Propos d’un rabbin contemporain sur la foi chrétienne

Il n’en reste pas moins que les Juifs n’accepteront jamais sa divinité. Ils ne le devraient pas non plus. La croyance qu’un homme est Dieu est une abomination pour le judaïsme […] [p. xvii]

Pendant des milliers d’années, tout comme ils ont rejeté sa divinité, les juifs ont également rejeté la messianité de Jésus. Cela non plus ne changera jamais, étant donné qu’il est mort sans avoir accompli les prophéties messianiques. […] [p. xvii]

Nous ne commettons pas d’hérésie en reconnaissant que Jésus est mort en défendant vaillamment son peuple alors qu’il essayait, sans y parvenir, de devenir le messie juif et d’apporter une sécurité et une paix permanentes à son peuple. […] [p. xviii] ¹

Une fois Jésus débarrassé de son manteau antisémite et restauré comme le sage rabbin et le patriote juif dévoué qu’il était, les Juifs peuvent apprendre beaucoup de choses de lui. Mais les Juifs n’ont jamais accepté et ne pourront jamais accepter Jésus tel qu’il existe dans la théologie chrétienne. [p. 149]²

Les Juifs ne peuvent jamais adorer un homme-dieu ; l’idée même d’une naissance virginale est problématique ; et Dieu ne peut être divisé en plusieurs êtres. [p. 153]³

En clair, pour les Juifs, qualifier Jésus de divin est profondément blasphématoire. Il y a un gouffre inquantifiable qui sépare Dieu de l’homme. La réponse juive à la divinité supposée de Jésus ou de tout autre homme est claire : elle est tout simplement impossible et contredit les fondements mêmes de la Bible et du judaïsme. […] [p. 155]

Le judaïsme est une religion fondée sur la rationalité, et s’il est parfois supra-rationnel – dépassant la logique humaine – il n’est jamais irrationnel, contredisant la logique. Un être humain fini ne peut être infini. Les deux concepts sont aussi profondément contradictoires [p. 156]⁴

l’idée que Dieu puisse féconder une femme est totalement inacceptable pour les juifs. Dieu n’est pas corporel. Comme on l’a déjà dit, il n’est pas un homme. Il n’a pas de caractéristiques physiques, ni de corps d’ailleurs. De plus, Il n’entretient pas de relations avec une femme mortelle. C’est impensable. […] [p. 157]

Si nous ne faisons que gratter la surface de l’histoire de la conception de Jésus, nous commençons à trouver de petits détails tatillons qui suggèrent que des changements y ont été apportés. […] [p. 158]

L’Immaculée Conception est une autre raison pour laquelle les Juifs ne peuvent pas considérer Jésus comme divin. De même qu’un homme ne peut pas être un Dieu, une femme ne peut pas avoir l’enfant de Dieu. Un Dieu illimité, sans commencement ni fin, ne peut pas avoir son origine dans le ventre d’une femme humaine, et il ne peut pas être achevé sur une croix. [p. 160]⁵

Pour les juifs, il est interdit d’établir un médiateur entre Dieu et l’homme, et il est impensable de concevoir un Dieu divisé en plusieurs êtres. Chaque homme s’adresse directement à Dieu – et le Dieu auquel il s’adresse est un seul et même Dieu : infini, omnipotent et indivisible. […] [p. 162]

Le christianisme considère que Jésus n’est pas seulement entièrement humain et entièrement divin, mais qu’il est aussi un tiers de la Sainte Trinité, dont les deux autres parties sont Dieu lui-même et le Saint-Esprit. Ce mysterium tremendum de la Trinité n’est pas compatible avec le judaïsme. Fondée sur une fière tradition de rationalisme, la théologie juive ne peut embrasser la division mystérieuse de Dieu en trois parties. [p. 161]⁶