré d’entendre que j’étais présent non avec mon corps, mais avec mon âme seulement, et j’essayai de palper mon corps pourvoir si j’avais de la chair et des os, mais en vain ! C’était comme vouloir saisir un rayon de soleil : ma main ne put rien saisir !

Ainsi donc, j’eus cette grande vision pendant mon sommeil. Je possédais tout mon sens et je m’émerveillais de ce que je voyais. Il me sembla que nous passâmes ensuite dans la cour, par la porte par laquelle nous étions entrés, et nous trouvâmes la table vide : il n’y avait plus personne. Je revins alors à moi et fus délivré de cette vision terrible et prodigieuse.

Je me mis à réfléchir et à m’interroger sur ce que j’avais vu, ce qui m’avait été enseigné et s’était si bien gravé dans mon esprit. Je me levai donc et me rendis à la cellule de mon saint Géronda, tout en me disant en moi-même : « Nous al­lons bien voir si ces visions merveilleuses viennent du diable ou de Dieu ! ». Arrivé à la cellule de mon Géronda, je lui fis comme d’habitude une métanie, puis, ayant reçu sa bénédic­tion, je m’assis à ses côtés. Il me dit avec un visage joyeux : « Grégoire, mon enfant, sais-tu que, cette nuit, nous étions ensemble au Paradis ? ». Pour voir ce qu’il allait me dire, je fis semblant de ne rien savoir et répliquai : « Moi, Géronda, j’étais cette nuit dans ma cellule et je dormais ! ». Nous étions seuls dans sa cellule, et il me répondit d’une voix basse : « Je sais bien, mon enfant, qu’avec ton corps tu dormais dans ta cellule, mais avec ton âme et ton esprit, tu te promenais en d’autres lieux ! Ne considère pas ce que je t’ai montré cette nuit comme un rêve, mais comme une vision authentique ! N’es-tu pas allé voir Théodora ? N’as-tu pas atteint ma de­meure céleste ? N’as-tu pas couru pour me rattraper et n’es-tu pas arrivé devant la grande porte ? Théodora ne t’a-t-elle pas accueilli avec grande joie ? Ne t’a-t-elle pas raconté son ago­nie et sa mort, comment elle avait franchi avec tremblement, et en luttant, les féroces et sombres péages des airs, com­ment je l’ai aidée en plusieurs endroits, si bien qu’elle a été totalement délivrée des péages ? À mon ordre, n’es-tu pas en­tré avec Théodora dans la cour ? N’as-tu pas vu la merveilleuse table, sa décoration, les choses extraordinaires et les beaux fruits qu’elle contenait ? N’as-tu pas contemplé les fleurs admirables et odoriférantes et les jeunes gens qui servaient ? N’étais-tu pas sidéré de la beauté de ces mer­veilleux palais célestes ? Ne t’es-tu pas présenté devant moi et ne t’ai-je pas montré Théodora, au sujet de laquelle tu m’avais supplié maintes fois ? À mon ordre, ne t’a-t-elle pas conduit dans le merveilleux jardin ? N’as-tu pas tenu ces branches en or entre tes mains et ne t’es-tu pas extasié de la beauté de leurs fruits ? N’as-tu pas vu tout cela la nuit dernière ? Comment peux-tu donc affirmer que tu étais dans ta cel­lule et que tu n’as rien vu ? ».

À ces paroles, qui me semblaient sortir de la bouche du Saint comme une flamme, et sachant que ce qu’il me disait était vrai, je défaillis et demeurai sans voix. Réfléchissant à la haute sainteté et aux merveilles accomplies par mon Géronda, je versai des torrents de larmes, si bien que mon visage fut inondé. Je songeai qu’il était un Ange terrestre, qu’il avait été au Paradis avec son corps également, et qu’il connaissait tout.

Le Saint me dit : « Mon enfant, si toute ta vie tu observes les commandements du Christ, si tu évites le mal et cultives les vertus, je t’accueillerai après ta mort dans les demeures que le Seigneur m’a données dans Sa Bonté. Car je vais quit­ter sous peu ce monde de vanité, et toi — ainsi que le Seigneur me l’a révélé —, tu me suivras bientôt, en présentant à Dieu une vie vertueuse et des bonnes œuvres. Veille, mon enfant, à ne rien révéler de ce que tu as vu tant que je suis encore vivant. Tu auras ensuite à écrire mon humble vie et à laisser mes œuvres au monde pour le profit de ceux qui les liront Quant à moi, mon désir est, selon la Volonté de Dieu, de me trouver en ces demeures ».

Après ces paroles, mon saint Géronda m’ordonna de rentrer chez moi et d’avoir soin du salut de mon âme.

