L’Ascension du Christ est l’un des dogmes de l’Église inclus dans le Symbole de la Foi de Nicée. Il déclare: « Et Il a été crucifié pour nous aux jours de Ponce Pilate, et a souffert et a été enseveli. Et Il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures. Et Il est monté au ciel et s’est assis à la droite du Père. »
Comme la Crucifixion et la Résurrection, l’Ascension n’est pas célébrée à une date fixe. Le jour de l’Ascension varie d’année en année. Cela dépend de la date de Pâques, l’Ascension étant le quarantième jour après Pâques, c’est-à-dire le jeudi après le dimanche de l’Aveugle-né.
Dans l’iconographie byzantine, l’Ascension est représentée de la manière suivante:
Au milieu, dans le plan frontal, se trouve la Mère de Dieu regardant droit devant, les mains levées en prière. On la voit souvent debout sur une chaise. Derrière elle, à droite et à gauche, se trouvent des anges vêtus de blanc. Les anges tiennent un bâton dans leur main droite, et de la main gauche, levée, ils montrent vers le haut le Seigneur qui monte. Parfois, ils tiennent un phylactère déplié, sur lequel sont écrites des citations tirées des Actes des Apôtres. Sur le phylactère de l’un des anges, il est écrit: « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder au ciel? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous L’avez vu aller au ciel. » (Actes I.11).
A côté des anges se trouvent les apôtres, six d’un côté et six de l’autre. Paul et Pierre se tiennent devant, à côté de la Mère de Dieu, Paul à sa droite et Pierre à sa gauche. Les têtes des saints apôtres sont orientées « vers le haut », regardant avec étonnement le Christ qui monte. Certains d’entre eux font des gestes vifs avec leurs mains levées, pointant vers le Christ. Saint Paul, surpris, garde sa main droite devant les yeux. Ce geste rappelle son expérience sur le chemin de Damas, quand il fut aveuglé par la lumière de Jésus (Actes IX.1-5).
Derrière la Mère de Dieu, les anges et les apôtres, se trouve une montagne avec des oliviers – représentée schématiquement – pour rappeler au spectateur que l’Ascension a eu lieu sur le Mont des Oliviers.
Au-dessus de la montagne, au milieu de la partie supérieure de la composition, est représenté le Christ, dans une mandorle circulaire. Il est assis sur un arc-en-ciel, bénissant de sa main droite et tenant un phylactère à sa gauche. À l’extérieur de la mandorle, il y a deux, quatre anges ou plus, volant avec leurs bras tendus, touchant avec leurs mains le bord extérieur de la mandorle – un geste d’honneur au Christ. L’auréole n’est utilisée que dans la représentation de Jésus, de la Mère de Dieu et des anges.
En haut de l’icône, au-dessus de la mandorle, se trouve l’inscription: « L’Ascension ». Aucune référence n’est faite à l’Ascension dans les Évangiles de Matthieu et de Jean. Une brève référence apparaît dans les deux autres évangiles et dans la première épître du saint apôtre Paul à Timothée: on en dit beaucoup plus dans les Actes des apôtres.
L’évangéliste Marc dit que l’Ascension a eu lieu après que le Christ est apparu à ses onze disciples et «Il leur reprocha leur incrédulité et la dureté de leur cœur, parce qu’ils n’avaient pas cru ceux qui avaient vu qu’Il était ressuscité » et leur ordonna d’« aller dans le monde entier, [pour] prêcher l’Évangile à toute créature. » (Mc XVI.15). Après ces paroles saint Marc relate l’Ascension du Seigneur : « Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut élevé dans le Ciel, et Il est assis à la droite de Dieu. Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux, et confirmant leur parole par les miracles dont elle était accompagnée » (Mc XVI.19-20).
Ce passage nous donne des informations importantes sur le fait que l’Ascension a eu lieu en présence des disciples, comme le montre l’icône. Douze apôtres sont présents dans l’icône, au lieu de onze – le nombre donné par Marc. Le Saint Apôtre Paul était inclus, remplissant le nombre des douze disciples, même s’il n’était pas avec les autres disciples à l’Ascension du Seigneur. Le Saint Apôtre Paul apparaît dans la composition parce que Judas l’Iscariote, l’un des douze premiers disciples, avait trahi Jésus et n’était plus présent. A cet égard, Kontoglou remarque: « Dans de nombreuses situations, l’iconographie orthodoxe ne traite pas d’un sujet évangélique avec une exactitude historique, mais d’une manière symbolique. » Le fait est que peu de temps avant son Ascension, le Christ avait exhorté ses disciples à prêcher l’Évangile partout – comme je l’ai déjà montré – et saint Paul était « un instrument que [Jésus s’est] choisi pour porter Son nom devant les nations, et les rois, et les fils d’Israël » (Actes IX.15). Il convient de noter que bien que Paul ne fût pas parmi les disciples pendant la vie du Christ sur terre, il devint l’un des douze après l’Ascension et le rassemblement des saints apôtres à Jérusalem le jour de la Pentecôte, et par la suite il participa aux réunions des apôtres. (voir, par exemple, Actes IX.26-28 ; XV.6-25).
L’Évangile de Luc nous donne également des informations sur l’Ascension. Dans le dernier chapitre, il est dit qu’après la Résurrection, le Christ est apparu aux onze disciples de Jérusalem, leur a parlé, leur a demandé de la nourriture et a mangé devant eux, leur a ouvert l’esprit pour comprendre les Écritures, a parlé de la nécessité de prêcher en « Son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations », « après avoir été revêtus de la force d’en haut » (Luc XXIV.47, XXIV.49). « Puis Il les conduisit dehors, vers Béthanie; et ayant levé les mains, Il les bénit. Et il arriva, tandis qu’Il les bénissait, qu’Il Se sépara d’eux, et Il était enlevé au Ciel. Et eux, L’ayant adoré, revinrent à Jérusalem avec une grande joie » (Luc XXIV.50-52).
Ce qui ajoute ce passage au récit de l’Évangile de Marc, c’est le lieu de l’Ascension – près de Béthanie – et le fait que le Christ a ensuite béni ses disciples, comme le montre l’icône. Dans les Actes des Apôtres, saint Luc l’Evangéliste précise encore plus précisément le lieu de l’Ascension: il dit que c’était le Mont des Oliviers. De plus, il parle ici d’une « nuée » dans laquelle le Christ est disparu. Le « nuage » était la gloire divine du Christ, qui, dans les icônes, apparaît sous une forme circulaire brillante autour de Lui. De plus, il parle des deux anges en robe blanche apparus sur le mont des Oliviers et nous transmet les paroles qu’ils ont adressées aux apôtres. Toutes ces informations se trouvent dans le premier chapitre des Actes. Nous lisons ici: « (Jésus) S’était aussi montré à eux vivant, après Sa Passion, par des preuves nombreuses, leur apparaissant pendant quarante jours, et leur parlant du royaume de Dieu. […] Après qu’Il eut dit ces paroles, sous leurs regards Il fut élevé, et une nuée Le déroba à leurs yeux. Et comme ils contemplaient attentivement le ciel pendant qu’Il S’en allait, voici que deux hommes se présentèrent à eux en vêtements blancs, et dirent: Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à regarder au ciel? Ce Jésus, qui du milieu de vous a été élevé dans le ciel, viendra de la même manière que vous L’avez vu aller au ciel. Alors ils revinrent à Jérusalem, de la montagne appelée des Oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance du chemin d’un jour de sabbat. » (Actes I. 3,9-12). Enfin, le Saint Apôtre Paul écrit dans la première épître à Timothée: « il est grand le mystère de la piété, qui a été manifesté dans la chair, a été légitimé par l’Esprit, a été vu des Anges, a été prêché aux nations, a été cru dans le monde, a été élevé dans la gloire. » (I Tim. 3.16).
Le tropaire qui est chanté le jour de la fête de l’Ascension, en précisant sa signification, tire ses premiers mots de la conclusion du passage paulinien cité ci-dessus: « Dans la gloire Tu T’élèves, ô Christ notre Dieu, comblant tes Disciples de joie par la promesse du saint Esprit, leur donnant force et de tes mains les bénissant, car tu es le Fils de Dieu, le Rédempteur de nos âmes. » [Tropaire, t. 4]
Les éléments de l’icône de l’Ascension qui ne se retrouvent pas dans les textes du Nouveau Testament sont – en plus de l’inclusion du Saint Apôtre Paul, dont nous avons déjà parlé – la présence de la Mère de Dieu et des anges volant autour de la mandorle circulaire. Concernant la Mère de Dieu, Kontoglou note qu’elle est représentée comme étant présente à l’événement, selon la tradition de l’Église. Quant aux anges volants, on peut dire que leur inclusion a une signification symbolique, exprimant l’innommable piété et l’amour que les anges ont pour le Christ. Affirmation en accord avec les Évangiles selon lesquelles les anges Le servent (Matthieu IV.11; Marc I.13).
L’Ascension apparaît généralement peinte sur la voûte, vers l’orient (à la base de la tour, vers le Saint-Autel). Lorsque l’Ascension occupe la voûte entière, la moitié des apôtres avec la Mère de Dieu, encadrée par deux anges, sont peints d’un côté de la voûte, les six autres de l’autre côté, et le Christ en gloire et les anges volants sont représentés dans la partie supérieure de la voûte.
L’iconographie de l’Ascension a une très longue histoire, remontant au VIe siècle. Dans la l’Évangéliaire Rabbula apparaît une miniature représentant l’Ascension, datant de 586, et une icône de celle-ci, datant de la seconde moitié du sixième ou du début du septième siècle, est conservée au monastère Sainte-Catherine sur le mont Sinaï. Le prototype des icônes de l’Ascension peut déjà être discerné, dans les éléments principaux, dans ces icônes ou dans d’autres tout aussi anciens: le Christ en gloire, avec des anges volant autour de Lui; plus bas, la Mère de Dieu encadrée par deux anges et les douze apôtres, dont saint Paul.
L’une des icônes monumentales les plus remarquables de l’Ascension est celle de l’église Sainte-Sophie de Trapezund, au Pont, dans le nord de l’Asie Mineure. Il s’agit d’une église monumentale, construite au XIIIe siècle par l’empereur Manuel Ier Grand Comnène (Μανουήλ Αʹ Μέγας Κομνηνός 1238-1263).
L’Ascension occupe ici toute la voûte au-dessus du Saint-Autel. Le Christ dans la gloire est entouré de six anges, trois d’un côté et trois de l’autre.
Constantine Cavarnos,Ghid de iconografie ortodoxă, p.121-126, Editura Sophia, București, 2005
Traduction: hesychia.eu
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