Ici s’achève, Pères et Frères vénérables, le récit de la mort de Théodora, écrit par le sage Grégoire. Le manuscrit contient de nombreux autres miracles et révélations du Saint : comment le Christ lui montra le terrible Jugement, les chœurs des Anges, leur ordre admirable et leur béatitude. Il contient également d’autres écrits que nous avons omis, pour couper court, nous bornant à ne relater que la mort de Théo­dora. Elle présente, en effet, un intérêt plus grand pour les âmes et le sage Grégoire l’a écrite dans le but suivant : pour que, lisant ce texte, les hommes se rappellent la mort, ainsi que le danger couru par l’âme avant de pouvoir dépasser les péages des airs, et pour qu’ils purifient leurs âmes par le re­pentir et la confession.

À Dieu appartiennent la gloire, la puissance, l’honneur et l’adoration pour les siècles. Amen.

 


 

Mémoire du vénérable Basile le Jeune

Saint Basile menait la vie ascétique dans une région montagneuse d’Asie Mineure au temps des empereurs Léon VI et Alexandre (vers 912). Arrêté par des fonctionnaires impériaux et pris pour un espion, il fut emmené à Constantinople et interrogé par le patrice Samonas. Mais, au lieu de décliner son identité, l’homme de Dieu dévoila les mœurs dépravées du courtisan. Soumis à la torture et jeté en prison, il en ressortit indemne trois jours plus tard. Après avoir été ensuite mis en présence d’un lion qui n’osa pas l’approcher, il fut jeté à la mer, mais fut bientôt rapporté sur le rivage par un dauphin. Un notable de la capitale, qu’il avait guéri par sa prière, lui offrit l’hospitalité dans sa demeure, et Basile y passa le reste de ses jours. Par son don de clairvoyance, il corrigeait les mœurs corrompues de ses contemporains, prédit la défaite militaire de l’empereur Constantin VII en Crète (949) et dénonça le complot tramé par le gendre du souverain, Saronite. Celui-ci fit arrêter le saint et le fit frapper de verges, mais il ne tarda pas à mourir, victime de la colère divine, et Basile put rentrer chez son hôte. Ses charismes lui attirèrent l’admiration et les faveurs de pieuses princesses qui l’invitèrent au palais ; mais l’homme de Dieu n’en demeurait pas moins étranger à cette vie et à ses vains honneurs. Quelque temps avant son bienheureux trépas, il se retira dans la solitude et, quand son disciple le découvrit, il était déjà mort. Ses funérailles, le 26 mars 952, attirèrent une grande foule, et c’est après avoir lutté avec ténacité pour acquérir son corps, source de grâces, que son hôte, Jean, renonça au monde, afin d’en être le gardien.

[C’est dans la Vie de S. Basile le Jeune — considérée par certains historiens comme un supplément de celle de S. André le Fou [28 mai] — qu’apparaît un des exposés les plus détaillés sur les « postes de douane » que l’âme doit franchir au sortir du corps, en étant examinée par des démons redoutables, qui tentent de la retenir pour les péchés dont elle n’a pas été purifiée. Cette doctrine n’a pas fait l’objet d’une définition dogmatique de l’Église, mais elle est traditionnelle et se trouve chez certains Pères et dans plusieurs Vies de saints.]

 

Le Synaxaire. Vie de Saints de l’Église orthodoxe, Deuxième édition par hiéromoine Macaire, monastère de Simonos Pétra au Mont Athos, septième volume [mars], publié par les éditions Simonos Pétra

 


Moine Grégoire, Le péage après la mort ou le passage de l’âme par les douanes tenues par les démons, traduit du grec par Sœur Svetlana Marchal
Monastère du Pantocrator, Aghios Athanasios, Corfou, Grèce

Förderverein heiliger Seraphim von Sarov e.V., Düsseldorf, Allemagne, 2001

 


 

 

  1. Saint Basile le Jeune (870-952), ascète qui vécut à Constantinople. Il est fêté le 26 mars dans les Églises slaves.
  2. Empereur de Constantinople entre 886 et 912
  3. Géronda (du grec γέροντας = ancien) : moine expérimenté, qui, après une vie passée dans l’ascèse, a acquis le charisme du discernement spiri­tuel le rendant capable de diriger des disciples.
  4. Le terme grec logismos (λογισμός) signifie pensée en général, mais dé­signe souvent dans le langage ascétique une mauvaise pensée suscitée en l’homme par le démon ou encore, comme c’est le cas ici, une pensée te­nace, obsédante, qui trouble le silence intérieur. Nous l’avons traduit « pensée »
  5. Métanie (du grec μετάνοια = repentir) : inclination profonde du buste, la main droite touchant le sol (petite métanie), ou prosternation jusqu’à terre (grande métanie).
  6. Église de Constantinople
  7. Grâce à l’or du Géronda, c’est-à-dire ses labeurs, son ascèse, ses bonnes actions, etc., les Anges acquittent aux démons les péchés de Théodora.
  8. Dans l’Église Grecque, seuls les prêtres ayant reçu la bénédiction de l’Évêque de devenir Pères spirituels ont le droit de confesser

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